Portfolio | World Cup XC Albstadt – Dames : Kate Courtney, a star is born

Par Olivier Béart -

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Portfolio | World Cup XC Albstadt – Dames : Kate Courtney, a star is born

Gagner le titre de championne du monde est une chose. Résister à la pression du maillot en est une autre. En remportant sa première coupe du monde à l’occasion de l’ouverture de la saison 2019, la porteuse du maillot arc-en-ciel a montré qu’elle avait les épaules assez solides pour assumer un statut de leader. Retour en images sur la course Dames Elite d’Albstadt avec notre grand portfolio :

Maillots blancs en tête, la championne d’Europe Jolanda Neff emmène dans son sillage la championne du monde.

Malgré l’importance du placement pour éviter les embouteillage et la nervosité de la reprise après l’inter-saison, le départ féminin se passe dans l’ordre et – presque – le calme.

Fidèle à son habitude, Jolanda Neff réalise un départ tonitruant. Mais cette fois, elle n’est pas seule. Kate Courtney l’accompagne facilement.

Jolanda Neff a eu une inter-saison très remplie sous ses nouvelles couleurs Trek. Elle a enchaîné les cyclo-cross et aussi les courses sur route. « J’ai finalement passé peu de temps sur mon vtt cet hiver, par rapport aux autres années. Et j’ai déjà pas mal de jours de course dans les pattes »,  explique-t-elle à l’arrivée, heureuse de voir qu’elle parvenait malgré tout à jouer devant.

Juste après le start-loop, c’est à dire ce premier tour raccourci et amputé des sections les plus étroites pour étirer le peloton, déjà, Kate Courtney en profite pour prendre le large. Mais n’est-elle pas partie trop vite ?

Par le passé, cela a déjà été le travers de Jolanda Neff. Quand elle est en pleine forme, en général ça passe et c’est souvent comme cela qu’elle a gagné, mais dès qu’un grain de sable se glisse dans la machine, cela lui est déjà arrivé de craquer. Ici, elle adopte une stratégie plus prudente. Oserait-on dire plus mâture ? Quoi qu’il en soit, elle laisse partir Courtney et elle ralentit légèrement le rythme, sans s’affoler.

Véritable diamant brut dont le talent est doucement en train de prendre forme, la Néerlandaise Anne Tauber en profite pour se placer en 2e position. La tracé d’Albstadt correspond parfaitement à son gabarit et elle semble très à l’aise dans les côtes.

Dans la seule descente technique présente dans les tours de chauffe, Kate Courtney assure, mais ça passe tout de même vite !

Derrière Courtney, Tauber et Neff, qui retrouve-t-on ? Eh bien la jeune Sina Frei, véritable référence de la catégorie U23 jusqu’à l’an dernier et qui se place d’emblée en haut du panier pour sa première course Elite. Mais attention à la gestion ! Elle finira d’ailleurs 11e après avoir connu un passage à vide en milieu de course. L’Américaine Chloé Woodruf – qu’on a déjà vu faire quelques coups d’éclat par le passé – et la Néerlandaise Anne Terpstra sont aussi très bien parties.

Et du côté des Françaises ? Les deux meilleures représentantes bleu-blanc-rouge ont connu un hiver perturbé, avec une opération aux jambes pour Pauline Ferrand-Prevot en vue de se débarrasser d’un souci d’artère iliaque, et une fracture du coude pour Julie Bresset. Toutes deux viennent donc davantage pour prendre du rythme qu’en espérant briller. Elles pointent néanmoins aux portes du top 20 dans les premiers tours.

On remarque aussi que Lucie Urruty a pris un départ à la fois bon et prudent. Elle aborde sa première course Elite en mode apprentissage. Quant à Sabrina Enaux, elle a connu quelques soucis de santé et elle doit apprendre à composer avec eux. Cela ne l’empêche pas de rouler, mais elle ne parviendra hélas pas à terminer la course. On espère la revoir plus en forme très bientôt.

