World Cup XC 2025 : premier bilan à mi-saison
Par Olivier Béart -

Nous voilà déjà à la mi-saison pour les courses de cross-country ! L’occasion pour nous de dresser un premier bilan avec quelques faits marquants de ces cinq premières manches de la saison 2025.
Blevins et Specialized, intouchables, ou presque
Comment ne pas commencer cet article en parlant d’un homme, Christopher Blevins, et de son équipe, le Specialized Factory Racing ? Short Track et format Olympique confondus, les hommes en rouge n’ont laissé échapper qu’une seule victoire en dix courses cette saison. Un exploit qui, à notre connaissance, n’avait jamais été réalisé auparavant.
S’il s’agit d’une œuvre collective et si nous parlerons des autres coureurs juste après, un homme se détache dans cette dream team : l’Américain Christopher Blevins. Même s’il s’est montré moins en verve sur la dernière manche XCO en date à Val di Sole (8e) et dans la boue de Leogang (17e), il a réalisé une série historique de 5 victoires d’affilée en Short Track ! Et il a aussi décroché deux victoires en XCO. Ce qui lui permet de caracoler en tête du général provisoire de la coupe du monde, avec plus de 300 points d’avance sur son plus proche poursuivant.
A ses côtés, ses équipiers ne sont pas en reste : après trois podiums depuis le début de saison (XCC et XCO confondus), Martin Vidaurre a décroché sa toute première victoire à Val di Sole. Cette performance couplée à sa belle régularité lui permettent d’occuper la 2e place du général provisoire.
Du côté de Victor Koretzky, la saison avait très bien commencé avec une victoire en XCO sur la première manche et deux deuxième places en XCC, derrière son équipier Blevins, qui a cette saison un petit quelque chose en plus. Le retour en Europe s’est bien passé également avec une 2e place sur le XCC à Nove Mesto, puis une 4e place sur le XCO, mais la manche de Leogang a marqué un coup d’arrêt dans cette belle série. Trop juste dans le dernier tour et seulement 17e sur le XCC, il a préféré arrêter sur le XCO afin de ne pas se blesser sur un circuit très glissant, alors qu’il n’avait pas les jambes.
L’explication de ce blocage soudain de Victor Koretzky ? Une chute avant Leogang, qui l’a laissé avec un vilain mal de dos en souvenir. On le pensait pleinement de retour à Val di Sole, où il a retrouvé la 2e place sur le Short Track, mais il a de nouveau calé sur le XCO et il ne termine finalement que 28e à cause de la douleur toujours présente et paralysante quand l’effort se fait long et intense. Espérons pour le Français qu’il puisse retrouver son meilleur niveau et de la constance très vite.
Enfin, impossible de ne pas parler d’Adrien Boichis, qui jongle cette saison entre la route et le VTT et qui, à seulement 22 ans, est allé chercher son premier podium lors de la deuxième manche du Brésil. Reste à voir s’il parviendra encore longtemps à concilier route et VTT ou s’il lui faudra faire des choix, mais nul doute qu’il a tout pour être un des grands de demain dans les deux disciplines.
Du côté féminin de l’équipe Specialized, Sina Frei est plus discrète par le passé et Haley Batten s’est blessée, mais Laura Stigger monte en puissance et s’est offerte un double podium à Val Di Sole.
Pieterse, réellement intouchable !
Après avoir manqué les deux premières manches de la coupe du monde VTT au Brésil pour se concentrer sur les classiques de printemps sur la route (avec succès : victoire sur la Flèche Wallonne, 2e à Liège-Bastogne-Liège et à l’Amstel notamment), Puck Pieterse a effectué sa rentrée à Nove Mesto… où elle s’est imposée d’emblée sur le Short Track !
Depuis, seule une crevaison l’a privée de la victoire sur le format olympique en Tchéquie, mais à part cela, elle est invaincue. Et avec la manière en plus, car si elle a gagné au sprint le XCC à Val di Sole, en XCO elle a systématiquement dominé les débats. La seule question est désormais : où s’arrêtera-t-elle, et quelqu’un parviendra-t-il a lui faire concurrence d’ici à la fin de la saison ?
