Découverte | Route, chemin, single : deux jours de gravel pour un tour du Luberon

Par Olivier Béart -

  • Nature

Découverte | Route, chemin, single : deux jours de gravel pour un tour du Luberon

Vous allez dire que Vojo ne quitte plus le Luberon… et vous n’êtes pas loin d’avoir raison. Après l’avoir exploré à plusieurs reprises à VTT, nous n’avons pas résisté à la proposition de Fabrice Laugier (Giant France) et Damien Rosso (photographe) de prendre part à un petit périple de deux jours pour faire le tour de la région, en gravel cette fois ! L’occasion de découvrir d’une autre manière ce magnifique coin de France et quelques-unes de ses principales richesses touristiques. Voici notre portfolio et la trace exclusive :

Avec ses anciennes carrières d’ocre si emblématiques, le parc naturel du Luberon est particulièrement connu et reconnu. Quoi de mieux pour démarrer ce trip que Roussillon, la « capitale de l’ocre », et le musée Ôkhra dédié à l’histoire de cette terre rouge si particulière ? C’est là que je retrouve Damien Rosso, alias « Droz Photo », qui va se charger d’immortaliser ce mini-trip sur deux jours, et Fabrice Laugier de Giant France.

Cela faisait un moment que Fabrice voulait me faire tester un gravel de la gamme Giant. Mais les vélos étant très demandés en ce moment, dur d’en avoir un pour un vrai test sur plusieurs semaines. Qu’à cela ne tienne, transformons la contrainte en opportunité et faisons d’une pierre deux coups : prenons un peu de temps dans nos agendas bien chargés pour nous échapper et faire une petite prise en main rapide mais très concrète d’un des modèles phares de la gamme, le Revolt Advanced. Nous vous en parlons dans cet article dédié, et nous allons ici nous concentrer sur le trip en lui-même.

L’idée de ce tour de deux jours, c’est de laisser les voitures à Roussillon et de prendre un peu de bagagerie sur le vélo pour emporter le nécessaire pour la nuit et pour se changer. Au départ, nous avions imaginé de dormir à la belle étoile, mais il était encore tôt dans la saison pour cela et l’option de la chambre d’hôtel s’est vite imposée quand nous avons vu le vent et les températures annoncées pour la nuit. Mais en été, cette option est tout à fait envisageable !

Vu le kilométrage d’environ 100 bornes, il est aussi possible de faire ce tour en une seule journée. Néanmoins, dans notre cas, nous avons voulu privilégier la découverte et nous laisser le temps de faire de belles photos, plutôt que de devoir nous presser et surveiller notre moyenne. Voici la boucle complète sur Komoot (qui diffère un peu de celle que nous avons roulée, dans la mesure où nous avons fait étape à Saignon et donc dévié du tracé) :

Même si Damien est un « régional de l’étape », et s’il connaît très bien les petits coins secrets, nous avons choisi de suivre une trace conçue par un de ses amis, Gaëtan Dupin, guide VTT de référence sur place. Rendons à César ce qui appartient à César ! Et n’hésitez pas à le contacter si vous avez besoin de conseils ou si vous souhaitez un parcours personnalisé avec un guide, nous mettrons ses coordonnées en fin d’article !

Jour 1 : directement dans l’ocre du sujet

Au départ de Roussillon, nous nous mettons directement en route vers Gargas, où se trouve une des dernières exploitations d’ocre en activité. Même si cette matière est moins utilisée qu’avant, elle reste présente comme colorant dans les enduits ou peintures, et elle connaît une nouvelle jeunesse avec l’attention de plus en plus grande que le public porte aux matériaux naturels.

Tordons de suite le cou à un cliché : la terre n’est pas rouge partout, la preuve ! En s’écartant de quelques kilomètres à peine de Roussillon, nous nous retrouvons dans de magnifiques paysages verts et des cailloux blancs sur le sol. Lors de notre escapade, le printemps rayonne de toute sa splendeur, avec de magnifiques champs de fleurs sauvages un peu partout au bord des chemins.

