Test| Focus SAM 9.9 et SAM² 6.8 : une affaire de famille, électrique… ou pas !
Par Pierre Fluckiger -
Alors, électrique ou pas électrique ? La famille SAM, pour Super All Mountain, se destine dans la gamme Focus à la pratique du gros all-mountain et de l’enduro. Pour 2019, le Focus SAM fait peau neuve. Il reprend les lignes esthétiques du SAM² (prononcer « squared » in english in the text) à assistance électrique sorti l’année dernière. Loin des tendances actuelles dans le créneau de l’enduro, Focus assume des choix techniques qu’il décline sur les deux versions. Même taille de roues (27,5), même débattement, les Focus SAM et SAM² sont construits autour de la même technologie de suspension. Très proches au niveau de leurs géométries respectives, le Focus Sam 9.9 avec son cadre tout carbone et le Focus Sam² 6.8 électrique, lui tout en alu, sont proposés à un prix identique. Alors, classique ou assisté ? Vojo a osé comparer l’incomparable lors d’un test longue durée de ces deux machines.
Frères de souche
A sa sortie en 2014, le Focus Sam détonnait par sa géométrie plutôt moderne et atypique pour l’époque. Replacé dans son contexte, cela en faisait un vélo rapide et stable mais qui manquait de vie. Depuis, il a évolué en douceur. Sous l’impulsion du nouveau design lancé sur la famille JAM, Focus a lancé en 2018 une première version à assistance électrique totalement repensée, puis la décline pour cette année en version classique.
Ainsi Focus nous livre une plateforme en décalage par rapport au courant actuel sur le marché des enduros classiques et électriques. Ici, pas d’alternative possible, pas de 29 pouces ou de 27.5+ (légion en VAE), on est sur du 27.5 pouces « classique » pour les deux versions, avec tout de même une section de 2.6 sur l’électrique. De même les focus Sam 9.9 et Sam² 6.8 proposent une géométrie plus « conventionnelle » mais moderne qui ne tombe pas dans la tendance du « long », « bas » et « couché » qui fait désormais presque figure de « tarte à la crème » sur les vélos de production moderne.
Cet enduro de 170 mm de débattement se décline en deux versions sur le modèle classique et en trois versions pour le VAE. Le SAM est disponible à partir de 4099 euros pour la version 8.9 et son triangle arrière en alu, alors que notre SAM d’essai le 9.9 est, lui, entièrement en carbone, et proposé à 6199 euros. Les prix s’échelonnent pour le SAM² (exclusivement en alu) entre 5099€ pour le 6.7 à 7699€ pour le 6.9. Notre version intermédiaire de test est proposée à un prix de 6199€.
Cinématique et suspensions
Les SAM sont des Focus, et ils ne peuvent renier leurs origines. En effet, leurs cadres constitués par deux triangles unifiés sont reliés entre eux par un système de suspension reconnaissable entre tous. Il est la véritable identité de la marque depuis le JAM. C’est une imposante cathédrale posée à la verticale au centre du cadre et qui sépare les deux triangles aux aspects plus élancés. Elle est de type mono-pivot avec système biellette et basculeur. Son originalité physique vient de la taille de son imposant basculeur qui tranche avec celle de ses fines biellettes .
Dénommée FOLD pour « Focus Optimized Linkage Design », elle est censée, selon Focus, apporter beaucoup de sensibilité, tout en gardant une bonne progressivité sur la fin de course afin d’éviter le talonnage…ouf ! Pour les aficionados des courbes, son évolution de ratio est en forme de cloche. Elle est dégressive sur la première partie de son débattement jusqu’au SAG, puis elle devient progressive jusqu’à la fin de course. La valeur moyenne du ratio ainsi que son évolution restent tout de même mesurés, garantissant une bonne plage d’utilisation de la suspension.
Géométries
Même si la présence du moteur impose des contraintes techniques et d’encombrement sur le Focus SAM² 6.8, il n’en reste pas moins que lui et le Focus SAM 9.9 partagent le même type de géométrie. Ainsi on retrouve sur les deux vélos des bases plutôt courtes dans leur univers respectif à savoir 428 mm pour le SAM et 455 mm pour le SAM². Les angles de direction et de tige de selle effectif sont identiques et dans la moyenne actuelle. On a respectivement 64.8 pour le 9.9 et 65° pour le 6.8 en angle de direction. Quant à l’angle de tige de selle, il est de 75° pour les deux modèles. il faut noter que sur les Focus cet angle effectif varie peu quelle que soit la sortie de selle. Les boitiers de pédaliers culminent à une hauteur comprise entre 343 et 345 mm, soit à peine plus haut que le standard de la moyenne du marché. Il est important de noter que les deux modèle de SAM ne sont disponible que dans trois tailles de cadre : S, M et L. Ce n’est pas une très bonne nouvelle pour les grands gabarits.
