Test | Moustache Samedi 27 Race 8 AL : baroud d’honneur

Par Olivier Béart -

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Test | Moustache Samedi 27 Race 8 AL : baroud d’honneur

Alors que l’arrivée d’un nouveau moteur Bosch est imminente, et après avoir testé l’an dernier ses petits frères Off (le semi-rigide) et Trail en version entrée de gamme (le full en 140mm), nous avons pris les commandes du Moustache Samedi 27 Race 8 AL. Il s’agit du « gros costaud » de la bande avec ses 160mm de débattement, et il nous a prouvé qu’il a encore plus que de beaux restes !

Présentée fin 2016, la génération actuelle des vélos Moustache vit ses derniers mois et on annonce aussi l’arrivée imminente d’un nouveau moteur Bosch, l’équipementier allemand avec lequel Moustache a choisi de se lier pour équiper l’ensemble de sa gamme. Pourquoi dès lors encore tester ce Moustache Samedi 27 Race 8 AL ?

Tout simplement parce qu’il s’agit toujours d’un des best-sellers de la marque, mais aussi de l’ensemble des vtt électriques haut de gamme. Et puis, l’arrivée des nouveaux modèles en magasin n’est pas encore pour tout de suite (on parle de la fin de l’année, pas avant) et surtout, il faut arrêter de croire que l’arrivée d’un nouveau modèle, même si elle apporte inévitablement son lot d’améliorations, rend la précédente génération soudainement complètement obsolète et inintéressante.

Depuis notre premier essai du Moustache Samedi 27 Race 8, que nous avions opposé à son frère en carbone Race 9 début 2017, le châssis n’a pas beaucoup changé, mais l’équipement a été raffiné et le modèle a même baissé de prix, passant de 5399€ à 5199€ aujourd’hui. Nous n’allons pas vous refaire en détails toute la présentation statique du modèle afin de nous concentrer sur les impressions au guidon, et nous vous renvoyons vers nos articles déjà parus : le test Samedi 27 Race 8 vs Race 9le test du Samedi Trail 6

Revenons quand même quelques instants sur les points clés du châssis de ce Moustache Samedi 27 Race 8 millésime 2019. Le cadre est ici en aluminium 6061 hydroformé, dont les lignes gardent une certaine finesse malgré les sections imposantes des tubes, dictées par les impératifs de rigidité liés à la présence du moteur et de la batterie. Les soudures polies sont discrètes, de sorte que de loin on pourrait aisément le prendre pour un carbone. La couleur pistache de notre version d’essai est particulièrement réussie et la finition globale de très haut vol.

La signature Moustache sur cette génération de châssis, c’est l’intégration dans le cadre de la batterie 500Wh « classique » de Bosch, prévue à la base pour être placée en extérieur. La raison est simple : au moment de la sortie du vélo, Bosch ne disposait pas encore d’une batterie intégrable, et celle-ci est de toute façon plus longue que celle retenue par Moustache, ce qui est nuisible au centrage des masses. Ici, la marque française a dû se creuser un peu les méninges pour réussir l’intégration, mais cela permet au composant le plus lourd du vélo d’être placé au plus bas sur le tube diagonal. Nous verrons plus loin que c’est une des clés de l’excellent comportement dynamique du vélo. Par contre, cela impose de monter le porte-bidon sous le tube supérieur, à l’horizontale. Inhabituel et pas aussi pratique que sur le tube diagonal mais on s’y habitue facilement.

Le moteur Bosch Performance CX est volumineux et plus lourd que ses concurrents Shimano. et Brose de dernière génération. C’est un des points qui seront très probablement améliorés sur la prochaine génération. En attendant, on a ici un bloc qui a fait ses preuves et dont le comportement assez musclé convient bien à un usage sportif et/ou pour des bikers qui aiment sentir clairement l’assistance. C’est aussi un bloc qui reste à la page côté performance, comme le montrent les victoires acquises sur le championnat de France VAE et les World Ebike Series par des pilotes de la marque comme Julien Absalon ou Jérôme Gilloux.

Une des spécificités du moteur Bosch, c’est son petit plateau de 14 dents à la vitesse de rotation élevée, avec une démultiplication interne. Ce choix entraîne hélas des frottements quand le moteur est débrayé (au-delà de 25km/h par exemple). Moustache y a adjoint son propre système anti-chainsuck sous le pignon pour éviter le blocage de la chaîne et sa remontée même en conditions difficiles. Les manivelles signées Moustache sont en 165mm, ce qui permet de pédaler sans taper partout, même sur terrain chaotique.