Au rang des surprenantes déceptions, il y a Annika Langvad et Emily Batty. Du côté de la Danoise, elle semble traverser un passage à vide après son beau début de saison VTT (victoire au Cape Epic) et sur route (où elle a signé de belles performances sur les Strade Bianche et durant les classiques du printemps). « Je ne sais pas ce qui m’arrive, je n’ai pas les mots et c’est dur », déclarera-t-elle peu après. Quant à la Canadienne, elle ne s’explique pas non plus sa contre-performance, mais elle est déjà revenue plusieurs fois de loin en cours de saison.

Retour devant, avec Kate Courtney qui continue de dérouler ! On voit qu’elle pousse fort, mais elle semble aussi gérer parfaitement son sujet.

Anne Tauber est toujours 2e, mais elle pointe déjà à près d’une minute ! Elle semble par contre légèrement en sur-régime.

Quant à Jolanda Neff, il se confirme qu’elle adopte une nouvelle façon de courir, beaucoup plus calme et en maîtrise que d’habitude. Même en descente, si elle reste une des plus rapides, c’est plus coulé que d’habitude. Mais pas moins efficace ! Elle semble tout simplement attendre son heure.

En embuscade, on retrouve aussi l’Allemande Elisabeth Brandau, qui a à cœur de briller dans son jardin. Longtemps 4e, elle reculera un peu en fin de course pour terminer finalement 7e.

Dans le top 10, on retrouve aussi Bec McConnell (oui, la femme de Daniel, qui est un peu en retrait aujourd’hui, mais qui a réalisé de jolis coups il y a quelques années chez les hommes), qu’on n’avait plus l’habitude de voir à ce niveau. Rappelons tout de même qu’elle a gagné la coupe du monde U23 en 2013 et qu’elle a terminé 7e du général Elite en 2016, alors qu’elle portait son nom de jeune fille, Henderson.

Autre petite surprise dans la top 10, la Canadienne Haley Smith. On se souviendra qu’elle avait terminé 6e à Lenzerheide l’an dernier, et elle signe une nouvelle fois ici une belle course qu’elle termine en 9e position. Un nom à retenir…

Parmi les « petites nouvelles » dans la catégorie Elite, si Sina Frei (finalement 11e) semblait la plus en verve en début de course, c’est finalement Malène Degn, la nouvelle recrue du team KMC-Ekoi-Orbea, qui va réaliser la meilleure course. Elle termine 10e. Si vous avez envie de faire mieux connaissance avec elle, n’hésitez pas à lire l’interview que nous avons réalisée chez elle juste avant le début de saison : https://www.vojomag.com/rencontre-malene-degn-une-sirene-dans-larene-de-lelite/

A peine plus loin, à la 15e place, on retrouve la championne de Belgique Githa Michiels. Un beau résultat, mais qui ne la satisfait pourtant pas pleinement : « J’ai contracté une blessure au genou qui a contrarié la fin de ma préparation. Je n’étais pas à 100% et même si 15e est un bon résultat dans l’absolu, je veux viser plus haut. » Nove Mesto dans une semaine sera peut-être encore un peu tôt, mais la saison est longue.

Du côté de Kate Courtney, tout va bien. Son avance reste stable et on a l’impression qu’elle en a encore sous la pédale au cas où ça reviendrait de derrière.

A deux tours de la fin, Jolanda Neff accélère. Elle repasse en 2e position et elle signe des chronos de feu. Par contre, ce sera sans doute dur de jouer la gagne.

Anne Tauber, elle, a chuté, pile au même endroit que Kate Courtney, sur les passerelles en bois du haut de la piste. Elle s’accroche à la troisième marche du podium… mais derrière elle, une fille dont on n’a pas encore parlé revient comme un boulet de canon.

Cette revenante, c’est Yana Belomoïna. En on peut dire que l’Ukrainienne est une revenante à double titre. Sur cette course, où elle est partie très loin avant d’entamer une incroyable remontée (elle était 40e à l’issue du premier start-loop), mais aussi au niveau de sa carrière.

