Face-à-face | Santa Cruz Blur vs Cervélo ZFS-5 : guerre de famille

Par Adrien Protano -

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Face-à-face | Santa Cruz Blur vs Cervélo ZFS-5 : guerre de famille

Avec un air de famille indéniable, le Santa Cruz Blur et le Cervélo ZFS-5 s’apparentent à des frères jumeaux… mais en y regardant de plus près, on aperçoit quelques légères différences ! Construction du cadre, cinématique, composants et sensations sur les sentiers, nous avons comparé les faux jumeaux à l’occasion d’un face-à-face de plusieurs semaines. Verdict : 

« Un Blur rebadgé en plus cher« , « Santa Cruz ZFS-5 ou Cervélo Blur ?!? Je me mélange un peu là…« , « Oh Cervélo a refait un Blur« … Autant de commentaires et réactions que l’on a pu lire sur les réseaux sociaux à la sortie du Cervélo ZFS-5, ou lors de la récente publication de notre test du premier tout-suspendu de cross-country de Cervélo. Plutôt que de simplement se laisser avoir par la ressemblance au premier coup d’oeil, nous avons voulu aller plus loin en comparant les deux (faux) jumeaux lors d’un véritable face-à-face de plusieurs semaines.

Celui qui prime par ancienneté, c’est évidemment le Santa Cruz Blur. Là depuis bien longtemps, contrairement au tout récent Cervélo ZFS-5, le cross-country de la marque californienne était déjà parvenu à s’inscrire comme un coup de coeur au sein de la rédaction, lors du test de la précédente génération (cf . Test | Santa Cruz Blur CC : un pur-sang différent). Il faut préciser que le châssis a évolué depuis lors, et que le Santa Cruz Blur est sans conteste une machine de cross-country moderne et bien dans son temps, mais qui est parvenue à conserver sa substance si particulière.

De l’autre côté, la mythique marque du cyclisme Cervélo a récemment quitté le bitume pour s’aventurer sur les sentiers, avec la présentation d’un VTT hardtail dans un premier temps, le ZHT-5, suivi dans la foulée de ce modèle tout suspendu, le ZFS-5, que nous avons récemment testé : Test | Cervélo ZFS-5 : confort et performance ne sont pas des antonymes.

Si les deux vélos affichent plusieurs traits communs, au point de sembler appartenir à la même famille... c'est parce que c'est tout simplement le cas ! Mais chacun a tout de même réussi à développer une personnalité propre.

Si les deux vélos affichent plusieurs traits communs, au point de sembler appartenir à la même famille… c’est parce que c’est tout simplement le cas ! Les marques Santa Cruz comme Cervélo appartiennent à un conglomérat hollandais dénommé Pon Holdings. Les deux modèles de notre face-à-face sont donc tout simplement cousins. Très proches sur certains points, mais pourtant très différents sur d’autres, chacun a réussi à développer une personnalité propre. Laissez-nous vous expliquer comment Cervélo à créé un cousin et non un frère jumeau du Santa Cruz Blur…

Châssis : le jeu des 7 différences

Mis côte à côte, l’air de famille entre les deux châssis est indéniable. Cervélo a en effet pu profiter du savoir-faire et de l’expérience acquise par son cousin Santa Cruz dans la réalisation d’un modèle de cross-country. Si la forme générale du ZFS-5 semble identique à celle du Blur, il ne s’agit pourtant pas d’un Blur rebadgé ! Les différences sont plus subtiles…

La première est invisible à l’oeil nu puisqu’elle se trouve au niveau de la construction même du châssis, et plus précisément du côté des fibres de carbone utilisées et de la manière de les disposer. Cervélo a mis sa grande expertise du carbone au service de son cadre en s’inspirant de la forme déjà éprouvée du Blur. Spoiler : cette différence au sein même de la construction du châssis se ressent et s’éprouve sur le terrain ! 

Le cadre du Cervélo nu pointe à 1472 g, soit 200 g de moins que le cadre du Santa Cruz Blur CC !

