Dream Build | Specialized Epic Evo S-Works : l’heure du bilan - Specialized Epic Evo Dream Build : test terrain et conclusions

Par Olivier Béart -

  • Tech

Dream Build | Specialized Epic Evo S-Works : l’heure du bilan - Specialized Epic Evo Dream Build : test terrain et conclusions

Vous avez été plus de 2000 à nous livrer votre vision de ce que serait le « down-country » de vos rêves, sur base d’un magnifique cadre Specialized Epic Evo S-Works. Il est maintenant temps de vous dévoiler notre version de ce montage, qui suit largement mais pas entièrement les grandes tendances dégagées lors de notre enquête. Et surtout, de vous expliquer les raisons de nos choix et de les confronter à la réalité du terrain après un peu plus d’un mois d’essai. En selle pour un article en forme de triptyque avec le montage de la bête, les premiers tours de roues au Roc en compagnie d’un des premiers Specialized Stumpjumper produits il y a 40 ans, et enfin le test complet sur nos terrains de jeu habituels !

Specialized Epic Evo Dream Build : test terrain et conclusions

De retour à la maison, c’est le moment de poursuivre le test et de jeter un œil critique sur les choix que nous avons posés. Ou, pour le dire autrement, de confronter le rêve à la réalité.

A propos de réalité, même si on avait dit qu’on ne parlait pas de budget dans le cadre de ce genre de montage, nous avons tout de même sorti la calculette. Il est toujours difficile de calculer un prix précis en se basant sur des tarifs « officiels » car ceux-ci ont tendance à beaucoup varier en ce moment, et à ne pas non plus refléter les tarifs qu’il est possible d’obtenir réellement en cherchant un peu. Mais tout de même, il est intéressant de constater que même si le kit cadre de l’Epic Evo S-Works est très, très cher (4500€ en 2021), nous arrivons à un total qui tournerait entre 11000€ et 12000€ pour notre montage, soit assez nettement moins que les 13500€ demandés pour la version « de série ». Si, dans le milieu de gamme, il est quasiment impossible de faire des économies avec un montage à la carte, il semble que quand on parle de montages de rêve comme ici, il soit possible de combiner personnalisation et tarif plus intéressant.

A la maison, nous en avons aussi profité pour peser le vélo. Verdict de la balance : 9,815kg avec porte-bidon et pédales. Pas mal pour un 120mm avec de gros pneus ! Il faut dire que la base est excellente, avec un cadre que nous avons pesé à seulement 1750g, ce qui en fait un des plus légers du marché.

Ce poids plume est d’ailleurs un des points qui se ressentent le plus sur le terrain. Nous avons la chance d’avoir essayé pas mal de vélos légers et haut de gamme, mais cet Epic Evo S-Works dégage une impression de légèreté assez impressionnante. Cela se ressent surtout dans les longues ascensions, où on tient très facilement un train élevé sans ressentir la moindre pénalité.

Dans ce cas, l’absence de blocage au guidon n’est pas vraiment un souci, si on adopte un pilotage « marathon » avec un rythme élevé mais assez stable, linéaire. Si vos sorties sont plus nerveuses et pleines de changements de rythme, le montage de blocages au guidon pour les suspensions s’avèrera certainement un bon choix… et on pourra même songer à s’orienter vers la version purement XC en 100mm équipée du fameux système Brain.

Pour rester dans les suspensions, en descente, la SID est absolument parfaite. Par rapport à la Fox 34 SC, elle aussi extrêmement performante, elle joue peut-être un poil moins dans le registre de l’onctuosité et elle se montre un poil plus ferme, mais nous aimons beaucoup le fait qu’elle reste toujours haut dans le débattement. Côté rigidité, aucune fausse note, elle assure aussi parfaitement, ce qui permet d’aller très, très vite avec une grande précision dans les trajectoires.

