Interview | Maxime Marotte : « Rejoindre Rockrider, un projet inspirant et motivant ! »

Par Adrien Protano -

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Interview | Maxime Marotte : « Rejoindre Rockrider, un projet inspirant et motivant ! »

Après 2 années au sein de la formation italienne Santa Cruz FSA, Maxime Marotte a récemment annoncé son départ du team pour la saison 2023. Lever de rideau : c’est sous les couleurs du Rockrider Racing Team que le Français évoluera la saison prochaine. Vojo est allé à sa rencontre à l’aube de cette annonce : 

Lors de la récente présentation du Rockrider Racing Team millésime 2023, un dernier pilote avait été gardé secret par le staff. Si les rumeurs et « on-dit » ont eu bon train, l’information est désormais officialisée par le pilote français : 2023 rimera avec Rockrider ! À l’image de notre interview de Stéphane Tempier, le nouveau co-team manager du team,  nous avons profité de l’annonce du pilote alsacien au sein du Rockrider Racing Team pour lui poser quelques questions :

Alors Maxime, on te retrouve sous de nouvelles couleurs ! On nous a appris que le mercato avait été mouvementé…

Pour être honnête, je n’ai jamais connu une période de mercato comme ça ! Il y a eu énormément de sollicitations et de discussions dans les paddocks cette année. C’est une bonne chose et un signe que le VTT attire beaucoup d’attention.

Et c’est finalement le projet Rockrider qui l’a emporté pour toi. Qu’est-ce qui t’as convaincu par rapport aux autres propositions que tu as pu recevoir ?

C’est vraiment un ensemble, mais deux choses m’ont vraiment convaincu. Premièrement, le team a derrière lui une des plus grandes marques du monde du cycle et du sport, si pas la plus grande. Decathlon a des moyens importants et a l’ambition de viser le plus haut niveau avec aussi l’échéance olympique comme objectif majeur. Ensuite, j’ai aussi eu des garanties solides sur le matériel à venir et quant à la possibilité de participer à un travail de développement en continu. Tout cela a été décisif dans mon choix. Puis, quand on voit en une saison ce que Sam (le team manager) et Rockrider ont monté, ça ne peut que forcer le respect. Je marche à l’affect, je pense que j’avais besoin de remettre l’humain au centre des choses et le Rockrider Racing Team m’a tout de suite paru être composé de personnes de confiance. Pouvoir bosser avec des gens avec lesquels j’ai aimé travailler par le passé (notamment Stéphane Tempier) est aussi une réelle chance.

D’habitude, les gens commencent par un Rockrider puis passent sur un Santa Cruz, pour toi cela a été le contraire. Tu nous parlais justement des promesses matérielles qui t’ont convaincu. Peux-tu nous en dire plus ?

C’est super important pour moi d’avoir du matos au top et j’ai eu de bonnes garanties de la part de Rockrider. Ils s’ouvrent vraiment sur le haut de gamme. Je ne suis pas en pré-retraite, je suis toujours au top ! La performance dépend de beaucoup de facteurs, dont le matériel, et j’ai vu qu’il y avait cette cohérence dans le projet. Ils comptent sur nous, il y a une vraie proximité avec les équipes de développement, les retours sont permanents et on est vraiment écoutés. J’ai l’impression que j’ai déjà plus vu les ingénieurs et chefs produit Rockrider en quelques semaines depuis le Roc que dans tout le reste de ma carrière avec d’autres marques. Aider la marque à ouvrir un nouveau segment, c’est hyper motivant. J’ai commencé, comme beaucoup, sur un VTT Decathlon et j’ai envie de montrer qu’on peut gagner sur des produits accessibles financièrement. Le team doit donner envie aux gens d’acheter du Rockrider haut de gamme. D’autant que même le haut de gamme reste accessible chez Rockrider : professionnellement et sportivement ça me fait rêver, je trouve que c’est une belle approche de se dire qu’on aide à concevoir des vélos à la fois hyper performants et accessibles financièrement. Rockrider est une marque en devenir et c’est un fameux défi de faire en sorte qu’elle fasse rêver. C’est un beau projet pour terminer ma carrière en feu d’artifice.