Mathis Azzaro et le team Origine Racing Division : il ne manque plus qu’une victoire !
Mathis Azzaro n’a pas été épargné par les chutes, ni les petits tracas de santé depuis le début de la saison, ce qui lui a fait manquer pas moins de la moitié des dix courses déjà passées cette saison… mais il a su garder la tête froide et, quand il était là, il était là !
Après un départ tonitruant et un tout premier podium pour sa nouvelle équipe Origine Racing Division lancée cet hiver par Maxime Marotte (voir : Présentation & Interview | Les acteurs du team Origine Racing Division se livrent), il a réussi à confirmer en XCO avec deux deuxièmes places sur les circuits mythiques de Nove Mesto et Val di Sole.
On a même cru qu’il allait décrocher sa première victoire en Italie, et il ne lui a pas manqué grand-chose. Sachant qu’il avait été malade en début de semaine et qu’il avait manqué le XCC en début de week-end parce qu’il n’avait pas encore récupéré, on se dit que si tous les astres s’alignent bien, il peut aller la chercher cette première victoire. Pour lui, et pour son team.
Fabio Püntener, la nouvelle star helvétique
Avec pas moins de 8 coureurs dans le top 20 du classement général provisoire de la coupe du monde, la Suisse reste assurément la nation où le niveau est le plus relevé et le plus dense. Chez les femmes, comme chez les hommes.
Du côté masculin, une nouvelle étoile est née en 2025 : Fabio Püntener. On l’avait déjà vu signer quelques bons résultats chez les moins de 23 ans, mais il n’était pas dominateur et il ne compte à ce jour que peu de victoires significatives. A 25 ans, il est en train de se révéler au monde, après avoir joué devant sur les quatre dernières manches !
Mieux : il progresse et il fait preuve de constance ! 8e sur la deuxième manche brésilienne, 5e à Nove Mesto, il vient de signer deux podiums consécutifs à Leogang et Val di Sole, sur des circuits très différents et dans des conditions climatiques opposées. Un point commun entre toutes ces courses : son excellente gestion de l’effort et des fins de courses explosives.
La Suisse, encore la Suisse, toujours la Suisse
Au niveau des autres coureurs suisses, Lars Forster se distingue par sa constance qui lui permet d’occuper la 4e place du général provisoire, tout comme Filippo Colombo, 6e. Mathias Flückiger n’est plus systématiquement devant, mais il a signé une belle 2e place à Leogang. N’oublions pas non plus les jeunes Vital Albin et Dario Lillo, qui apprennent doucement mais sûrement, et qu’on commence à voir pointer devant.
Reste la légende Nino Schurter, qu’on voit aussi encore parfois à l’avant de la course et qui a décroché une belle 5e place sur la manche d’ouverture au Brésil, mais qui n’a clairement plus la superbe de ses grandes années. Même s’il n’a pris que la 14e place à Val di Sole cette année à cause d’allergies, alors qu’il était toujours monté sur le podium de son tracé fétiche, on ne peut pas dire qu’il s’agit de la saison de trop pour cette légende du VTT, qui pourrait encore nous sortir un dernier coup d’éclat avant de tirer sa révérence.
Chez les femmes aussi, les suissesses sont bien représentées, avec cinq bikeuses dans le top 20. La révélation, c’est Nicole Koller, très régulière et performante tant en XCC qu’en XCO et qui occupe actuellement la 2e place du général provisoire.
Si Alessandra Keller est, elle aussi, toujours très performante et régulière (elle est 7e du général provisoire malgré une 32e place à Val di Sole suite à une chute), on retient aussi et surtout le retour de Jolanda Neff au premier plan (photo). Handicapée par de gros soucis respiratoires au cours de la saison précédente, elle a montré qu’elle était de nouveau capable de jouer devant en prenant la 4e place à Leogang et la 7e place à Val di Sole… malgré la poussière et des conditions a priori très défavorables pour elle.
