Dossier | Gravel bike, qui es-tu ? 5 tests toutes saisons pour le savoir ! - Canyon Inflite : ne l'appelez pas gravel !

Par Olivier Béart -

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Dossier | Gravel bike, qui es-tu ? 5 tests toutes saisons pour le savoir ! - Canyon Inflite : ne l'appelez pas gravel !

Canyon Inflite : ne l’appelez pas gravel !

Le Canyon Inflite n’est autre que la nouvelle monture de Mathieu van der Poel en cyclocross. Un vélo développé avec un seul but : enchaîner les victoires dans les labourés. Mais cette véritable machine de compétition est-elle roulable par vous et moi ? Un pur cyclocross pensé pour rouler à bloc pendant une heure est-il exploitable autrement ? En quoi se différencie-t-il des vélos dits « gravel » ? Réponses avec notre test :

Mais au fond, un cyclocross, c’est quoi ? Dans la vision de Canyon, au niveau de la géométrie, c’est un vélo relativement long, combiné avec une potence courte. Ca ne vous rappelle rien ? Mais si, bien sûr : les tendances en matière de VTT ! Cet empattement allongé est combiné à un angle de direction assez droit (72,5°) et à un déport de fourche augmenté pour garder la vivacité de la direction. Là, par contre, on s’écarte des préoccupations du VTT.

Le poste de pilotage mérite un petit focus, puisqu’il s’agit d’un ensemble en carbone d’une seule pièce conçu par Canyon. Outre son look, il se montre à la fois très rigide en torsion, mais assez tolérant verticalement. Il n’y a pas non plus de vis apparentes au niveau de l’arrière de la potence. Propre et bien pour la sécurité aussi.

Pour le reste, les équipements se rapprochent assez fort de ce qu’on trouve sur d’autres vélos de gravel (l’Orbea Terra, par exemple), notamment au niveau de la transmission Sram avec plateau de 40 dents et cassette 11/32. Par contre, on a ajouté un anti-déraillement intégré pour éviter tout saut de chaine.

On dispose aussi d’excellentes roues Reynolds à jantes hautes et larges qui permettent de se frayer un chemin dans la boue sans trop de mal, sans oublier de rester assez tolérantes. Une très bonne surprise. Le poids du vélo en est aussi une, puisqu’on arrive à 7,6kg sans pédale pour le modèle testé ici.

Depuis sa sortie en version SLX haut de gamme, le Canyon Inflite s’est aussi décliné dans une version SL moins chère et un peu plus lourde mais qui devrait conserver un comportement quasi identique sur le terrain (c’est en tout cas le cas pour le VTT Exceed SL par rapport au SLX), ainsi que dans une version en aluminium chargée d’offrir une option vraiment accessible dans la gamme cyclocross de la marque allemande (à partir de 1399€).

Comme toujours chez Canyon, le rapport qualité/prix/équipement est assez remarquable. La version tout haut de gamme testée ici ne dépasse pas les 4599€ avec des roues carbone haut de gamme et on peut déjà s’offrir un modèle avec cadre carbone SL pas mal équipé pour 1999€.

Sur le terrain

A vrai dire, nous ne savions pas trop à quoi nous attendre en montant sur ce Canyon Inflite. On avait surtout peur de tomber sur une machine ultra exigeante, pointue et quasi inexploitable pour un quidam comme nous. Erreur ! Grosse erreur ! Cette machine à gagner, avec laquelle Mathieu van der Poel a remporté presque toutes les courses sur lesquelles il s’est aligné (à l’exception notable des championnats du monde), est aussi un merveilleux jouet pour aller s’amuser dans les champs… et dans les bois !

