Visite | Julbo : savoir-faire et modernité 

Par Paul Humbert -

  • Tech

Visite | Julbo : savoir-faire et modernité 

Le long de la Bienne, de nombreuses marques de lunettes ont vu le jour. Aujourd’hui, elles sont bien moins nombreuses et celles réellement prospères économiquement se comptent sur les doigts de la main. Pourtant, à Longchaumois, on trouve le siège de Julbo, la marque française spécialisée dans les lunettes de sport. On les a vues portées par les plus grands champions du sport outdoor mais aussi sur le nez de nos camarades de rando. Lors de notre passage sur les terres de La Forestière, nous avons poussé la porte de l’entreprise. Visite.

La marque est une nouvelle fois cédée en 1979 et c’est à ce moment que son histoire moderne commence. René Baud en prend la direction avant de laisser les rènes à ses fils, Christophe et Matthieu.

julbo-visite-longchaumois-2016-vojo-paul-humbert-48Nous avons eu l’occasion de rencontrer Christophe avant de nous glisser plus loin dans les bureaux. Il nous en apprend davantage sur la philosophie de la marque : « Julbo a un grand savoir-faire dans le milieu de la montagne et de la protection. Ensuite, nous sommes entrés dans l’univers de la voile dans les années 90 avec des verres polarisants pour les skippers. Il y a aussi eu le ski et tous les sports d’hiver. Il y a une dizaine d’année, nos premiers produits VTT ont été lancés et se sont améliorés grâce aux retours de nos athlètes. Chaque monture est conçue en suivant un cahier des charges issu du terrain. »

L’aventure Julbo s’est accélérée sous la direction des deux frères qui ont déjà tout fait dans la boîte : « Couper des verres, conduire le fourgon » et, bien évidemment, développer l’entreprise en proposant des produits emblématiques comme la lunette glacier ou la « looping » pour enfant.

julbo-visite-longchaumois-2016-vojo-paul-humbert-29C’est par l’enduro que Julbo a attaqué le marché du VTT ; la marque se sentant plus proche de cette discipline en raison de son passé. « Nous approchons la niche et nous batissons la marque sur des spécialités. » Côté athlètes, il y a des noms que vous connaissez forcément : Clementz, Barel ou, en bon voisin, François Bailly-Maître.

julbo-visite-longchaumois-2016-vojo-paul-humbert-6La marque a en effet réussi à se faire une place sur des marchés déjà bien encombrés. Des montures et des verres parfaitement adaptés à nos pratiques, voilà le produit recherché par la firme de Longchaumois. Pour ce faire, la marque dessine, prototype et conçoit ses produits dans son atelier de Longchaumois. Le gros de la production est ensuite réalisé en Roumanie dans une usine Julbo. Le savoir-faire et le capital de l’entreprise restent toutefois en France dans les mains d’une même famille à la tête d’environ quatre-vingt personnes que nous avons pu rencontrer à leurs différents postes.

julbo-visite-longchaumois-2016-vojo-paul-humbert-11C’est dans le bureau de recherche et développement que commence notre visite. Les lunettes sont dessinées puis prototypées en suivant le cahier des charges de départ. Il convient ensuite de s’adapter ou de créer des tendances tout en répondant aux objectifs de performance. « Quand un athlète gagne sa vie avec sa lunette, un montagnard sauve sa vie. » L’objet n’est toutefois pas détaché des contraintes de la « mode ».

Pendant la phase de développement, Clément Bonnet nous explique que les lunettes sont d’abord prototypées à la main, puis sont moulées en 3D avant la production d’un dernier prototype bi-matière. Pour le design, les athlètes peuvent apporter leurs idées et, chez Julbo, on observe les tendances des différentes sports : couleurs flashs ou teintes sombres, vintage…tout se démode vite mais revient également rapidement au gout du jour. C’est également en dehors du sport que l’équipe de design va puiser son inspiration et, à ce petit jeu là, le secteur automobile est une source inépuisable.

julbo-visite-longchaumois-2016-vojo-paul-humbert-27En passant la porte de l’atelier, on change d’univers et on entre au coeur de la partie artisanale de la production. Quatre mécaniciens opèrent entre des machines récentes et des outils traditionnels. Les moules des lunettes sont conçus à partir de matériaux bruts. Ils sont ensuite adaptés et entretenus sur place.

La confrontation des techniques d’injection et de dessin numérique moderne dans cet atelier traditionnel est assez surprenante mais l’ensemble est bien plus chaleureux qu’une usine totalement moderne. C’est dans cette pièce qu’on mesure la part du savoir-faire des lunetiers jurassiens.

julbo-visite-longchaumois-2016-vojo-paul-humbert-36Un petit peu plus loin, direction le SAV, une grandes armoire abrite toutes les pièces de rechange nécessaires à la réparation des modèles de la marque.

julbo-visite-longchaumois-2016-vojo-paul-humbert-38La lunette apporte un look, une protection mais c’est aussi un outil pour corriger votre vue. Sur ce terrain, il y a encore du chemin à parcourir et Julbo l’a bien compris. La marque a récemment intégré dans ses bureaux de Longchaumois un laboratoire de traitement et de taille des verres solaires à la vue pour une sélection de montures de la marque. « Il n’y a pas deux verres identiques. » D’ailleurs, quand on parle de verre, la matériau n’est plus utilisé dans la grande majorité des cas. Sa qualité optique est très bonne mais les risques de casse rendent le verre trop dangereux. Le plastique bas de gamme est bien plus souple mais moins bon en termes optiques. La marque a donc opté pour du Trivex afin de répondre aux deux critères : qualité optique et sécurité.

Après une étude de la correction, c’est un calcul mathématique qui se pose et les verres sont taillés et traités en fonction de l’ordonnance de chaque personne. Sur des verres courbés, toutes les corrections ne peuvent trouver de solution directe mais bon nombre de personnes pourront s’affranchir d’inserts en passant commande de ces verres si la monture sélectionnée est compatible. Julbo tente une nouvelle fois de se distinguer en proposant cela à la fois sur des verres polarisants mais aussi photochromiques. Il faudra toutefois passer par un des opticiens du réseau de la marque pour prétendre à une telle monture. Au final, c’est entre 30 et 40 montages qui sont réalisés par jour, quand de nombreux concurrents de la marque préfèrent sous-traiter.

julbo-visite-longchaumois-2016-vojo-paul-humbert-34Les lignes d’assemblage des lunettes « classiques » voient les techniciens tailler les verres, les ajuster et les positionner sur les montures avant le conditionnement.

julbo-visite-longchaumois-2016-vojo-paul-humbert-43Assez logiquement, nous terminons par un tour dans l’impressionnant entrepôt de stockage de la marque. Il y a deux ans, les locaux ont été agrandis pour accueillir les salariés dans de bonnes conditions. Aujourd’hui, Julbo, c’est 29,5 millions d’euros de chiffre d’affaire, 80 personnes et autant de pays dans lesquels on peut retrouver les produits de la marque en direct ou via des distributeurs.

julbo-visite-longchaumois-2016-vojo-paul-humbert-46Entre objet de mode et élément de sécurité, la lunette est un objet complexe. En tout cas, Julbo continue de plancher sur le sujet en partant à la conquête de nouveaux marchés. La marque s’est récemment ouverte à la construction de casques pour l’hiver et s’interroge sur son implication dans le milieu du cyclisme sur route ou de la course à pied. De Longchaumois aux sommets de montagnes ou au milieu des océans, il y a fort à parier que vous croiserez encore longtemps des passionnés portant des Julbo !

Plus d’infos : www.julbo.com

ParPaul Humbert