EWS-E | Nicolas Vouilloz : « J’avais vraiment envie d’en gagner une »

Par Christophe Bortels -

  • Sport

EWS-E | Nicolas Vouilloz : « J’avais vraiment envie d’en gagner une »

Nicolas Vouilloz nous a accordé quelques minutes de son temps juste après sa victoire ce samedi lors de la 2e manche des EWS-E à Pietra Ligure (Italie). Gestion de l’épreuve, mais aussi gestion de la batterie, modification de matos après Zermatt, format de course : le multiple champion du monde de descente, désormais âgé de 44 ans, revient pour nous sur les éléments qui l’ont mené à sa première victoire dans la nouvelle série des Enduro World Series réservée aux e-bikes.

Salut Nico ! Tu peux nous expliquer comment s’est passée la journée et comment tu as géré ta course ?

J’ai souvent du mal pendant la première spéciale. Je le sais, alors j’essaye d’y remédier, mais ce n’est pas facile quand on a les yeux pas assez réactifs. Aujourd’hui par contre ça a été, je suis content. J’ai fait une bonne première spéciale, j’ai senti que j’étais dedans, j’attendais juste le résultat du chrono pour confirmer mes bonnes sensations. Du coup, quand ça commence comme ça, c’est pas mal, car souvent je cours après le temps que j’ai perdu après la première spéciale.

Cette fois, c’était un peu différent pour la deuxième spéciale. Je n’ai pas vraiment géré mais je n’en ai pas forcément rajouté, par conséquent j’étais toujours dans les temps et ça s’est enchaîné plutôt positivement. J’ai vraiment aimé les spéciales 4 et 5, et les traces qui sont ici près de la ville ressemblent vraiment à chez moi autour de Peille où j’ai appris à faire du vélo. Quand on a fait les recos, je savais que ça allait nous convenir, en tout cas ça nous plaisait avec Yannick. Et puis la course s’est bien déroulée, je n’ai rien cassé, je n’ai pas fait d’erreur, j’ai tout bien géré.

Après Zermatt, j’avais vraiment envie d’en gagner une. J’aime bien me confronter à des compétiteurs plus jeunes là où je peux jouer la victoire parce que c’est sûr que si je fais une EWS, c’est différent. Mais quand je peux jouer la gagne et que j’ai un petit challenge au niveau de l’âge, c’est vrai que ça me motive bien !

La gestion de la batterie, ça se passe comment entre les liaisons et les spéciales ?

On alterne beaucoup en fait. On est en 500 Wh donc on fait un peu plus attention car on a l’avantage en descente, mais pas en montée. Ça va de OFF à Eco, Tour ou e-MTB, mais jamais Turbo. Je suis tout le temps en train de jouer avec, ça fait partie de la course pour essayer d’arriver dans les Power Stages avec le plus de batterie possible parce qu’on sait que plus elle est pleine, mieux ça marche. On gère et des fois on tape un peu plus que ceux qui sont en 625 Wh qui peuvent plus souvent rester en Turbo. Il faut se connaître, et dès qu’on sent que ça tire un peu dans les jambes, on se dit tant pis pour le choix du mode.

Est-ce que tu as changé des réglages, ajusté des choses entre Zermatt et la course ici à Pietra Ligure ?

Oui, je l’ai allégé le plus possible parce que j’ai vu que dans les Power Stages il y avait moyen de gratter du temps. J’ai un peu revu certaines choses, il y avait du poids un peu partout et je suis content parce que je suis passé sous les 21 kilos. Je pense que j’ai le vélo le plus léger du paddock et ça me plait !

Niveau fourche, j’ai mis une Lyrik au lieu de la ZEB. La ZEB est mieux quand c’est typé bikepark ou DH, un peu plus droit et engagé. On sent que c’est rigoureux et ça met en confiance. Ici, comme on tournait pas mal entre les arbres, je sens que pour placer le vélo c’est plus sympa d’avoir la Lyrik. Et puis, j’étais aussi dans l’optique du poids donc je ne regrette pas.

Comme les spéciales étaient courtes, j’ai aussi mis un cintre carbone sans trop craindre les vibrations malgré que j’ai des petits soucis de poignets. J’essaye de faire attention un peu à tout le poste de pilotage pour me préserver parce que j’ai un peu d’arthrose à cause de mes quelques entorses. J’ai un peu enlevé d’angle de chasse aussi. J’avais ajouté un demi degré pour rouler plus en mode DH mais comme ici c’est sinueux, j’ai roulé en réglage d’origine.

Que penses-tu du format de course des EWS-E, avec ces spéciales en montée et un timing serré pour les liaisons ?

Zermatt était la première course et il y avait des choses à ajuster. Ici, c’était réussi et on s’est tous fait plaisir. Toutes les montées étaient techniques, dans des singles, et même les retours étaient bien faits. On a vraiment eu l’impression de faire du VTT. Les spéciales étaient bien aussi, même si c’étaient les mêmes que l’EWS classique. Il y a eu deux Power Stages et je pense qu’ils ont compris le truc même si je crois qu’on pourrait faire encore un peu mieux. Des fois il n’y a pas forcément toujours besoin que ce soit très raide, mais ça peut être dynamique et donner l’impression qu’on fait du pilotage en montée entre les arbres. Il y avait vraiment une section montante qui était top avant d’arriver au départ de la spéciale 4 et on se disait avec Yannick que ça pourrait faire une Power Stage. C’est un peu différent mais c’est du pilotage tout en gestion de motricité.

Le timing un peu serré fait qu’on est toujours un peu sur le fil mais on ne s’ennuie pas. C’est ce qu’il faut, car l’e-bike a une image de fainéant donc on doit faire plus. Aujourd’hui, on avait 9 spéciales, les musculaires en ont 5. Malgré tout ils font aussi du dénivelé mais on aurait pu faire jusqu’à 3.000 mètres pour les e-bikes. S’il avait fallu rajouter une boucle je pense qu’on pouvait encore l’encaisser, même s’il ne faut pas tomber dans des délires. En tout cas, ce qui est bon, c’est qu’on fait des spéciales sans shuttles et voitures. C’est vraiment le côté positif de l’e-bike !

Retrouvez le compte rendu et les photos de la manche EWS-E de Pietra Ligure ici : www.vojomag.com/ews-e-pietra-ligure-la-revanche-des-legendes

ParChristophe Bortels