Par contre, si les champs et quelques arbres fruitiers sont déjà réveillés, les feuilles sont encore rares sur les arbres, les lavandes sont endormies et les premiers bourgeons commencent à peine à pointer le bout de leur nez sur les vignes. Hélas, peu après notre venue, un gel intense va faire son retour et causer d’énormes dégâts aux vignobles dans de nombreuses régions, y compris ici, au point de compromettre fortement les récoltes.Tout à coup, après un long épisode plutôt champêtre, Damien nous dirige vers un petit singletrack encaissé. « Ici, c’est mon jardin », nous dit-il. Au sol, ce rouge/orange si caractéristique ne trompe pas : nous allons rentrer dans le vif du sujet et découvrir un de ces endroits magiques sculptés par l’exploitation de la précieuse poudre colorée.

L’entrée dans l’ancienne carrière est magistrale, par une véritable porte taillée dans la colline. La porte du paradis…

On passe, on repasse, on s’amuse à explorer de petites galeries : l’endroit est absolument magique ! Au sol, la présence de sable fin est un beau défi technique et Fabrice et moi nous lançons de petits challenges. En bon belge qui a sans doute quelques gènes de cyclocrossman enfouis quelque part dans un coin, je ne m’en sors pas trop mal, même si un vélo de gravel n’a pas grand chose à voir avec les machines de course utilisées par les meilleurs compétiteurs mondiaux. N’empêche, les capacités de nos engins sont assez impressionnantes et ils s’en sortent avec les honneurs de cette situation bien particulière.

A peine sortis du site, on marque une petite halte dans une boulangerie pour prendre le casse-croûte du midi. Crise du corona oblige, les restaurants sont encore fermés, mais heureusement pas les bons petits artisans locaux. Du coup, nous, notre resto, ce sera en pleine nature pour un pique-nique à même le sentier.

On en profite pour philosopher sur le gravel, qui est définitivement bien plus qu’une mode. Ce genre de trip, c’est se rendre compte de l’extrême polyvalence de l’engin. A l’aise sur route et sur les chemins larges où on peut manger des bornes à bonne allure, il permet aussi à l’occasion de s’aventurer dans des zones plus typées VTT pour éviter un détour, aller voir un bel endroit plus reculé… ou tout simplement pour le plaisir de se lancer des défis techniques.

C’est aussi un vélo qui invite à flâner tout en permettant d’avancer quand on en a besoin. Puis, il y a aussi le côté voyage, puisque la plupart des modèles, y compris notre Giant Revolt Advanced, permettent de rouler chargé. Et pour cela, même s’il faut de bons pneus et un cadre solide, mieux vaut ne pas avoir de suspensions et éviter les zones trop périlleuses techniquement, qui ne se prêtent de toute façon pas trop à ce genre de vélo.

Assez bavardé, il est temps de continuer pour nous rendre vers un des autre lieux emblématiques de la région : Rustrel et son fameux « Colorado Provençal », que nous rejoignons après une petite heure de chemins larges et quelques embuches.

Le voilà enfin, cet endroit mythique où jadis les freeriders locaux s’en donnaient à cœur joie sur les pentes quasi verticales des canyons creusés dans la roche couleur or.

Aujourd’hui, l’espace invite plus à la contemplation, et de toute façon, nous ne sommes pas équipés pour nous lancer dans le vide sans réfléchir…

Malgré le faible kilométrage du jour, le couvre-feu à 18h étant toujours en vigueur lors de notre escapade, plus question de traîner ! Et ça tombe bien, la fin du tracé du premier jour emprunte pas mal de route, et notamment une magnifique véloroute aménagée entre Cavaillon et Céreste.

Un dernier petit col pour passer symboliquement la barre des 1000m de d+ sur la journée, et nous voilà presque arrivés à Saignon, où nous allons passer la nuit.

Et là, c’est dans la magnifique et très typique Auberge du Presbytère que nous passons la nuit, dans un cadre cosy et rustique. Nous vous la recommandons chaudement si vous voulez faire une étape confortable au milieu de votre périple !