Sur nos tailles L d’essai, le reach a une longueur de 460 mm sur le SAM 9.9 et de 455 mm sur le SAM² 6.8. Rien de révolutionnaire, ni de rétrograde de ce coté-là, on reste dans la moyenne basse des enduros. La valeur du stack se situe à 623mm sur le classique, et à 625 mm sur le modèle assisté. Ce sont des chiffres qu’on a plus l’habitude de retrouver sur les 27.5 modernes en taille XL. Une singularité que l’on retrouve dans les hauteurs de douille de direction : 130 mm pour le 9.9 et 138 mm pour le 6.8. Les triangles avant sont donc plutôt compacts et, de ce fait, les empattements pourraient laisser penser que l’on est en présence de « freerides » (comme on disait il y a quelques années) plutôt que de bikes d’enduro race. Mais encore une fois tout cela reste des chiffres qui ne peuvent à eux seul se substituer au comportement final.
Un chose est sûre, c’est que notre Focus SAM 9.9 ainsi que notre Focus SAM² 6.8 partagent tous deux le même poste de pilotage qui n’est pas en phase avec une pratique enduro. Peu importe les raisons d’un tel choix, toujours est-il que cette potence trop longue et ce cintre alu BBB au galbe désagréable et digne d’un chopper n’ont pas leur place sur de tels vélos et gâchent leur comportement. A changer d’urgence, même si sur le SAM², cet ensemble BBB compatible Di2 cache harmonieusement la câblerie électrique. Même topo pour les grips. Dans le cas du SAM 9.9, les Race Face Grippler réduisent drastiquement la largeur du poste de pilotage; quant à ceux maison du SAM² 6.8, ils ont la délicatesse d’une râpe à fromage.
Autre son de cloche quant à la finition et au souci du détail apporté à la fabrication de ces deux Focus. Même si les couleurs choisies sont un peu austères, surtout le noir mat et rouge du SAM 9.9, la qualité des peintures est de premier ordre. Rien à signaler de ce coté-là alors que nos deux vélos ont subi les affres d’un essai longue durée. Les quelques touches de couleur qui égaient l’ensemble sont placées originalement. Ainsi les tubes supérieurs du Focus SAM 9.9 et du SAM² 6.8 se parent d’une déco en rapport avec la forme de ces derniers et qui rappelle celle du dos d’un cobra aux aguets. Classes aussi les ouïes disposées de chaque coté du tube diagonal du SAM² 6.8., censées diriger de l’air frais vers la batterie totalement intégrée (nous y reviendrons). Bien pensé également ce protège-base moulé et intégré au triangle arrière du SAM 9.9. Son tube diagonale dispose d’un petit sabot de protection caoutchouc.
Cousins germains :
La présence à elle seule du petit bouton magique sur le tube supérieur du SAM² 6.8 trahit son appartenance. Même si l’intégration est parfaitement réalisée, on est bien en présence d’un VAE et certaines concessions d’encombrement ont du être réalisées. Bien que le moteur Shimano Steps 8000 choisi est un des plus compacts, la place prise décale la peu discrète suspension FOLD vers le haut. Ainsi, par rapport au SAM 9.9, le SAM² 6.8 possède un tube de selle plus haut et son sloping est nettement moins marqué. Cette donnée apparaît très rarement dans les caractéristiques de géométrie, pourtant elle a un réel impact en dynamique.
Le tube diagonal du SAM² 6.8 représente à lui seul seul un ouvrage d’art. Il est d’un seul tenant et va de la colonne de direction jusqu’au portique qui supporte le moteur. Sa forme est complexe. De faible section, il dissimule une batterie intégrée de 378Wh que l’on ne peut sortir qu’après le démontage du moteur. Il faudra donc disposer d’une prise de courant proche de votre SAM².
