Comparatif | VTT Marathon : ma saison sur des vélos Trek – ProCaliber vs Supercaliber
Par Rémi Groslambert -

Pour la saison 2025, notre marathonien attitré Rémi Groslambert évolue sur des vélos de la marque Trek. À sa disposition, deux bêtes de course : un semi-rigide, le ProCaliber 9.7, et un tout-suspendu, le SuperCaliber SLR 9.9 2ème génération. En fonction de son calendrier de course et des différents terrains de jeu rencontrés, Rémi pourra jongler entre ces deux modèles. Qu’est ce qui caractérise et différencie ces deux vélos ? Comment Rémi choisit-il sa monture avant chaque course ? Voici son analyse et ses explications :
Petit rappel d’entrée de jeu, je suis spécialisé dans le XC marathon, qui se caractérise par la longueur des parcours. Ces derniers sont majoritairement roulants et naturels, avec parfois de forts dénivelés. J’habite à Annecy où le terrain est plutôt raide et cassant avec encore une fois de nombreuses ascensions et assez peu de plat.
Mon calendrier de course s’effectue à 80% dans les Alpes même s’ il y a quelques exceptions au cours de l’année : Andalucia Bike Race, coupe du monde en Andorre, Roc d’Azur, etc.
Du côté de mon profil, j’ai un gabarit typé “grimpeur” assez léger. Caractéristique importante chez moi, je manque de force et je pédale en vélocité pour combler ce déficit.
Techniquement, je suis plutôt à l’aise sur les parties techniques et descentes des parcours marathon. Le fait de rouler à vue sur ces tracés impose de toujours garder une marge de sécurité. Les descentes sont parfois techniques mais jamais engagées et mon bagage technique acquis sur les circuits XCO par le passé me suffit à être à l’aise.
Trek, comme une évidence
Maintenant que les présentations sont faites, passons au coeur du sujet : les vélos ! Lorsque je cherchais une marque idéale pour m’accompagner dans mon projet de saison 2025, Trek a rapidement fait partie de la « shortlist ». Vu que la marque a eu du répondant et a été motivée par ce projet de comparaison au long cours, j’ai pu me lancer sur les courses au guidon de deux très belles machines.
J’avais deux critères très importants : le semi-rigide doit être extrêmement tolérant de l’arrière et le tout-suspendu doit avoir un très fort rendement une fois bloqué.
J’avais deux critères très importants : le semi-rigide doit être extrêmement tolérant de l’arrière et le tout-suspendu doit avoir un très fort rendement une fois bloqué. Effectivement avec sa nouvelle technologie IsoBow, le ProCaliber offre un vrai confort du train arrière tout en restant réactif. En ce qui concerne le SuperCaliber 2ème génération, c’est un vélo qui m’avait bluffé lorsque je l’avais testé lors de sa sortie : une fois bloqué, on se sent comme sur un semi-rigide, le rendement est exceptionnel. Très peu de vélos offrent ce comportement sur le marché. Dans ma shortlist, nous retrouvions également le Specialized Epic World Cup ou le BH Lynx SLS, tous deux avec une philosophie comparable, mais c’est finalement avec Trek que nous avons concrétisé.
Le Trek Procaliber 9.7 :
Zoomons un peu sur ces deux machines ! Commençons par le semi-rigide, le Procaliber 9.7, dévoilé il y a un peu moins d’un an (on vous en parlait en détail juste ici : Test VTT | Trek Procaliber : le renouveau du XC semi-rigide réussi). C’est la troisième génération du nom, et pour ce nouveau cru, la technologie IsoSpeed laisse place à l’IsoBow. Fini le système de jonction spécifique du top tube et du tube de selle, maintenant, tout repose sur la flexion du carbone autour du tube de selle.
Les haubans sont très fins afin de proposer un maximum de flexion et le tube supérieur accueille une large ouverture afin d’accepter un maximum de déformation. Le tube de selle peut donc fléchir d’avant en arrière afin de proposer du confort sous l’assise du pilote. La fibre de carbone utilisée est la toujours incontournable OCLV qui propose une excellente résistance et que Trek a raffiné depuis maintenant plus de 30 ans au fil des évolutions successives.