La différence se marque également au niveau de la balance. Le cadre du Cervélo nu pointe à 1472 g, soit environ 1720 g doté d’un amortisseur RockShox SIDLuxe ou Fox Float SL. Ce score le place en dessous du Santa Cruz Blur CC d’environ 200 g puisque ce dernier affiche 1933 g sur la balance.

Cette différence de poids permet de mettre en lumière une deuxième différence : Cervélo a tenu à développer le châssis le plus léger possible, sans autre déclinaison, là où Santa Cruz propose un layup de carbone plus accessible (C) mais également plus lourd en plus de son carbone haut de gamme dénommé CC.

Du côté du plus visible, la différence se marque au niveau du triangle arrière, et plus particulièrement dans la forme des bases mais aussi des haubans. Ces derniers sont parfaitement droits sur le Santa Cruz Blur, là où ceux du Cervélo inscrivent une légère courbe. Ils ont été imaginés afin de fléchir légèrement durant le débattement. Pour permettre à cette flexion de se produire aussi près de l’axe que possible, Cervélo a doté son tout-suspendu d’un support de frein flottant.

Si les deux vélos disposent d’un passage interne des gaines, le Santa Cruz Blur opte pour une solution plus traditionnelle avec une entrée située sur le haut du tube diagonal. Cervélo a préféré, quant à elle, la solution du passage au niveau du jeu de direction afin d’éviter de percer le cadre. Cela permet en effet d’ajuster les contraintes et la rigidité du châssis. 

Les deux vélos sont en mesure d’emporter deux porte-bidons, l’un sur le tube diagonal et le second sur le tube de selle. On retrouve également le même niveau de protection sur les deux machines de cross-country avec une protection de la base côté transmission ainsi qu’une protection sous le boîtier de pédalier. Notons toutefois que la protection contre les sauts de chaîne du Blur est plus imposante et couvre davantage de surface que celle du ZFS-5 qui se limite à l’arête supérieure de la base.

Géométrie : à chacun sa philosophie

Côté géométrie, le ZFS-5 se caractérise, en taille M, par des bases de 435 mm ainsi qu’un reach de 445 mm en cas de suspensions de 100 mm comme c’est le cas pour notre modèle de test. La version 120 mm voit son reach diminuer de 12 mm pour passer à 433 mm. La marque canadienne explique ensuite que « pour créer un vélo rapide, efficace et équilibré, nous avons opté pour un angle de direction de 67,8° associé à un angle de tube de selle bien redressé, de 76,3° ».

À titre de comparaison, le Blur en taille M affiche des bases de 432,5 mm ainsi qu’un reach de 450 mm. De manière assez générale, la géométrie du Blur se veut un peu plus courte sur l’arrière et plus longue au niveau du triangle avant (environ -2mm sur toutes les tailles pour les bases, et +4 mm en taille S/M et +1mm en taille L). L’angle de direction du Blur est plus ouvert de 0,5° dans toutes les tailles (68,3°), et l’angle de tube de selle est identique en taille S/M (76,3° en taille M) et d’environ 0,4° plus couché en taille L/XL. 

Suspensions : le diable se cache dans les détails

Impossible de le nier, les deux châssis partagent la même architecture, à savoir une suspension à pivot unique et bases flexibles (si cela ne vous parle pas, le lexique est juste ici). Sans être une architecture révolutionnaire, Cervélo a préféré miser sur l’expérience acquise de Santa Cruz dans le domaine et se rattacher à quelque chose de connu et reconnu. La biellette (en aluminium) est d’ailleurs identique sur les deux modèles.

Cervélo a également suivi la voie choisie par Santa Cruz en optant pour une version orientée compétition et marathon offrant 100 mm de débattement à l’avant et à l’arrière, tout en la dédoublant en une version plus capable disposant d’une fourche de 120 mm de débattement alors que l’arrière passe à 115 mm de débattement.

