Cape Epic 2023 : un équipage Vojo au départ !

Par Léo Kervran -

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Cape Epic 2023 : un équipage Vojo au départ !

Vojo se lance sur la Cape Epic ! Enfin, presque. Quand les voisins de la rédaction nous ont glissé au détour d’un café qu’ils allaient participer pour la première fois à la mythique course par étape sud-africaine cette année, on s’est dit qu’on pouvait en profiter pour vous faire vivre la course de l’intérieur. Vous pourrez suivre leurs aventures pendant la course sur nos réseaux sociaux, mais à cinq jours du départ, on est aussi allé leur poser quelques questions pour savoir comment ils abordent l’épreuve. Présentation… sans pression :

Rémi Groslambert à droite, Lucas Lesoin à gauche : voici l’équipe qui représentera Vojo sur cette édition 2023 de la Cape Epic.

Rémi, vous le connaissez peut-être déjà. A 26 ans et après plusieurs années à courir sur les circuits de XCO, il est devenu l’un des meilleurs marathoniens français. Il est notamment le vainqueur de la dernière MB Race et a terminé 4e des championnats de France de la discipline l’an passé. Egalement co-fondateur d’Evoride Wheels, il porte habituellement les couleurs du Giant France MTB Pro Team et on l’a déjà envoyé en reportage, sur les championnats du monde au Danemark (lire Les championnats du monde de XC Marathon 2022 vécus de l’intérieur) ou sur une jolie course en Italie par exemple (Une pré-coupe du monde de XC vu de l’intérieur, c’est comment ?).

De deux ans son cadet, Lucas a plus ou moins le même parcours. Des débuts sur les TDJV et TRJV avec le club, du XCO une fois trop grand pour ces épreuves multi-disciplinaires et maintenant du marathon, attiré par la promesse de grands espaces et de découvertes au cœur de ce format. C’est lui qui est à l’origine de cette aventure grâce à une invitation de Northwave, l’un des principaux partenaires de la Cape Epic.

Pour commencer, on a un débat à trancher : on dit la Cape Epic ou le Cape Epic ?

Rémi : Moi je dis la Cape. Non ?

Lucas : Ah c’est une bonne question… La Cape, aussi.

Allez, la Cape Epic. Plus sérieusement, Lucas, si je résume, en 2019 tu fais le premier marathon de ta vie et en 2023 tu te lances sur la Cape Epic ?

Lucas : Ahah oui, ça fait un gros gap (rires) ! La Cape Epic c’est un rêve de gamin, médiatiquement c’est quand même un gros monument et ça m’a toujours intéressé, j’ai toujours regardé et le fait de le faire aujourd’hui c’est quand même quelque chose de cool pour moi.

Rémi, c’est aussi ta première Cape Epic. Qu’est-ce que ça fait ?

Rémi : Pareil que Lucas, c’est un peu un but… C’est la course qui fait rêver quand tu fais du marathon donc c’est un petit peu un accomplissement. Nous on y va vraiment pour découvrir et vivre l’évènement de l’intérieur, on y va sans prise de tête et pas forcément axé performance à 100 %, vraiment dans l’idée de vivre l’expérience.

Cette Cape Epic, ça s’est fait un petit peu particulièrement pour vous, ce n’est pas quelque chose prévu de longue date.

Lucas : Non, loin de là. Le tout début ça remonte à 6-7 mois, à la base l’idée c’était juste d’arriver à trouver une place avec Northwave qui est sponsor de l’évènement puis au fur et à mesure on a grimpé étape par étape on va dire. J’ai proposé à Rémi, déjà parce que c’est un super pilote, c’est quand même un des meilleurs français, mais même au-delà de ça je voulais quelqu’un qui se prenne pas la tête, que ça reste bon enfant mais quand même un peu sérieux.

Ça fait longtemps que vous vous connaissez ?

Lucas : De loin, un peu quand même !

Rémi : En fait on n’a jamais été dans la même structure, on ne se croise que sur les courses mais vu que le marathon en France c’est petit on se connaît un peu tous. On s’est croisé quand même très régulièrement et avant sur le XCO on se voyait déjà. Depuis toujours on a un bon feeling ensemble, on s’entend très bien…

Lucas : C’est marrant parce que j’ai un souvenir de toi. Je crois que c’était sur ma première Transmaurienne qui à l’époque était encore considérée comme du XC, y’avait pas encore de points marathon ou ce genre de chose. Je me souviens, il y avait Rémi qui faisait ses étapes et c’était un truc qui m’avait marqué, il re-roulait encore les étapes, je sais pas si ça te parle ça, tu te refaisais des sorties après…

Rémi : Oui, j’allais rouler le soir pour la récup’.