Cinématique et suspension

La suspension arrière est un classique 4 Bar Linkage, à la sauce Moustache avec un bras arrière aux tubes de sections très travaillées, toujours dans une optique de rigidité. La biellette supérieure est en aluminium, mais elle est profondément usinée puis refermée de chaque côté par des plaques de carbone qui jouent un rôle esthétique et structurel. Sur le modèle Race, destiné à des pilotes à la pratique typée gros all-mountain voire enduro, on dispose de 160mm de débattement à l’avant comme à l’arrière, contre 140mm sur la version Trail. Un modèle SX doté d’une fourche de 170mm et d’un plus gros amortisseur (Fox DPX2) est aussi proposé pour les plus pointus.

Moustache a positionné le moteur en légère rotation afin de placer le point de pivot principal de manière idéale pour limiter le pompage notamment. La marque a aussi mis à profit la largeur du bloc moteur Bosch pour déporter un maximum les roulements du pivot principal et augmenter aussi la rigidité.

Moustache a aussi poussé le souci du détail jusqu’à développer son propre amortisseur (dimensions 200x57mm). Anodisé avec un revêtement anti-frictions, il n’a absolument pas à rougir face aux réalisations des grandes marques et on sent bien qu’il n’est pas là pour faire des économies de bouts de chandelles ! Il est doté d’un blocage dont on se sert finalement assez peu car même pleinement active, la suspension reste assez neutre au pédalage et on préfère garder le grip en toutes circonstances. Un petit sticker placé sur le cadre permet un réglage simple et efficace du SAG (enfoncement statique optimal de la suspension). Bien vu.

Géométrie

Au niveau de la géométrie, Moustache ne part pas sur des valeurs extrêmes, mais joue la carte d’une certaine accessibilité qui pourra convenir à un large spectre de bikers. L’angle de direction de 66,5° est aujourd’hui commun sur de gros vélos de trail. Le reach de 436mm en taille M n’a rien d’extrême et, après avoir testé nos derniers vélos Moustache en taille M pour des pilotes entre 178 et 181cm, nous avons cette fois eu envie de tester le Race 8 en taille L.

On sort un peu des recommandations de la marque, mais on se retrouve avec un vélo plus long (reach de 460mm) qui se montre plus adapté à un pilotage pointu, où on va rechercher de la stabilité à haute vitesse quitte à devoir brusquer un peu plus le vélo dans les changements de direction. Comme nous le verrons plus loin, nous n’avons pas regretté ce choix, cohérent sur un modèle Race au débattement plus généreux et destiné à un usage plus engagé que le Trail, pour lequel on restera plus dans les recommandations de la marque au niveau des tailles. Par contre, on pourra regretter qu’il n’y ait que 3 tailles au catalogue, ce qui n’offrira pas aux grands cette possibilité de jeu sur les tailles en optant pour un XL.

Equipement

L’équipement est un des points sur lesquels le millésime 2019/saison 8 a été le plus retravaillé. D’origine, le Moustache Samedi 27 Race 8 est équipé de roues en carbone, pour un tarif de 5999€, mais il existe aussi avec les roues alu comme testé ici, pour 5199€. Il se place ainsi de manière très concurrentielle face à des références comme le Specialized Levo Comp Alu (5799€) ou aux BH AtomX/XTep (Brose/Shimano) proposés à 5799 et 5999€.

Si les roues carbone permettent sans doute de gagner un peu en rigidité et en légèreté, la dernière génération de jantes alu Moustache offre déjà des performances largement suffisantes à nos yeux. D’une largeur de 35mm, elles sont aujourd’hui bien plus résistantes que les premiers modèles que nous avions pliés trop facilement lors de notre premier essai paru en 2017.

Ces roues sont montées avec des pneus Maxxis en 2.8, avec un Rekon parfaitement à sa place à l’arrière grâce à son bon compromis traction/rendement. Par contre, sur le Race, Moustache place intelligemment un Minion DHF nettement plus directif que le Rekon monté sur les modèles Trail et qui manque selon nous cruellement d’accroche latérale. On peut aussi, si on le souhaite, monter une roue de 29″ avec un pneu plus fin (2.5 par exemple) à l’avant pour gagner encore en précision.

