Test VTTAE | Mondraker Crafty : modernisé, affûté, mais fidèle à son tempérament

Difficile d’ignorer le poids de l’histoire lorsque l’on parle du Crafty. Modèle emblématique et pilier commercial de Mondraker, il a façonné l’image de la marque auprès du grand public. Mais, avec l’arrivée du nouveau moteur Bosch et l’évolution rapide du segment VTTAE, une simple mise à jour ne suffisait plus : il fallait faire évoluer en profondeur un châssis apprécié, sans en trahir l’ADN. C’est précisément le défi que relève cette nouvelle génération, pensée pour remettre le Crafty au niveau des attentes actuelles… tout en conservant ce caractère qui lui a permis de devenir un best-seller.

Châssis

Mondraker ne fait pas mystère de ses influences : ce Crafty puise largement dans les codes esthétiques des Neat et Sly. Résultat, un châssis qui coche toutes les cases du style maison : silhouette acérée, arêtes nettes, tube supérieur affuté comme une lame, ouverture centrale dans le triangle avant… l’ADN de la marque transpire dans chaque détail. Impossible de s’y tromper, on est bien face à un Mondraker pur jus, assumé et immédiatement reconnaissable.

Côté construction, Mondraker décline son Crafty en plusieurs approches. Trois versions reposent sur un cadre entièrement en carbone, trois autres mêlent triangle avant carbone et triangle arrière alu, et une dernière configuration fait appel uniquement à l’aluminium. Notre modèle d’essai appartient à la seconde famille, avec un triangle arrière en alu.

Sur la balance, les Crafty affichent des écarts notables selon le niveau d’équipement : notre RR s’établit à 24,2 kg, alors que le très affûté RR SL tombe à 21,1 kg. Les autres déclinaisons se regroupent autour de la barre des 23 kg, reflet logique de leurs montages intermédiaires. Nous avons pesé notre modèle de test à 24,5 kg.

Le passage des câbles est intégralement internalisé sur ce nouveau Crafty, avec un routage guidé depuis une entrée placée sur le haut du tube diagonal. Mondraker laisse toutefois la possibilité d’une intégration via le jeu de direction pour celles et ceux qui préfèrent cette solution. On trouve également deux emplacements pour porte-bidon ou batterie additionnelle, dont un situé sous le tube supérieur, ce qui offre plusieurs configurations possibles selon l’usage et les besoins en autonomie.

Mondraker indique avoir particulièrement travaillé sur la réduction des bruits parasites, un point souvent sous-estimé mais essentiel sur un VTTAE. Cela se traduit par une imposante protection de base côté transmission, pensée pour éviter tout claquement de chaîne, ainsi que par un sabot robuste couvrant le moteur, le boîtier de pédalier et le bas du tube diagonal. L’ensemble vise à limiter les vibrations et à protéger efficacement les zones sensibles.

Assistance

Ce moteur, on vous en a déjà largement parlé : Test | Mise à jour Bosch Performance CX : 750 W et 100 Nm, pour qui et pour quoi faire ? On se contentera donc ici simplement de rappeler les chiffres clés : 100 Nm, 750 W et 400 % d’assistance maximale. Pour les Mondraker Crafty 2025 datant d’avant juillet (date de la mise à jour Bosch), il est possible de mettre à jour son moteur au moyen de l’application smartphone de la marque.

On notera qu’il est aussi possible d’opter pour le Range Extender de 250 Wh. Le Crafty est également doté du nouvel écran d’affichage Kiox 400 de chez Bosch directement intégré du tube supérieur et du plus bel effet.

Suspensions

Impossible de passer à côté : sur ce Crafty 2025, l’amortisseur n’est plus du tout à la même place. Mondraker l’a positionné nettement plus bas que sur la génération précédente, un choix que l’on retrouve de plus en plus chez plusieurs concurrents. L’objectif est clair : ramener le poids de la suspension au plus près du boîtier de pédalier et du moteur pour abaisser le centre de gravité. Un ajustement qui peut paraître anodin sur le papier, mais qui joue un rôle important dans la stabilité et le comportement du vélo une fois sur le terrain.

