Prise en main gravel | Giant Revolt Advanced 2 : bête de somme et bête de course

Par Olivier Béart -

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Prise en main gravel | Giant Revolt Advanced 2 : bête de somme et bête de course

Lors d’une petite escapade dans le Luberon en gravel, nous avons eu l’occasion de prendre en main le Giant Revolt Advanced 2. Proposé au tarif très raisonnable de 2700€, il offre pourtant un cadre full carbone très attrayant et des équipements qui, sur le papier, semblent permettre d’aller très loin. Chargé de quelques bagages en mode voyage ou « tout nu » pour mieux cerner ses performances, nous l’avons mis à l’épreuve durant deux jours sur les magnifiques chemins rocailleux du Luberon. Voici nos impressions :

Avant d’en dire plus sur le vélo, plantons le contexte : nous avons réalisé cette prise en main à l’occasion d’un mini trip de deux jours lors duquel nous avons fait le tour du Luberon en compagnie de Fabrice Laugier de Giant France et du photographe Damien Rosso, qui est par ailleurs originaire de la région. En plus de découvrir ce magnifique coin en mode gravel (voir ici notre reportage complet et la trace GPS de notre itinéraire), nous en avons profité pour faire d’une pierre deux coups et réaliser une prise en main du Giant Revolt Advanced 2 que vous avez sous les yeux.

Le Revolt Advanced est la première offre Giant en matière de gravel avec cadre carbone. Juste en dessous, on trouve le Revolt alu, disponible à partir de 1100€, et au-dessus, le Revolt Advanced Pro qui joue la carte du haut de gamme avec un cadre construit en fibres plus légères et des équipements plus luxueux. Ici, on est donc sur une offre intermédiaire, avec déjà un châssis très raffiné et des équipements parés pour un usage intensif, le tout en essayant de garder un tarif contenu. Malgré de récentes augmentations de prix, le ticket d’entrée reste raisonnable, avec 2250€ pour le Revolt Advanced 3 (modèle bleu ciel que vous verrez aussi sur quelques photos de cet article) et 2700€ pour l’Advanced 2, bordeaux, roulé par votre serviteur. Pour être complet, signalons qu’il y a aussi un modèle Advanced 1 à 3900€, qui ajoute des roues carbone à la panoplie.

Commençons le tour du propriétaire par le plus important : le cadre. Giant est depuis longtemps un spécialiste du carbone et un des plus gros producteurs mondiaux en la matière. c’est donc fort logiquement qu’on retrouve un cadre très travaillé dont le poids annoncé dans cette version est juste au-dessus d’1kg. Les tubes sont, de manière générale, assez fins, surtout sur le haut du cadre qui est très profilé afin d’offrir des zones de déformation sur le tube supérieur et les bases, histoire de dissiper au mieux les vibration. Quant à la douille de direction et au bas du cadre (y compris le boîtier de pédalier), ils sont plus imposants pour garantir une bonne rigidité en vue de transmettre efficacement la puissance du pilote, tout en assurant une conduite précise. C’est une recette que de nombreuses marques appliquent, mais l’interprétation de Giant est très poussée.

Le tube de selle mérite aussi qu’on s’y attarde. Tout d’abord, on note que les haubans se raccordent au tube de selle assez bas, pour créer une zone de déformation et offrir plus de confort au cadre. Ensuite, la forme du tube de selle est très particulière. Giant la nomme « DFuse », un nom doublement bien choisi, puisque la tige de selle spécifique a une forme de « D », et son rôle est de diffuser les vibrations et les impacts. Aplatie sur l’arrière, elle peut se déformer sur plusieurs millimètres pour offrir du confort. Et ça marche !

L’esthétique n’est pas non plus oubliée, avec un serrage par « tampon », dissimulé dans le cadre, histoire d’affiner les lignes de la machine. Simple et efficace.

Le passage des gaines se fait en interne, avec une entrée au niveau de la douille de direction. Giant n’est pas encore passé à une intégration plus poussée au niveau du jeu de direction, mais l’ensemble est déjà très propre en l’état.

L’histoire du gravel a commencé en 2017 chez Giant, avec des essais basés au départ sur des modèles de cyclocross, et les choses ont bien évolué depuis. La géométrie en témoigne, avec un vélo bien dans son époque, sur lequel on retrouve un tube supérieur assez long et une potence courte, clairement inspirés par le VTT. L’angle de fourche de 70,5° et le boîtier fortement abaissés sont aussi des marques des gravels contemporains, même si Giant n’a pas souhaité pousser les curseurs aussi loin que certains produits de niche. Il faut aussi se souvenir que la marque a un seul châssis gravel à son catalogue (même s’il est décliné de plusieurs façons) et la géométrie traduit un souci de séduire un large panel de pratiquants, depuis le féru de rendement orienté compétition jusqu’au voyageur/randonneur.