Enfin, n’oublions pas non plus la belle histoire de Ramona Forchini, qui avait failli arrêter sa carrière suite à plusieurs pépins physiques et au découragement qui en a découlé… mais qui est ici en train de signer sa meilleure saison avec notamment une splendide 3e place à Leogang.
Maxwell : quelle constance
La domination de Puck Pieterse et l’impressionnante armada suisse ne doivent pas faire oublier que la leader de la coupe du monde et la compétitrice la plus constante depuis le début de l’année, c’est la Néo-Zélandaise Samara Maxwell !
Elle a remporté la manche d’ouverture et, depuis, elle n’a plus quitté son maillot de leader de la coupe du monde ! Son plus mauvais résultat en XCO ? Deuxième ! Et, même si elle n’est pas aussi brillante en XCC, elle parvient aussi à performer sur le format court.
Bilan, elle mène le général avec plus de 300 points d’avance. On la savait performante, mais après avoir fait une petite pause carrière, elle est revenue plus forte mentalement et on découvre l’étoffe d’une solide championne chez l’athlète du team Decathlon-Ford.
Des coups d’éclat qui apportent de la fraîcheur
Bien sûr, le public aime les champions et les athlètes hors normes… mais quand la domination est trop forte, elle tue le suspense et l’intérêt de la course. Heureusement, il y a eu de belles histoires comme le VTT en a le secret, comme la victoire d’Ondrej Cink à Leogang. Se sentant pousser des ailes dans la boue, le Tchèque a réussi la course de sa vie pour aller chercher sa première victoire en coupe du monde à 34 ans.
Chez les Dames, on retiendra la performance de Mona Mitterwallner à Nove Mesto, pour aller décrocher sa troisième victoire en coupe du monde, et aussi la présence régulière aux avant-postes de Jenny Rissveds. Une présence récompensée par une victoire au Brésil et qui fait plaisir à voir quand on se souvient des moments difficiles que la Suédoise a traversés après son titre olympique à Rio en 2016. On n’oublie pas non plus la championne du Canada, Jennifer Jeckson, régulièrement devant… et qui pourrait justement réaliser un coup d’éclat dans la deuxième partie de la saison.
Quel bilan pour les Français(es) ?
Outre Victor Koretzky, Mathis Azzaro et Adrien Boichis dont nous avons déjà parlé, il faut souligner l’excellent début de saison de Luca Martin !
Le champion du monde U23 a fait son entrée chez les Elite par la grande porte et, même s’il a connu quelques pépins, il est rentré à quatre reprises dans le top 10, avec une 7e place comme meilleur résultat en XCO à Leogang. De bon augure !
Autre petit nouveau chez les Elites, Mathis Guay apprend bien : il a pointé aux portes du top 20 à deux reprises. Même s’il a dû abandonner à Val di Sole, Yannis Musy se fait aussi remarquer, avec une 27e place au Brésil et la 32e place à Leogang.
Par contre, le clan BMC fait la grimace… Jordan Sarrou était dans le coup sur les deux manches brésiliennes, mais il s’est fracturé la clavicule lors des reconnaissances à Nove Mesto et il est donc out depuis. Son équipier Titouan Carod n’arrive malheureusement plus à performer et se retrouve régulièrement hors du top 50. De son côté, Loana Lecomte, nouvelle recrue de l’équipe, est régulière dans le top 10, mais elle n’a pas encore réussi à jouer pour la gagne cette saison et elle a chuté assez lourdement lors du XCC à Val di Sole. Espérons une meilleure deuxième partie de saison…
Et les Belges ?
Jens Schuermans réalise une saison plus que correcte, toujours dans le top 25 et avec plusieurs top 15 qui lui permettent de pointer à la 23e place du général provisoire.
Par contre, 2025 est plus compliqué pour Pierre de Froidmont. Malchanceux en début de saison avec plusieurs casses mécaniques causées par des chutes devant ou autour de lui, il a réussi deux bonnes courses à Leogang (15e en XCC et 20e en XCO), mais il lui manque encore un petit quelque chose pour revenir à son meilleur niveau et viser le top 10. Allez, il reste encore 5 manches !
Prochaine grande échéance à Andorre, pour la 6e manche !