La géométrie de ce vélo est très moderne, avec un angle de direction de 67 degrés, ce qui est très ouvert pour un semi-rigide. On peut également y monter une fourche de 110 ou 120 mm, contre 100 précédemment, on sent que ce châssis suit la tendance actuelle. Le boîtier de pédalier accepte la déformation tout en gardant un comportement dynamique, cela permet de conserver la roue arrière collée au sol et d’améliorer la traction.
Le Trek SuperCaliber 9.9
En ce qui concerne le SuperCaliber, le tout-suspendu de la marque, c’est un vélo pour le moins particulier. Son système de suspension est très exclusif, pensé pour la rigidité et la réactivité avant tout. Tout d’abord, l’amortisseur est une glissière, son trajet est rectiligne et celui-ci est fixé au tube supérieur. Ensuite, le pivot au niveau de la roue arrière est basé uniquement sur la flexion du carbone, c’est la solution la plus rigide et optimisée au niveau poids parmi celles utilisée sur le marché.
Lorsque vous bloquez l’amortisseur, vous avez la même sensation de rendement que sur un semi-rigide, c’est surprenant.
Ensuite, au niveau du pédalier, le point de pivot sur roulements est massif avec un bridge devant le tube superieur pour augmenter encore la rigidité latérale. Résultat, lorsque vous bloquez l’amortisseur, vous avez la même sensation de rendement que sur un semi-rigide, c’est surprenant. Hormis cela, le cadre est particulièrement léger, 1.95 kg annoncé en taille M, ce qui en fait une vraie arme en montée. Il offre 80 mm de débattement à l’arrière et 110 mm à l’avant. Sa géométrie est plutôt moderne sans être extrême, c’est exactement ce qu’il faut pour du VTT marathon.
Attention, c’est un vélo au comportement très exclusif. Sa rigidité en fait un vélo très précis et incisif. Il pardonnera moins les erreurs qu’un vélo de XCO plus classique en descente, c’est une vraie lame qu’il faut piloter avec agilité.
Des vélos de série… personnalisés !
Mes configurations : en ce qui concerne le ProCaliber, je le roule en taille L avec une potence de 70 mm, un cintre de 680 mm et une fourche Fox SC34 en 120 mm. Pour le mondial marathon je monterai une SC32 100 mm pour gagner un peu de poids.
Le groupe est un Sram XX SL, avec des pédales à capteur de puissance de chez Assioma. Je roule tous mes semi-rigides sans tige de selle télescopique. Les freins sont des Shimano XTR avec disques Galfer Wave road et les poignées sont des ESI en silicone. J’ai tout le matériel de réparation embarqué : attaches rapides, mèches, cartouche, multi-outil, dérive-chaîne.
Le centre névralgique d’un semi-rigide est son train roulant, afin d’avoir un maximum de tolérance. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, je roule des roues de ma propre marque, Evoride, montées avec les rayons textiles Berd Spokes sur les nouveaux moyeux Tune Nano. Elles sont pensées et montées pour être particulièrement tolérantes. Je roule un insert anti-pincement PTN à l’arrière uniquement, là où il y a le plus de risque de crever par pincement, surtout sur un semi-rigide. J’ai choisi un Specialized Renegade 2.30 ancienne génération à l’arrière et un prototype Michelin à l’avant que je teste pour la marque. Mes pressions sont autour de 0.90 bar pour un poids équipé d’environ 65 kg.
