Test | Moyeux Tune Nano et Micro : légers et désormais fiables !

Par Rémi Groslambert -

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Test | Moyeux Tune Nano et Micro : légers et désormais fiables !

Quand Tune annonce une nouvelle génération de moyeux, difficile de ne pas lever un sourcil. La marque allemande a construit sa réputation sur la légèreté extrême et les pièces exotiques, mais aussi sur quelques faiblesses qui ont laissé des traces. Alors quand les Nano et Micro débarquent avec la promesse d’un retour au haut niveau, tout en corrigeant les soucis du passé, la curiosité est immédiate. Nous les avons montés, roulés, malmenés pour voir si Tune a vraiment changé, et si ces moyeux peuvent enfin allier légèreté, fiabilité et performance sur le terrain : 

Tune est une entreprise allemande spécialisée dans l’usinage CNC de pièces en aluminium ultra-légères : moyeux, potences, capots de potence, colliers de selle… La marque est également connue pour ses produits carbone minimalistes — selles, cintres, jantes — qui ont marqué toute une génération de vététistes à la recherche du matériel le plus exclusif possible. Très en vue à la fin des années 2000 et au début des années 2010, Tune a longtemps impressionné par sa créativité et ses records de légèreté. Mais cette quête extrême s’accompagnait parfois de critiques sur la fiabilité.

Dans le panthéon Tune, on retrouve des pièces devenues mythiques : les selles Komm-Vor, SkyRacer et Speedneedle, les cintres TurnStange, les potences Geiles Teil ou encore les superbes tiges de selle Leichtes Stück. Mais s’il y a bien un composant qui a construit la réputation de la marque, ce sont les moyeux Prince/Princess et King/Kong. Pendant plusieurs années, ils ont tout simplement été les plus légers du marché. Ils se démarquaient notamment par l’utilisation de matériaux très spécifiques : des flasques en carbone, des cliquets et roues crantées en titane, des coupelles en carbone usiné, ce qui permettait d’atteindre des poids records. Ces moyeux étaient également proposés en divers coloris ce qui leur donnait un look exotique associé à un usinage ultra précis et minutieux pour gratter le moindre gramme. Un petit aperçu sur l’un de nos anciens projets de « dream build » : Dream bike Vojo : un BH Ultimate Evo Unique à 8,3kg !

Évidemment, cette approche avait un revers : fragilité des flasques, usure prématurée des cliquets, corps de roue libre fendus, étanchéité perfectible… Les années 2010 ont été marquées par une série de restructurations internes, jusqu’au rachat en 2023 par Carbovation, maison mère de Lightweight (très connu dans le monde du vélo de route). Un tournant stratégique important, porteur de nouvelles ambitions et d’un vrai besoin de modernisation.

C’est dans ce contexte qu’ont été présentés, en début d’année, les nouveaux moyeux Tune Nano et Tune Micro, destinés au VTT. L’objectif est clair : renouer avec la légèreté tout en corrigeant définitivement les problèmes de fiabilité. Une promesse attendue depuis longtemps.

Tune Nano et Micro : un retour aux affaires

Les Nano (rayons droits) et Micro (rayons coudés) constituent la nouvelle identité de la gamme. Le positionnement tarifaire est résolument haut de gamme (750 € la paire pour le Nano, 660 € pour le Micro). Côté poids annoncés, le Nano affiche 221 g (arrière) et 125 g (avant), tandis que le Micro est à 242 g (arrière) et 132 g (avant)… soit des valeurs très compétitives face aux références du marché !

Les deux modèles sont disponibles exclusivement en Boost et fixations de disques 6 trous, avec trois coloris : noir, argent et rouge. Les Nano ne sont proposés qu’en 28 trous, tandis que les Micro existent en 28 et 32 trous pour les usages avec de plus fortes contraintes. Des roulements céramiques XD 15 garantis à vie sont proposés mais l’option coûte pas moins de 630 euros pour les 6 roulements, une somme non négligeable. Le corps de moyeu, l’axe et les coupelles sont garantis 10 ans, preuve que la firme allemande souhaite désormais totalement tourner la page de la courte longévité de ses moyeux.