En effet, après une campagne victorieuse en 2017, Yana Belomoïna a manqué la plupart de la saison 2018 à cause de soucis de santé : fracture à la main, à la hanche ensuite. Le stress des opérations et la rééducation l’ont tenue à l’écart des circuit. Mais tout cela semble désormais derrière elle et elle a montré à Albstadt qu’elle était bien revenue au premier plan ! Elle termine 3e, après avoir doublé sa coéquipière Anne Tauber qui termine finalement 4e.

Avant la fin de course, on refait un point sur les Françaises ! Pauline Ferrand-Prevot a chuté et crevé, mais elle reste philosophe et sereine quand on aborde ces deux faits de course avec elle à l’arrivée. « Bien sûr, cela m’a fait reculer au classement, mais finalement pas tant que cela. J’aurais peut-être fini dans les 30 au lieu de 42e, mais ce n’est pas ça l’important. J’ai bien senti que je n’étais pas encore dans le coup, mais j’avais tout de même de bonnes sensations et surtout j’ai pris beaucoup de plaisir à retrouver mon vtt et la course. Pour moi, c’est ça le principal à ce stade. »

C’est clair en effet que, depuis le bord du circuit, indépendamment du résultat, on a eu l’impression de voir une Pauline sereine, heureuse d’être là et qui peut regarder l’avenir avec sérénité.

Compte tenu de son inter-saison aussi très perturbée par sa fracture du coude, Julie Bresset signe une rentrée finalement assez honorable en terminant à la 29e place sous ses nouvelles couleurs du team BMC. On a hâte de voir ce qu’elle nous réserve par la suite.

Côté spectacle, celle qui nous aura fait vibrer… et qui nous aura donné le plus de sueurs froides, c’est Léna Gérault.

Survoltée en descente, elle a bien fait quelques cabrioles, mais elle a aussi réussi un paquet de figures de style souvent limite-limite… mais qui finissaient (presque toujours) par passer ! Elle termine 37e.

D’autres n’ont pas eu la maîtrise de Léna Gérault (ou la chance ?) et ont mangé de la salade de planche en bois au treillis métallique. Aïe. Kate Courtney s’est d’ailleurs prononcée à ce sujet à l’arrivée : « Personnellement, je n’ai aucun problème avec le parcours et les parties artificielles. Mais si c’est mieux au niveau sécurité sur certains aspects, je pense que c’est plus dangereux sur d’autres. Je suis tombée une fois et chuter sur le bois, c’est vraiment plus douloureux et effrayant que sur des parties plus naturelles. Je pense que d’ici aux championnats du monde 2020 qui se dérouleront aussi, il y a des choses à repenser pour arriver au juste équilibre. Mais je le dis de manière constructive parce qu’il n’y avait rien d’inacceptable non plus cette année et je n’appelle pas à un retour à l’ancien circuit. Juste que je pense qu’il y a moyen d’affiner et d’améliorer encore les choses. »

Perrine Clauzel décroche la 40e place.

Et on laisse la meilleure représentante française du jour pour la fin : Lucie Urruty termine sa première course Elite en 27e position.

La pluie annoncée n’est pas tombée, un rayon de soleil vient même illuminer la fin de course. Il ne reste plus à Kate Courtney à se laisser glisser vers la ligne d’arrivée pour célébrer sa première victoire en coupe du monde Elite.

Elle prouve ainsi que son titre de championne du monde acquis en 2018 n’était pas juste un coup d’éclat isolé. Son changement de team et la relation avec son nouveau mentor Thomas Frischknecht semblent aussi lui avoir permis de franchir cette étape, sans doute la plus difficile, celle de la confirmation et de son installation durable au sommet de la hiérarchie mondiale. A star is born.

Plus d’infos et résultats complets : https://www.vojomag.com/news/wc-xc-1-albstadt-kate-courtney-ouvre-le-compteur-de-victoires/

ParOlivier Béart