Trans Sierra Norte : Jérôme Clementz nous emmène au Mexique

Par Pierre-Jean Nicot -

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Trans Sierra Norte : Jérôme Clementz nous emmène au Mexique

Jérôme Clementz nous raconte sa Trans Sierra Norte, une course d’enduro sur 4 jours au Mexique ! Une compétition intense, au plateau relevé, mais aussi une belle occasion de plonger dans la culture locale et, bien sûr, de goûter à des trails de montagne uniques.

« La Trans Sierra Norte est organisée autour d’Oaxaca de Juarez, dans les Vallées centrales au sud de Mexico. Entourée de montagnes et de vallées, cette région a toujours été une zone riche en ressources pour l’agriculture, avec des sols fertiles, de l’eau et des forêts.

Un peu d’histoire !

Les traces des premiers habitants remontent à 500 avant Jésus-Christ !

Les Zapotèques ont ensuite créé la première ébauche d’une « ville », qui deviendra la plus grande cité de cette civilisation : le Monte Albán, à 10km du centre d’Oaxaca, est un témoin impressionnant de cette période.

La cité construite ici se trouve à environ 1500m d’altitude et les montagnes alentour atteignent 3300m : du dénivelé en perspective pour s’amuser ! Contrairement aux montagnes en Europe, on trouve là des arbres en altitude. Le bas du relief est plutôt sec et rocailleux, mais plus on monte, plus on se dirige vers une véritable forêt tropicale, entretenue par les nuages bloqués par les sommets ! Tout est bien verdoyant, avec de la mousse aux arbres et des sols meubles !

La scène locale : l’enduro se développe au Mexique

La scène enduro au Mexique n’est pas très grande mais se développe. Je raconte ici la 3ème édition de la Trans Sierra Norte, et il existe une coupe nationale à travers tout le pays. Pour la Trans Sierra, nous sommes sur le territoire de communautés autonomes, qui possèdent les terres et vivent dans la montagne !

Ils apprécient le potentiel récréatif de notre sport et sont en charge de construire et d’entretenir les trails. En retour, les droits d’inscription payés par les pilotes sont redistribués pour les aider. Il s’agit donc d’un cercle vertueux qui s’est mis en place ici : rouler sur des trails inédits et intéressants, tout en contribuant à la vie locale.

Pendant ce voyage, j’ai rencontré beaucoup de riders locaux enthousiastes, heureux de rencontrer parfois leurs idoles et de voir les enduristes apprécier les tracés préparés. Alvaro et Diego, les organisateurs de la course, ont à cœur de promouvoir cet esprit de partage et d’aider à développer le territoire. Yefra et Beto sont les deux locaux en charge de l’entretien des sentiers et de la création des traces. Ils étaient vraiment curieux d’entendre nos retours sur leur travail et heureux de constater nos grands sourires après chaque session !

L’épreuve : une expérience avant d’être une course

Les courses au format « trans » ne sont pas spécifiquement pensées comme des compétitions, plutôt comme une façon de découvrir une région, de rouler sur les meilleurs trails du coin et de faire se rencontrer des pilotes de tous les horizons.

Ce sont 4 jours de ride intense et de partage avec 100 autres passionnés de VTT, venus de 12 pays ! Nous nous rencontrons tous à Oaxaca, à l’hôtel, prenons possession de notre package de course, remplissons nos sacs avec seulement l’essentiel pour 4 jours puis nous dirigeons vers l’inconnu, en bus !

Dès que l’on quitte l’hôtel, on vit la véritable « expérience mexicaine » ! De vieux bus extravagants transportent les riders, des anciens camions chargent chacun 50 vélos, le tout animé par de la musique mexicaine : c’est exactement cette ambiance que nous venions chercher !

Les liaisons se font à la pédale ou en navettes, à raison de 3 à 5 spéciales par jour. Chaque journée se termine près d’un magasin, où tout le monde se rassemble autour d’un snack et de boissons avant de rejoindre le camp. Deux types de bus étaient prévus pour nous ramener : le « Cool bus » pour un retour paisible, ou le « Party bus » pour les plus motivés, où l’on peut danser torse nu et boire du mezcal ! Ce qui se passe dans le Party bus reste dans le Party bus et c’est seulement en participant que vous pourrez découvrir ses secrets, si cela vous intrigue tant !

Les organisateurs ne nous donnent pas beaucoup d’informations sur ce qui est à venir, juste ce qu’il faut pour évoluer en sécurité sur les 4 jours. Une impression de désorganisation peut parfois être ressentie, mais l’équipe médicale d’urgence est l’une des meilleures que j’ai pu rencontrer !

La logistique se déroule sans problème et nous n’avons jamais eu à patienter pour rien. Pas évident pour les organisateurs de diriger une telle épreuve avec cette attitude « relax », tout en étant en réalité super sérieux et très au point !

Le camp de base ! Dans la brume…

Notre camp de base est situé à 2500m dans un « écolodge », un logement basique mais avec douche chaude et de bons matelas ! Malheureusement cette année, les nuages étaient vraiment bloqués par le relief et nous avons eu 100% d’humidité et aucune visibilité à cet endroit.

L’équipe de la course préparait des plats mexicains bien relevés, et nous avons pu goûter à d’autres plats locaux et des bières gratuites grâce à la brasserie d’Oaxaca.

