Scott Experience Tour : les lecteurs de Vojo au guidon du nouveau Spark

Par Olivier Béart -

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Scott Experience Tour : les lecteurs de Vojo au guidon du nouveau Spark

Suite au concours organisé par votre magazine favori, une poignée de chanceux lecteurs ont eu la possibilité d’essayer le temps d’une matinée le tout nouveau Scott Spark. Intrigant avec sa suspension intégrée au cadre, il suscite autant de questions que de convoitises. Nos lecteurs ont-ils été aussi enthousiastes que nous après notre premier essai ? Réponse sur le terrain !

Quoi de mieux pour convaincre que de permettre au public de voir, toucher et se rendre compte par lui-même de ce que vaut vraiment ce nouveau Scott Spark qui a beaucoup fait parler de lui depuis son lancement ? C’est pour cela que la marque suisse a eu l’idée de mettre en place le « Spark Experience Tour », une tournée de la flotte de vélos de test de la marque à travers toute l’Europe pour aller à la rencontre des revendeurs et des clients de la marque.

Ils étaient cinq lecteurs de Vojo, trois francophones et deux néerlandophones (qui posent ici avec le responsable Scott Benelux), a avoir remporté leur ticket pour participer à cet événement privé, qui s’est déroulé près de La Roche-en-Ardenne, dans l’agréable cadre du centre Wild Trails, un complexe de vacances orienté outdoor.

Avant d’enfourcher la bête, il fallait être studieux quelques instants car Scott a tenu assez logiquement à présenter au moins dans les grandes lignes les spécificités de ce nouveau Spark qui pousse loin l’intégration tant au niveau du cadre que des composants. Et c’est aussi l’occasion, au-delà de ce qui a déjà pu être lu dans la presse par les participants, de poser des questions et d’avoir en main des morceaux du cadre, parfois transparents ou découpés, pour bien comprendre comment a été conçu et construit l’engin.

Johan Huygens, patron de Scott Benelux, a aussi tenu à dire un petit mot, en toute transparence, sur la complexité de la situation actuelle en matière de livraisons : « La situation n’est confortable pour personne. Nous aimerions sincèrement pouvoir répondre à la demande, vous vous imaginez bien. La situation s’améliore, mais la demande est telle qu’il va encore falloir plusieurs mois avant d’atteindre une vraie stabilité. Et, oui, les problèmes d’approvisionnement demeurent sur une série de composants clé, ce qui rend les choses encore plus complexes. Je dois être sincère, même si ce n’est évidemment pas agréable, mais il n’y aura pas de vélos pour tout le monde en 2022. Il y aura de la frustration. Nous en sommes vraiment désolés. Mais il y aura des vélos. Plus de vélos qu’il n’y en a jamais eu chez Scott jusqu’à présent. Et nous mettons tout en œuvre pour un retour à plus de stabilité et de prévisibilité en 2023. »

Après la théorie, passons à la pratique ! Plus d’une centaine de vélos de toutes les tailles sont là, alignés, et n’attendent qu’une chose : être testés.

Taille, poids, préférences au niveau des réglages, explications pratiques : les mécanos ne chôment pas pour préparer des vélos réglés aux petits oignons à chacun. L’occasion aussi de se rendre compte que, même se elle peut faire peur a priori, l’intégration de l’amortisseur ne complexifie pas les opérations de réglages de la suspension arrière. Le cache s’ouvre facilement, la valve est directement accessible, tout comme le réglage du rebond, et un indicateur de SAG sur la partie visible de la biellette supérieure permet de réaliser ces opérations simplement.

Pour l’essai sur le terrain, une boucle balisée d’environ 4 km est prévue, avec un début assez rapide le long de la rivière, un enchaînement de deux singles assez plats et rapides mais avec quelques racines pour pimenter le tout et faire un premier test du grip. On enchaîne ensuite par une longue montée sur grand chemin jusqu’à un magnifique point de vue avant une descente rapide et cassante, une seconde ascension un peu plus technique et enfin la descente finale typée enduro ludique avec de beaux petits virages relevés. Rien de très technique, et un terrain moins exigeant que celui rencontré lors de la présentation presse à Leogang (Autriche), mais déjà de quoi se faire un bon premier avis.

Justement, allons à la rencontre de nos lecteurs, et voyons ce qu’ils en ont pensé de ce fameux nouveau Scott Spark !

Jean-François, 51 ans, Scott Spark RC Team Issue

Jean-François possède un Orbea Oiz TR depuis presque trois ans, customisé avec une bonne paire de roues artisanales sur base de jantes Duke carbone. Il définit son usage comme rando sport et il s’est tourné vers la version RC du Spark. Le modèle qu’il a pu tester est le Team Issue AXS, situé en milieu de gamme avec un montage Sram GX AXS et roues alu pour 4999€.