Pour les deux modèles, le cadre demeure le même qu’importe le débattement des suspensions choisi. La différence entre les deux versions se situe au niveau de la course de l’amortisseur arrière (passant de 40 à 45mm) et passe logiquement par un changement de la fourche. Il est donc tout à fait concevable, moyennant l’achat d’un duo de suspensions, de s’imaginer faire varier son châssis en fonction de ses besoins ou envies.

Les deux cousins de notre face-à-face sont équipés d’une fourche SID SL Ultimate ainsi qu’un amortisseur SIDLuxe Ultimate, tous deux offrant deux positions (ouvert/fermé) avec commande au guidon.

Pour les suspensions à 3 positions, on repassera.... Dommage !

Comme on vous l’expliquait lors de notre récent test du Cervélo ZFS-5, le choix de la marque canadienne de ne pas doter son modèle haut de gamme des dernières suspensions RockShox en date, offrant 3 positions, est regrettable… D’autant que cette nouvelle génération de SID nous avait beaucoup plu lors de notre test (Test nouveauté | RockShox SID 2024 : quand le mieux est l’ami du bien).

Si le Santa Cruz Blur millésime 2023 est sorti avant le lancement des suspensions RockShox à 3 positions, celles-ci étaient bien commercialisées pour le grand public au moment de la sortie du Cervélo ZFS-5. Preuve en atteste, le modèle milieu de gamme (ZFS-5 GX AXS à 6499€) en est équipé !

Nos modèles de test sont tous deux équipés d’une commande au guidon pour le blocage des suspensions, mais sous une forme différente pour chacun d’eux : le Santa Cruz Blur (à gauche) dispose d’une commande tournante associée à un bouton permettant de basculer en mode ouvert, tandis que le Cervélo ZFS-5 est équipé d’une commande tournante où le passage entre ouvert/fermé se fait en tournant vers le haut/bas la poignée. Pour nous, la nouvelle commande est un réel progrès niveau ergonomie et bien plus agréable à manipuler.

Équipements : tout ce qui se ressemble n’est pas identique

Au-delà de toute différence quant au cadre et sa construction, la comparaison entre le ZFS-5 et le Blur révèle quelques différences intéressantes au niveau de l’équipement. On en a parlé quelques lignes plus haut, les suspensions sont identiques entre les deux modèles, seul le choix de la commande au guidon diffère.

Précisons d’entrée de jeu que si nos deux modèles de test sont similaires, ils ne sont pas parfaitement sur le même niveau de gamme. Au sein de la marque canadienne, c’est la mouture la plus exclusive (ZFS-5 XX SL AXS – 11 299€) qui nous a accompagnés durant notre période d’essai, tandis que c’est le Blur XO AXS RSV (9699€) qui nous a été prêté par la marque le temps de notre comparaison. Pour une comparaison tout à fait correcte côté fiche technique, il nous faut également comparer avec le modèle le plus haut de gamme de la marque californienne, à savoir le XX SL AXS RSV à 11 999€, avec qui le Cervélo partage la même transmission.

Pour la transmission, notre modèle de test en provenance de chez Cervélo est équipé d’un groupe Sram XX SL AXS, nec plus ultra dans cette nouvelle génération de transmissions T-Type (cf. Test | Sram Eagle AXS 2023 : sans égal). Le Santa Cruz Blur est quant à lui équipé de la plus accessible XO AXS T-Type.

Si l’on peut s’attendre à un équipement identique sur ces deux modèles haut de gamme, Santa Cruz a fait le choix d’opter pour des freins à 2 pistons (Sram Level Silver Stealth, photo du bas), là où Cervélo s’est tourné vers du 4 pistons (Sram Level Ultimate).

La différence se marque également au niveau des roues. Les deux modèles partagent les très bonnes jantes Reserve 28XC (cf. Test | Roues Reserve 28 XC : tolérance et performance), mais le Santa Cruz Blur est équipé de moyeux Industry Nine tandis que le Cervélo bénéfice de DT Swiss 240.

