Test | Vittoria Air-Liner Light : petit insert, grandes ambitions

Par Léo Kervran -

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Test | Vittoria Air-Liner Light : petit insert, grandes ambitions

Chez Vojo, on n’a jamais été spécialement convaincus par les inserts de pneu. Si on apprécie la protection qu’ils offrent, on a toujours eu du mal à s’adapter aux différences (volontaires ou non) de comportement de l’ensemble roue-pneu qu’ils entraînent. Alors quand Vittoria nous a proposé d’essayer son nouvel Air-Liner Light en nous promettant qu’il allait nous convaincre, on était un peu dubitatif. Voici venue l’heure du verdict :

Un fabricant de pneu qui propose aussi des inserts, ce n’est pas très courant. Mis à part Schwalbe, qui fut parmi les précurseurs en 2014 avec son Procore, la plupart des marques de pneu considèrent les inserts comme des « béquilles » et préfèrent se concentrer sur le développement de pneus qui fonctionnent très bien tout seuls. C’est un point de vue qui se défend mais chez Vittoria, on n’a pas ce tabou.

La marque a bien compris que quoi qu’elle fasse, certains continueront à utiliser des inserts, et si elle peut être présente dans ce domaine, c’est une bonne façon de se démarquer de ses concurrents. Vittoria propose donc une gamme relativement complète d’inserts depuis plusieurs années avec un modèle MTB disponible en quatre tailles, un modèle gravel (taille unique) et même un modèle route (trois tailles).

Cependant, avec l’évolution des circuits, du pilotage et du matériel, les inserts ont fait leur entrée dans les paddocks de XC ces dernières années et Vittoria manquait d’un produit vraiment adapté. Un Air-Liner MTB, c’est 90 ou 165 g par roue dans les deux tailles les plus courantes et c’est un surpoids loin d’être négligeable. La marque est donc retournée au laboratoire et c’est ainsi qu’elle présente aujourd’hui l’Air-Liner Light.

Comme son nom l’indique, l’Air-Liner Light est un insert léger. Vittoria annonce un poids de 50 g par roue et nous avons pesé nos modèles d’essai à 52 g, ce qui confirme les dires de la marque. Voilà qui devient tout de suite bien plus intéressant pour du XC et face à la concurrence : environ 50 g, c’est 100 g de moins qu’un Cushcore XC, 15 à 25 g de moins qu’un Pepi’s R-Evolution et équivalent à un Tubolight Evo SL, par ailleurs le plus proche du Vittoria par la forme.

Cependant, l’Air-Liner Light ne se limite pas au XC pur. La marque le conseille pour tous les usages jusqu’aux pratiques Trail / rando (pneus en 2,1″ à 2,4″), du moment qu’il est monté sur des jantes entre 25 et 30 mm de largeur interne.

Au-delà de sa forme en « Y épaissi », c’est surtout la mousse qui a demandé du travail à la marque. Plus de 30 recettes ont été testées avant d’obtenir le comportement voulu en termes de compression, de durée de vie et de réaction en cas de crevaison.

A l’usage, on commence à distribuer les bons points avant même d’avoir quitté l’atelier. L’Air-Liner Light se monte très facilement, et ce peu importe la configuration de jante/pneu. On a essayé avec du 25 mm et 2,2″, avec du 30 mm et 2,4″… A chaque fois, l’insert se met facilement en place. Son diamètre initial est légèrement inférieur à celui d’une jante en 29″ mais il est suffisamment élastique pour se glisser dessus sans difficulté. On a même trouvé qu’il pouvait faciliter l’installation de certains pneus à la carcasse très souple et qu’on peut parfois avoir du mal à faire tenir dans la jante.

Vittoria fournit une valve adaptée avec chaque insert mais au gonflage, nous n’avons pas rencontré de problème particulier avec d’autres modèles. Lorsqu’on veut dégonfler en revanche, ça peut être un peu plus compliqué si votre valve n’était pas parfaitement propre et c’est là qu’on comprend l’intérêt d’utiliser les valves de Vittoria.

Sur les sentiers, on sent bien qu’on est en présence d’un insert XC. Le Air-Liner Light représente au maximum 4 % du poids d’une roue complète (si on imagine une roue avant la plus légère qui soit), ce qui n’est rien. En conséquence, on ne sent aucune différence sur l’inertie et les accélérations du vélo.

