Les voeux de la rédaction : ce qu’on souhaite au monde du VTT pour 2020

Par Christophe Bortels -

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Les voeux de la rédaction : ce qu’on souhaite au monde du VTT pour 2020

Aaah, la nouvelle année et son inévitable cortège de voeux et de bonnes résolutions… Rassurez-vous, nous n’allons pas vous raconter notre vie en vous expliquant qu’on compte bien rouler davantage cette année, mieux manger ou perdre du poids. Au lieu de ça, nous avons préféré demander à chaque membre de la rédaction de Vojo ce qu’il souhaite au monde du VTT pour cette année tout juste entamée. Voici leurs réponses :

Paul

Je ne sais pas si je rêve éveillé, ou si en tout cas j’en demande beaucoup, mais je me lance : et si cette année 2020 était une saison saine, équitable, régulière, propre, bref, dont les résultats et classements ne seraient biaisés ni par des blessures, ni par des suspensions pour dopage ou autres ? Evidemment, le VTT est un sport à risques où les bobos – plus ou moins gros – sont inévitables, et on n’aura jamais un plateau de pilotes au grand complet où tous seraient en pleine possession de leurs moyens, que ce soit en cross-country, en enduro ou en descente.

J’y vois même du positif, dans un sens : quand des ténors ne sont pas là, ce sont les outsiders qui peuvent en profiter pour s’illustrer. Après tout, c’est de bonne guerre et ça fait aussi partie du jeu. Et puis sans ces cas de figure, ces absences forcées, on passerait parfois à côté de grands moments de sport… et de comebacks retentissants. Jenny Rissveds qui remporte la manche de coupe du monde de XC de Lenzerheide après une saison off suite à des problèmes personnels et une grave dépression ? Myriam Nicole qui s’impose à Mont-Sainte-Anne et décroche son premier titre de championne du monde de descente alors qu’elle fait son retour à la compétition après une blessure subie 5 mois plus tôt ? Assurément deux moments forts de 2019 que je ne suis pas près d’oublier, et vous non plus j’imagine !

Mais quand en même temps que Myriam Nicole, ce sont les deux autres femmes les plus rapides du circuit, à savoir Rachel Atherton et Tahnée Seagrave, qui sont blessées, je ne peux m’empêcher de penser que les données sont… faussées ? On passe en tout cas à côté de quelque chose quand celles qui ont gagné trois des quatre manches de la première moitié de la saison ne peuvent finalement pas disputer une saison complète. Vous imaginez, des Nicole, Atherton, Seagrave, Cabirou, Hannah et les autres opérationnelles pendant toute une saison, se disputant chaque manche et le classement général !

Quant aux suspensions pour dopage, on ne peut bien sûr que se réjouir que les différentes disciplines soient toujours plus contrôlées, y compris l’enduro. En 2019, les trajectoires de  Martin Maes et Richie Rude se sont croisées à Val Di Fassa, le premier – suspendu suite à l’usage d’un produit interdit pour soigner une blessure – loupant sa première manche d’Enduro World Series après avoir remporté les trois premières de la saison, tandis que le second, de retour aux affaires après une suspension de 8 mois pour dopage, entamait en Italie une nouvelle série de victoires. Le mal est fait évidemment, et la suspicion planera toujours, mais là aussi je rêverais d’une saison « saine » mettant aux prises Rude et Maes, mais aussi Sam Hill, Flo Nicolaï, Ed Masters, Jared Graves ou encore Damien Oton, blessé avant la saison 2019. Un rêve exaucé en 2020 ?

Allez, je vous souhaite une bonne année… et une bonne santé surtout !

Léo

Photo Dirt School

Chaque année apporte son lot d’innovations techniques ou de nouveautés et 2019 n’a pas fait exception. Des transmissions 12 vitesses Shimano à la gamme sans fil Sram en passant par le nouveau moteur Bosch ou les roues Zipp, les fabricants regorgent d’idées pour rendre nos vélos toujours plus toujours plus performants et agréables à piloter. Cependant, cette année encore on notait une absence de marque parmi toutes ces innovations : l’écologie.

Aujourd’hui, il est difficile d’ignorer que le climat change un peu trop vite et que l’homme y est pour quelque chose, encore plus quand on est vététiste puisque notre sport se pratique en pleine nature. Habitant dans les Alpes, j’en suis témoin chaque hiver avec le recul de l’enneigement et même si ça permet de rouler plus, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose… En 2018, c’est la Californie, berceau du VTT et de nombreuses marques, qui partait en fumée dans les plus grands incendies que l’état ait jamais connu.