La fourche Fox 36 Performance est compatible 27,5/29 et dotée de la cartouche Fit Grip, simple et efficace. Son châssis spécifique ebike dispose de plongeurs plus épais que les versions « régulières », ce qui impose d’utiliser des volume spacers de Fox 34 si on souhaite modifier le volume de la partie air pour plus ou moins de progressivité.

La transmission est confiée à Shimano avec un dérailleur XT 11 vitesses et une commande SLX. C’est du simple, connu et efficace. Moustache a cependant eu la bonne idée de monter une cassette Sunrace en 11/50 dents qui offre plus de polyvalence et un étagement plus régulier que la Shimano 11/46.

Le poste de pilotage maison se compose d’une potence alu de 50mm de long et d’un cintre en carbone de très belle facture en 760mm de large. Les grips SB3 sont très agréables et, si la commande Bosch n’est pas très esthétique et les informations fournies sur l’écran très sommaires, ses boutons sont bien accessibles et faciles à manipuler.

La tige de selle maison nous avait causé quelques soucis lors de notre essai du Trail 6, mais tout semble aujourd’hui rentré dans l’ordre. Son fonctionnement est bon et elle se fait totalement oublier. En taille L, on dispose de 150mm de débattement contre 125mm en S mais aussi en M, ce qui est un peu peu à nos yeux sur un vélo de ce débattement, mais le cadre ne permet hélas pas plus. La commande est agréable à manipuler.

Enfin, on termine par les freins qui sont des Formula Cura en disques de 203mm à l’avant et 180mm à l’arrière. Un choix peu courant mais très cohérent sur un ebike car ils sont particulièrement puissants malgré leurs étriers 2 pistons ! Par contre, le contact des leviers est très direct et ils manquent à nos yeux un peu de facilité de dosage. Mais si vous aimez le on/off, vous serez servi !

Un dernier mot pour signaler que nous avons pesé notre Race 8 à 23,1kg en taille L.

Moustache Samedi 27 Race 8 AL : le test terrain

Avec le Moustache Samedi 27 Race 8, vu qu’on a plus de débattement qu’avec le Trail que nous avons testé l’an dernier, on a directement eu envie de l’emmener sur des pistes plus engagées, de limer nos spéciales d’enduro préférées et d’envoyer la sauce pour voir ce qu’il a dans le ventre. Et nous n’avons pas été déçus, d’autant que le choix de la taille L pour cet essai plus musclé s’est avéré être une excellente idée dans cette optique. On a retrouvé avec plaisir les caractéristiques que nous avons toujours apprécié sur les vélos Moustache, à savoir un comportement accessible et joueur, mais ici avec un petit plus.

Sur cette taille L, on ne se sent pas trop allongé, mais on est plutôt au guidon d’un vélo aux standards contemporains qui ont beaucoup évolué ces deux dernières années. On perd un peu en maniabilité à basse vitesse, mais comme les Moustache sont traditionnellement très bons et faciles à ce niveau, cela reste très acceptable. Par contre, quand on ouvre les gaz, on sent le gain en stabilité et en fluidité quand on a quelques notions de pilotage. Le pilotage est plus physique, il faut lui rentrer plus dedans, mais il répond vraiment présent et c’est un vélo très ludique sur des pistes typées bikepark et les spéciales d’enduro.

Ce n’est pas un DH, mais il accepte aussi sans souci qu’on l’emmène jumper ! Là, l’équilibre parfait des masses est un énorme atout par rapport à des ebikes trop chargés de l’avant à cause d’une batterie qui remonte bien trop haut dans le tube diagonal. Ici, rien de tout cela, le vélo se pilote (presque) comme un gros bike d’enduro et il met d’emblée vraiment en confiance… ce qui permet d’ouvrir les gaz et de s’amuser comme un petit fou.