Côté équipements, notre version Advanced 2 est montée en transmission Shimano GRX, avec le haut de gamme 810 mécanique pour les dérailleurs et du RX600/400 pour les leviers et étriers de freins. Le tout est combiné à un pédalier Praxxis à la finition très soignée, qui s’intègre parfaitement au look du vélo. Giant a fait le choix – pertinent selon nous – du double plateau avec dentures 48/32 et cassette 11/34 à l’arrière. De quoi avoir une réelle polyvalence grâce à une large plage de rapports sans avoir de trop gros trous entre chaque vitesse.

Les roues et pneus sont « maison », avec des jantes alu de 21mm de large , montées avec des pneus Crosscut de 38mm de section. Le cadre accepte des pneus jusque 45mm de section et si vous voulez un conseil de pièce à changer rapidement, ne vous privez pas de passer sur des pneus plus larges et plus haut de gamme. Comme nous le verrons plus loin, les Crosscut ont l’avantage d’être solides, mais pour le reste, on trouve plus raffiné ailleurs. Par contre, les roues sont très agréables et, même si elles ne sont pas des plus légères, elles ne pénalisent pas trop le vélo en rendement, et leur comportement est admirable hors asphalte.

Un dernier mot sur le chargement : le vélo est prévu pour accueillir de la bagagerie tant au niveau de la fourche que sur le triangle arrière, avec des points d’ancrage. C’est assez peu commun sur un cadre carbone de cette trempe. Pour notre part, nous avons choisi un montage plus simple et léger avec juste une sacoche (issue du catalogue Giant) sous la selle, suffisante pour emporter des affaires pour deux jours. Vous pouvez découvrir les différents bagages Giant ici : https://www.giant-bicycles.com/fr/bagagerie.

Giant Revolt Advanced 2 : le test terrain

A l’œil, le vélo est très agréable et fait vraiment envie. Ses lignes sont globalement très fines, épurées et sa finition est excellente. Difficile de dire qu’on est sur un vélo d’à peine plus de 2500€ en tout cas, et on pourrait croire sans mal qu’il en vaut deux fois plus. Pour les aspects pratiques si on envisage un usage au long cours, les deux porte-bidons bien accessibles et la possibilité de mettre facilement des bagages est évidemment appréciable. Bref, on est sur un vélo racé, mais qui offre une belle polyvalence. Et ça tombe bien, c’est exactement ce qu’il nous faut.

Le sentiment qui prédomine dès le départ, c’est celui d’un vélo très confortable. L’arrière filtre particulièrement bien les petits impacts et les vibrations. La tige de selle offre un flex agréable et très bien contrôlé, mais elle n’est pas seule : le cadre joue aussi un rôle majeur dans cette sensation. Du coup, il n’y a pas de déséquilibre dans les sensations quand on est en position assise ou debout. Sur certains vélos qui jouent uniquement sur le tube de selle pour l’amorti, on peut se retrouver avec un tout autre visage dès qu’on se lève sur les pédales. Du coup le vélo peut s’avérer délicat en descente, ce qui n’est pas le cas ici.

Qu’on soit bien calé sur ses appuis pour avaler des kilomètres sur de grands chemins peu ou moyennement cassants, ou bien qu’on se lève de la selle pour aborder des portions plus pentues ou plus chaotiques, le comportement du Giant Revolt Advanced est très cohérent. Et aussi très doux ! L’avant du cadre et la fourche donnent logiquement la sensation d’un peu plus de rigidité. En l’absence de suspension, il n’y a pas de miracle. Mais là aussi, on reste dans un feeling très cohérent avec l’arrière car l’avant du vélo n’est pas trop verrouillé non plus. On ne ressent pas le déséquilibre que nous avions perçu par exemple sur le Triban titaneproposé à un tarif très proche, et qui se montre très tolérant de l’arrière, mais fort raide de l’avant.

Dans les ascensions cassantes et hors asphalte, le côté tolérant du vélo est également un atout au niveau du grip. L’adhérence est facile à trouver et on n’a pas l’impression de buter sur chaque relief. Au contraire, on les enrobe et on les franchit avec une facilité assez étonnante. On en vient même à se lancer des défis typés VTT de plus en plus complexes et franchement, nous avons été plusieurs fois épatés par ses capacités !

