Test : Topeak JoeBlow Booster, la pompe bodybuildée

Par Christophe Bortels -

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Test : Topeak JoeBlow Booster, la pompe bodybuildée

Bontrager avait marqué les esprits il y a une bonne année avec l’annonce d’une pompe « révolutionnaire » dédiée au montage des pneus tubeless, et ce grâce à son second fut dans lequel il est possible de stocker de l’air sous pression avant de le relâcher d’un coup. En géant de l’accessoire et plus particulièrement des pompes à pied, Topeak se devait de répliquer à cette innovation. C’est ainsi qu’est née la JoeBlow Booster. Tient-elle ses promesses ? Voici notre verdict.

D’emblée, la JoeBlow Booster impressionne. Il faut dire que l’objet en impose par son gabarit : c’est un beau bébé de 3.8kg et 74cm de haut, rien que ça ! Et puis il y a évidemment cette conception à « double chambre », toutes deux en aluminium, l’une relativement fine et l’autre bien plus imposante. La première est du type qu’on retrouve sur une pompe à pied traditionnelle, à savoir celle dans laquelle coulisse le piston que l’on actionne pour pousser l’air vers le pneu ou la chambre à air. L’autre, la grosse, est destinée à conserver provisoirement l’air sous (haute) pression.

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Le choix entre gonflage traditionnel et remplissage de la grosse chambre se fait via une imposante molette située autour du manomètre. « Inflate » permet de gonfler directement, « Charge » oriente l’air vers la grosse chambre d’un litre qui peut être remplie jusqu’à 11 bars. Pour info, c’est aussi la pression que l’on peut théoriquement atteindre en mode normal, quand on gonfle directement le pneu. Une fois la grosse chambre remplie, on repousse le levier sur la position Inflate et l’air est alors envoyé vers le pneu. Rien de bien compliqué. Pour le reste, on retrouve la tête SmartHead qui s’adapte automatiquement au type de valve (presta ou schrader), tandis qu’en dessous du manomètre se trouve un bouton permettant de relâcher de l’air en mode gonflage, pour ajuster précisément la pression.

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En parlant de précision, on note assez vite qu’on en manquera au moment de procéder aux ajustements. Car si, on l’a dit, la Booster est généreuse en terme de pression pure, elle l’est logiquement moins au niveau des graduations. On doit en effet se contenter de quatre petites barres entre chaque valeur pleine, autrement dit une graduation par 0,2 bars. C’est un peu limite quand on est pointilleux, a fortiori quand comme nous on roule parfois avec le système ProCore de Schwalbe. Heureusement, le manomètre est de taille généreuse (5cm de diamètre) et il se situe en haut de la pompe et non en bas, ce qui permet, dans une certaine mesure, de placer l’aiguille entre deux graduations et de simuler une précision au dizième de bar. Pour le reste, la qualité de fabrication est globalement très correcte et l’ensemble semble robuste, malgré la présence de pièces en plastique, et on n’aura aucune crainte à transporter cette pompe en vrac dans le coffre de la voiture ou à l’arrière d’une camionnette. Voilà pour le tour du propriétaire. Passons aux choses concrètes !

En pratique

Précisons d’emblée que nous n’avons pas eu l’occasion de tester le modèle de Bontrager, la TLR Flash Charger, dont nous parlions dans l’introduction. Jusqu’ici, pour faire monter nos tubeless, nous faisions appel au bon vieux compresseur ou, à défaut, à une pompe à pied traditionnelle. Sur le papier, et malgré son embonpoint, cette JoeBlow Booster semble donc un très bon plan pour gérer ses pneus tubeless à la maison ou sur le terrain, lors d’un week-end de course ou d’un séjour à la montagne par exemple. Quelques minutes après avoir mis la main sur l’objet, nous n’avons pas pu résister à l’envie de procéder à un petit test à vide pour déjà voir ce que la Booster a dans le ventre. Une quarantaine de « pompages » plus tard, les 11bars sont atteints dans la grosse chambre. On actionne alors la grosse molette et hop, l’air s’échappe comme prévu. Pas vraiment très fort, il faut bien l’avouer, mais longtemps, c’est déjà ça. Reste à voir ce que ça donnera avec une valve et un pneu au bout du tuyau !