A l’arrière, l’amortisseur SID est moins convaincant. Il nous semble meilleur que sur le premier Epic Evo que nous avons testé au moment du lancement, mais il y donne toujours l’impression d’un petit retard sur les impacts et de ne pas suivre quand c’est vraiment cassant. Bref, si la SID et la F34SC font jeu égal au niveau de la proue avec juste des styles un peu différents, pour ce qui est de l’amortisseur, nous aurions vraiment envie d’essayer le Fox Float qui équipe désormais l’Epic Evo en 2022.

Et le reste de notre montage ? Du côté de la transmission, pas de surprise, le Sram XX1 AXS fonctionne à la perfection. Nous utilisons le XX1 mécanique depuis sa sortie en 2017 et nous n’avons toujours pas dû changer la cassette (qui a fait 4 chaînes). Le groupe fonctionne toujours à merveille également, tout comme le XO1 AXS que nous testons également depuis sa sortie il y a un peu plus de deux ans maintenant. De quoi augurer pas mal d’années de plaisir avec ce XX1 AXS qui marie précision, douceur et facilité d’utilisation.

Pour ce qui est des commandes au cintre sous forme de petits boutons, nous étions curieux d’essayer mais vraiment sceptiques. Eh bien finalement, nous avons fait une très belle découverte ! Le temps d’adaptation est moins grand qu’avec la commande Sram AXS VTT habituelle, qui ressemble fort à un shifter mécanique mais qui a une logique de fonctionnement différente et qui impose donc une petite gymnastique cérébrale. Ici, on est sur un principe tout à fait différent, puisqu’on a un bouton pour monter les rapports sur la cassette (à gauche pour nous – et c’est personnalisable via l’app) et un autre (à droite) pour les descendre. Simple, efficace et finalement bien plus intuitif que ce qu’on imaginait ! Même les autres testeurs à qui nous avons fait essayer le vélo l’ont adopté en quelques kilomètres. Bref, c’est une alternative très crédible !

Par contre, nous n’avons pas du tout accroché au bouton de commande de la tige de selle Reverb AXS incrusté dans le grip gauche. Cette solution, inspirée de celle utilisée en coupe du monde par quelques top pilotes, ne nous a pas du tout séduits. Déjà, intégrer le bouton dans le grip est une prise de tête et il est difficile de faire une découpe bien propre, mais sur le terrain, le maniement est complexe et peu naturel à nos yeux. On cherche le bouton, il faut un peu de force pour l’actionner et cela nous a semblé tout sauf naturel. Bref, ce petit bouton va donc partir rapidement et nous allons tester une autre solution offerte par le système AXS : appuyer simultanément sur les deux petits boutons de commandes de vitesses pour actionner la tige de selle ! Affaire à suivre. Au pire, nous pourrons toujours mettre la commande classique.

Sujet sensible : les freins. Sram n’était clairement pas le premier choix, mais sont-ils si terribles que cela ? Soyons de bon compte : ce combo Level/G2, ça freine quand même. Ok, la puissance n’est pas leur première qualité, mais nous n’avons jamais eu l’impression d’être en délicatesse. Nous n’avons pas roulé en montagne avec du gros dénivelé pour vérifier l’endurance, mais sur des reliefs comme ceux du Sud de la France ou des Ardennes, ils ne sont pas en difficulté. Leur progressivité et le toucher des leviers est, par ailleurs, très agréable. Reste que Sram peut certainement faire mieux et devrait repartir d’une feuille blanche pour réellement mettre ses freins au niveau du reste des équipements proposés car on trouve effectivement mieux sur le marché. Un dernier point concernant ce chapitre : le combo disque plus grand et étrier 4 pistons devant fonctionne vraiment très bien et la différence avec l’arrière, bien perceptible, n’est pas trop importante et ne rend pas l’ensemble incohérent. Une bonne idée, donc !

