Test | Yeti SB5c : vers l’infini et au-delà

Par Olivier Béart -

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Test | Yeti SB5c : vers l’infini et au-delà

La nouvelle suspension Travel Infinity développée par Yeti a fait couler beaucoup d’encre. Nous avons testé un des premiers SB5c d’Europe sur nos terrains habituels. Verdict après un premier contact de 4 jours qui, à défaut d’être un vrai test comme nous l’entendons chez Vojo, permet de tirer quelques enseignements très intéressants sur ce vélo atypique et exceptionnel.


 

 


Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il s’agit d’une sorte de synthèse entre le Switch « simple », à excentrique, et le système à rail du modèle de DH. Développé avec Fox, ce système comprend deux « mini-amortisseurs » qui permettent un déplacement linéaire du point de pivot principal. Celui-ci remonte jusqu’en milieu de la course de la suspension, avant de redescendre. Le résultat est une suspension qui parvient à combiner des caractéristiques antagonistes : neutre au pédalage mais sensible aux petits chocs et capable d’encaisser les gros impacts sans talonner.

Yeti_SB5c_Montage_VojoMag_OBeart_2L’ensemble fait un peu usine à gaz, mais en réalité le système développé avec Fox et doté du fameux revêtement Kashima est nettement plus compact qu’il n’y paraît en images et Yeti annonce même qu’il permet de gagner plus de 100g par rapport au SB66c, avec un cadre annoncé à 2,31kg pour le SB5c. Pas mal pour un 130mm en roues de 650b!

Yeti_SB5c_Montage_VojoMag_OBeart_3Au niveau des suspensions et de la tige de selle téléscopique, Yeti fait confiance à Fox. Sur cette version haut de gamme (même s’il y a encore un modèle en XX1 au-dessus), on a droit au niveau Factory avec revêtement Kashima, tant pour la fourche CTD 34 en 140mm de débattement, que pour l’amortisseur Float. Avec, en prime sur ce montage complet, les stickers de couleur assortie au cadre ! Le levier au cintre est pour la tige de selle ; les suspensions gardant un blocage par simple levier.

Yeti_SB5c_Montage_VojoMag_OBeart_1Le reste du design du cadre rappelle très fort les formes du SB66c, avec un bras arrière très similaire, tout comme le triangle avant, même s’il intègre une sorte d’énorme trou carré pour accueillir le Switch Infinity près du boîtier de pédalier. C’est un vrai tour de force que d’avoir réussi à intégrer cela aussi joliment, tout en permettant à la fois l’usage d’une tige de selle téléscopique « stealth » (passage de gaine intégré), l’utilisation éventuelle d’un dérailleur avant (type High Direct Mount) et d’un anti-déraillement ISCG !

Sur notre balance, l’ensemble affiche 12,490kg avec pédales Shimano XT. Un poids très raisonnable pour un vélo all-mountain doté de gros pneus et de solides roues.

Yeti_SB5c_Copyright_OBeart_VojoMag-3Reste que pour près de 6500€, même si tout est cohérent, il y a quelques détails qui dénotent un peu comme le pédalier en alu ou les freins Shimano XT, hyper efficaces mais lourds… et qu’on trouve régulièrement en promotion sur le Web à des prix dérisoires. Le cadre seul est quant à lui « offert » à 3499€, soit la rançon d’une finition hors-normes et de l’emploi de technologies complexes… Voyons maintenant ce que cela raconte sur nos sentiers préférés !

Fast forward & slow motion

Avec son top tube de 600mm en taille M (414mm de reach) et son angle de direction de 67°, le Yeti SB5c affiche d’emblée la couleur. Oui il sait pédaler, très bien même, mais c’est avant tout un vélo plaisir à défaut d’être une bête d’enduro. Pour briller en EWS, il y a le SB6c avec 152mm de débattement, utilisé par Jared Graves sur les dernières manches de la saison 2014 à l’issue de laquelle il vient d’être sacré. Ici, le rôle du SB5c, c’est d’offrir une base d’une polyvalence rare. Mais sans que « bon partout » soit finalement synonyme de « vraiment bon nulle part », voire carrément d’ennuyeux. Bien au contraire même !