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Le premier vrai test se fera suite à la nécessité de refaire le plein de liquide anti-crevaison dans les deux pneus d’un vélo d’enduro, à savoir un très classique combo Magic Mary / Nobby Nic en 27,5*2.35″. Pour ne pas que les choses soient trop faciles, on prend bien soin de dégager l’ensemble des deux tringles, et non pas une dizaine de centimètres comme on le ferait lors d’un check classique de liquide. La procédure de gonflage de la grosse chambre est désormais une routine et, après avoir actionné la molette, les clac-clac typiques se font rapidement entendre. Les pneus sont montés en quelques secondes, ça marche ! En retirant la tête de la pompe de la valve, on constate qu’un peu d’air s’échappe du Charger. Quant aux pneus, ils affichent entre 1.5 et 2 bars de pression après y avoir vidé le Charger au préalable gonflé à 11 bars. Lors de la procédure de gonflage, après quelques secondes, les pressions pneu/pompe s’équilibrent et l’air qui reste dans la grosse chambre entre visiblement en conflit avec l’air qui se trouve à présent dans le pneu, ce qui empêche la chambre de se vider complètement. Ce qui explique aussi pourquoi de l’air s’en échappe quand on retire la tête de la pompe de la valve.

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C’est ici la différence fondamentale entre cette pompe et un compresseur : ce dernier bénéficie d’une certaine puissance initiale pour faire prendre le pneu, là où la JoeBlow Booster joue davantage la carte du flot d’air continu. C’est d’ailleurs aussi ce qui lui donne l’avantage sur une pompe à pied traditionnelle où on doit généralement pomper très vite pour tenter de simuler au mieux un flot constant. Ce manque de pep’s de la booster par rapport à un compresseur oblige du coup à être pointilleux quand on souhaite faire monter un pneu neuf (a fortiori un modèle à flancs plus souples qui a tendance à moins tenir tout seul), et à bien placer et lubrifier les tringles là où, en utilisant un compresseur, on peut se permettre d’être moins regardant. Mais, en ce qui nous concerne, ça a toujours fini pas fonctionner. Parfois cependant, il faut s’y reprendre à deux fois, comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous, réalisée par nos soins :

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L’avantage, on le constate ici, c’est qu’on peut regonfler la grosse chambre dans la foulée, en laissant la pompe fixée à la valve et sans que l’air ne s’échappe, puis remettre un bon coup final pour que les dernières parties de tringles récalcitrantes montent et claquent enfin. Autre solution : rester en mode gonflage de base et pomper directement dans le pneu, ce qui permet aussi dans la plupart des cas de terminer le montage.

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Au-delà de ce petit manque de pep’s et du peu de précision des graduations du manomètre, on peut ajouter quelques autres éléments au rayon des choses à améliorer. A commencer par la commande permettant de switcher entre les deux modes de gonflage. Certes, elle est de taille généreuse et crantée, mais elle manque de fluidité et, quand on l’actionne, c’est toute la pompe qui tourne sur elle-même si on n’a pas pris soin de placer ses pieds sur le support de la pompe. Ceux-ci pourraient par ailleurs être un peu plus plats, ils affichent en effet des protubérances peu confortables pour la plante des pieds.

Terminons par quelques points de moindre importance, mais qu’il faut tout de même signaler. Tout d’abord, la position du bouton qui permet de relâcher la pression en mode gonflage normal pourrait être plus facile d’accès. Et enfin, les quelques guides destinés à maintenir le tuyau en place qui ne sont pas très bien placés et font que le tuyau en question gêne souvent et qu’on ne sait jamais bien comment le remettre en place correctement… Par contre, ce tuyau est long et donc très pratique à utiliser, même quand le vélo est fixé sur un pied d’atelier. La tête SmartHead est quant à elle très ergonomique, confortable et agréable au toucher. On reprochera juste au levier de verrouillage d’être un peu trop enchassé dans la tête et pas toujours facile à actionner.

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Verdict

La Topeak JoeBlow Booster tient donc globalement ses promesses. Pour ceux qui ne disposent pas d’un compresseur ou pour les circonstances où il n’est pas possible d’emmener ce gros accessoire, c’est un très bon outil pour gérer ses montages tubeless au quotidien, que ce soit pour refaire le plein de liquide anti-crevaison ou pour adapter ses pneumatiques aux conditions du terrain. Son manque de puissance pure en début de gonflage face à un compresseur pourrait par contre ne pas parfaitement convenir aux adeptes de pneus très légers et peu rigides, qui devront alors faire preuve de méticulosité et parfois de patience pour réussir leur montage. On regrettera aussi le manque de précision des graduations du manomètre, mais c’est le prix à payer pour bénéficier de pressions élevées, certes peu utiles en VTT. En parlant de prix, il est loin d’être doux puisque cette pompe est affichée au prix public de 149,99€. Heureusement, il ne s’agit que d’un prix public et on devrait à l’avenir trouver la JoeBlow Booster à un tarif un peu plus raisonnable.

bloc-test_pompe_Topeak_Joe_Blow_BoosterPlus d’infos : www.topeak.com/products/Pumps/joeblow_booster

ParChristophe Bortels