Lucas : Oui mais je m’en souviens, j’arrivais et je découvrais un peu le truc et je me disais, « c’est marrant je l’ai déjà vu », je comprenais pas trop tu vois (rires). Mon premier souvenir de Rémi c’était ça.

Comment vous l’avez préparée cette course ? La Cape Epic ça reste quelque chose qui se court à deux, sur des étapes qui sont longues, qui sont dures, c’est quelque chose de particulier.

Rémi : Sur le plan physique, pour moi ça fait vraiment partie de la prépa du reste de la saison, au niveau performance c’est pas un objectif. J’ai déjà fait l’Andalucia [Bike Race] il y a deux semaines, ça m’a permis d’avoir un peu une simulation et un bon bloc d’endurance, une course à étapes avant d’y aller.

Après, sur le fait de courir en binôme, y’a pas vraiment de préparation à faire auparavant, ce sera plus à nous de se régler sur des « consignes » mais rouler en duo, on l’a déjà fait séparément. Lucas a déjà fait plusieurs fois la Transmau’ en binôme et moi j’ai déjà fait pas mal de courses en binôme aussi donc c’est quelque chose que normalement on sait faire, après la clé c’est juste de savoir écouter l’autre. Il n’y a pas vraiment de préparation sur le fait que ce soit en binôme.

Vous avez passé beaucoup de temps à rouler ensemble sur la période de prépa ?

Rémi (avec un grand sourire) : Que dalle.

Lucas : Une fois, avant-hier (rires).

Rémi : Et encore, on a fait que la moitié de la sortie ensemble parce que j’avais des exercices à faire. Non, comme je l’ai dit, il n’y a pas vraiment de rodage. C’est juste qu’on va se donner les bonnes consignes avant, je pense qu’on en parlera dans l’avion mais c’est assez simple, c’est savoir qui roule devant en descente, qui est mieux sur le plat, qui est mieux en montée, ajuster en fonction de la fraîcheur de l’un ou de l’autre… Se roder un peu aussi en cas de crevaison, qui fait quoi, mais en soi je vois pas un intérêt énorme à avoir roulé tout l’hiver ensemble.

Lucas : Et puis on se connaît, le tout c’est de bien communiquer sur le vélo.

Il y a des choses qui vous font peur en particulier ?

Rémi : La casse.

Lucas : Oui la casse, pareil. Casse moteur ou casse matériel…

Rémi : Sur les années précédentes j’ai quand même pas mal d’images de binômes qui ont dû abandonner sur casse mécanique. L’idée que j’en ai ce qu’il n’y a pas des zones [techniques] tous les 10 km et donc quand tu casses et que t’es au milieu de l’Afrique du Sud c’est… Le terrain est quand même assez cassant, assez hostile donc faudra gérer tout ça.

Vous jouez la sécurité en partant avec plus que ce qu’il faut ou c’est plus « on croise les doigts et on prie pour que rien n’arrive » ?

Lucas : Ça va être un mix des deux je pense.

Rémi : On a joué la sécurité sur le matos et puis ça ne va pas se courir comme un XCO, ça va être en gestion, que ce soit la mécanique ou les bonhommes.

D’ailleurs, vous roulez sur quels vélos ?

Rémi : On roule sur des Giant, Lucas avec l’Anthem et moi avec le XTC. Comme je dis on a essayé d’assurer niveau matos en mettant des pneus renforcés, des mousses, enfin des inserts dans les pneus… Et en ayant tout le matos de réparation sur le vélo.

On en parlait tout à l’heure hors micro, il y a un autre paramètre intéressant sur la Cape Epic : la chaleur, bienvenue en Afrique du Sud au mois de mars. Là on est à Annecy, il pleut fort dehors, il fera -1°C demain matin… Est-ce que vous avez anticipé un peu ça ?

Lucas : On a un petit peu de chance avec nous, il va faire un peu moins chaud la semaine où il y aura la Cape donc ça c’est quand même un avantage. Après il va quand même falloir faire attention, regarde-moi, rouquin à peau blanche, forcément les UV et tout ça j’aime pas donc il faudra rester attentif par rapport à ça, que ce soit la veille ou pendant la course.