Le train roulant est également différencié entre les deux modèles, avec des pneumatiques Maxxis Rekon Race en 2,4 de section et carcasse EXO sur le ZFS-5, et une paire de Maxxis Aspen, dans les mêmes caractéristiques de section et carcasse, sur le Santa Cruz. Ne vous faites pas avoir par les photos illustrant l’article, où l’on peut observer le contraire. Il s’agit simplement d’une petite inversion lors de notre séance photo de ces deux modèles. Pour les besoins de l’essai, nous avons très peu roulé avec les Aspen, trop exclusifs, et nous avons préféré monter les deux vélos avec un combo Rekon Race à l’arrière et Forekaster 2 à l’avant pour une accroche optimale dans un large panel de conditions.

Là où le Santa Cruz Blur marque indéniablement des points face à son rival, c’est sur le sujet de la tige de selle télescopique. Le Blur est équipé d’une Fox Transfer SL dès le ticket d’entrée, en finition Performance sur les premiers modèles de la gamme et Factory sur le plus haut de gamme, là où le Cervélo pointe aux abonnés absents… la marque canadienne préférant opter pour une tige de selle fixe en carbone. On notera également que le ZFS-5 a un tube de selle pouvant accueillir du 30.9 mm alors que le Blur est en 31,6 mm.

Au rang des différences d’équipement, le poste de pilotage du Santa Cruz Blur est composé d’une potence Sram Atmos de 60mm et d’un cintre Santa Cruz en carbone, alors qu’on retrouve un ensemble RaceFace Next sur le Cervélo (potence de 35 mm et cintre de 760 mm).

Pour comparer au mieux (prix et transmission similaire), on devrait opter pour le Blur XX SL AXS RSV (11 999€). Dans cette mouture, les différences au niveau de la tige de selle, des freins et du poste de pilotage restent d’actualité. La transmission du Santa Cruz, quant à elle, s’aligne sur celle du Cervélo avec une Sram XX SL AXS T-Type. Les roues troquent leurs moyeux Industry Nine contre des DT Swiss 180.

Santa Cruz Blur VS Cervélo ZFS-5 : le test terrain :

La feuille de route de cette comparaison a été assez simple : rouler un maximum les vélos sur nos parcours de test habituels afin de pouvoir se faire une idée très précise des différences entre les deux châssis avant de les confronter lors de comparaisons directes. Par là, on entend rouler les deux vélos en passant de l’un à l’autre lors d’une même sortie, sur le même terrain et dans les mêmes conditions, afin de pouvoir pousser aussi loin que possible le ressenti des différences entre les deux châssis.

Comme on vous l’expliquait quelques lignes plus haut, nous avons également fait attention à rouler les deux vélos avec le même train roulant pour identifier les caractéristiques du châssis, sans interférence quelconque des pneumatiques.

La première impression qui s’est rapidement dégagée entre les deux châssis est leur philosophie respective. Si les faux jumeaux se ressemblent drôlement et partagent une construction très similaire, la cinématique qui en découle, et le ressenti une fois sur les sentiers qu’offre chacun de ces vélos, est pourtant bien différent.

Le Cervélo ZFS-5 est une pure machine de course où la performance prédomine. La marque ne s’en cache pas, l’objectif était de « créer un vélo rapide et efficace pour permettre à nos pilotes de s’exprimer sur les compétitions internationales ». Sur ce point, le pari est réussi ! Les accélérations sont franches et la rigidité de l’ensemble du vélo est bien présente. Mieux : on peut vraiment dire qu’il explose entre les jambes à chaque relance. Du côté du Santa Cruz, les accélérations sont franches, l’efficacité est au rendez-vous, mais c’est plus linéaire. Et la sensation de légèreté, pourtant bien présente sur le Blur, est encore un cran au-dessus sur le ZFS.

Aucun doute, on est face à deux vélos de cross-country modernes et performants. Pour l’un comme pour l’autre, la position de pédalage et le transfert de puissance sont faits pour permettre au pilote de se sentir en forme et de vouloir appuyer sur les pédales. Mais, même si elles sont subtiles, il y a bien des différences de ressenti quand on les confronte à ce niveau.