« Avec mon Oiz TR, je sais qu’on peut avoir un vélo race et performant en 120mm de débattement. Ici, j’ai retrouvé clairement cela sur le Spark RC, avec une position très équilibrée. Ce n’est pas la version grand débattement d’un vélo de XC, c’est un pur XC avec plus de débattement. Au premier tour, ma fourche était trop gonflée et cela brouillait les sensations. J’avais surtout l’impression que l’arrière pompait et s’affaissait. Mais en fait le réglage de l’amortisseur était bon et c’est en diminuant la pression dans la fourche que j’ai trouvé l’accord parfait. J’ai aussi été un peu déconcerté par les jantes et les pneus larges. Il y a des avantages, en confort, en grip sur les racines et les reliefs importants, mais c’est parfois un peu fuyant aussi. »

Le cadre est un peu massif, mais en côte et à l’accélération il dégage une impression de légèreté.

« Au deuxième tour, avec des suspensions nickel, j’ai pu attaquer plus et j’ai vraiment senti toute la nervosité du vélo dans les relances. Le cadre est un peu massif, mais en côte et à l’accélération il dégage une impression de légèreté. Le Twinlock est vraiment agréable et facile à manipuler (je n’avais que deux leviers vu l’absence de tige de selle télescopique, et j’ai entendu que mes collègues du jour avaient plus de mal avec la version à trois leviers). La position intermédiaire est bluffante. J’ai aussi beaucoup aimé le côté joueur et très maniable du vélo. »

« Le modèle que j’ai essayé n’avait pas de tige de selle télescopique, et ça pour moi c’est un gros manque, surtout sur un tel châssis. Je suis habitué à cet accessoire et là j’avais un vélo génial, qui me mettait super à l’aise… puis la selle haute qui me rappelait à l’ordre ou qui me faisait avoir de petites frayeurs en descente. Pour moi, elle devrait être de série sur tous les Spark de la gamme. Je sais que c’est plus cher mais peu importe, sans cela, on sent que les qualités du vélo ne peuvent pas s’exprimer pleinement. »

Olivier, 54 ans, Scott Spark 900 Tuned

Olivier est un grand fan du Scott Spark depuis 2012. Il a possédé le premier Spark 29″ en version Pro, puis le Spark 910 version 2016 sur lequel il a découvert les joies de la tige de selle télescopique et du plus grand débattement, puis un Spark 900 de 2018 sur lequel il a pu se familiariser avec le débattement de 120mm… tout en perdant un peu du légendaire rendement du Spark. Il voulait à la base tester la version RC, mais pour des question de disponibilité dans sa taille c’est sur un 900 Tuned en 120/130mm qu’il a passé le plus clair de son temps (vélo à 8999€ avec fourche Fox F34, transmission Sram XO AXS et roues carbone).

« Je suis parti d’abord sur le 900 en 120/130 car il n’y avait plus de RC disponible dans ma taille. Je craignais qu’il soit un peu « gros » mais en fait il roule et grimpe vraiment facilement. J’ai l’impression que la différence se fait plus au niveau des pneus qui ont plus de résistance au roulement, qu’au niveau du châssis du vélo. En descente, le 900 est évidemment excellent, mais j’ai l’impression qu’on n’a pas le terrain ici pour l’exploiter pleinement. Après, j’ai eu l’occasion de rouler un peu avec le RC et j’ai l’impression que c’est l’union parfaite de tous les avantages de l’ancien Spark RC et de l’ancienne version 120mm. Désormais on n’a plus à hésiter ou à choisir entre l’un ou l’autre : pour du XC/marathon, on peut avoir le beurre et l’argent du beurre avec le nouveau RC. »

« J’ai trouvé ce Spark très confortable. Je ne fais pas de compétition, j’aime juste me faire plaisir avec de beaux vélos et je n’ai pas eu l’impression d’être sur une machine élitiste, que du contraire. Il est maniable, facile, amusant, super stable et tolérant quand le pilote fait des erreurs. J’avais un peu peur de ne pas m’habituer aux nouvelles géométries avec le tube de selle très redressé et beaucoup d’angle devant, mais en pratique, tout cela m’a semblé très naturel. Le bon de commande est déjà signé ! »

Simon, 25 ans, Scott Spark RC SL EVO

Simon possède un Trek Top Fuel de 2020. Il est donc déjà familiarisé avec les vélos de XC un peu débridés, puisque depuis l’apparition du Supercaliber pour le XC pur dans le catalogue Trek, le Top Fuel est passé à 120mm de débattement à l’avant et 110 à l’arrière, le tout avec une géométrie plus axée sur la polyvalence et le fun. Veinard, Simon a pu tester le nouveau Spark dans sa version « dream bike », le RC SL Evo à 12999€, équipé de ce qui se fait de mieux (Sram XO1/XX1 AXS, suspensions Fox, et surtout les roues Syncros Silverton SL tout carbone jusqu’aux moyeux et aux rayons).