Jour 2 : sur le toit du Luberon

Au menu du 2e jour, quasiment le même kilométrage, mais un peu moins de dénivelé… avec tout de même une fameuse entrée en matière de bon matin ! En effet, juste après avoir quitté Saignon, on s’élance directement à l’assaut des crêtes du grand Luberon.

On ne va pas bien haut, à peine à 1000m, et on ne monte pas jusqu’au point culminant, le Moutte Nègre, mais notre point culminant à nous se détache tout de même clairement dans le paysage et son ascension depuis Saignon va nous faire prendre d’une traite 500m sur les 900m de d+ prévus sur la journée.

Le chemin DFCI qui permet de rallier le sommet comporte de nombreux passages à plus de 12/15%, et est jonché de pierres assez grosses et cassantes. Autant vous dire que ce n’est pas de tout repos ! Mais au final, ça passe, et même si nous nous attendions à devoir mettre pied à terre, nous avons finalement réussi à tout passer sur le vélo.

Pour corser le tout, la température est assez glaciale et, même si nous ne le sentons pas trop dans l’ascension avec la chaleur de l’effort, on constate vite au sommet qu’il faut remettre une « petite laine » car le vent est fort et les gouttelettes de transpiration commencent à givrer sur le maillot (non, non, ce n’est pas du sel) !

Heureusement, la vue est magnifique et, au loin, on aperçoit très clairement le Mont Ventoux, le « Géant de Provence », qui nous surveille du coin de l’œil.

A partir de là, le tracé nous fait jouer sur les crêtes un moment, avant d’entamer la descente. On profite de paysages variés, sur le versant opposé à celui de notre ascension, avant d’entamer la dégringolade.

Comme dans la montée, ça continue de taper fort ! Avec la vitesse, il faut rester prudent, mais là aussi on est assez bluffés par les capacités de nos gravels. Bien sûr, ça tabasse plus que sur un VTT et on va un peu moins vite, mais ça passe absolument partout. Les pneus tiennent aussi bien le coup… et nous n’aurons au final aucune crevaison sur ces deux journées. Seul un support GPS cassé par les vibrations nous a contraints à une pause forcée, mais à part cela, RAS. Comme quoi, être bien préparé, cela permet d’éviter pas mal de désagréments.

La fin de la descente est un peu plus paisible, puisqu’on retrouve de petites routes en béton… qui restent assez irrégulières et qui seraient un cauchemar avec un pur vélo de route, mais qui ressemblent pour nous à une pure formalité.

Quant à la route de Sivergues qu’on retrouve une fois tout en bas, elle est en cul de sac et carrément au milieu de nulle part. A part la camionnette de La Poste, pas trop de risque de rencontrer qui que ce soit ici !

Juste avant la pause de midi, Damien a le sourire aux lèvres et nous annonce un joli passage. Et il n’a pas menti : un single en forme de tunnel de verdure nous attend sur plus d’un kilomètre, et c’est un véritable régal.

A midi, nous marquons une petite pause à Bonnieux, où nous vous conseillons chaudement la boulangerie de Cécile et Jérémy, dont les pâtisseries artisanales sont absolument délicieuses.

Pas facile de se remettre en route après cela, et le tracé nous emmène direct dans une descente bien cassante histoire de bien digérer (ou pas).

Il nous reste encore un point d’intérêt majeur à voir sur le parcours : le Pont Julien. Il s’agit d’un pont romain qui, s’il ne voit plus passer de voitures depuis longtemps, est désormais emprunté par les cyclistes et intégré sur le réseau vélo-route particulièrement dense et bien pensé dans la région.

Dessus ou dessous, on profite de magnifiques paysages… même si l’absence complète d’eau dans la lit de la rivière fait réfléchir et craindre de nouvelles pénuries d’eau en été.

Au final, le Luberon a, une fois encore, tenu toutes ses promesses. Le temps d’une journée ou d’un week-end, voilà un parcours gravel très varié tant sur le plan des décors que des cheminements empruntés. Bref, nous avons réellement eu la sensation de couper avec la routine boulot-dodo le temps d’une micro aventure particulièrement ressourçante, et c’est bien le principal ! Nous espérons aussi que nous vous aurons donné envie de rouler sur nos traces…

En pratique :

ParOlivier Béart