Mondraker a opté pour un amortisseur plus compact qu’auparavant, un choix qui vise à « gagner en sensibilité et en confort sans sacrifier le soutien » selon les termes de la marque. Mondraker explique également avoir travaillé main dans la main avec Fox pour mettre au point un setting interne spécifique au Crafty, calibré pour épouser au mieux la cinématique Zero. L’idée n’était pas simplement de monter un amortisseur « compatible », mais d’obtenir une réponse parfaitement cohérente avec le comportement du châssis. Résultat : une suspension arrière plus réactive, plus vivante, et qui exploite vraiment tout ce que cette nouvelle architecture peut offrir.

Mondraker n’a pas touché à l’essence de sa suspension « Zero », mais la marque en a profité pour corriger plusieurs points relevés sur la précédente génération. L’anti-squat a été abaissé afin de limiter les remontées parasites au pédalage, tandis que le ratio de levier évolue pour offrir davantage de sensibilité en début de course et un meilleur soutien en milieu de débattement. Des ajustements subtils, mais qui pourraient transformer le comportement du Crafty sur le terrain…

Géométrie

Signature assumée de Mondraker, la « Forward Geometry » est évidemment de retour sur ce Crafty nouvelle génération. Le principe reste inchangé : un triangle avant allongé — comprenez un reach généreux — associé à une potence très courte. Un parti pris que la marque défend depuis plus de dix ans maintenant…

En termes de cotes, Mondraker annonce un reach de 475 mm en taille M/L, associé à des bases de 455 mm, un tube de selle redressé à 77,5° et un angle de direction ouvert à 64,1°. À noter, l’apparition d’une taille intermédiaire M/L pour combler l’écart entre M et L. De notre côté, la taille M s’est révélée idéale jusqu’à environ 1m75 ; au-dessus, la M/L s’impose comme le choix le plus cohérent.

Équipements du Mondraker Crafty

Dans notre version RR de test, le Crafty est équipé d’une fourche Fox 38 Grip X2 Factory de 160 mm de débattement et d’un amortisseur Fox Float X Evol Factory développant 150 mm.

La transmission ainsi que les freins proviennent de chez Sram, avec respectivement un groupe GX Eagle T-Type et une paire de Maven Bronze associés à des disques de 200 mm.

Le train roulant est bleu-blanc-rouge avec une paire de Mavic E-Deemax, chaussées d’un Maxxis Assegai (2.5, EXO+, MaxxGrip) à l’avant et d’un Minion DHR II (2.5, EXO+, Maxx Terra).

Le reste des périphériques est maison, avec un poste de pilotage OnOff en aluminium (potence de 30mm, cintre de 800 mm avec un rise de 25 mm). La tige de selle télescopique est une OnOff Pija avec un débattement ajustable entre 180 et 155 mm. Celle-ci est surmontée d’une très bonne selle Ergon SM10.

Versions, poids et tarifs du Mondraker Crafty

Mondraker Crafty 2026 : le test terrain

Passage à l’atelier avant de filer sur les sentiers. D’origine, le Crafty arrive avec un poste de pilotage assez haut, conséquence des nombreuses entretoises sous la potence. Rien d’anormal puisque cela permet à chacun de choisir sa hauteur désirée, mais sur ce vélo en particulier, on gagne clairement à descendre d’un cran. En retirant une ou deux entretoises, on charge mieux l’avant, on gagne en précision dans le rapide et l’ensemble devient plus homogène. Même logique pour le cintre : passer de 800 à 760 mm s’est révélé plus adapté à notre gabarit, et surtout plus naturel pour exploiter tout le potentiel du vélo.