Photo Duncan Philpott

Dire que l’industrie est insensible à l’état de notre planète et de nos terrains de jeu serait faux, car des initiatives existent. Giro propose une ligne de vêtements fabriqués à partir de filets de pêche recyclés, Specialized dispose d’un programme de recyclage des cadres carbone et l’entreprise allemande Danico Biotech est spécialisés dans les fluides (chaîne, fourche, freins) non toxiques, que ce soit pour l’homme ou l’environnement. En France, Corepile collecte via les magasins les batteries d’e-bikes usagées, dans le but de les recycler. Néanmoins, ces solutions restent rares et pour la plupart peu connues.

Pour 2020, j’aimerais donc voir plus d’innovations et de produits « verts », plus de fabricants qui s’engagent pour réduire leur impact sur l’environnement. Soyons fous, j’aimerais voir une communauté capable de se fédérer, avec des marques qui proposent des solutions, des médias qui relayent les bonnes initiatives et des pratiquants qui les encouragent. Un voeu pieux ?

Je vous souhaite une très bonne année et beaucoup de plaisir sur les sentiers !

Olivier

Léo vient de vous parler d’écologie, et de son souhait de voir un milieu du vélo qui se soucie encore plus de cet aspect. Je ne peux pas lui donner tort. Notre sport favori a un impact et il ne faut pas le négliger ni l’oublier. Par contre, j’avoue être assez attristé de la forme que prennent certains commentaires récurrents à propos de nouvelles formes de pratique de notre sport. Je pense en particulier aux vélos électriques, et surtout quand on en parle sur les réseaux sociaux. Oui, leur production consomme plus de ressources qu’un vélo classique, c’est indéniable, mais gardons aussi les pieds sur terre, on ne parle jamais que d’engins qui pèsent une vingtaine de kilos, soit effectivement le double d’un vélo classique, mais surtout 50 à 100 fois moins que n’importe quelle voiture, et la consommation d’un vélo électrique pour une sortie de 30 bornes est comparable à celle de la cuisson d’une quiche au four. Or, je n’ai encore jamais vu de mouvement critiquant les personnes préférant manger leurs légumes sous forme de quiche cuite plutôt que crus en salade.

Un vélo, électrique ou non, reste un moyen de transport et un loisir sobre, surtout par rapport au plaisir immense qu’il peut nous procurer. Le pratiquer de manière réfléchie et respectueuse, peu importe la forme, demeure bien plus important que de s’attarder sur le type de vélo employé. Pourquoi jalouser ou critiquer celui qui roule en VAE ? Certains d’entre eux ont un comportement qui vous irrite ? N’hésitez pas à les interpeller et à les sensibiliser sur les nuisances qu’ils occasionnent. Mais cela ne justifie pas de critiquer toute une nouvelle catégorie de pratiquants qui ne seraient probablement jamais venus ou revenus à notre sport sans cette petite assistance qui peut venir atténuer quelques aspects frustrants et difficiles de notre sport, qui en font sa beauté aux yeux de certains, mais qui sont de puissants repoussoirs pour d’autres. De même, on peut être exigeant sur l’origine des matières premières qui composent les batteries des VAE sans jeter le bébé avec l’eau du bain et sans mettre au ban toute personne roulant sur un VAE ou sans se prendre systématiquement la tête quand nous avons le malheur de publier un test de vélo à assistance.

Les 24h des Crapauds, un magnifique moment de communion entre vttistes, sans se soucier de la valeur de la monture de l’un ou de l’autre, du fait qu’il roule en ebike ou non…

Je ne souhaite à aucun moment qu’ils remplacent les vélos classiques et qu’on ne trouve plus que des vélos avec assistance. Il y a d’ailleurs très peu de risque que cela arrive car rouler sur un vélo dit « musculaire » procure des plaisirs spécifiques que jamais aucun vélo motorisé ne pourra donner. Par contre, le succès de ces vélos est indéniable, et il n’est pas près de s’arrêter. S’imaginer qu’un jour on reviendra en arrière à ce niveau est une chimère. Paul vous parlait un peu plus haut de l’importance de se fédérer, de rester groupés. En effet, c’est selon moi une des clés. Notre milieu n’est pas petit, mais il n’est pas assez grand et audible pour qu’on puisse se permettre de se diviser. Qu’il soit à gros ou petits pneus, à grand débattement ou en tout rigide, électrique ou non, souvenons-nous d’abord que nous faisons tout simplement du vélo, ce magnifique sport qui se fait sur deux roues et qui nous permet tant de rencontres et de découvertes. Surtout si on prend la peine de toujours garder l’esprit ouvert et curieux. Alors, pour 2020, si j’avais un vœu à formuler, ce serait de vous inviter, en toutes circonstances, et spécialement quand on parle de cette passion qui nous réunit tous sous des formes différentes, à faire preuve de tolérance, de curiosité et d’ouverture d’esprit.

Peace and ride !

ParChristophe Bortels