Conception : du sérieux et des choix techniques assumés

Les grands flasques frappent immédiatement : ils sont nettement élargis côté roue libre et côté disque, afin d’optimiser la transmission des couples de pédalage et de freinage. Tune reste fidèle à son savoir-faire sur la géométrie de ces moyeux, ce qui promet un rayonnage stable dans le temps.

Une roue libre entièrement repensée

C’est probablement la grande révolution de ces nouveaux moyeux : exit le titane fragile des anciennes générations, désormais, la roue libre repose sur 6 cliquets acier, chacun doté de 3 dents, travaillant sur une couronne crantée en acier elle aussi. Résultat : 138 points d’engagement, un chiffre très élevé et largement suffisant même pour les usages les plus trialisants.

Pour celles et ceux qui souhaitent réduire les frictions, il est possible de n’utiliser que 3 cliquets (au lieu de 6) afin de descendre à 69 points d’engagement. Le matériau en acier traité promet une robustesse et une longévité excellentes, plus de problèmes d’usure à prévoir. Tune annonce également une durabilité nettement supérieure des roulements grâce à un nouveau joint sur la roue libre et un système de chicanes sur les coupelles. .

Un axe épaulé pour en finir avec les réglages fastidieux

Sur les anciennes générations, le jeu se réglait par des rondelles de calage (0,1 / 0,15 / 0,2 mm), nécessitant patience et précision à chaque remplacement de roulement. Ce système disparaît au profit d’un axe épaulé en aluminium, qui supprime totalement l’ajustement manuel. Un vrai progrès.

Moyeux Tune Nano : le test terrain

Nous avons choisi de tester le modèle Nano, auquel nous avons greffé des rayons Berd en textile Dyneema ainsi que des jantes en carbone Evoride, pour une paire de roues sous les 1200 grammes. L’asymétrie des jantes, combinée à la bonne géométrie des moyeux et à la souplesse contrôlée des rayons Berd, annonce un montage à la fois dynamique et tolérant. Le combo parfait pour qui cherche un rapport nervosité/confort optimal.

Dès les premiers tours de roue, l’enclenchement de la roue libre ultra-rapide se remarque. La roue libre est d’une précision chirurgicale : aucun loupé, aucune imprécision, c’est incisif. C’est très appréciable dans les terrains trialisants notamment, chaque impulsion est instantanée, aucun effort n’est vain, le vélo devient plus réactif, plus vif.

Le transfert des couples de pédalage et de freinage est excellent : aucune latence, l’effort est directement fourni au sol. La bonne géométrie des moyeux associée à leur légèreté joue pleinement, donnant cette impression d’accélération franche et directe, avec une roue dynamique. Les roulements, quant à eux, sont très fluides — sans atteindre l’excellence absolue — mais les perfectionnistes auront à disposition l’option céramique.

Après plusieurs mois d’utilisation, rien à signaler côté robustesse et longévité. Pas de bruits parasites, aucun jeu, pas de faiblesse sur la roue libre, et des roulements toujours impeccables. Le nouveau système d’étanchéité fait clairement son effet. Tune semble avoir appris de son passé et mis fin aux points faibles historiques de la marque.

Difficile de leur trouver des défauts… La marque nous ayant habitués à des records de poids, on peut ressentir une légère déception sur le moyeu avant, certes léger mais pas révolutionnaire. On pourrait aussi rêver d’une version spécifique aux rayons Dyneema Berd, avec des crochets optimisés pour faciliter le montage. Et évidemment, le prix constituera pour beaucoup un frein réel ; 660 à 750 €, ce n’est pas un achat impulsif.

Verdict

Cette nouvelle génération de moyeux Tune Nano et Micro semble tenir toutes ses promesses : fiabilité retrouvée, choix mécaniques judicieux, enclenchement rapide, géométrie soignée, coloris toujours distinctifs et option céramique pour les plus pointilleux. Le tarif reste élevé, mais Tune propose enfin un produit capable de rivaliser avec les meilleures références du marché… tout en retrouvant cette identité légère et précise qui a fait sa légende. Nous allons continuer à rouler avec eux sur le long terme pour confirmer cette première impression, mais une chose est sûre : le retour de Tune n’est plus une promesse, c’est un fait.

Pour plus d’informations : https://www.tune.de/en_US/

Par Rémi Groslambert