S’il ne fait aucun doute que notre Crafty d’essai affiche un certain embonpoint sur la balance (24,4 kg pour la version RR), le ressenti en descente raconte tout autre chose. Une fois lancé, le vélo gomme en grande partie son poids grâce à une répartition des masses bien pensée et – surtout – au réglage interne choisi par Mondraker pour son amortisseur. Avec un rebond plus rapide que ce qu’on rencontre habituellement sur ce type de débattement, le Crafty gagne un tempérament plus vif que prévu : on retrouve un côté « play-bike » étonnant pour un VTTAE de cette catégorie. Il se montre facile à placer, réactif dans les changements d’angle et suffisamment soutenu pour enchaîner les appuis sans se vautrer dans le débattement. Ce n’est pas le plus stable ou le plus collé au sol du segment, mais sa manière d’effacer son poids pour offrir un pilotage vivant et joueur est l’un des traits marquants de cette nouvelle génération.

La cinématique Zero et le travail fait avec Fox apportent un niveau de confort et de contrôle très appréciable dans les sections cassantes. Le Crafty encaisse fort, sans jamais donner l’impression de se désunir. Plusieurs testeurs ont noté la progressivité très marquée de la suspension arrière, agréable et rassurante dans les successions d’obstacles. En revanche, il ne possède pas la stabilité imperturbable des machines taillées exclusivement pour l’enduro et le chrono. Ce n’est pas un pur « bike de course », mais un vélo capable d’affronter une spéciale sans sourciller… à condition d’être prêt à l’emmener correctement.

Ce caractère, justement, est pleinement assumé : le Crafty n’est pas un vélo neutre. Il demande un minimum d’engagement pour délivrer tout son potentiel… mais une fois que l’on a compris comment dialoguer avec lui, il devient franchement grisant. L’un des testeurs résume bien : « On peut faire une rando tranquille sans avoir l’impression de conduire un camion, mais aussi s’amuser sur des spéciales d’enduro sans limites. » À noter aussi : le montage de pneus joue énormément. Avec l’Assegai à l’avant et le DHR2 derrière, le grip et la confiance sont exemplaires, mais le rendement sur le dur s’en ressent immédiatement. Dans le gras, la souplesse de la paire de roues — sans doute additionnée et accentuée par le triangle arrière alu — apporte du confort, même si elle rendra un peu moins dans le rapide et les portions moins chaotiques.

Après être descendu, il faut remonter ! Le Mondraker Crafty progresse nettement en montée. Là où l’ancienne génération demandait parfois de la finesse pour garder l’équilibre dans le raide technique, ce nouveau millésime met immédiatement le pilote dans le bon axe : tube de selle redressé, poids naturellement centré, roue avant rivée au sol. Le résultat est sans appel, le vélo grimpe plus droit, plus calmement, avec une motricité bien meilleure et un comportement nettement plus prévisible. Mondraker corrige ici l’un des points faibles du Crafty… et la différence se ressent dès les premières épingles ascendantes.

Impossible de ne pas mentionner la récente mise à jour Bosch : avec davantage de couple et de puissance, le moteur gagne encore en réactivité et en capacité sur les ascensions les plus difficiles. Une amélioration qui renforce encore l’impression de facilité en montée, et qui complète parfaitement les progrès déjà réalisés sur la géométrie.

Verdict

Avec cette nouvelle génération, Mondraker ne révolutionne pas le Crafty : il le recentre, le clarifie et, surtout, le rend bien plus cohérent sur le terrain. Le travail sur les suspensions, la géométrie et le positionnement du pilote change profondément l’équilibre du vélo, qui gagne en précision comme en agilité, tout en corrigeant l’un des défauts les plus marqués de son prédécesseur : le comportement en montée. Plus joueur, plus facile à comprendre, mais toujours doté de ce caractère typiquement Mondraker, le Crafty 2025 n’est pas le VTTAE le plus neutre ni le plus stable du marché… et c’est justement ce qui fait son charme. À condition d’aimer les vélos qui répondent quand on les bouscule, ce Crafty-là se révèle être un compagnon incroyablement attachant, aussi efficace qu’amusant. Une évolution bien sentie, qui laisse entrevoir de belles années devant lui.

Pour plus d’informations : https://mondraker.com/nc/fr/enduro-ebike-crafty