Le développement du matériel prend une certaine place au sein du Rockrider Racing Team, comment vois-tu ce rôle ? Dans quelle mesure Rockrider te permet de l’effectuer ? 

C’est quelque chose qui me plaît bien, c’est presque fascinant je trouve. J’ai déjà eu l’occasion de participer à des développements, avec plus ou moins de proximité selon les marques : si chez Santa Cruz le vélo était déjà prêt quand je suis arrivé, lors de mon passage chez Cannondale et BH j’étais plus proche du développement du vélo. Chaque marque a sa manière de travailler mais avec Rockrider on passe un vrai cap par rapport à tout ce que j’ai vécu. Ici, on teste le matériel en proximité directe avec les ingénieurs, les chefs de produit, etc. Je les ai déjà beaucoup vus, et l’on sent que tout ce qu’on dit est écouté, enregistré. On voit même que nos retours ont rapidement des effets sur le matos, c’est très gratifiant. En plus, j’ai face à moi des gens qui roulent (très bien même) et qui comprennent et sentent par eux-mêmes les choses.

Sportivement parlant, ta longue amitié avec Steph a-t-elle aussi pesé dans ta décision de rejoindre le team Rockrider dont il est devient en 2023 le team manager adjoint ? 

Bien sûr que ça a joué, Steph est un ami et il a été un coéquipier. Cela va m’aider, je le sais ! Il a toujours un avis objectif à me partager, et il était encore compétiteur l’an dernier donc il a encore cette vision du compétiteur, mais avec du recul. On peut réellement comparer ça à un logiciel de traduction. Déjà en tant qu’ami il me disait des choses sincèrement, là comme directeur sportif il sera encore plus transparent, pour m’aider à aller chercher le meilleur de moi-même et atteindre mes objectifs.

C’est également un atout du côté du développement du matos, il teste énormément de choses et prends le temps de dégrossir le travail pour nous les pilotes du team, ça nous fait avancer et gagner du temps. Puis je pense qu’avoir sa bonne humeur dans un groupe est une chance énorme, on passe par beaucoup d’émotions et de stress durant une saison, et il a toujours l’art de dire le petit truc qui va détendre tout le monde, il sait souder un groupe.

Passer de coureur à team manager n’est pas toujours facile. Il faut savoir tourner la page, s’occuper des autres alors qu’on s’est toujours occupé de toi, etc. Tu penses que Steph a déjà bien fait la transition ? 

Clairement, oui. C’est un autre Steph que j’ai retrouvé chez Rockrider. Il est très impliqué auprès de Sam et motivé par son nouveau projet. Il se défonce pour l’équipe et il est plein d’énergie, il se lève en premier et il passe plus de temps sur son ordi que sur le vélo… tout en restant tout le temps souriant. Il n’y a pas eu de deuil ou de flottement de sa part, sa priorité est désormais de bosser pour nous, pour l’équipe. Alors parfois le job l’amène à rouler, évidemment, mais parfois aussi à rester bosser quand on va faire de la moto ou du vélo (et pourtant il adore ça). Je sens que ça va être vraiment bien.

Andreas Pscheidl, ton mécanicien chez Cannondale et ensuite chez Santa Cruz, continue-t-il de t’accompagner dans cette nouvelle aventure ? Y-a-t’il une partie de ton staff ou certains de tes proches qui te suivent ? 

Malheureusement, Andi s’est progressivement retiré après le Cape Epic, il avait besoin de passer à autre chose. Il sait qu’il reviendra dans le paddock mais ici c’est encore trop tôt pour lui, actuellement il est en road trip avec sa femme et ses enfants. On verra ce que l’avenir nous réservera, peut-être que nos chemins se recroiseront car c’est un mécano exceptionnel. On est toujours très proches, c’est un ami.

Je ne m’en fais pas pour cette saison, j’ai un ami (Christophe) qui me suit à Aix-Les-Bains et continuera à me suivre quand je suis à la maison, même suite à mon passage chez Rockrider. Puis je connais déjà Théo Mougenel (le mécano principal du team Rockrider, NDLR) de par l’équipe de France. J’ai confiance en lui, c’est un excellent mécano et je pense que ça peut être intéressant de remettre les choses à plat de ce côté et d’apprendre des choses de sa part.