En fait, on ne le sent pas… du tout. Sur le plat au milieu des racines, dans un pierrier ou en descente, on n’a jamais eu l’impression d’avoir un insert qui modifiait ou perturbait le comportement du pneu comme c’était le cas avec les autres modèles (plus typés enduro) qu’on avait pu essayer. Si on ne l’avait pas installé nous-même, on n’aurait même probablement jamais deviné qu’il était là, et à nos yeux c’est une excellente chose.

L’Air-Liner Light brille en se faisant oublier, c’est comme si on était gonflé à la pression idéale en permanence. On ainsi a pu aller jouer sur des spéciales d’enduro en petit vélo sans arrière-pensée et sans chercher à piloter particulièrement propre dans les caillou à des pressions plutôt basses (1,2 bar pour un pilote de 67 kg) sans aucun problème. Ce n’est qu’à la fin qu’on se rend compte qu’on n’a jamais touché la jante ni eu de pneu flou dans un appui. Au moment d’écrire cet article, un de nos testeurs nous a ainsi confié qu’il « ne pensait pas avoir autant de protection pour 50 g ».

On ne sait pas dans quelle mesure les atouts en termes de grip et de stabilité avancés par Vittoria sont réels ou mesurables mais quand la marque annonce que « la progression de la compression est si efficace que le pilote ne se rend même pas compte que l’insert fonctionne », on ne peut qu’être d’accord avec elle.

Attention, l’Air-Liner Light reste un insert de XC. On peut éventuellement l’emmener un peu au-delà mais ce n’est pas un modèle d’enduro en termes de protection et si vous insistez vraiment, vous pourrez toujours réussir à taper la jante. A ce sujet, la limite de 30 mm de largeur interne est plus qu’un conseil, c’est une vraie règle à respecter absolument. On a essayé et on sent que la protection est un peu moins bonne que sur une jante en 25 mm. Au démontage, on a pu constater que les marques de coups arrivent très près du bord de l’insert. Sur une jante deux millimètres plus large, c’est le flanc qui prend…

Un de nos testeurs a poussé la conscience professionnelle jusqu’à crever avec l’insert, ce qui montre que cela reste bel et bien possible, même si nous n’avons pas réussi de notre côté. Dans ce cas, Vittoria annonce que le volume de l’Air-Liner Light augmente de 20 à 25 % grâce à l’air sous pression stocké dans les cellules de la mousse (avec la chute de pression autour d’elles, elles augmentent de volume pour rééquilibrer la pression) ce qui permet de continuer à rouler sans trop de difficultés. Nous n’avons pas pu le mesurer pour vérifier mais on notera que malgré tous ses efforts, notre testeur n’a pas déjanté sur la descente et son trajet de retour.

Un dernier bon point ? La couche de protection autour de la mousse est efficace et en plusieurs mois de test, les inserts n’ont pas absorbé une goutte de préventif. Ils semblent aussi particulièrement solides puisqu’ils sont encore en excellent état alors qu’on ne leur a pas épargné grand-chose (une Cape Epic et une Andalucia Bike Race notamment). D’après un de nos testeurs, l’Air-Liner Light fait nettement mieux que le Tubolight Evo SL dans ce domaine.

Le Tubolight garde pour lui l’avantage du prix puisqu’il est vendu 20 € moins cher que l’insert Vittoria, affiché à 59,95 € l’unité (avec la valve). Certes ce n’est pas donné, mais si ça permet de sauver le pneu ou surtout la jante pendant toute la saison, ça reste intéressant…

Verdict

Vous l’avez sûrement déjà compris, mission accomplie pour le Vittoria Air-Liner Light. De l’atelier aux sentiers, il réussit le sans-faute et c’est la première fois qu’un insert nous séduits réellement. Il s’installe facilement, se fait oublier sauf quand on en a besoin et résiste bien à tout ce qu’on peut lui infliger. Mis à part le tarif un peu salé dans l’absolu (mais plus faible que de nombreux concurrents), on ne lui trouve aucun défaut pour l’instant et on compte bien l’emmener le plus loin possible.

Plus d’informations : vittoria.com

Photos d’action : Mountain Bike Connection Summer – Mirror Media

ParLéo Kervran