En ce qui concerne le SuperCaliber, le montage est globalement similaire. Je roule l’amortisseur avec le maximum de tokens (2) afin de pouvoir baisser la pression et d’obtenir un peu plus de sensibilité en début de course et de progressivité à la fin. J’utilise une tige de selle téléscopique DT Swiss D232 One avec seulement 60 mm de débattement que j’apprécie pour son poids contenu et sa fluidité. Je roule ici sur un taille M/L avec un potence de 110 mm. Selon les parcours, je peux opter pour des roues à rayons acier Sapim CX-Ray pour apporter plus de dynamisme et de précision, ou les Berd textile pour plus de tolérance. Mes deux vélos sont également équipés d’une chape de dérailleur et d’un boîtier de pédalier CeramicSpeed afin d’économiser quelques précieux petits watts.
Quelle monture choisir en fonction de mon programme de course ?
J’ai une règle à laquelle je ne déroge jamais : il me faut quasiment un mois pour passer du tout-suspendu au semi-rigide et retrouver une vitesse correcte en descente. Les positions sont totalement différentes, le placement autour du vélo évolue, la manière de piloter également. Lorsque je remonte sur mon semi-rigide j’ai tendance à être trop sur l’arrière du vélo, à être trop raide et cela se traduit (souvent) par quelques petites crevaisons.
Le début d’année comporte, dans mon calendrier, des courses cassantes avec moins de dénivelé comme l’Andalucia Bike Race ou l’Offroad de Pichauris, pour lesquels je choisis donc logiquement le SuperCaliber. Vient ensuite le bloc XCO qui correspond toujours parfaitement à ce vélo qui semble né pour ça. Début mai, la TransRiviera est la course la plus exigeante de l’année techniquement. C’est très cassant, il y a de la pente. Le SuperCaliber est un peu limite pour ce type de programme, il aurait presque fallu un Top Fuel, tout-suspendu plus polyvalent chez Trek. J’ai compensé en changeant les pneus, la taille des disques et la fourche, mais c’était insuffisant.
Ensuite, c’est ma partie préférée de l’année, les courses en montagne avec un fort dénivelé pointent le bout de leur nez. Je repasse alors sur le semi-rigide. Pour le Jura Bike Marathon, fin mai, c’est compliqué, je ne suis pas encore à l’aise techniquement, mais j’apprécie grandement la vivacité et la légèreté du ProCaliber en montée. La coupe du monde en Andorre colle aussi parfaitement avec ce châssis, c’est un régal. En fait, dès que les côtes sont longues et roulantes, le semi-rigide garde ma préférence.
Pour le Bélier XC à La Clusaz et surtout l’Alps Epic, le choix est plus discutable. Le SuperCaliber aurait été bien plus adapté à cette course par étapes réputée pour sa technicité et son côté sauvage. A dix jours du championnat de France, il est hors de question de chambouler mes repères, je reste sur le semi-rigide. La MB Race étant un des objectifs de l’année, j’ai choisi de rouler le ProCaliber ces derniers mois. La raison? Il y a pas moins de 3500 m de dénivelé positif, très roulants et avec très peu de passages techniques, le choix est indiscutable. Pour la TransMaurienne prévue seulement une semaine plus tard, je n’aurai pas le temps de changer, la semaine a été intense du côté de mon travail, je n’ai pas pris le temps de faire de la mécanique.
Cap maintenant sur un gros morceau, le mondial XCM, en Suisse, début septembre. 5000 m de dénivelé positif sur des terrains extrêmement lisses. Autant vous dire que le choix est vite fait. Il faudra même faire évoluer le ProCaliber avec une fourche plus légère, des pneus quasiment slick et des rayons acier.
Pour ce qui est de la fin de saison, je suis assez indécis. Les champs bosselés de la Forestière, le terrain cabossé de l’Extrême sur Loue et les parcours rocailleux du Roc d’Azur peuvent parfaitement convenir au SuperCaliber. Vais-je me motiver à faire un deuxième changement de configuration en cours de saison ? À surveiller !
Nous vous tiendrons en tout cas au courant et nous referons un point en fin de saison, mais nous espérons que ce premier retour basé sur une moitié de saison déjà bien remplie, aura pu vous aider à y voir plus clair dans vos choix.
Retrouvez nos articles sur ces deux vélos juste ici :