« Le Rockrider Racing Team est à la recherche d’athlètes avec des valeurs humaines et c’est le cas de Greta »

Tu arrives par contre avec une de tes coéquipières de chez Santa Cruz FSA (Greta Seiwald), comment cela s’est déroulé ?

On a beaucoup échangé et elle souhaitait aussi passer à autre chose. J’en ai donc parlé à Sam et je lui ai garanti que c’était une belle personne, il m’a fait confiance. En réalité, Sam et le Rockrider Racing Team ne cherchent pas uniquement des champions, ils sont aussi à la recherche de gens avec des valeurs humaines et c’est le cas de Greta. Personnellement, je dis que c’est une future grande et qu’il faut garder un œil sur elle. Et à côté de cela, elle est hyper facile à vivre. Si tu parviens à te prendre la tête avec elle, alors tu dois vraiment te poser des questions sur toi-même !

Les JO de 2024 sont un des objectifs majeurs pour le team, comment vois-tu ta contribution pour arriver à cet objectif ? Est-ce que cela rajoute une pression à ton arrivée dans l’équipe ?

Je l’aborde sans pression, réaliste mais sans pression. J’ai déjà vécu cette situation, et je sais à quel point il est costaud de se qualifier pour les JO VTT en France. Le niveau est hyper relevé et les places sont chères. Lors des dernières olympiades, j’ai toujours été dans le match des qualifications même si je ne suis pas toujours allé aux Jeux. J’ai donc l’expérience de la sélection… et de la non sélection. Ce sera à moi de me rendre incontournable. A mon âge, j’ai bien conscience que j’ai peu de chances d’aller aux Jeux de Los Angeles en 2028, donc Paris 2024 c’est un peu the last chance. Quand j’avais 30 ans on me disait déjà que j’étais vieux, alors maintenant je relativise. Je me dis aussi que depuis la médaille de Julien (Absalon en 2008), je suis encore le Français qui a fait le meilleur résultat. Avec l’arrivée des jeunes, je vois tout cela comme une émulation à double sens. La concurrence des jeunes me motive, et j’espère que je les motive aussi ! Si je fonctionne en 2023 comme lors de l’ouverture de la coupe du monde 2022 au Brésil (où Maxime a failli s’imposer, NDLR), ça va le faire !

C’est quoi le secret pour rester motivé saison après saison et continuer à progresser à un tel niveau de performance ? 

C’est bête à dire mais tourner en rond sur des circuits et me battre avec les meilleurs, j’adore toujours autant cela… Le XC, c’est un peu la F1 du VTT et les racines de notre sport. J’ai beaucoup de 4ème places à mon actif mais je n’ai toujours pas gagné en World Cup. Je ne veux pas m’arrêter sans avoir gagné une manche et/ou une médaille en championnat du monde/ Jeux Olympiques. Je me rappelle que Yvan Clolus (le sélectionneur de l’équipe de France dont l’interview est à retrouver juste ici) m’avait dit : « J’ai l’impression que t’es trop motivé pour les Worlds et ça te fait passer à côté. » Peut-être que Stéphane pourra me donner un coup de main là-dessus.

Comment est-ce que tu vois ce changement de team ? Est-ce une façon pour toi de te relancer de nouveaux défis et de maintenir la motivation ? 

De ce que j’ai pu découvrir jusqu’à présent des personnes investies dans ce projet Rockrider, j’y vois énormément d’humanité, des gens accessibles, à l’écoute, plein de respect. Même si c’est une grosse société, on ne saurait pas différencier le patron ou le chef produit du reste de la table (le soir au repas par exemple) tellement l’ambiance y est bon enfant. C’est un très gros moteur pour moi, ça me donne envie de me défoncer pour eux, de pouvoir leur faire vivre de beaux moments au travers des résultats qu’on peut amener. Donc oui, ce changement d’équipe me donne envie d’être à 100% la saison prochaine. J’ai hâte que ça démarre…

Pour découvrir le reste de l’effectif 2023 du Rockrider Racing Team, l’état d’esprit de ses pilotes et leurs objectifs pour la saison prochaine : https://www.vojomag.com/rockrider-racing-team-2023-phase-2-0-enclenchee/

ParAdrien Protano