En descente, le maître mot est : stabilité. Le Revolt donne confiance et permet soit de se relaxer, soit de se lâcher selon son humeur du moment. La maniabilité est aussi excellente, dans le sens où on place facilement le vélo, et où il est aisé de le faire tourner. Il est agréable et il sait se montrer joueur dans les portions sinueuses, mais ce n’est pas non plus un vélo turbulent, vif, qu’il faut dompter. Non, ici, le plaisir se trouve dans la facilité et la douceur qu’il procure.

La position joue dans le même registre, celui de l’équilibre. On n’est clairement pas nez dans le guidon, mais pas non plus assis nez au vent. On sent que les appuis sont parfaitement équilibrés entre la selle et les bras, ce qui est particulièrement appréciable pour un usage au long cours. Et toutes les positions sur le cintre sont vraiment utilisables, y compris les mains en bas, ce qui n’est pas toujours le cas surtout quand on a un background de pur vététiste.

Côté rendement, dur de vraiment juger avec les bagages ! En côte, malgré le poids de notre ensemble chargé, il donne aussi une vraie sensation de facilité. On se cale à son rythme, on mouline, et on sent bien chaque coup de pédale qui propulse en avant. Sur le plat, on conserve une vitesse moyenne assez facilement, mais rouler vraiment vite demande plus d’effort, et là, on sent bien la différence avec un pur vélo de route.

Pour en avoir le cœur net, nous avons laissé armes et bagages de côté un moment, histoire de voir ce qu’il a dans le ventre. A l’accélération, il « gicle » bien sur les premiers coups de pédale et il se stabilise à bonne vitesse, mais rouler vraiment vite sur le plat demande toujours un certain effort. A l’analyse, il nous semble que cela peut provenir des pneus Giant, solides et passe-partout, mais dont la carcasse rigide et la gomme quelconque peuvent s’avérer pénalisants dans ces situations. Les changer par des modèles haut de gamme ne vous ruinera pas et permettra aussi d’avoir un comportement encore plus raffiné hors asphalte.

Pour le reste des équipements, les roues nous ont beaucoup plu en usage off-road grâce à une rigidité bien dosée qui leur permet d’être très tolérantes, dans le même esprit que le cadre. L’efficacité du groupe Shimano GRX n’est plus à démontrer. La transmission se fait de suite oublier, et les freins sont d’une grande efficacité. Quant aux poignées, on apprécie toujours autant leur dessin qui permet une excellente prise en main et qui participe à la facilité de contrôle de la machine. Mention très bien aussi pour le pédalier Praxxis, original, valorisant et qui procure des changements de rapports souples. A ce propos, nous avons vraiment apprécié d’avoir un double plateau, qui reste selon nous le meilleur choix en gravel pour avoir la plus grande polyvalence possible tout en évitant les trop grands écarts entre les rapports. Au final, à part les pneus, il n’y a rien d’urgent à changer et seul un upgrade des roues pour un modèle plus haut de gamme en carbone semble pouvoir apporter un plus significatif sur cette machine par ailleurs déjà équipée très intelligemment pour son prix.

Verdict

Le Giant Revolt Advanced s’est montré un compagnon de voyage très agréable durant nos deux jours de vadrouille dans le Luberon. Facile et confortable, c’est un vélo qui donne la banane car il permet d’affronter toutes les situations avec brio et sérénité. De la route ? Il sait faire ! De grands chemins gravel ? Il est en plein dans son élément. Du singletrack un peu technique et cassant, limite VTT ? Ça passe crème, et avec le sourire en plus ! Rouler chargé ? Aucun souci. En plus, il a le bon goût d’avoir un look très raffiné, des équipements bien choisis (sauf les pneus, assez quelconques) et un tarif très serré. Clairement, si vous parvenez à mettre la main sur un Revolt, n’hésitez pas ! Que vous ayez des racines plus dans le VTT ou sur la route, il devrait vous combler pour découvrir le gravel et pouvoir vous accompagner longtemps dans toutes vos aventures, depuis la petite sortie afterwork jusqu’au voyage en mode bikepacking.

Plus d’infos : https://www.giant-bicycles.com/fr/revolt-advanced-2
Le reportage sur notre trip gravel dans le Luberon au guidon de ce Giant Revolt Advanced 2 : https://www.vojomag.com/portfolio-route-chemin-single-le-tour-du-luberon-en-mode-gravel/

ParOlivier Béart