Rémi : Oui, j’appréhende aussi.

De manière générale vous aimez bien courir dans la chaleur, le sec, la poussière ?

Rémi : Non.

Lucas : Non, pas trop. Là il va falloir composer avec ça.

Une autre particularité de la Cape c’est que c’est une course par étapes, le soir il faut gérer la réparation du vélo si nécessaire, la récupération… tout ce qui va avec enchaîner 7 courses d’affilée. Comment vous vous y êtes préparés ?

Rémi : Ça ne m’inquiète pas plus que ça, c’est comme sur les autres courses par étape qu’on a faites. Ce qui est bien c’est qu’on part à 7 h le matin donc ça laisse vraiment l’après-midi pour régler tout ça. Après sur le papier il ne devrait pas y avoir de grosse mécanique à faire, on croise les doigts mais normalement si tout se passe bien c’est pas quelque chose qui m’inquiète pour l’instant.

Vous avez déjà regardé un petit peu le parcours ?

Lucas : Léger ! (Rires) Dans les grandes lignes. Quand on va arriver là-bas j’aime bien me mettre dans cette petite bulle où tu commences à regarder. Puis je me dis qu’on va avoir le temps dans l’avion, un peu sur place… Je me garde un peu la surprise.

Rémi : Moi je ne bosse le parcours que la veille au soir en général. Par contre l’étape je la connais par cœur mais je le fais vraiment la veille au soir.

Au moment où on discute on est mardi, la Cape commence dimanche, vous partez après-demain [jeudi] pour l’Afrique du Sud. La course n’a pas encore commencé mais est-ce que vous avez déjà dans la tête l’idée d’y revenir, après toute cette préparation qui fait monter la motivation ? Même sans avoir vu à quoi ça ressemble.

Lucas : Je pense que j’aimerais bien y retourner. Même si on n’y a pas encore goûté, ça reste un monument du VTT marathon. Et même, l’Afrique du Sud quoi.

Rémi : Ah moi pas forcément. Je ne pense pas du tout que je serai déçu mais c’est le truc que je ne me vois faire qu’une fois tu vois. Déjà parce que je pense que mes années en compétition sont un peu comptées, j’en ferai pas des dizaines derrière donc j’aurai pas forcément l’occasion qui se représentera. Je le vois vraiment comme quelque chose qui se fait une fois dans sa petite carrière mais je me dis pas que j’y reviendrai tous les ans.

Même si vous y allez sans plus de pression que ça vous restez des compétiteurs, est-ce que vous avez un petit truc dans un coin de la tête ou pas du tout ?

Lucas : Top 20… Je sais pas, je m’en rends pas bien compte en fait.

Rémi : Moi non, pas du tout parce que j’ai l’impression que cette année la start-list est encore un peu plus costaud que d’habitude et je n’y vais absolument pas dans cette optique-là. En fait j’ai vu sur l’Andalucia la semaine passée que tu peux avoir les jambes pour faire top 15, sur une course par étapes de 7 jours il peut arriver tellement de trucs que ça ne sert à rien de se mettre une pression de résultat comme ça. En fait ce sera le dernier jour, quand tu vas défendre ta place, que là tu pourras commencer à calculer. Mais si on fait 40e on fait 40e et si on fait 20e on fait 20e, je ne serai pas déçu.

Lucas : Sur les courses par étapes comme ça ce que j’aime beaucoup c’est que chaque jour tu remets ta place en jeu, c’est le poker, tu peux gagner des places comme en perdre.

Rémi : Le classement bouge énormément en fonction des avaries des uns et des autres. Tu peux faire 35e tous les jours et finir dans le top 20 si t’as aucun souci tellement il y a de casse, de problèmes… Sur une course par étapes comme ça en fin de semaine t’as toujours dans le binôme un équipier qui est un peu moins bien et si ça n’a pas été géré dès le début en fin de semaine l’équipier il est vraiment rincé et là il y a des grosses pertes de temps.

On vous donne rendez-vous dimanche pour le prologue ! Vous pourrez suivre Lucas et Rémi toute la semaine sur nos réseaux sociaux et on les retrouvera à leur retour pour discuter de leur aventure.

ParLéo Kervran