Prise en main | Labyrinth E-Altaïr et Altaïr :  le retour des aigles

Par Pierre Fluckiger -

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Prise en main | Labyrinth E-Altaïr et Altaïr :  le retour des aigles

Voilà quelques années que nous n’avions pas eu de nouvelles de Labyrinth Bikes. La petite marque vosgienne avait mis de côté son activité première – la création de mountain-bikes – afin de se consacrer, entre autres, au développement du VTT dans sa région et dessiner des cadres pour d’autres constructeurs. Retour en force cette fin d’année avec deux nouveaux vélos : l’Altaïr et l’E-Altaïr. Deux all-mountain full carbon que nous avons pu tester en exclusivité dans leur habitat naturel.    

Afin de proposer un prix plus léger, le mode de distribution se fait prioritairement via le site Internet de la marque. Il suffit d’ouvrir une « boîte à outils » et de faire son choix parmi les tailles (4 dispo pour le classique; 3 pour le VAE), les couleurs (5 au total), la finition (Accès, Sport, Evo, ou Ultimate) et l’éventail d’options. Passé ces étapes, il faudra patienter environ 4 semaines avant la livraison de la commande.

L’ensemble des cadres, périphériques, suspensions, transmissions et roues arrivent chez Labyrinth et sont inspectés, montés, réglés par une seule et même personne.  Aucune concession n’a été faite quant à la qualité des composants. Michelin, Mavic, Shimano, Suntour, Spank, Promax, Fizik et Fast Suspension, les deux Labyrinth partagent en partie les mêmes pièces, à quelques spécificités près, mais on ne retrouve que des noms connus, qui évoquent qualité et performance.

Labyrinth Bikes Altaïr : présentation

 

Pour ce all-mountain tout-suspendu 29 pouces, le triangle avant, le triangle arrière, ainsi que le basculeur sont en carbone. Notre modèle d’essai de couleur vert acide offre une esthétique épurée et cohérente. Le passage des câbles se fait en interne. Le triangle avant présente un sloping marqué et des ligne assez tendues renforçant le caractère agressif de l’ensemble. Le basculeur en carbone de dimensions généreuses cache son aspect massif en se parant de la même couleur que le cadre. 

La géométrie est moderne sans tomber dans des valeurs extrêmes. Ainsi, on retrouve sur notre taille M d’essai un reach de 438 mm qui n’a rien de délirant couplé à un stack relativement haut à 630 mm. L’angle de direction est plutôt dans des valeurs basses à 65,2°, donc agressif dans le marché all-mountain. L’angle de selle de 74° n’est pas particulièrement droit, le boîtier de pédalier, lui, s’avère plutôt dans la moyenne haute, à 345 mm. Seules les bases se démarquent un peu avec une valeur de 450 mm plutôt haute par rapport à la moyenne, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Au niveau cinématique, on retrouve une suspension à point de pivot virtuel de type Horst Link, à savoir que la roue arrière n’est pas solidaire des bases mais des haubans. Le but? Découpler les effets des forces de freinage sur le mouvement de la suspension. Il est intéressant de noter que le point de pivot principal se trouve au niveau de la ligne de chaîne et légèrement en retrait de l’axe de pédalier,  ce qui, sur le papier et pris isolement, est plutôt intéressant au niveau de l’efficacité au pédalage. 

Notre Labyrinth Altair d’essai n’était pas une version définitive au niveau de son équipement. Ainsi, l’amortisseur RockShox Deluxe aux dimensions métriques et non Trunnion sera remplacé par un amortisseur Suntour ou Fast Suspension Fenix, suivant la version. Les prix s’échelonnent entre 2990 euros pour la version Sport et 5990 euros pour la version Ultimate. Une déclinaison intermédiaire, Evo, est proposée à 3590 euros. Les poids annoncés, eux, oscillent entre 12,7 kg et 13,3 kg. 

Par rapport au montage proposé dans chaque version, le rapport prix/équipement est plutôt favorable pour un all-mountain carbone. Ainsi, dès la version de base dite « Sport », on retrouve une tige de selle télescopique, un groupe Shimano Six/ST 11v, des roues Mavic XA, une fourche Suntour Aion, des pneus Michelin Wild AM ainsi que des périphériques Promax.

La version Ultimate, elle, est montée avec des roues Mavic XA carbone, un amortisseur Fast Fenix, un groupe XTR 2019 en 11 vitesses, des freins XTR 4 pistons et des périphériques Spank. On notera également sur cette version la présence de la future cartouche Fast Suspension SC4 disponible au premier trimestre 2019. Le cadre seul est disponible au prix de 2399 euros, avec l’amortisseur Fast Fenix.