Autre détail, ce tube est flanqué d’un solide rail à l’endroit ou usuellement on trouve le porte gourde. Il permet d’y glisser une batterie supplémentaire (en option), d’une capacité équivalente, et permettant ainsi d’obtenir une capacité totale de 756 Wh. Ce concept appelé TEC, pour Tailor Energy Concept, permet d’adapter ses besoins en énergie.
Le branchement du câble de liaison fait le switch automatiquement vers la seconde batterie. Les deux ne sont donc pas montées en série et il faut hélas jouer manuellement entre les deux et choisir quelle batterie on veut utiliser. Les infos lues sur le display ne proviennent que d’une batterie à la fois. Nous verrons sur le terrain l’impact que cela peut avoir.
Grace à sa petite batterie, le Focus SAM² 6.8 est un VAE léger puisqu’il affiche 21.8 kg sur la balance en taille L (sans pédales et en tubeless) sans équipements hyper luxueux ni cadre carbone. Rajoutez 2 Kg de plus avec la batterie annexe et son câble.
Focus semble friand des concepts et les associe facilement a une donnée technique. Le cadre du SAM 9.9 ne déroge pas à la règle et est construit autour du concept SSPS pour Stable Stiffness Per Size. Pour faire simple, ce procédé de fabrication permet d’obtenir une rigidité de cadre et des sensations identiques quelle que soit la taille. Une particularité technique que l’on ne peut avoir que sur un cadre carbone en ayant une maîtrise certaine de la quantité de fibres et de leur orientation. Le résultat final est un cadre très épuré, au format boost, avec quelques particularités physiques comme cette grosse douille de direction à la forme singulière. Le passage des câbles se fait en interne à travers des tubes en mousse afin d’éviter les bruits parasites. Le triangle arrière est fin et sa rigidité latérale est optimisée pour apporter du grip en virage. On notera encore un boîtier de pédalier au standard PressFit.
Au final, on obtient aussi un vélo léger par rapport à son débattement, puisque notre taille L de test pèse seulement 13.2 kg sur notre balance (toujours sans pédales, et en montage tubeless).
Le SAM 9.9 est équipé en Sram de la tête jusqu’aux pieds, ou presque. On retrouve donc un groupe 12 vitesse Eagle GX associé à un pédalier Descendant carbone en format DUB. Les freins sont des guide RSC réglables dans tout les sens. L’étagère RockShox a servi d’approvisionnement pour les suspensions et la tige de selle. A l’avant trône une Lyrik RC2, le haut de gamme de la marque en fourche d’enduro. L’amortisseur est un Deluxe RCT, avec une position pédalage ainsi qu’une compression et une détente basses vitesses réglables. La tige de selle télescopique Reverb offre un débattement de 170 mm et est équipée de la nouvelle commande 1X. Sram ne produit pas de selle et plus de roues sinon on aurait droit a la totale ! Ainsi, la selle est une jolie Prologo Dimension NDR. Les roues sont des Race Face Turbine Boost equipées d’un roue libre aussi bruyante que sa quantité de points d’engagement est importante. Si nous ne remettons pas en cause la qualité des composants de ce Focus Sam 9.9, nous aurions aimé un peu plus d’exotisme et de saveur dans les choix. Même si en l’état, il n’y a pas grand chose d’objectif à reprocher.
Virage à 180°, pour le SAM 6.8 « au carré ». Sur la version assistée, on retrouve un combo connu à base de Shimano et de Fox. La transmission 11 vitesses est un mélange de XT pour l’ensemble shifter/dérailleur, et de SLX pour la chaîne et la cassette. Bon choix concernant les freins Zee 4 pistons, économiques et efficaces. La fourche Fox 36 performance et l’amortisseur Fox float DPS sont issus de la gamme e-bike et offrent donc un châssis et un valving adaptés à la pratique. La selle est siglée Focus et la tige de selle télescopique est l’entrée de gamme KS E30i, qui fonctionne toutefois correctement. Les roues DT Swiss H1900 spécifiques VAE sont aussi l’entrée de gamme, mais la qualité DT est déjà perceptible. Ici encore rien de bien exotique, mais des composants bien choisis.