En pilotage agressif, on peut sentir que son cadre est un peu souple malgré tous les efforts déployés par Moustache. Mais rien de dramatique et cela peut aussi être un atout sur terrain défoncé, où le vélo ne donne pas l’impression de trembler et permet de bien garder ses lignes. Les pneus montrent aussi leurs limites dans les gros appuis et les plus fins pilotes apprécieront certainement de tester le montage d’une roue de 29″ à l’avant, comme on le voit sur de plus en plus d’ebikes, de vélos d’enduro et de DH. La fourche est bien à sa place sur ce Race 8, et l’amortisseur impressionne pour un « petit modèle » qu’on imagine plutôt à la base sur un vélo de cross que sur un ebike de 23kg. Mais il s’en sort bien, même si parfois on peut en voir les limites sur de longues spéciales d’enduro et certains gros impacts où la suspension donne l’impression d’être un peu trop linéaire et de rentrer trop vite dans le débattement.

Par contre, en usage plus soft, le confort est absolument magistral quand on pédale assis sur la selle. Le Race 8 sait aussi se montrer doux comme un agneau quand on baisse le rythme et c’est une bonne nouvelle. En côte, le moteur Bosch est puissant et on retrouve bien le caractère très « mécanique » qu’on lui connaît. C’est la main de fer dans le gant de fer, ça manque parfois de subtilité, mais on n’oublie jamais qu’il est là et on peut toujours compter sur lui quand on prend une spéciale en sens inverse et qu’on s’amuse à piloter aussi en montée. Ici, les bases assez longues (465mm) sont un atout pour le grip et le contrôle en côte raide et fort heureusement, on n’en souffre pas vraiment en descente.

Par rapport à ses concurrents qui sont plus « élastiques », le Bosch demande davantage d’être dans sa plage d’utilisation optimale avec une cadence de pédalage autour de 80 tours minute. Mais on peut compter sur son couple et sa puissance pour n’être que très rarement bloqué par sa faute, y compris dans des pentes très raides. Côté autonomie, il est un peu plus porté sur la boisson que ses rivaux de dernière génération et on a une fois de plus eu du mal à dépasser les 35km/1200m de d+ avec ce Moustache Race 8. Il est vrai qu’on utilise beaucoup le mode e-MTB, hyper polyvalent et qui ne consomme pas vraiment plus que le Tour, mais le mode Eco est trop faiblard à notre goût pour des sorties plaisir où on aime avoir un vélo avec un minimum de punch dans les reprises. Quant au mode Turbo, il est trop violent en usage vtt, mais il peut s’avérer intéressant pour des remontées sur route ou chemin large quand le but du jeu est d’enchaîner le maximum de descentes en un temps limité.

Verdict

C’est bon qu’on sait par l’une ou l’autre fuite qu’un nouveau moteur Bosch va arriver, et donc inévitablement une nouvelle génération de vélos Moustache, car quand on roule ce Race 8 AL on n’a pas du tout l’impression d’être sur un vélo ancien ou dépassé. Ses lignes resteront intemporelles et son comportement tout à fait à la page nous a procuré énormément de plaisir lors de ce test, notamment grâce au travail de centrage des masses qui reste un des points clé dans le développement d’un ebike réussi. Le Race avec 160mm de débattement ne fait pas perdre grand chose en polyvalence par rapport au Trail en 140mm, mais il ouvre la porte à un pilotage plus engagé et permet de s’aventurer sur des terrains vraiment velus ou même des pistes de bikepark tout en étant toujours capable de vous emmener en balade sur la rando du coin, sans donner l’impression d’avoir un trop gros vélo au guidon duquel on s’ennuie quand on ne roule pas à fond. Le choix d’une taille au-dessus de nos habitudes s’est aussi avéré une bonne idée sur ce modèle. Quant à l’ensemble moteur/batterie Bosch, mis à part son autonomie qui est parfois frustrante dans le cadre de notre pratique et par rapport à certains concurrents plus récents (on pense notamment au dernier Specialized Levo qui est particulièrement frugal, y compris en batterie de 500Wh), il reste un bon compagnon qui permettra remonter vite et efficacement au départ des spéciales, où le comportement du Moustache ne pourra que vous donner la banane. « Smiling Machines » : le slogan de la marque dit vrai…

Moustache Samedi 27 Race 8 AL

5199€

23,1kg((Sans pédales, tubeless))

  • Intégration batterie réussie et finition
  • Comportement ludique et facile
  • Excellent centrage des masses, équilibre du vélo
  • Equipement bien pensé et bien placé pour le tarif
  • Autonomie parfois un peu juste... quand on s'amuse, on aimerait pouvoir rouler encore plus !
  • RAS

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParOlivier Béart