La position « traction » au niveau des suspensions est intéressante. Sur mon vélo habituel, c’est on/off. Mais il y a plein de situations où il faut un entre-deux. Ici, il est présent, et c’est un gros plus ! »

« Je suis très content de mon Top Fuel, mais je dois reconnaître que le Spark marque une évolution. Je l’ai trouvé plus ludique et facile à prendre en main. La largeur du guidon joue peut-être un rôle, mais la géométrie globale du vélo est sans doute la principale responsable. La position intermédiaire, « traction », est très agréable au niveau des suspensions. Sur mon vélo, c’est on/off, soit complètement ouvert ou complètement fermé. Mais il y a plein de situations où il faut un entre-deux. Ici, il est présent, et c’est un gros plus ! »

« Au niveau réactivité du vélo, rendement et accélération, je dirais qu’il est très proche de mon vélo actuel, mais les roues Silverton de la version tout haut de gamme que j’ai essayée apportent à mon avis un petit quelque chose en plus. Elles accentuent les points forts du vélo, comme son répondant et sa maniabilité. Je ne sais pas si je vais changer bientôt, mais clairement, ce Spark est un vélo très réussi ! »

Bert, 41 ans, Scott Spark RC Team Issue AXS

Bert roule en Niner RKT9 RDO, un vélo très orienté marathon dont il a changé la fourche pour passer de 100 à 120mm. Il était donc intéressé de voir ce qu’un vrai « full 120 » contemporain en pensé pour ce débattement pouvait apporter par rapport à sa machine actuelle. Il a roulé le nouveau Spark dans sa version Team Issue à 4999€, comme Jean-François.

« Ce qui m’a le plus surpris, c’est le rendement, l’accélération du vélo. En côte, il veut monter plus vite que le rythme que je suis capable de donner avec mes jambes ! J’ai atteint mes propres limites avant celles du vélo. J’ai beaucoup aimé les trois modes d’amortissement pour les suspensions, avec l’impression de toujours avoir une position adaptée à chaque situation. Fermé, c’est un tout rigide pour le bitume, le mode traction est celui que j’ai utilisé le plus, sur les portions VTT plates et en côte (technique ou roulante) puis en descente, j’ai l’impression que c’est un tapis volant. »

J’ai beaucoup apprécié l’équilibre global du vélo. On ne cabre jamais en montée.

« Au niveau géométrie, j’ai beaucoup apprécié l’équilibre global du vélo. On ne cabre jamais en montée, sans avoir l’impression d’être fort sur l’avant ou de devoir faire un effort pour charger la proue. j’ai mis une fourche de 120mm sur mon Niner Rkt9, ça passe et c’est agréable en descente, mais en montée on sent que le vélo perd un peu de son équilibre. Or, ce n’est pas le cas sur le Spark, qui a tenu compte de la hauteur de fourche dès la conception et qui offre donc une balance parfaite. »

« J’ai aussi trouvé le vélo très rigide. Mais attention, c’est clairement une qualité à mes yeux car quand je dis cela, je ne veux pas dire qu’il est inconfortable. Que du contraire, cette rigidité donne l’impression que la suspension arrière travaille toujours parfaitement, sans contraintes. Cela veut aussi dire que le vélo est précis, prévisible, qu’il n’a pas de réactions bizarres comme un vélo qui va se « tordre » quand on approche ses limites. »
« Je suis plus réservé sur les pneus. Je ne sais pas si c’est le profil des Maxxis Rekon Race et/ou la section de 2.4 qui est franchement très grosse, mais j’ai trouvé l’adhérence difficile à cerner sur certaines portions, notamment avec des gravillons et de la poussière. Cela a d’ailleurs provoqué une petite chute pour moi. J’étais tellement à l’aise avec le vélo que j’ai vraiment lâché les freins en descente, mais j’ai fait une petite erreur et quand j’ai voulu corriger je n’ai pas réussi à retrouver du grip. Pour mon usage, je changerais les pneus directement pour quelque chose de plus prévisible et polyvalent. J’ai aussi roulé un peu le 900, qui a des pneus plus cramponnés, et c’était beaucoup mieux à ce niveau. A part cela, le Spark est vraiment un vélo homogène et dont la conception respire la qualité. On voit qu’il est pensé dans les moindres détails, aussi pour l’entretien et la maintenance avec des passages de gaines internes bien conçus. Pour tout vous dire, j’avais déjà commandé le Spark avant cet essai, sur base de ce que j’avais pu en lire dans la presse et aussi du coup de cœur que j’avais eu en le voyant, et je ne suis pas déçu ! J’ai juste hâte d’avoir le mien maintenant ! »