Voyons maintenant ce que chacun vaut sur le terrain et dans quelle mesure ils peuvent être comparés, ou pas, ou à tout le moins rapprochés. Gardez bien à l’esprit qu’il ne s’agit en aucun cas d’un match ou d’un duel, qui n’aurait pas de sens vu les différences d’usage et de philosophie des deux machines, mais bien d’un double test. Rendez-vous page suivante pour la suite >>>
Focus SAM 9.9 : le test terrain
On commence les comptes rendus de ces deux tests par le Focus SAM 9.9, sans assistance, donc. La première chose que nous avons fait, c’est de changer le poste de pilotage, celui d’origine ne nous permettant vraiment pas une bonne prise en main. Nous en avons réduit également la hauteur pour le positionner au plus près de la colonne de direction car celle-ci est plutôt haute. En selle, la position est compacte pour un taille L, et les personnes de plus de 1.85 m auront certainement du mal à se caser à bord du SAM 9.9. Et il n’existe pas de taille XL, ce qui est surprenant pour une marque allemande. Cependant, même positionnée au plus bas dans le cadre, la Reverb et ses 170 mm de débattement offrent une hauteur d’assise importante, ce qui impose d’avoir des jambes assez longues.
Au premier coup de pédale, le Focus SAM 9.9 décolle instantanément. Il accélère fort, avec une vivacité peu commune sur un enduro de 170 mm de débattement. Il appelle au sprint, à la manière d’une sortie de grille de BMX. Pour autant, il ne s’essouffle pas, et on arrive à cruiser facilement à une vitesse de croisière élevée. Un caractère au pédalage qui le rapproche d’un all mountain, et qui était déjà présente sur la précédente version.
Pour notre essai, nous avons obtenu un bon compromis de performance en respectant un SAG compris entre 28 et 30% maxi à l’arrière. La suspension arrière du Focus est très active et sensible, et semble peu affectée par la tension de chaîne au pédalage (anti-squat bas). Ca tracte fort et les aspérités du terrain sont effacées dans un grand confort sans avoir la sensation de buter. En contrepartie, on consomme pas mal de débattement et les oscillations restent présentes. Pour contrer cela, on n’hésite pas à jouer du levier sur le RockShox Super Deluxe, surtout pour garder une bonne assiette. Malheureusement, cette position pédalage est très ferme et affecte la motricité et le confort du SAM 9.9. On aurait donc aimé une position intermédiaire.
Si les manivelles du pédalier Truvativ Descendant de 175 mm favorisent le rendement, elles n’aident pas au franchissement. Comme on se retrouve souvent bas dans le débattement, les contact des manivelles avec le sol sont légion. Attention lors des relances à pleine vitesse ! L’inclinaison du tube de selle et la légèreté de l’ensemble associées à la transmission 12V permettent de franchir facilement les montées les plus raides sans avoir trop à se contorsionner. Pas de problème non plus dans les épingles en montée, le guidage de l’avant est bon et on tourne dans un mouchoir. L’agilité de l’ensemble aide au franchissement dans les passages techniques. Si besoin, un petit coup sur la très agréable commande de la Reverb permet d’avoir plus de place pour se mouvoir. Malheureusement, une très légère fuite au niveau du levier a vite entaché son bon fonctionnement.
Avant de se lancer bride abattue en descente, nous sommes passés par la case réglage de la Fourche Rockshox Lyrik. Un conseil pour cela est de ne pas trop tenir compte des indications inscrites sur cette dernière sous peine d’avoir une fourche certes sensible mais inconfortable et qui plonge beaucoup trop. Compressions BV et HV toutes ouvertes, pas de token, on gonfle plus que de raison et on gère le tout par la détente. Ainsi nous avons obtenu un bon accord de confort et d’équilibre dynamique sur notre Focus SAM 9.9. L’air ne pourra jamais se substituer à un ressort hélicoïdal et l’augmentation du volume des chambres négatives a ses limites
Afin de pouvoir jouir pleinement des qualités dynamique du SAM 9.9 en descente, il va falloir « décrocher la caravane ». Le Focus n’aime pas la demi mesure, ni le pilotage passif. A faible vitesse il a tendance à se figer et on subit le terrain malgré son grand confort de suspension. Pourtant le SAM se délecte des trails techniques, où il faut enrouler les rochers en délestant l’arrière tout en restant solide sur les avant-bras. Sa grande précision de l’avant fait des merveilles dans ce genre de situation et le SAM 9.9 y gagne facilement de la vitesse en gardant un pilotage actif. Il adore quand on lui rentre dedans. Pour autant ce n’est pas le genre d’enduro qu’on laisse filer tout droit dans un champ de racines ou de cailloux à pleine vitesse. Il incite plutôt à sauter dedans en profitant du moindre petit appel. Les réceptions se font en douceur et même si on consomme beaucoup de débattement, la suspension arrière apporte juste assez de progressivité en fin de course pour ne pas sentir le talonnage.
