Visite | Decathlon : au coeur du laboratoire de mécanique

Par Léo Kervran -

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Visite | Decathlon : au coeur du laboratoire de mécanique

Comment sont évalués les produits que nous achetons ? Qu’est-ce qui garantit leur performance, leur qualité ou encore leur sécurité ? Il n’est pas toujours facile d’avoir des réponses précises à ces questions car les laboratoires de test font bien souvent partie des secteurs « protégés » des marques, au même titre que les bureaux de développement. Vojo a pu découvrir le laboratoire de mécanique de Decathlon, là où sont testés tous les vélos des différentes marques du groupe et bien d’autres produits. Visite guidée.

Plutôt que Decathlon, on devrait d’ailleurs dire B’Twin puisque la section « vélo » du groupe dispose à Lille de son propre complexe, le B’Twin Village, à une petite dizaine de kilomètres du gigantesque campus de Villeneuve D’Asq qui regroupe tout le reste de l’entreprise. Pour vous donner une idée de la taille, le B’Twin Village c’est 185 000 m² dédiés au vélo, avec des chaînes de montage, un magasin, des salles de sports, des bureaux, des restaurants, des pistes de test, un atelier de prototypage… et un laboratoire.

Ce dernier a une importance particulière au sein du groupe Decathlon (qui compte 30 laboratoires différents au sein desquels travaillent 150 ingénieurs) puisque c’est le laboratoire de mécanique. Comme son nom l’indique, il réalise des tests mécaniques, c’est-à-dire la résistance à l’usure d’un produit, sa résistance aux impacts ou encore son comportement après vieillissement et dans différentes conditions environnementales. Cela concerne bien sûr les vélos et leurs composants, mais aussi les tapis de course Domyos, les casques, les trottinettes, les balles de tennis Artengo… C’est aussi l’un des plus gros, puisqu’il emploie une trentaine de personnes.

On s’en doute, mais évaluer un produit nécessite des compétences particulières, il ne s’agit pas simplement de le mettre dans une machine et d’appuyer sur un bouton. C’est le rôle des ingénieurs essais, comme Anjouan, Antoine ou Christophe. Leur travail est crucial car ils doivent tester tous les produits soumis à des normes (on compte près de 80 tests pour un vélo) mais aussi ceux en développement, pour s’assurer qu’ils fonctionnent bien comme prévu. Le laboratoire est donc en relation étroite avec les designers, ingénieurs produits et autres chefs produits pour établir les nouveaux protocoles de tests et s’assurer de la qualité, de la performance ou de la sécurité de ce qui est testé.

Tous les produits Decathlon qui seront soumis à des poids ou chocs sont testés ici avant leur commercialisation, pour évaluer leur sécurité et/ou leur performance. Le laboratoire peut réaliser deux types de tests : certains sont dit « référencés » tandis que d’autres sont « non-référencés ». Dans le premier cas, le protocole est défini par un organisme normatif et vise à s’assurer que le produit testé ne présente aucun danger par l’utilisateur. L’intérêt de ce référencement, c’est que les résultats d’un test fait à Lille par Decathlon peuvent être vérifiés par n’importe quel autre laboratoire accrédité pour réaliser ce test. D’ailleurs, par souci éthique, tous les tests de sécurité qui valident les produits Decathlon sont aussi effectués par un laboratoire extérieur à l’entreprise et indépendant alors que le laboratoire de mécanique dispose bien de l’accréditation pour valider ses propres produits.

Dans le second cas, les tests peuvent évaluer la sécurité ou la performance d’un produit mais ils n’ont aucune valeur aux yeux des autorités. C’est souvent Decathlon qui développe ses propres tests pour quantifier certains paramètres jugés importants. Lorsque c’est nécessaire, le laboratoire peut développer lui-même des machines de test. Lors de notre visite, des cadres, une fourche mais aussi une trottinette étaient ainsi en pleine séance de torture, à base de cycles répétés des milliers de fois. On découvre aussi de drôles d’assemblages, comme des pneus de moto ou de voiture pour évaluer la résistance à l’usure de tapis de course.

Sur les étagères, des dizaines (voire des centaines) d’autres produits attendent d’être testés, évalués, vérifiés…

Le laboratoire dispose aussi d’une salle spécialement équipée pour analyser et disséquer les produits sur lesquels un défaut est constaté. Qu’il soit détecté lors d’un test pendant le développement, lors d’une vérification sur un lot à destination des magasins ou même par un utilisateur, le produit concerné finit généralement dans cette pièce pour comprendre précisément l’origine du problème et comment éviter qu’il ne se reproduise.

L’objectif de notre passage dans le laboratoire n’était pas la visite et nous n’avons fait qu’effleurer le fonctionnement des lieux, mais cela donne envie de revenir et d’y passer plus de temps. Le nombre de tests auxquels Decathlon soumet ses produits (lors du développement, chez le fournisseur puis à la réception avant le montage) est particulièrement impressionnant, même si on n’en attend pas moins pour une entreprise qui sort entre 200 000 et 300 000 vélos par an de sa seule usine de Lille, garantis à vie pour les modèles en aluminium.

ParLéo Kervran