Pourtant, le châssis de Cervélo n’est pas radical pour autant dans sa recherche de performance. Le vélo peut dévoiler une seconde personnalité plus ludique quand cela s’avère nécessaire et il ne dédaigne pas à s’engager dans des parcours plus corsés et techniques. Mais on sent que son terrain de prédilection, c’est plus les petits singletracks sinueux et nerveux sans trop de pente, tandis que le Santa Cruz parvient parfois à se prendre pour un « mini enduro » alors que, pour rappel, on est sur la version avec le plus petit débattement (100mm).

A ce propos, notons que nous n’avons essayé aucun des deux en 120mm de débattement, mais sur nos deux vélos de test, nous n’avons jamais eu l’impression d’être limités en débattement.

Le ZFS-5 se laisse entraîner et accompagner dans les passages plus techniques, en montée comme en descente, mais cela nécessite une attention de tous les instants. Sans être inconfortable, le Cervélo est plus exigeant et l’on vient parfois à piloter sur des oeufs. Sur un parcours XC moyennement technique ou sur un marathon où les portions engagées sont rares/éparpillées sur le tracé, cela ne pose pas problème, mais le ZFS sera clairement moins reposant sur des parcours très techniques.

Là où Santa Cruz a conçu un vélo confortable, possiblement plus efficient sur la durée, Cervélo a préféré un châssis résolument efficace, quitte à perdre un peu en confort.

A contrario, le Santa Cruz Blur joue davantage la carte du confort et de l’accessibilité. La performance passe davantage par sa capacité à préserver le pilote et à le placer dans une situation idéale pour maintenir son effort au plus haut. On peut s’imaginer s’élancer sur des sorties à la journée sans être inquiété, ou bien sur les parcours XC les plus engagés.

Ce trait de caractère passe par différents facteurs : une plus grande souplesse du châssis, le montage d’une tige de selle télescopique de série ou encore un poste de pilotage moins rigide. Le réglage interne de l’amortisseur effectué par Santa Cruz est aussi davantage orienté vers le confort que celui du Cervélo.

À l’image d’une recette culinaire, les ingrédients sont les mêmes, mais la manière d’agrémenter cette base et de réaliser la recette a pour conséquence un résultat ayant une saveur tout à fait différente. Là où Santa Cruz a cherché à mettre sur roues un vélo confortable, plus facile, ludique et reposant à piloter et possiblement plus efficient sur la durée, Cervélo a préféré concevoir un châssis résolument efficace, quitte à perdre un peu en confort et à le rendre plus pointu à piloter.

Pas d’incompréhension, le Santa Cruz Blur demeure une machine de premier choix dans les ascensions et dans sa capacité à pédaler. Toutefois, le ZFS-5 parvient à repousser un peu plus loin encore le curseur de la performance. Si le Cervélo n’est pas plus rapide, il en donne l’impression à son bord. On se sent voler et chaque coup de pédale prolonge cette sensation, voire même l’amplifie.

Par contre, le Santa Cruz marque des points une fois que la pente s’inverse . Avec une plus grande accessibilité, le châssis invite plus facilement à s’élancer dans des portions techniques et compense davantage les petites erreurs de pilotage, là où le Cervélo risque d’être moins conciliant.

À ce sujet, le train roulant du Santa Cruz (Maxxis Aspen en 2.4 et carcasse EXO) ne conviendra peut-être pas aux pilotes moins aguerris : en raison de l’espacement entre la bande de roulement et les crampons latéraux, un léger décrochement peut se faire sentir et il est nécessaire de pouvoir mettre un peu d’angle pour permettre à ces crampons latéraux de prendre le relais et offrir le grip attendu. Nous nous sommes régulièrement félicités d’avoir opté pour les Maxxis Rekon Race/Forekaster pour la majeure partie de notre essai.

Plus brut dans sa manière de transférer les informations du terrain, le Cervélo invite à davantage de maîtrise et d’anticipation de la part de son pilote, alors qu’on a tendance à plus se relaxer avec le Blur. Une fois de plus, le résultat est le même – on arrive en bas avec les deux vélos – mais la philosophie pour y parvenir diffère.