Sa position debout nous entraîne naturellement à être posé au-dessus du cintre. Il n’est donc pas nécessaire de penser à charger l’avant pour trouver le grip. Dans la forte pente, la position demande à plus se basculer sur l’arrière et à piloter sur les jambes. La précision et la rigueur de l’avant restent de mise. La flexibilité de son triangle arrière le rend plus tolérant, avec une bonne dose de grip notamment dans les dévers et en virage. Et nous, on aime ça !
Quand le terrain devient plus lisse, il prend beaucoup de vitesse et le moindre mouvement de terrain est utilisé pour pomper et le propulser. A ce petit jeu, on pourrait penser qu’on use beaucoup d’énergie vu comme la suspension a tendance à passer facilement à travers le débattement, et pourtant il n’en est rien. Le bilan se détériore par contre au moment de freiner. Le focus SAM 9.9 nous rappelle que c’est bien un mono pivot carbone avec des bases courtes pour couronner le tout. Bilan : sa suspension est beaucoup moins active dans ces conditions et ça tape fort dans les pieds. Point plus positif : l’assiette reste à peu près constante et on n’est pas trop poussé dans la pente. Bon point aussi pour les freins Guide RSC de notre vélo de test qui, si ils ne sont pas les plus puissants du marché, font preuve d’un touché et d’une modulation parfaits.
Le Focus reprend de la superbe dans les petits virages relevés. On inscrit l’avant avec autorité et l’arrière suit en carvant et aide à l’effet directeur. Ce SAM 9.9 tourne rond, n’élargit pas la trajectoire et ne rentre pas en sortie. Joueur, il se jette d’un virage à l’autre et reste efficace sans se casser en deux.
Au final, on s’amuse beaucoup et il en faut peu pour que le Focus passe sur sa roue arrière. Un champion pour les manuals ! Ses qualités en virages relevés en font un compagnon idéal en bike park, et sur les trails aménagés. Le Focus Sam 9.9 brille également par son bel équilibre en saut. Même s’il consomme du débattement sur les appels, il ne les efface pas. On prend facilement de la hauteur et il est joueur dans les airs. Les réceptions se font dans un confort pullman.
Conclusion :
Dans le créneau des enduros à grand débattement, le Focus SAM 9.9 offre une alternative différente face à des concurrents taillés pour découper le relief et très orientés race mais aussi, souvent, peu accessibles. Par un comportement tout en toucher et en finesse, il demande à utiliser le terrain pour être efficace. Précis, vif et performant en relance, il est rapide mais il faut faire preuve de plus de technique et de vigilance à haute vitesse et dans le très cassant. Grace à son coté joueur et à son bon rendement, le SAM 9.9 saura séduire les pilotes les moins aguerris à la recherche d’un bel objet atypique. Cependant dans cette gamme de prix, le pari est osé et la concurrence est rude.
Focus SAM 9.9
6199€
13,2kg (sans pédales, tubeless)
- Poids plume pour la catégorie
- Excellent rendement
- Joueur et facile à prendre en main
- Confort de suspension
- Choix de tailles limité
- Demande un pilotage (très) actif pour en tirer le meilleur
- Rapport prix/équipement moyen
- Ergonomie du poste de pilotage à revoir !
Évaluation des testeurs
- Prix d'excellence
- Favori
- Qualité / prix
Plus d’infos sur cette version : https://www.focus-bikes.com/int/bikes/mountainbike-full-suspension/focus-sam
Voyons maintenant ce qu’il en est pour la version électrique >>>
Focus SAM² 6.8 (électrique) : le test terrain
Quand on s’installe sur le Focus SAM² 6.8, on se trouve assez haut perché ; une sensation renforcée par la relative petitesse du triangle avant. Si vous avez de grandes jambes, l’option de la taille supérieure est à étudier, malheureusement pas pour les grands gabarits qui devront se contenter de la taille L.
L’interrupteur positionné sur le tube supérieur s’illumine joliment en bleu à l’allumage. Une petite pression et c’est parti. Simple mais dommage que son temps de réponse soit un peu long, et on a souvent le réflexe d’appuyer une seconde fois dessus au moment où le système s’allume… ce qui a pour effet de l’éteindre !
