World Cup DH 2025 : ce qu’il faut retenir après Val di Sole

Par Adrien Protano -

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World Cup DH 2025 : ce qu’il faut retenir après Val di Sole

Avec plus d’épreuves au calendrier que les précédentes saisons, la coupe du monde de descente 2025 file à toute allure ! La manche de Val di Sole vient de couronner ses vainqueurs, de quoi prendre un instant pour jeter un oeil dans le rétro de cette première partie de saison 2025 : 

Un calendrier plus dense, une saison déjà bien lancée… et des enseignements solides à quasi mi-parcours. Avec un programme élargi à 10 manches et un rythme particulièrement soutenu depuis l’ouverture à Bielsko-Biała mi-mai, la Coupe du Monde de descente 2025 ne laisse que peu de répit aux pilotes. Trois étapes se sont enchaînées en moins d’un mois, sur des terrains aussi variés que piégeux, et déjà, certaines tendances nettes se dessinent : domination affirmée de certains, retours attendus, révélations fortes… et un nouveau format de course qui continue de faire débat dans les paddocks.

 

Un (nouveau) format de course au service du show, mais parfois difficile pour les athlètes

On vous l’expliquait en amont de cette saison 2025 : la réglementation évolue sous l’impulsion de l’organisateur, promoteur et diffuseur du circuit Warner Bros. Discovery, avec notamment un tout nouveau format de course pour la descente (cf. Coupe du monde VTT 2025 : l’ère Warner Bros. ?).

Finies les qualifications suivies des demi-finales, c’est désormais une double séance de qualification que l’on retrouve avant la finale. Plus précisément, la Q1 permet aux 20 meilleurs hommes et 10 meilleures femmes d’obtenir leur ticket pour la finale, tandis que la Q2 fait office de « seconde chance » avec 10 hommes et 5 femmes supplémentaires de qualifiés ! 

Tout le monde est logé à la même enseigne cette année, sans passe-droit !

S’ajoute à cela la suppression du statut de “pilote protégé” (à savoir un statut qui auparavant garantissait aux meilleurs pilotes de tout de même passer en finale même s’ils se rataient en qualification)… Tout le monde est logé à la même enseigne cette année, sans passe-droit ! De quoi ajouter une véritable pression pour être présent en finale.

Voilà qui permet de mieux cerner pourquoi ce format peut aussi avoir des côtés négatifs pour les athlètes. Après une première qualification loupée, le pilote doit jouer le tout pour le tout lors d’une seconde séance de qualification, qui prend place le même jour et sur une piste qui a parfois beaucoup évolué. Fatigue (physique mais aussi mentale), chute, casse mécanique… Tout à gagner mais tout à perdre également.

Deux séances de qualification à pleine intensité, voilà qui donne lieu à une plus grande fatigue pour la finale également qui a directement lieu le lendemain. Bref, fini le “run d’échauffement” ou la qualif qu’on peut “gérer”. D’autant plus lorsqu’on sait que les points UCI sont quasi équivalents entre Q1, Q2 et la finale…

Pour autant, ce format de course emporte un vrai avantage pour le public, avec un véritable fil dramatique plutôt clair : qui passe directement en finale ? Qui doit se battre en Q2 ? Qui a fait un comeback ? Une tension continue idéale pour la narration audiovisuelle, avec de mini-scénarios à chaque round.

Cela permet également d’ouvrir les portes à de véritables coups d’éclats pour de plus jeunes pilotes ou moins connus. Dernier exemple en date, le Néo-Zélandais Tuhoto‑Ariki Pene qui signe le meilleur temps de la deuxième séance de qualifications à Loudenvielle, une entrée fracassante en finale pour ce pilote que l’on n’est pas habitué à voir sur le devant de la scène.

Le phénomène Jackson Goldstone

Jackson Goldstone, à seulement 21 ans, domine la Coupe du Monde DH 2025 de manière étonnante : trois victoires d’affilée, une avance confortable au général, et une parfaite adaptation au nouveau format. Il s’impose déjà comme le héros de cette première partie de saison, et tout porte à croire qu’il va continuer à marquer l’histoire de la descente.

Loudenvielle, Leogang et Val di Sole : les trois dernières manches ont été dominées par le Canadien avec autorité. Trois victoires consécutives, voilà qui n’était plus arrivé depuis un certain Amaury Pierron durant la saison 2018, et qui permet également de faire de Goldstone le pilote canadien de descente le plus victorieux de l’histoire.