Benjamin, 34 ans, Spark RC SL Evo & 900 Tuned

Féru de marathons (il avait bouclé la Trans Maurienne peu avant cet essai du Spark), Benjamin est une figure connue des épreuves longue distance en Belgique. Amateur de belles mécaniques, il aime se faire plaisir et changer régulièrement de vélo, ce qui lui donne une certaine expérience et de la finesse dans ses ressentis. Après un BMC Fourstroke de dernière génération, il est passé sur le nouveau Specialized Epic S-Works pour la saison 2021. Il a enchaîné les tours et roulé sur le Spark RC SL Evo à 12999€… mais aussi sur le 900 Tuned, ce qui lui a permis de comparer les deux versions.

« Visuellement, en photo, j’avais une petite appréhension. je craignais qu’il fasse fort massif mais en vrai ce n’est pas le cas. J’avais aussi un peu peur du débattement de 120mm pour le XC, mais en roulant, cette crainte s’est vite estompée. Après un bris de chaîne sur « mon » RC, j’ai sauté provisoirement sur le 900. A priori ce n’est pas trop mon style de vélo, mais je dois reconnaître qu’il pédale bien aussi. Oui, il est un peu plus confortable et en montagne ou dans des régions très cassantes, ou pour faire plus de la rando avec un vélo qui reste léger, il doit être sympa. Mais de retour sur le RC, pour ma pratique, j’ai préféré la position du RC, qui fonctionne tellement bien en étant racée mais pas trop exigeante, que je n’ai pas vraiment senti d’avantage au 900 sur ce type de terrain. »

Le Spark est en 120mm, y compris dans sa version RC orientée compétition. Je l’ai vraiment ressenti comme un plus et jamais comme un désavantage.

« La géométrie du Spark RC m’a beaucoup fait penser à celle du BMC, tout comme le comportement des suspensions. On a aussi trois positions sur le BMC et ce sont des vélos qui se ressemblent très fort. Sauf que le BMC est en 100mm et le Spark en 120, y compris dans sa version RC orientée compétition. Je l’ai vraiment ressenti comme un plus et jamais comme un désavantage. Le rendement du Spark est excellent, cela ne fait aucun doute. Comme les autres, j’ai adoré les trois positions et je me suis vite repris au jeu même si avec l’Epic je n’ai plus rien à faire vu que le blocage des suspensions est automatique sur ce vélo que je roule actuellement. Par contre je me suis emmêlé plusieurs fois les pinceaux entre les leviers pour le blocage des suspensions et celui de la tige télescopique qui est vraiment très proche. »

« En montée mon Epic reste un cran au-dessus je trouve. Il est plus dynamique en relances car il y a le blocage automatique, qui est aujourd’hui bien développé, mais cela reste tout de même un vélo plus dur, plus exclusif. Moins confortable et moins facile que le Spark aussi. La différence est assez marquante en descente, surtout dans les longues descentes et les portions plus techniques. Je connais bien le coin, je suis allé chercher quelques portions hors du parcours test et je les ai abordées avec une facilité déconcertante avec le Spark. Le fonctionnement des suspensions en mode ouvert est bluffant et le 120mm un vrai atout. Pour ma façon de rouler, marathon XC compétition, je garde mon Epic mais j’ai beaucoup apprécié le Spark RC, qui est un vélo réussi et plus polyvalent. Fast is fun est un bon slogan, c’est vrai. »

Verdict

Facile, ludique, performant, le Spark a clairement convaincu nos testeurs du jour. Sans que nous le sachions, certains d’entre eux avaient déjà signé un bon de commande avant de l’essayer et, heureusement, ils n’ont pas été déçus. Il y a bien quelques points qui ont fait « tiquer » nos testeurs, comme les pneus larges (2.4) et faiblement cramponnés de la version RC qui n’ont pas fait l’unanimité, l’ergonomie du Twinlock à 3 leviers (deux pour ouvrir/fermer les suspensions et un pour la tige de selle telscopique) qui en a perdu plus d’un et l’absence de tige de selle télescopique sur un modèle moins onéreux qui a reçu un carton rouge. Au final, ce sont les performances des suspensions, la pertinence des 3 positions du blocage au guidon, l’homogénéité du vélo et le souci du détail dans sa conception, ainsi que son côté fun et rapide en descente qui ressortent comme ses principales qualités. Si le vélo vous intéresse et que vous voulez, vous aussi, vous faire votre propre opinion, sachez que les principaux dealers Scott recevront un vélo de test très bientôt !

Plus d’infos et présentation complète du vélo : https://www.vojomag.com/presentation-scott-spark-2022-le-genie-de-lintegration/

ParOlivier Béart