L’absence de tige de selle télescopique sur le ZFS-5 constitue un faux-pas certain de la part de la marque canadienne. Ni une, ni deux, la tige de selle KS Circuit en pleine période de test a trouvé sa place sur le ZFS-5 (cf. Test | KS LEV Circuit : enfin une vraie rivale pour la Reverb AXS ?). Clairement, c’est indispensable !

Pour les deux modèles, nous n’avons pas pu nous empêcher de rêvasser de l’apport d’une position intermédiaire au niveau des suspensions. Totalement convaincus après notre test de la dernière génération en date de RockShox SID (cf. Test nouveauté | RockShox SID 2024 : quand le mieux est l’ami du bien), nous espérons voir tant la gamme ZFS que celle du Blur équipée de la plateforme de suspensions à 3 positions dans le futur. Pourquoi ? Tout simplement parce que tous les deux ont une petite tendance à s’affaisser de l’arrière dans les fortes ascensions. Si le sol est bien lisse, pas de souci, on bloque et c’est parfait. Mais si l’ascension est technique, le mode ouvert manque de support, alors que le mode bloqué fait perdre trop d’adhérence. Avec un mode intermédiaire, on peut solutionner tout cela.

Il nous faut également décerner un carton jaune pour la poignée tournante du blocage de suspensions du Santa Cruz Blur, sur lequel le déblocage s’effectue au moyen d’un bouton. Sans être plus ergonomique à l’usage que la poignée tournante haut/bas pour bloquer/débloquer comme sur le Cervélo ZFS-5, il est nécessaire d’atteindre le bouton pour ouvrir ses suspensions, ce qui n’est pas évident dans des passages qui sont parfois surprenants et où une solide prise en main du guidon est nécessaire. Elle a aussi rendu l’âme en cours d’essai.

Verdict

Si vous vous attendiez à ce que l’on décerne le titre de meilleur châssis entre ces deux modèles ou que l’on vous dise qu’il s’agit du même vélo sous une autre couleur, c’est loupé… Avec leurs propres personnalités et traits de caractère, la ressemblance de ces faux jumeaux se limite au premier coup d’oeil. Construction du cadre, composants et sensations sur les sentiers… tout diffère ! 

Retenu comme un coup de coeur lors du test de la génération précédente, le Santa Cruz Blur est parvenu à évoluer tout en conservant sa substance si particulière : confortable, agréable à piloter et mettant facilement en confiance, le Blur parvient à la performance en toute délicatesse. De l’autre côté du spectre, le ZFS-5 hérite de toute la philosophie de Cervélo : performance, vitesse, efficacité… Des mots qui résonnent au sein du châssis du premier tout-suspendu de la marque. Sans être inconfortable pour autant (loin de là même), le Cervélo est plus brut dans sa recherche de performance, à l’image d’une voiture de F1, l’objectif premier d’efficacité transparaît et déborde du cadre. Quoi qu’il en soit, les deux châssis sont des machines de cross-country bien dans leur époque et capables de pousser le curseur assez loin avant de sentir les limites du châssis. Avec chacun leur interprétation de la performance, la recherche du confort sur le long terme pour le Santa Cruz Blur ou l’efficacité pure pour le Cervélo ZFS-5, les deux vélos s’adressent finalement à un public aux attentes différentes. Les différences se jouent finalement dans les détails et lorsqu’on pousse les machines dans leurs retranchements, mais on conseillera davantage le Cervélo aux amateurs de longues distances plus roulantes, où la nervosité prime, alors que le Santa Cruz séduira bien plus les riders pour qui XC rime avec pilotage et technicité.

Pour retrouver notre test complet du Cervélo ZFS-5 : Test | Cervélo ZFS-5 : confort et performance ne sont pas des antonymes

Pour plus d’informations sur le Cervélo ZFS-5 : https://www.cervelo.com/fr-FR/bikes/zfs-5

Pour plus d’informations sur le Santa Cruz Blur : https://www.santacruzbicycles.com/fr-FR/bikes/blur

ParAdrien Protano