Avec l’expérience de l’Orbea Terra et du Ritchey Outback que nous avions testé avant cet Inflite, on y est d’abord allé mollo, en commençant par les grands chemins sans autre difficulté que quelques passages ravinés par les pluies. Déjà là, on sent que l’Inflite offre un vrai confort et une qualité de filtration des vibrations insoupçonnée. Quand on accélère, en plus de l’extrême vivacité du cadre, cela permet aussi de profiter d’un excellent grip, et d’une roue qui reste collée au sol quasi en toutes circonstances. En cela, il rappelle très fort un VTT, le poids en moins, et avec encore plus d’explosivité.

La position est aussi fort différente de celle d’un vélo de route. On est plus ramassé et nous avons particulièrement apprécié la potence courte ainsi que la forme du cintre du Canyon, qui donnent une grande maîtrise dans les portions techniques. Au début, on y va doucement, mais on finit par prendre des descentes vraiment raides qu’on passe habituellement en VTT… et le Canyon Inflite nous a surpris par l’aisance avec laquelle il s’en est sorti. Aucun gravel de ce dossier (mis à part le cas… à part du Chiru) ne nous a montré un tel visage.

En côte, il grimpe comme un cabri et tant qu’on a les cuisses, la position est idéale pour venir à bout des pourcentages les plus raides. On a du grip, un cadre nerveux qui rend bien la puissance et des pneus Schwalbe qui forment un bien meilleur couple avec les jantes Reynolds de l’Inflite qu’avec les Fulcrum de l’Orbea. Puis, quand ça coince, on porte le vélo sur le dos, et c’est vrai que la forme du cadre rend l’opération facile et confortable.

Eh oui, sur un cyclocross, on enchaîne les portions raides… aussi en descente ! Et cela se sent que l’Inflite est taillé pour cela. Malgré l’angle de direction très redressé (par rapport à des valeurs de VTT) et le cadre fort haut, on peut s’attaquer à des passages très pentus sans appréhension et, mis à part de grosses sections pleines de pierres où l’absence de suspension ainsi que les petits pneus sont trop pénalisants, nous sommes parvenus à rouler dans bien plus de chemins VTT qu’avec n’importe quel vélo dit « gravel ».

En côte aussi, on sent que le vélo est fait pour dompter des passages complexes et, une fois encore, ce sont uniquement les braquets qui ont fini par limiter nos ardeurs. Par contre, quand on peut passer sur l’élan et juste donner deux ou trois coups de jarrets en haut de la petite bosse pour franchir l’obstacle, on sent que c’est aussi dans ses gènes. Et c’est particulièrement ludique ! Pour tout vous dire, nous avons pris un pied immense au guidon de l’Inflite, y compris en allant jouer dans la boue, où ses jantes carbone hautes et ses petits pneus aident à se frayer un chemin là où il y a de grandes chances qu’on reste bloqué avec un VTT.

Où le Canyon Inflite pèche par contre franchement, c’est sur route. Malgré son guidon courbé, il se comporte bien plus comme un VTT sur les sections asphaltées. Sans qu’on s’explique exactement pourquoi, nous avons constaté qu’il n’est pas facile de conserver une vitesse élevée (au-delà de 30km/h) et qu’il préfère un pilotage saccadé, fait de freinages et de relances, aux longues portions droites où on emmène du braquet. Garder le tempo dans un peloton est tout sauf facile et mieux vaut le savoir avant l’achat : son aisance dans les bois et les labourés se paie du côté de la polyvalence, moins grande qu’un pur gravel du côté « route » du spectre.

Verdict

S’il ne réserve pas ses charmes aux seuls champions de cyclocross, le Canyon Inflite n’en reste pas moins un vélo très typé. Proche par moments d’un VTT et capable de prendre (presque) les mêmes les chemins, il se montre particulièrement fun et joueur dans les bois. Sur route, il joue aux paresseux, mais si votre but est juste d’avoir un vélo pour donner des saveurs différentes à vos sorties hivernales dans les bois ou dans les champs, alors sans hésiter, l’Inflite est un excellent choix. Pour nous, c’est même un gros coup de cœur !

Plus d’infos : https://www.canyon.com/fr/road/inflite/

ParOlivier Béart