4 jours de pilotage sur un terrain difficile et sauvage ne sont pas vraiment de tout repos. Au retour au camp, on prend soin de soi, on s’assure que le matériel est prêt pour repartir le lendemain, on mange et on essaie de se reposer !

L’entraide entre les riders est impressionnante et l’on n’est jamais seul, quelqu’un est toujours là pour donner un coup de main, aider à chercher une solution pour n’importe quel problème et juste discuter autour du feu… avec quelques bières et du mezcal pas loin !

Le profil de la course : des spéciales longues !

Le site web de la Trans Sierre Norte dit : « Attendez-vous à plus de 15 spéciales sur une large variété de terrains, du singletrack sur sol meuble de 7km de long avec 1000m de descente, jusqu’au trail rocailleux et fuyant le plus naturel que vos mains et vos freins puissent imaginer ! Les singletracks de la Sierra Norte d’Oaxaca sont reconnus par plusieurs pilotes de niveau international comme quelques-uns des meilleurs tracés qu’ils ont expérimentés ! »

Je pense que cela résume bien la situation ! Je n’ai jamais roulé autant de spéciales si longues dans une course d’enduro. En même temps, des spéciales courtes au sommet des montagnes étaient aussi proposées, sur terrain meuble, avec beaucoup de flow ! Sous la pluie, le sol était doux, la traction incroyable : sourire garanti à la fin de chaque tronçon !

Aucune trace ne m’a déplu, elles étaient toutes fun et je peux même dire que certains trails font partie des meilleurs que j’ai pu parcourir en compétition !

C’est une course sans reconnaissances, il faut donc s’attendre à quelques surprises et à avoir les bras tétanisés après quelques minutes de riding intense et de virages serrés…

D’un autre côté, la variété des tracés, du très pentu au plus raisonnable, du terrain meuble aux champs de cailloux, des forêts denses aux espaces grand ouverts, le tout parsemé bien sûr de montées casse-pattes, permet de tester notre endurance, notre capacité à lire le terrain, à gérer l’effort et à arriver vite en bas… en une seule pièce !

A l’arrivée des spéciales, beaucoup de « high five » et de mains serrées ! Les « Put*** c’était dingue ! » ou « J’ai failli mourir ! » ou « Le flow est incroyable ! » fusent dans tous les sens et tout le monde semble avoir apprécié les choix retenus.

La compétition : un plateau de haut niveau

Le chronomètre ajoute encore un peu plus de piment ! Le plateau était impressionnant cette année. Richie Rude et Shawn Neer, vainqueurs du Trophée des Nations EWS, Jesse Melamed, vainqueur à Whistler, Ludo May, le pilote du #motivationmonday, Adam Craig, légende du cyclisme US, ou Andréane Lanthier-Nadeau et Emily Slaco et bien d’autres.

Comme la course était organisée en même temps que le « Dias de los muertos », le Jour des morts, au lieu de porter un jersey spécial, le leader devait porter un crâne toute la journée, attaché sur son sac à dos…

Chez les femmes, Andréane a imposé un rythme très rapide et a dominé tous les jours. Son temps l’aurait placée 12ème chez les pro garçons ! Emily suit en 2ème position et Megan Rose (organisatrice de la Trans BC et Trans NZ) est 3ème. Beaucoup de respect pour les 17 compétitrices qui ont terminé cette course !

Dans la catégorie open, le public mexicain était fier et très animé ! Pour la première fois, un Mexicain s’impose : Jota Ortega. Il domine le Canadien Noel Bolso et le Portugais Filipe Caldeira (organisateur de la Trans Madeira).

Chez les masters 40, Philips Botsy gagne avec un temps qui l’aurait placé dans le top 10 des pro. Matt Patterson est 2ème et Craig Wilson 3ème.

Enfin, nous avons connu une belle bataille chez les pro. Richie Rude et Shawn Neer menaient le premier jour, mais j’ai fait un bon retour lors du 2ème jour pour prendre la tête. Après le 3ème jour, le top 3 se tenait en 15 secondes ! Richie et Shawn ont roulé full gaz le dernier jour. J’aurais pu les contrer dans les longues spéciales, grâce à mon expérience et ma capacité à bien rouler même fatigué, mais je n’ai rien pu faire contre leur vitesse brute et leur talent sur les spéciales plus courtes.

Richie s’impose juste devant son coéquipier et je finis 3ème. Ludo May est 4ème. Il s’est battu pour cette place tous les jours avec Adam Craig, mais ce dernier se place seulement 9ème au final, après plus de 2h10 de spéciales chronométrées.

Une aventure mémorable

Plus qu’une course, la Trans Sierra Norte est une aventure de vélo dont on se souvient pour la vie, notamment grâce à la culture authentique et aux traditions que la région peut offrir. Rider les meilleurs tracés du Mexique, goûter à des plats excellents, se rapprocher de la vie locale, et bien sûr partager un véritable rêve pendant près d’une semaine avec les autres pilotes venus du monde entier…

La Trans Sierra Norte va rester dans mon top des courses d’enduro sur plusieurs jours, grâce à la variété qu’elle propose et à tout ce que l’on peut faire en dehors de la course, en particulier en pleine période du Dias de los muertos et avec toutes les offres touristiques de la région !

Crédit photos : Nicolas Switalski. Texte : Jérôme Clementz

Le site de la Trans Sierra Norte : https://www.transierranorte.com

ParPierre-Jean Nicot