Test| Focus SAM 9.9 et SAM² 6.8 : une affaire de famille, électrique… ou pas ! - Focus SAM² 6.8 (éléctrique) : le test terrain

Par Pierre Fluckiger -

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Test| Focus SAM 9.9 et SAM² 6.8 : une affaire de famille, électrique… ou pas ! - Focus SAM² 6.8 (éléctrique) : le test terrain

Alors, électrique ou pas électrique ? La famille SAM, pour Super All Mountain, se destine dans la gamme Focus à la pratique du gros all-mountain et de l’enduro. Pour 2019, le Focus SAM fait peau neuve. Il reprend les lignes esthétiques du SAM² (prononcer « squared » in english in the text) à assistance électrique sorti l’année dernière. Loin des tendances actuelles dans le créneau de l’enduro, Focus assume des choix techniques qu’il décline sur les deux versions. Même taille de roues (27,5), même débattement, les Focus SAM et SAM² sont construits autour de la même technologie de suspension. Très proches au niveau de leurs géométries respectives, le Focus Sam 9.9 avec son cadre tout carbone et le Focus Sam² 6.8 électrique, lui tout en alu, sont proposés à un prix identique. Alors, classique ou assisté ? Vojo a osé comparer l’incomparable lors d’un test longue durée de ces deux machines. 

Focus SAM² 6.8 (électrique) : le test terrain

Quand on s’installe sur le Focus SAM² 6.8, on se trouve assez haut perché ; une sensation renforcée par la relative petitesse du triangle avant. Si vous avez de grandes jambes, l’option de la taille supérieure est à étudier, malheureusement pas pour les grands gabarits qui devront se contenter de la taille L.

L’interrupteur positionné sur le tube supérieur s’illumine joliment en bleu à l’allumage. Une petite pression et c’est parti. Simple mais dommage que son temps de réponse soit un peu long, et on a souvent le réflexe d’appuyer une seconde fois dessus au moment où le système s’allume… ce qui a pour effet de l’éteindre !

Est-ce notre spécimen d’essai ou une programmation particulière à Focus, toujours est-il que le Moteur Shimano 8000 du Focus 6.8 fait partie des meilleurs moteurs que nous avons testés à ce jour et il nous est apparu comme particulièrement en forme. Nous avons été bluffés par sa disponibilité, sa puissance et son agrément dès le mode ECO. De façon indicative pour l’autonomie, il faudra compter entre 20 et 35 km maxi pour un (tout) petit 1000 mètres de dénivelés positif en jouant entre les mode Eco et Trail pour un pilote de 80kg. On aurait pu s’attendre à pire vu la petite batterie.

Sur le Focus SAM² 6.8, il est nécessaire de ne pas négliger les réglages des suspensions. De par sa géométrie et sa suspension, contrairement à son cousin sans assistance, il est très sensible aux changements d’assiette. Tout, encore une fois, est une affaire de compromis, et pour obtenir un équilibre correct nous avons avons mis 25% de Sag sur l’avant et l’arrière. Mais même ainsi il avouera ses limites dans les conditions extrêmes de pentes (positives ou négatives).

Dans les chemins plus calmes mais au sol parsemé d’embuches, le confort et la sensibilité de sa suspension FOLD font des merveilles. Les racines, les cailloux et autres obstacles sont littéralement avalés. Bien aidé par la grande rigidité de son cadre et par ses pneus en 2.6 de section, le rendement est excellent. Nous avons pu le vérifier après avoir été un peu optimistes sur l’autonomie restante de notre petite batterie : les quelques kilomètres effectués à la pédale, sans assistance, n’ont pas pris l’allure d’un calvaire. Bien sûr, il ne faut pas que ça monte trop car on est alors rattrapé par le poids, mais le vélo nous a semblé bien plus « pédalable » sans assistance que bon nombre de ses concurrents.

Point important sur un électrique : la motricité est vraiment top et ça charge fort sur l’arrière. Pour autant, cette distribution des masses sur l’arrière se fait de plus en plus sentir quand la pente s’incline vraiment. La suspension du Focus SAM² 6.8 a hélas tendance à s’effondrer à mi-course, et la position perd de son confort et de sa neutralité. Du coup, l’avant se fait léger et il devient difficile de bien le plaquer au sol.

C’est un des rares VAE  sur lequel il ne faut pas hésiter à utiliser le levier de l’amortisseur FOX DPS. Nous avons été mis en échec sur pas mal de passages techniques de nos boucles de test,  simplement parce que l’arrière s’affaissait. Et la position intermédiaire de l’amortisseur, avec une compression un peu plus fermée, permet de mieux s’en sortir. Le Focus SAM² n’aime pas les petits sentiers cassants truffés de pièges et d’épingles serrées, ou l’on repart à l’arrêt.  On a du mal à bien se positionner et à se mouvoir à son guidon ; sa maniabilité est mise à mal. Par contre, la légèreté de l’ensemble, le bon étagement de sa transmission Shimano et l’élasticité de son moteur aident à rejoindre les sommets.

