Prise en main | Canyon Spectral 125 CF 8 : le mini-enduro

Par Léo Kervran -

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Prise en main | Canyon Spectral 125 CF 8 : le mini-enduro

Lancé mi-février, le Canyon Spectral 125 a suscité un certain intérêt avec sa promesse de comportement joueur et (très) agité dans une enveloppe à petit débattement, le tout avec un équipement à la hauteur et des tarifs alléchants. Nous avons pu le découvrir sur le terrain, voici nos premières impressions :

Avec ses 125 mm de débattement à l’arrière et 140 mm devant, le Spectral 125 se positionne sur le même segment que le Neuron dans la gamme Canyon. Toutefois, comme son nom l’indique il n’a certainement pas vocation à aller chasser sur les terres de son placide voisin. Petit frère du bien connu Spectral, le Spectral 125 veut proposer le même comportement joueur et gratifiant pour les pilotes au coup de guidon acéré avec moins de débattement, pour celles et ceux qui n’ont pas besoin d’un vélo en 150/160 mm.

On vous passe la présentation complète et en détails du vélo, à retrouver ici si cela vous intéresse : Nouveauté | Canyon Spectral 125 : un petit frère agité. Retenez simplement que le Spectral 125 affiche la même géométrie que le « gros » Spectral au millimètre près, avec un angle de direction de 64°, un angle de tube de selle autour de 76°, un reach de 460 mm en taille M et des bases de 437 mm.

Comme son grand frère, le vélo est monté avec un petit flipchip. Il est livré installé dans la position Low décrite ci-dessus et le passage en position High permet de redresser les angles de 0,5° et de remonter le boîtier de pédalier de 8 mm, ce qui peut s’avérer utile si vous aimez jouer dans les montées techniques par exemple.

La suspension s’inspire également de celle du Spectral mais affiche une courbe un peu plus progressive pour pallier la réduction du débattement. L’anti-squat est aussi un peu plus haut au sag, de façon à donner au Spectral 125 un comportement dynamique en phase avec son débattement et les terrains pour lesquels il est prévu.

A l’heure actuelle, cinq modèles sont disponibles : Spectral 125 AL 5 (2 499 €) et Spectral 125 AL 6 (2 999 €) en aluminium, Spectral 125 CF 7 (3 499 €), Spectral 125 CF 8 (4 499 €) et Spectral 125 CF 9 (5 799 €) en carbone.

En ce qui nous concerne, c’est sur le Spectral 125 CF 8 que nous sommes montés. Il est disponible en deux coloris, un vert anis mat baptisé Big Bamboo ou un jeu de noir mat / rouge foncé brillant nommé Rollercoaster.

Avec son tarif qui passe la barre des 4 000 €, on est déjà sur des sommes assez importantes mais il affiche un équipement digne de modèles bien plus chers ailleurs. La fourche est une Fox 36 Performance Elite avec cartouche Grip 2, l’équivalent du modèle Factory en termes de fonctionnement sans le traitement Kashima des plongeurs. L’amortisseur est également fourni par Fox, avec le nouveau Float X en gamme Performance (pas de réglage de la compression basses vitesses, contrairement aux version Performance Elite et Factory).

Pour la transmission et le freinage, c’est du Shimano Deore XT à tous les étages ou presque (la chaîne est une Shimano SLX), avec plateau en 32 dents, étriers 4 pistons et disques en 203/180 mm.

Côté train roulant, une combinaison très classique avec des roues DT Swiss, modèle XM 1700, conjuguées à des pneus Maxxis, plus précisément un Minion DHR II 2.4 en carcasse Exo et gomme MaxxTerra à l’avant et un Dissector 2.4 à l’arrière, dans la même combinaison de carcasse et de gomme.

Enfin, Ergon et G5, la marque de composants de Canyon qui propose toujours des produits de belle facture, se partagent les périphériques : selle et poignées pour la première, tige de selle, potence (en 40 mm) et cintre (en 780 x 31,8 mm, rise de 30 mm) pour la seconde.

Le Canyon Spectral 125 CF 8 sur le terrain

C’est en Italie, sur les pentes du Monte Arsenti, une colline de 300-400 m de dénivelé à deux pas de Massa Marittima, que nous avons découvert ce vélo. Un terrain qui s’est très vite révélé idéal pour le Spectral 125, avec ses jolis sentiers de montée (dont le bien nommé Spaghetti Uphill) et ses descentes variées, de la très caillouteuse Rock’n’Roll Queen à la très rapide Benedetto en passant par la longue et superbe Cicalino Freeride, sûrement la plus complète de toutes.