Labyrinth Bikes Altaïr : prise en main

Nous avons eu la chance de pouvoir essayer ce Labyrinth Altaïr 29 pouces sur les spéciales du Cannondale Enduro Tour de Saint-Maurice-sur-Moselle. Ce rapide mais intense galop d’essai nous a permis de nous rendre compte du potentiel plus qu’intéressant de la bête sur ces singles que nous connaissons bien. 

En selle, la position est plutôt neutre : « confortable à tendance sportive », s’il fallait mettre des qualificatifs. Ce Labyrinth est dynamique et aime être piloté de façon active. On a la sensation d’avoir un vélo léger entre les jambes. Il adore jouer avec le relief, qui devient prétexte à lui faire prendre de la vitesse. L’Altaïr se révèle vif au changement d’angle, mais sa stabilité n’est jamais prise en défaut. Comme tout bon 29 pouces qui se respecte, il aime enrouler les virages. 

Chaussé de bons pneus, il offre une adhérence en virage impeccable, et on en profite alors pour prendre de la vitesse jusqu’à la sortie, on aime ! Au fil des runs, nous apprivoisons la bête, et le plaisir à son guidon ne fait qu’augmenter. Cet all-mountain n’a pas peur d’aller jouer dans la cour des enduros en descente, même si son confort arrière est moindre. Un jugement cependant à modérer en raison de la présence d’un amortisseur non-représentatif aux settings non-adaptés. 

À l’avant, la fourche Suntour équipée de la cartouche SC4 Fast a retenu notre attention… À suivre avec impatience.  Au pédalage, l’Altaïr n’est pas du genre pataud, en relance, il répond bien présent; et au train, son pompage semble mesuré, même dans les fortes pentes.  Tel un vrai all-mountain moderne, cet Altaïr se présente comme un réel dévoreur de singles positifs ou négatifs pour les sportifs exigeants.

Labyrinth Bikes E-Altaïr: présentation et premières sensations

Labyrinth, par l’intermédiaire de son all-mountain l’E-Altaïr, effectue son grand saut dans le monde du VTT à assistance électrique. Le but était de proposer un VAE léger en réduisant l’effet du poids inhérent aux ebikes. La version Ultimate est annoncée à 20,2 kg en tubeless : une performance. Ainsi, le Labyrinth E-Altaïr est construit autour d’un cadre tout carbone, mais à une différence près par rapport à son petit frère sans assistance : le basculeur pour amortisseur de type Trunnion est en alliage d’aluminium. 

 Est-ce que c’est la couleur noir mat de notre modèle d’essai qui affine les lignes ? Mais le cadre ne fait pas mastoc. Même la proéminence de la batterie externe ne donne pas l’impression d’une verrue collée au mauvais endroit. Labyrinth a fait le choix de la batterie externe pour des raisons pratiques pour l’utilisateur. En effet, cela peut paraître anodin, mais tout le monde n’a pas la chance d’avoir une prise de courant proche de l’endroit où est entreposé son VAE. Une batterie externe instantanément démontable constitue un critère primordial pour certains dans le choix d’un VAE. D’autre part, cette batterie externe s’avère un plus pour les de plus en plus nombreux baroudeurs au long cours aimant partir avec une ration d’énergie supplémentaire dans le sac.

La géométrie du cadre reste dans les valeurs très actuelles, mais elles sont à peine plus conservatrices que sur l’Altaïr. Ainsi, sur notre taille M de test, le reach est à 430 mm pour un stack plutôt haut à 637 mm. L’angle de direction s’avère plutôt couché pour un 29 pouces, avec une valeur de 65,5°. Les bases, à 458 mm, en rapport avec les 74° d’angle effectif du tube de selle, nous semblent un bon compromis sur ce 29 pouces. Ce VAE ne devrait pas trop cabrer en montée raide, tout en gardant du confort, du dynamisme et de la stabilité en descente. Le boîtier de pédalier culmine à 354 mm de haut, ce qui permet de dégager de la garde au sol – un point souvent délicat en VAE. La géométrie plutôt facile d’accès destine cet E-Altaïr au plus grand nombre, conformément au souhait de la marque.