Est-ce notre spécimen d’essai ou une programmation particulière à Focus, toujours est-il que le Moteur Shimano 8000 du Focus 6.8 fait partie des meilleurs moteurs que nous avons testés à ce jour et il nous est apparu comme particulièrement en forme. Nous avons été bluffés par sa disponibilité, sa puissance et son agrément dès le mode ECO. De façon indicative pour l’autonomie, il faudra compter entre 20 et 35 km maxi pour un (tout) petit 1000 mètres de dénivelés positif en jouant entre les mode Eco et Trail pour un pilote de 80kg. On aurait pu s’attendre à pire vu la petite batterie.
Sur le Focus SAM² 6.8, il est nécessaire de ne pas négliger les réglages des suspensions. De par sa géométrie et sa suspension, contrairement à son cousin sans assistance, il est très sensible aux changements d’assiette. Tout, encore une fois, est une affaire de compromis, et pour obtenir un équilibre correct nous avons avons mis 25% de Sag sur l’avant et l’arrière. Mais même ainsi il avouera ses limites dans les conditions extrêmes de pentes (positives ou négatives).
Dans les chemins plus calmes mais au sol parsemé d’embuches, le confort et la sensibilité de sa suspension FOLD font des merveilles. Les racines, les cailloux et autres obstacles sont littéralement avalés. Bien aidé par la grande rigidité de son cadre et par ses pneus en 2.6 de section, le rendement est excellent. Nous avons pu le vérifier après avoir été un peu optimistes sur l’autonomie restante de notre petite batterie : les quelques kilomètres effectués à la pédale, sans assistance, n’ont pas pris l’allure d’un calvaire. Bien sûr, il ne faut pas que ça monte trop car on est alors rattrapé par le poids, mais le vélo nous a semblé bien plus « pédalable » sans assistance que bon nombre de ses concurrents.
Point important sur un électrique : la motricité est vraiment top et ça charge fort sur l’arrière. Pour autant, cette distribution des masses sur l’arrière se fait de plus en plus sentir quand la pente s’incline vraiment. La suspension du Focus SAM² 6.8 a hélas tendance à s’effondrer à mi-course, et la position perd de son confort et de sa neutralité. Du coup, l’avant se fait léger et il devient difficile de bien le plaquer au sol.
C’est un des rares VAE sur lequel il ne faut pas hésiter à utiliser le levier de l’amortisseur FOX DPS. Nous avons été mis en échec sur pas mal de passages techniques de nos boucles de test, simplement parce que l’arrière s’affaissait. Et la position intermédiaire de l’amortisseur, avec une compression un peu plus fermée, permet de mieux s’en sortir. Le Focus SAM² n’aime pas les petits sentiers cassants truffés de pièges et d’épingles serrées, ou l’on repart à l’arrêt. On a du mal à bien se positionner et à se mouvoir à son guidon ; sa maniabilité est mise à mal. Par contre, la légèreté de l’ensemble, le bon étagement de sa transmission Shimano et l’élasticité de son moteur aident à rejoindre les sommets.
Le SAM² 6.8 n’aime pas non plus les faibles vitesses. Nous avons eu la mauvaise surprise de nous voir refuser des virages pris à très faible allure, simplement en voulant tourner le guidon. Dans les fortes pentes techniques il n’est pas rassurant non plus. Il impose une position sur l’arrière, et on a du mal à sentir le grip sur l’avant. Il faut le laisser faire et encore une fois on peut compter sur sa suspension arrière et son cadre rigide pour encaisser le terrain, mais on a un peu la sensation de se « faire mener en bâteau ». Les excellents freins Shimano ZEE aident heureusement dans les situations d’urgence. Leur puissance et leur constance ont toujours répondu présent.
Dès que la vitesse augmente, le Focus SAM² 6.8 affiche un tout autre visage. Le travail de la suspension arrière fait des merveilles et on retrouve de la confiance. Pas la peine d’éviter les les obstacles ou de jouer avec le relief, il suffit de lâcher les freins et de pointer les difficultés pour les traverser. N’espérez pas utiliser le terrain pour gagner de la vitesse avec un geste technique, sous peine de perdre de l’énergie à vouloir faire décoller cette roue arrière qui aime rester plaquée au sol. De cette façon, le SAM² 6.8 a tendance à s’allonger et la stabilité dans les passages défoncés est vraiment bonne. Une stabilité que l’on retrouve au freinage, ou le SAM se plante bien même si son confort est plus affecté. La maniabilité et l’ agilité sont excellentes. D’ailleurs, on pourrait parfois se faire surprendre par la vivacité dont ce SAM² fait preuve dans les changement d’angles.