Sag réglé à 25 % comme Canyon le conseille, le Spectral 125 ne brille pas particulièrement au pédalage. En tout cas, pas pour un vélo en 125 mm de débattement. Avec 13,8 kg sur la balance pour notre modèle, ce n’est toutefois guère une surprise. On monte bien au train et sans avoir à se plaindre du pompage mais ce n’est pas une boule de nerf super dynamique qui invite à relancer à chaque sortie de virage. Au guidon du Spectral 125 on préfère grimper comme avec un enduro, à son rythme et sans faire la course.

En descente… C’est pareil, on roule comme en enduro ! Dès les premiers gros chocs le vélo fait oublier qu’il n’a « que » 125 mm de débattement à l’arrière, ça encaisse très très bien. La progressivité est telle qu’on a l’impression de ne jamais arriver au fond du débattement même si le témoin prouve que c’est bien le cas. Résultat, cela donne une sensation de réserve infinie très rassurante et qui invite à rouler toujours plus fort, un régal !

Ce comportement à toutefois un revers, celui d’être assez peu confortable à basse vitesse. La suspension est ferme et ce n’est pas très agréable, on comprend vite qu’il vaut mieux lui rentrer dedans pour la faire fonctionner. Si vous cherchez un vélo de balade, passez votre chemin et regardez du côté du Neuron, le Spectral 125 est clairement fait pour engager un minimum.

Lorsque Canyon nous a présenté le vélo, la marque expliquait avoir fait le constat que « le débattement ne décrit aujourd’hui plus précisément la catégorie ou le comportement du vélo, et que c’est quelque chose qui est de mieux en mieux compris par les pratiquants ». Avec le Canyon Spectral 125, on fait plus que valider cette position. Ses 125 mm de débattement arrière le placent au niveau d’un petit trail sur le papier (pour rappel, c’est seulement 5 mm de plus qu’un Scott Spark RC ou qu’un Orbea Oiz TR) mais sur le terrain, il n’a rien à voir avec cette catégorie.

De notre côté, le vélo nous permet aussi de confirmer sans aucun doute un autre constat, qu’on avait déjà pu commencer à faire sur d’autres vélos : la géométrie prime sur le débattement. Le Spectral 125 a le débattement d’un trail mais à son guidon, on peut réellement rouler comme en enduro. Cela va jusqu’aux réactions en cas de perte de contrôle : si on commence à partir en travers sur des rochers par exemples (ah, les fameux pierriers à l’ombre de Rock’n’Roll Queen, humides jusqu’en milieu d’après-midi), la meilleure chose à faire est de lâcher les freins. Le vélo reprend de la vitesse, la suspension rentre dans son débattement et tout revient en ligne en quelques instants.

A cet égard, le poids de 13,8 kg, lourd pour un trail, devient bien plus léger si on prend la catégorie all-mountain / petit enduro pour point de comparaison. Cela fait du Spectral 125 un vélo très facile à placer et quand on quitte les trails techniques pour des sentiers plus flow et plus joueurs, on peut s’amuser très facilement avec les mouvements de terrain pour pomper, sauter…

Finalement, le seul véritable défaut de ce vélo, ce sont ses pneus. Alors que Canyon a opté pour une grosse fourche et de gros freins parfaitement en rapport avec les capacités du cadre, le choix de la carcasse Exo surprend et déçoit. Exo, c’est le premier niveau de renfort chez Maxxis, c’est un pneu de XC un peu renforcé. Sur le Spectral 125 on est donc obligé de surgonfler pour ne pas exploser pneu et roue dès la première descente, ce qui réduit à la fois le grip et le confort. Nous avons pu essayer les nouveaux Goodyear Newton MTF et MTR Enduro (test à venir) sur le vélo et on est bien plus serein avec de tels pneus, sans parler du comportement encore amélioré.

Verdict

Ce Spectral 125, c’est tout simplement un mini-enduro. Encore une nouvelle catégorie de vélo ? On ne voudrait pas rentrer dans ce jeu et complexifier encore la chose, mais il n’y a pas de meilleur qualificatif pour cette machine tant ses capacités d’absorption et son comportement à haute vitesse sont bluffants. Ce n’est certainement pas un vélo adapté à tout le monde, il y a certain niveau technique requis pour s’amuser à son guidon, mais si c’est votre cas et que vous ne roulez pas sur des spéciales d’EWS toutes les semaines, il y a fort à parier que vous allez beaucoup apprécier ce nouveau jouet…

Plus d’informations : canyon.com

Photos Mountain Bike Connection Winter – Rupert Fowler

ParLéo Kervran