Tout comme l’Altaïr, la suspension arrière de l’E-Altaïr est à point de pivot virtuel de type Horst Link. Pour l’occasion, notre modèle de test se pare du luxueux et ultra performant amortisseur Fast Fenix, au charme duquel nous avions succombé (notre prise de contact est à retrouver ici).

Pour le moteur, Labyrinth a fait confiance à Shimano. Selon Cédric Braconnot, il s’agit du meilleur compromis de performance par rapport à son cahier des charges, notamment dans sa liberté de pédalage au-delà des 25 km/h réglementaires. Les versions Access et Sport sont construites autour du moteur Shimano Steps E-7000, qui nous avait tellement plu lors de notre prise en main.Les modèles Evo et Ultimate sont mus pour leur part avec le plus coupleux et luxueux Shimano Steps E-8000. 

Vous retrouvez tous les détails des montages dans le tableau ci-dessous. On note cependant plusieurs points intéressants. Le premier, et non des moindres, tient à la monte des pneus. Que ce soit en termes de grip ou de fiabilité, les VAE sont très exigeants au niveau des performances pneumatiques. Souvent par souci d’économie, le constructeur néglige cet élément. Ici, il n’en est rien et Labyrinth propose de solides et ultraperformants Michelin Wild AM Enduro, et ce dès la version de base. Un exemple à suivre. On note également la présence de disques de freins en 203 mm de diamètre à l’avant comme à l’arrière. Une nécessité sur un e-bike all-mountain, d’autant plus s’il est équipé de roues de 29 pouces. Une tendance qui, heureusement, se généralise.

Pas d’économies non plus concernant les roues : toutes les versions sont équipées avec des systèmes complets ou des jantes prélevées chez Mavic. Issues de la gamme e-bike, elles sont toutes développées pour les exigences du programme : un vrai plus. À noter, la version Access n’a pas de tige de selle télescopique. Les prix s’étendent de 4090 euros (Access) à 6690 euros (Ultimate), pour des poids annoncés respectivement compris entre 20,6 kg et 20,2 kg en tubeless. 

Faute de temps nous n’avons pu effectuer qu’une descente au guidon du Labyrinth E-Altaïr. Pourtant la prise en main a été immédiate. Habitué à rouler sur des vélos en taille L, nous n’avons pas du tout été gêné par la taille M. Instantanément, cet E-Altaïr donne envie de lâcher les freins. D’ailleurs, nous avons pu compter sur ces derniers : les puissants Shimano XT quatre pistons ont su calmer nos ardeurs. Chaque appui, chaque saut donne envie de pousser encore plus. La combinaison entre l’amortisseur Fast à ressort et l’inertie contenue de l’ensemble fait des merveilles. Le confort canapé et la stabilité sont de premier ordre.

Pour autant, l’ensemble reste dynamique, avec beaucoup de maintien et de précision. Il est difficile d’en dire plus pour le moment, mais nous sommes impatient de rouler plus longuement ce Labyrinth E-Altaïr, tant il nous en a donné l’envie. Les VAE évoluent vite, et le dernier testé donne souvent l’impression d’être meilleur que le précédent. 

Verdict

Dotés d’un rapport prix/équipement très concurrentiel dans leur catégorie respective, les Labyrinth Altaïr et E-Altaïr constituent une alternative intéressante pour qui veut rouler différemment. Même si les versions rapidement testées n’avaient pas forcément les spécificités définitives en termes de montage, il semble que ces deux montures soient bien nées. Elles laissent présager des performances en comportement d’un excellent niveau. Une mention particulière pour l’E-Altaïr, qui a su attiser l’envie de le découvrir plus longuement.  On sent bien que ces Labyrinth sont le fruit du travail d’un passionné qui prend du plaisir à rouler. Soyons chauvin, parce qu’il est français et de plus d’origine vosgienne, nous louons la démarche de Cédric Braconnot de se lancer à nouveau dans l’aventure. Il nous a d’ailleurs confié qu’elle ne faisait que commencer : stay tuned, comme on dit.

En bonus : l’E-Altaïr avec batterie interne

Depuis la réalisation de la prise en main de l’E-Altaïr, Labyrinth a dévoilé sur son site internet un modèle équipé d’une batterie interne. L’E-Altaïr reprend les grandes caractéristiques de l’E-Altaïr classique bien que sa géométrie évolue légèrement. 29 pouces, 150mm de débattement, il est annoncé par la marque à environ 20kg et sera disponible courant Avril.

Plus d’infos sur le site de la marque : www.labyrinthbikes.com

Photos : Florian Chevalley

ParPierre Fluckiger