Quand on se met en selle, on peut profiter assez rapidement du vélo. Bien que de conception complexe, la suspension est simple à régler, avec un SAG plutôt classique de 25% (enfoncement de la suspension au repos, biker statique sur le vélo). Sur terrain facile, on ne sent aucun affaissement et l’arrière reste bien haut dans le débattement, ce qui est plutôt agréable et bon pour le rendement. La position n’a rien de XC, mais elle permet de pédaler fort et de réaliser des moyennes franchement élevées. Le bike donne un réel sentiment de légèreté et on se verrait sans aucun mal faire des marathons ou des courses par étapes à son guidon.

Yeti_SB5c_Action_NP_Copyright_VojoMag-2Là où il impressionne également, c’est dans les relances. Même avec l’amortisseur ouvert, quand on se met debout sur les pédales pour accélérer ou pour sortir d’une courbe comme un boulet de canon, c’est l’explosion. Le cadre est hyper rigide latéralement malgré la finesse du bras arrière et la suspension, sans se bloquer complètement, se montre parfaitement neutre au pédalage. Autant dire que ça donne la banane et que cela incite à en remettre tout le temps une couche supplémentaire. Evidemment, on y laisse des forces et, à moins d’avoir le physique d’un colosse australien, on finit par baisser le rythme.

C’est alors que le méchant Yeti se transforme en gentille peluche toute douce. A allure rando paisible, c’est son confort digne d’une Rolls qui transparaît. La suspension gomme tout, sans qu’on ait besoin d’envoyer du lourd, et la position se montre aussi particulièrement relaxante. Mais, tiens, des portions descendantes pointent à nouveau le bout de leur nez. On baisse la tige de selle et on remet les gaz !

Yeti_SB5c_Action_NP_Copyright_VojoMag-5Quand on attaque en descente, c’est le retour du monstre ! Les 127mm de débattement sont bien présents. Pas plus, pas moins, mais gérés avec tellement de maîtrise que le vélo semble inarrêtable. Le milieu de course est géré de façon assez incroyable et sur les gros impacts, on a l’impression de vivre la scène en « slow motion »…avant que le décor se remette à défiler à toute vitesse. Jamais on ne semble perdre le contact avec le sol et, à l’avant, la Fox 34 montre que la marque à la queue de renard en a bien fini avec ses démons des saisons précédentes : le mode « Descent » n’entraîne plus de plongée excessive de la fourche et, dans le cas de ce Yeti, l’harmonie avec l’arrière est parfaite.

Yeti_SB5c_Action_NP_Copyright_VojoMag-1Parfait ce Yeti SB5c ? Presque. Le seul défaut que nous avons noté, c’est dans les grimpettes techniques qu’il a fini par se montrer. Quoi qu’en dise Yeti, le boîtier de pédalier n’est pas si bas que cela. Et dans les montées raides, on a parfois la sensation de se retrouver un peu haut perché. Tant qu’on peut évoluer en ligne droite et compter sur le grip exceptionnel procuré par la suspension, tout va bien. Mais quand il faut jouer avec le corps pour se frayer un chemin à travers les obstacles, le centre de gravité semble haut et il arrive qu’on perde l’équilibre. Par contre, en descente, nous n’avons jamais été gênés.

Yeti_SB5c_Action_NP_Copyright_VojoMag-6Il faudra aussi voir la fiabilité dans le temps du système Switch Infinity. Comme nous vous l’avons dit en introduction, nous n’avons eu qu’un bref contact de quelques jours avec ce Yeti, que nous ne vous présentons d’ailleurs pas comme un vrai test Vojo, mais comme une première prise en main. Impossible donc d’en tirer de grandes conclusions sur la durabilité. Tout juste peut-on dire que le système semble bien protégé et que lors d’une de nos sorties humides (la plus longue, d’une cinquantaine de km), le Switch Infinity était un des seuls endroits du cadre encore bien propre. On connaît aussi la réputation de fiabilité de Yeti, mais nous ne manquerons pas de revenir sur la question lors d’un test plus poussé. Pour le reste, si vous avez le portefeuille suffisamment garni, ne vous privez pas: on ne vit qu’une fois et c’est bel et bien une machine d’exception !

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Plus d’infos, géométrie et fiche technique

Merci à Yeticycles.eu, ainsi qu’à l’heureux propriétaire de cette rare machine de rêve et à son vélociste qui ont accepté de patienter quelques jours avant la livraison pour nous permettre de le tester.

ParOlivier Béart