Le SAM² 6.8 n’aime pas non plus les faibles vitesses. Nous avons eu la mauvaise surprise de nous voir refuser des virages pris à très faible allure, simplement en voulant tourner le guidon. Dans les fortes pentes techniques il n’est pas rassurant non plus. Il impose une position sur l’arrière, et on a du mal à sentir le grip sur l’avant. Il faut le laisser faire et encore une fois on peut compter sur sa suspension arrière et son cadre rigide pour encaisser le terrain, mais on a un peu la sensation de se « faire mener en bâteau ». Les excellents freins Shimano ZEE aident heureusement dans les situations d’urgence. Leur puissance et leur constance ont toujours répondu présent.

Dès que la vitesse augmente, le Focus SAM² 6.8 affiche un tout autre visage. Le travail de la suspension arrière fait des merveilles et on retrouve de la confiance. Pas la peine d’éviter les les obstacles ou de jouer avec le relief, il suffit de lâcher les freins et de pointer les difficultés pour les traverser. N’espérez pas utiliser le terrain pour gagner de la vitesse avec un geste technique, sous peine de perdre de l’énergie à vouloir faire décoller cette roue arrière qui aime rester plaquée au sol. De cette façon, le SAM² 6.8 a tendance à s’allonger et la stabilité dans les  passages défoncés est vraiment bonne. Une stabilité que l’on retrouve au freinage, ou le SAM se plante bien même si son confort est plus affecté. La maniabilité et l’ agilité sont excellentes. D’ailleurs, on pourrait parfois se faire surprendre par la vivacité dont ce SAM² fait preuve dans les changement d’angles.

En virage, le Focus SAM² excelle à carver. Il ne faut pas hésiter à élargir la trajectoire et à le faire pencher en entrée. On prend beaucoup d’angle et l’ensemble s’allonge. La vitesse de passage en virage est alors impressionnante ! Attention tout de même à la gestion du grip sur la roue avant quand le virage manque d’appui ! Par contre, dès que la piste est un peu creusée ou dans dans les grands virages relevés type bike park, c’est le pied total. On prend de l’angle comme rarement, et c’est grisant. Si le Focus SAM² a tendance à effacer les petits kicks naturels, il en est tout autre sur les appels de sauts travaillés. Il prend beaucoup de hauteur, et va loin. L’assiette en l’air est très bonne, mais il faut veiller à être bien positionné au moment du décollage. Un vrai petit VAE de bike park !

Nous avons été surpris comme les 2kg de la batterie additionnelle avaient une influence sur le  SAM² 6.8. Que ce soit en montée ou en descente le comportement est nettement plus équilibré. L’auriez-vous cru ? Eh oui, sur ce châssis, ajouter du poids améliore le comportement et c’est avec la batterie additionnelle que nous l’avons préféré. Comme stabilisé, le châssis est beaucoup plus neutre et plaisant. En montée, cette nouvelle répartition des masses réduit le cabrage et facilite le franchissement. En descente, on est beaucoup moins sur la défensive et le gain en grip sur le train avant est très nettement perceptible. Alors certes le SAM² devient plus pataud et moins prompt au changement d’angle, mais le bénéfice en tolérance est vraiment intéressant.

Au final, même pour certaines sorties où nous n’avions pas besoin d’un supplément d’autonomie, nous nous sommes surpris à laisser la batterie additionnelle, preuve que la question des masses et de leur distribution est absolument cruciale sur un ebike et ne se résume pas à « plus c’est léger, mieux c’est ». A l’usage, quand on a vraiment besoin d’une autonomie accrue (et effectivement doublée), même si le concept de double batterie est intéressant sur le papier, en pratique, on regrette tout de même que l’intégration ne soit pas plus poussée. Le câble qui relie la batterie au vélo est une solution peu esthétique et qui fait un peu « bricolage », et on regrette aussi qu’il faille éteindre le moteur et brancher ou débrancher la 2e batterie pour passer de l’une à l’autre. Pour l’avenir, un système pensé dans son ensemble et mieux intégré nous semble indispensable pour assurer le succès de cette formule intelligente et que nous validons à 100% sur le principe même si la mise en œuvre mérite encore d’être plus raffinée.

Conclusion :

Il n’y pas de superlatifs assez forts pour définir le Focus SAM² en confort. Il donne l’image d’un canapé qui nous happe, mais dont on a du mal à s’extraire d’autant plus si on s’agite. Ainsi ses 170 mm de débattement le destinent à un public qui se repose plus sur la qualité d’un partie cycle que sur ses propres qualités techniques. C’est un compagnon idéal des virées courtes en moyenne montagne et sur les terrains cassants mais peu engagés. Ses qualités dynamiques rendent le SAM² parfaitement adapté aux bike park quel que soit son niveau. Pour séduire, il peut également compter sur son look, sa belle réalisation et sa possibilité d’évolution grâce à sa batterie additionnelle, même si tout cela a un prix

Focus SAM² 6.8

6199€

21,8kg(sans pédales, tubeless)

  • Confort de suspension
  • Motricité
  • Excellente motorisation Shimano
  • Concept de batterie additionnelle intéressant
  • Choix de tailles limité
  • Equilibre global du vélo perfectible
  • Manque de maintien de la suspension arrière
  • Ergonomie du poste de pilotage à revoir !

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParPierre Fluckiger

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