Découverte | Couleurs d’automne au Québec #4 : Bromont

Par Olivier Béart -

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Découverte | Couleurs d’automne au Québec #4 : Bromont

Voici la 4e et dernière partie de nos aventures outre-Atlantique ! Juste avant l’arrivée des premiers flocons, Vojo, Orbea et Sram ont eu l’occasion de partir pour le Canada et d’emmener Yohan, un de nos lecteurs, à la découverte de quelques-uns des plus beaux sentiers de vélo de montagne du Québec, en compagnie de ceux qui les ont créés et qui les entretiennent. Dans cette 4e partie de notre trip, nous prenons la direction d’un autre nom légendaire du Québec : Bromont. Comme Mont-Ste-Anne, la Coupe du Monde VTT y a un temps fait étape, mais c’est aujourd’hui loin des courses et grâce à une petite communauté de personnalités fortes, atypiques et très actives que la légende perdure.

Après avoir découvert St-Raymond et Shannahan lors des premiers jours de notre escapade au Québec, puis le Lac Beauport et les Sentiers du Moulin, et ensuite fait étape au Mont-Ste-Anne, nous terminons nos aventures québécoises en nous rapprochant de Montréal, pour faire un dernier arrêt à Bromont. Un nom aussi connu, où la Coupe du Monde de VTT a déjà fait étape par le passé et qui abrite toujours le Centre National du Cyclisme.

Pour arriver jusque là, il y a un peu de route : trois bonnes heures. Les vélos doivent être démontés, rangés dans le camion, et on en profite pour vérifier que tout est toujours ok au niveau mécanique. En chemin, le ciel est gris et l’autoroute franchement morne. Aucun relief, des bandes quasi désertes… même en approchant de Bromont, on se demande un peu où on va pouvoir rouler. C’en est presque déprimant. Mais le sourire complice de Remy, notre G.O. de cette magnifique semaine, nous rassure. Il a même un temps envisagé d’aller habiter là, c’est dire !

Comme si c’était un signe, quand nous approchons de notre destination, le soleil refait son apparition. Il illumine une nouvelle fois les couleurs d’automne de la forêt. Magique. La région est très prisée des Montréalais et les grosses villas sont légion. Celle de nos guides, Emilie et Bob, deux figures du VTT local à la simplicité et au sourire communicatifs, paraît presque petite à côté de certains immenses complexes. Mais elle a de quoi faire rêver pas mal de bikers, avec son sous-sol dédié au vélo de montagne et son accès quasi direct aux sentiers !

Outre Emilie et Bob, nous pouvons aussi compter sur Jo Allard (le grand barbu) pour nous guider, ainsi que sur Fred Poulain, distributeur local d’Orbea. Mais aussi et surtout sur la présence exceptionnelle de la légende locale Eric Belanger (en bas). Eric est un personnage discret, presque secret, que pas mal de riders locaux n’ont même jamais rencontré. Pourtant, il passe une bonne partie de sa vie dans la montagne à shaper, shaper et encore shaper. La plupart des pistes du coin, c’est à lui qu’on les doit. Exceptionnellement, il a accepté de se joindre à nous et de se laisser prendre en photo, ce qui, les locaux vous le diront, est un petit événement en soi.

En hiver, Bromont est une station de ski huppée. Mais quand la neige est absente, on profite des pistes pour remonter et accéder au sommet. Ca monte parfois fort, mais c’est finalement un moyen assez facile de remonter, quand les télésièges sont à l’arrêt. C’est aussi l’avantage de rouler sur un trailbike polyvalent et pas trop lourd sur ce genre de trip, plutôt que sur un gros enduro…

Au fur et à mesure de notre grimpette, des options de chemins plus étroits s’offrent à nous. Quand la forêt s’ouvre un peu, et quand les arbres ont moins de feuille à l’approche du sommet du Mont Chevreuil (situé à un peu moins de 500m, alors que le bas de la station est à 139m), on se rend compte qu’on roule juste sur quelques « pains de sucre » posés au milieu d’immenses plaines sans grand relief. La sensation de rouler dans un petit coin de paradis n’en est que renforcée.

Rapidement, nous découvrons des pistes travaillées de manière incroyable. Depuis le début de la semaine, nous allons de surprise en surprise, mais une fois encore nos yeux s’écarquillent. Imaginez un bon vin : en le dégustant, vous sentez à la fois le terroir et la patte du vigneron. Ici, c’est pareil !

Le granit s’effrite et se transforme en une petite poussière parfaitement drainante. Au bord de la piste, les fougères sont reines, comme les érables et quelques conifères qui poussent naturellement.