En virage, le Focus SAM² excelle à carver. Il ne faut pas hésiter à élargir la trajectoire et à le faire pencher en entrée. On prend beaucoup d’angle et l’ensemble s’allonge. La vitesse de passage en virage est alors impressionnante ! Attention tout de même à la gestion du grip sur la roue avant quand le virage manque d’appui ! Par contre, dès que la piste est un peu creusée ou dans dans les grands virages relevés type bike park, c’est le pied total. On prend de l’angle comme rarement, et c’est grisant. Si le Focus SAM² a tendance à effacer les petits kicks naturels, il en est tout autre sur les appels de sauts travaillés. Il prend beaucoup de hauteur, et va loin. L’assiette en l’air est très bonne, mais il faut veiller à être bien positionné au moment du décollage. Un vrai petit VAE de bike park !
Nous avons été surpris comme les 2kg de la batterie additionnelle avaient une influence sur le SAM² 6.8. Que ce soit en montée ou en descente le comportement est nettement plus équilibré. L’auriez-vous cru ? Eh oui, sur ce châssis, ajouter du poids améliore le comportement et c’est avec la batterie additionnelle que nous l’avons préféré. Comme stabilisé, le châssis est beaucoup plus neutre et plaisant. En montée, cette nouvelle répartition des masses réduit le cabrage et facilite le franchissement. En descente, on est beaucoup moins sur la défensive et le gain en grip sur le train avant est très nettement perceptible. Alors certes le SAM² devient plus pataud et moins prompt au changement d’angle, mais le bénéfice en tolérance est vraiment intéressant.
Au final, même pour certaines sorties où nous n’avions pas besoin d’un supplément d’autonomie, nous nous sommes surpris à laisser la batterie additionnelle, preuve que la question des masses et de leur distribution est absolument cruciale sur un ebike et ne se résume pas à « plus c’est léger, mieux c’est ». A l’usage, quand on a vraiment besoin d’une autonomie accrue (et effectivement doublée), même si le concept de double batterie est intéressant sur le papier, en pratique, on regrette tout de même que l’intégration ne soit pas plus poussée. Le câble qui relie la batterie au vélo est une solution peu esthétique et qui fait un peu « bricolage », et on regrette aussi qu’il faille éteindre le moteur et brancher ou débrancher la 2e batterie pour passer de l’une à l’autre. Pour l’avenir, un système pensé dans son ensemble et mieux intégré nous semble indispensable pour assurer le succès de cette formule intelligente et que nous validons à 100% sur le principe même si la mise en œuvre mérite encore d’être plus raffinée.
Conclusion :
Il n’y pas de superlatifs assez forts pour définir le Focus SAM² en confort. Il donne l’image d’un canapé qui nous happe, mais dont on a du mal à s’extraire d’autant plus si on s’agite. Ainsi ses 170 mm de débattement le destinent à un public qui se repose plus sur la qualité d’un partie cycle que sur ses propres qualités techniques. C’est un compagnon idéal des virées courtes en moyenne montagne et sur les terrains cassants mais peu engagés. Ses qualités dynamiques rendent le SAM² parfaitement adapté aux bike park quel que soit son niveau. Pour séduire, il peut également compter sur son look, sa belle réalisation et sa possibilité d’évolution grâce à sa batterie additionnelle, même si tout cela a un prix
Focus SAM² 6.8
6199€
21,8kg (sans pédales, tubeless)
- Confort de suspension
- Motricité
- Excellente motorisation Shimano
- Concept de batterie additionnelle intéressant
- Choix de tailles limité
- Equilibre global du vélo perfectible
- Manque de maintien de la suspension arrière
- Ergonomie du poste de pilotage à revoir !
Évaluation des testeurs
- Prix d'excellence
- Favori
- Qualité / prix
Plus d’infos : https://www.focus-bikes.com/int/bikes/e-mountainbike-full-suspension/focus-sam2
[summary
Test| Focus SAM 9.9 et SAM² 6.8 : une affaire de famille, électrique… ou pas !

