Du côté des roues, si on peut avoir plus léger et un poil plus dynamique avec des montages artisanaux plus légers et plus pointus, ces roues Roval Control 29 Carbon figurent parmi les très bonnes surprises de ce montage. Sans être les plus haut de gamme, elles offrent des prestations très convaincantes sur le plan du rendement et elles dégagent une impression de grande robustesse qui contribue beaucoup à la confiance éprouvée au guidon de cet Epic Evo qui n’a rien d’un vélo de salon. Les pneus Specialized de nouvelle génération sont aussi remarquables. Bien sûr, le Renegade à l’arrière n’est pas très à l’aise quand c’est humide et il cédera sa place utilement à un deuxième Fast Track pour l’arrière pour l’hiver, mais dans la rocaille, il est complètement dans son élément avec un compromis rendement/traction bluffant. A l’avant, le Fast Track procure une accroche irréprochable sur le sec et ne perd rien de sa superbe dans des conditions plus humides où on sent que sa gomme tendre parvient à bien accrocher les moindres aspérités pour garder le contrôle même quand c’est glissant.

Un dernier point avant de conclure, sur les autres composants retenus. Le poste de pilotage Gemini, que nous roulions déjà sur un précédent vélo, est bien à sa place sur ce Dream Build. Son poids record de 150g n’en fait pas un objet de vitrine ! Sa rigidité est tout à fait correcte pour peu qu’on ne fasse pas 100kg ou qu’on n’ait pas des bras de Hulk, et aucun élément ne nous fait douter de sa solidité. Seuls petits regrets : le support GPS est en option et doit être collé sur l’avant du cintre, et l’interface potence/fourche manque peut-être un peu de surface car, si la rigidité de l’ensemble est bonne, on peut parfois ressentir qu’il y a un peu de flex au niveau de la connexion avec la fourche. Nous avons aussi choisi d’indispensables grips en silicone, pour un bon compromis poids/confort/accroche, et une selle Specialized Power dont nous apprécions toujours l’ergonomie qui permet de rouler très longtemps sans ressentir de douleurs ou engourdissement. Mais il s’agit d’un point très personnel…

Conclusion

Vous nous avez livré votre vision de ce que serait votre vélo XC/down-country de rêve. Nous l’avons en grande partie suivie et nous vous en avons aussi livré notre interprétation. Un moment de rêve et de plaisir, oui, mais aussi beaucoup d’enseignements tirés sur les tendances et ce qui vous séduit. Mais ce Dream Build est aussi l’occasion de voir si le rêve ne se transforme pas en cauchemar dans le monde réel à cause de choix qui sembleraient intéressants sur papier et dans les méandres de nos cerveaux de passionnés, mais qui s’avèreraient en fait difficilement utilisables, peu fiables ou pas pratiques en réalité. Si on a vu beaucoup de Dream Build qui ont pu, par le passé, être avant tout des vélos de salon, ce n’est absolument pas le cas ici. On peut envoyer du lourd et rouler très fort avec ce Specialized Epic Evo S-Works monté à la carte !

Mis à part quelques petits détails, comme la commande de tige de selle télescopique, le cocktail constitué ici apparaît comme particulièrement cohérent et surtout particulièrement jouissif à utiliser ! Bien sûr, nous aurions peut-être faire encore plus exotique, mixer encore plus de marques et de pièces différentes. Nous allons d’ailleurs continuer à le raffiner, à nous en servir comme base de test pour différentes pièces et à l’utiliser pour voir sur le long terme s’il continue de nous donner satisfaction, mais tous les feux semblent au vert pour aborder l’avenir sereinement. Et nous espérons que, même si ce genre de montage restera hélas de l’ordre du rêve pour beaucoup, vous aurez passé un bon moment en suivant cette aventure, en jouant avec nous, et que certains points vous inspireront pour vos montages. Une chose est sûre, ce n’est pas le dernier Dream Build Vojo et nous avons encore plein d’idées, y compris certaines qui vous impliqueraient encore plus ! Stay tuned !

[summary

ParOlivier Béart