On roule, on roule, et on savoure cet équilibre parfait des virages, ce subtil mélange de respect du relief et d’aménagements. « Je peux passer des heures sur un virage, un caillou. Je le place, le replace, le déplace, jusqu’au moment où je trouve que c’est parfait » : les paroles d’Eric Belanger prennent tout leur sens. On touche ici presque plus à l’orfèvrerie qu’au trail-building, et à rouler, c’est juste fabuleux.

Des heures de travail, il y en a. Des centaines, des milliers même. Ces trails, c’est le travail d’une vie. D’abord d’un homme et de quelques autres bikers, et aujourd’hui de toute une série de petits groupes qui font vivre ce massif. Car, loin d’être une « diva », Eric Belanger aime voir la montagne vivre, que d’autres retouchent ses traces, les fassent évoluer,…

D’ailleurs, la magie de Bromont ne s’arrête pas là. Au détour d’un sentier, Emilie nous arrête et nous montre un petit panneau de bois, très discret, portant l’inscription « Hummus », le nom du trail. « C’est une des premières que j’ai faites. Maintenant, il y en a sur presque tous les sentiers. Et certaines, comme sur la Mordor, sont beaucoup plus travaillées. » En étant attentifs, on remarque aussi que toute une série de petits objets sont posés ça et là sur les bords du sentiers, posés tels des offrandes par des riders anonymes désireux de montrer leur reconnaissance aux créateurs des sentiers par ces petits clins d’oeil.

Joueur, Eric Belanger cache aussi des petits stickers dans des recoins de roche ou sous de mini lampes solaires sur ses pistes. Les trouver devient un véritable sport local et on les arbore sur son bike avec une grande fierté. Comme quoi, le vtt ici est bien plus qu’un sport mais carrément un art de vivre.

Aujourd’hui, ce travail est largement reconnu et de nombreuses traces créées à la base en mode « pirate » par les pionniers de Bromont sont aujourd’hui officiellement reconnues. Hélas, une grosse ombre se pointe sur ce tableau idyllique…

Un bruit assourdissant se fait entendre tout à coup au détour d’un virage : d’énormes engins construisent de nouvelles pistes de ski à grands coups de pelle, voire même de bâtons de dynamite. Chez nos amis, c’est l’incompréhension : « Ils saccagent des zones entières pour faire de grandes pistes bleues faciles. Et cela, alors qu’il y a de moins en moins de neige. Franchement, on ne comprend pas. Et nos trails de VTT, c’est bien le dernier de leurs soucis, » s’emporte Eric, bien décidé cependant à ne pas abandonner le combat.

Rapidement, Bob nous emmène loin de ce tumulte. On retrouve ces trails magiques et paisibles qu’on aime tant. Jo Allard et Simon lui emboîtent le pas.

La nature reprend vite ses droits, et le petit bruit de nos pneus ne fait pas peur aux nombreux animaux du coin qui nous observent d’un peu partout et qui se laissent même observer à plusieurs reprises.

On s’enfonce encore un peu plus dans l’épaisseur de la forêt, et la densité de trails est telle que nous roulons des heures durant en croisant et re-croisant des trails déjà empruntés, mais en roulant en fait toujours à des endroits différents.

Même les pistes en montée ont été travaillées. Des gars ont passé leur temps à disposer les pierres une à une pour créer des trails à l’assise stable et durables, à la fois faciles à grimper mais techniques juste ce qu’il faut pour s’amuser alors qu’on est en train de grimper. Les mots nous manquent…


Le soleil va bientôt se coucher. Quelqu’un suggère qu’on grimpe encore un peu pour aller voir cela depuis un promontoire sur le sommet. Validé !

Au-dessus, on se sent juste bien. Heureux d’être là. De faire un sport qui nous permet de vivre ce genre d’aventure, de rencontrer de telles personnes.

Gaz en grand, on redescend juste avant la tombée de la nuit… et juste à temps pour céder à la célèbre coutume de la « bière parking » !

Eh oui, cette fois, c’est bel et bien fini ! Mais comme le dit la devise du Québec : « Je me souviens. » En effet, voilà une aventure que nous ne sommes pas près d’oublier et que nous avons pris un plaisir immense à partager avec vous. Tout ce qu’il nous reste à vous souhaiter, c’est d’un jour aller y poser vos crampons !

Les autres articles de notre trip :
#1 : St-Raymond et Shannahan
#2 : Lac Beauport et Sentiers du Moulin
#3 : Mont-Ste-Anne
Le bikecheck de l’Orbea Occam piloté par Yohan, grand gagnant de notre concours

Pour ceux qui seraient tentés par l’aventure, LGB Organisations & Travel organise une nouvelle session à la découverte de ces magnifiques sentiers, du 26 mai au 2 juin 2018 !
Merci à Orbea et Sram d’avoir rendu ce trip possible.

ParOlivier Béart