On notera que sur cette dernière manche italienne, le pilote du Santa Cruz Syndicate s’est imposé lors de la (première) manche de qualification et sur la manche finale… Vous avez dit régularité ? De manière générale, le pilote s’est qualifié à chaque fois lors de la première séance de qualification, à l’exception de la manche d’ouverture de Bielsko-Biala où il était malade (et s’est qualifié en Q2).

Ce qui impressionne, c’est la capacité du pilote à s’imposer sur des tracés très différents à l’image de ses victoires consécutives sur la piste très rapide de Leogang et sur celle davantage technique de Val di Sole… sans parler de sa victoire sur la Red Bull Hardline Tasmania en février dernier.

Cette dernière victoire lui permet de chiper la tête du classement général à Loïc Bruni, avec une confortable avance à ce stade de 100 points (874 points, contre 774 pour Bruni et 525 pour Vergier en troisième place).

Val di Sole, une piste particulièrement exigeante

Nichée dans le Trentin en Italie, la piste de Val di Sole n’a pas dérogé à sa réputation. Connue pour son tracé baptisé « Black Snake », il s’agit sans doute là de la piste la plus technique et physique du circuit mondial !

En plus de la pente, c’est surtout les champs de rochers et de racines qui rendent ce parcours si piégeux, d’autant plus lors de cette manche 2025 où la météo très sèche a rendu la piste excessivement poussiéreuse et a donné lieu à de nombreux trous de freinage évoluant rapidement au fur et à mesure du week-end.

Dans ces conditions, on a assisté à de nombreuses désillusions : Amaury Pierron s’est cassé la clavicule durant les entrainements, Anna Newkirk n’a pas pu prendre part à la finale suite à une blessure à la main, Finn Iles a chuté (une fois de plus cette saison), et Antoine Pierron est passé à deux doigts de son premier podium suite à une crevaison (alors qu’il pointait en deuxième place aux trois premiers temps intermédiaires).

Confirmation pour Marine Cabirou, révélation pour Gracey Hemstreet

Alors qu’elle s’était imposé à deux reprises la saison dernière, Marine Cabirou n’était pas encore parvenue à monter sur la plus haute marche du podium depuis le début de cette saison 2025.

Il faut dire que la Française a changé d’équipe et de vélo durant cet hiver… Voilà qui demande un certain temps d’adaptation, surtout lorsqu’on voit la concurrence musclée de cette année.

Cette fois, c’est fait ! Marine Cabirou s’est imposé sur l’exigeant circuit de Val di Sole, une dixième victoire en coupe du monde pour la Française de 28 ans.

Mais impossible d’aborder cette catégorie féminine sans parler de Gracey Hemstreet. Si elle était loin d’être inconnue du paddock jusque-là, la Canadienne est pourtant l’une des révélations de ce début de saison 2025.

Si elle avait déjà signé plusieurs top 10 la saison dernière, Gracey Hemstreet semble avoir passé un nouveau cap en s’imposant coup sur coup à Loudenvielle et à Leogang face à une rude concurrence, et à seulement 20 ans !

Sur la dernière manche en date de Val di Sole, la pilote du Norco Race Division termine à la 4e position, ce qui lui permet de se placer en deuxième position du classement général, à seulement 49 points de Vali Höll ! De quoi bousculer l’ordre établi et donner lieu à de nouveaux duels.

Max et Till Alran, la jeunesse (française) est en marche

Monter sur le podium d’une manche de coupe du monde, c’est un joli accomplissement. Partager un podium avec son frère, cela relève carrément du rêve ! Mission réalisée pour les jumeaux français Alran, Max et Till, qui sont tout les deux montés sur la boite à Val di Sole.

Vice-champion du monde Juniors et champion d’Europe en 2024, Max Alran a capturé le maillot de leader de la coupe du monde Juniors depuis ce début de saison 2025.

Sur cette manche de Val di Sole, c’est toutefois son frère Till qui s’est imposé devant lui, décrochant sa première victoire en coupe du monde.

Là où ça devient encore plus intéressant, c’est lorsqu’on compare les temps réalisés par les deux frères avec les temps des pilotes Élites en finale… Till Alran s’est imposé en 03:42.095 et Max en 3:42.595, ce qui leur vaudrait une quatrième place au classement scratch Élites, entre Thibaut Dapréla et Dylan Maples.

La jeunesse est en marche, et elle risque de frapper fort la saison prochaine pour son arrivée dans la cour des grands !

Rendez-vous à la Thuile le week-end du 3 juillet prochain pour la suite de ces aventures… sur un tout nouveau tracé naturel !

Par  Adrien Protano