Test | Scott Ransom eRide 920 : un monstre de stabilité ? Pas seulement !

Par Léo Kervran -

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Test | Scott Ransom eRide 920 : un monstre de stabilité ? Pas seulement !

Lancé à l’automne 2020, le Ransom eRide est le plus gros VTTAE de la gamme Scott. La marque le présente comme taillé pour les traces engagées et l’e-enduro, mais aussi les grandes aventures en montagne, à l’image du Ransom classique. Est-ce qu’un vélo avec 180 mm de débattement peut réellement se montrer aussi polyvalent ? Nous l’avons testé :

Les marquages sont discrets mais même nu, on devinerait facilement que ce Ransom eRide est un Scott. Les lignes du cadre ainsi que les formes des tubes et différentes pièces (comme la biellette) sont caractéristiques de l’identité actuelle de la marque suisse, inaugurée en 2016 par le Spark et qui s’est depuis étendue à toute la gamme au gré des renouvellements.

Bien que son cadre soit en aluminium et non en carbone, le vélo reprend cette identité dans les moindres détails, à tel point qu’on pourrait presque le confondre avec un Genius eRide ou un Ransom eRide s’il n’y avait l’équipement bodybuildé. Dans ce coloris vert (le seul proposé), la finition est sobre mais elle ne souffre d’aucun défaut et plusieurs éléments témoignent du soin apporté aux détails par les équipes Scott.

Comme le Ransom classique, il est vendu en 29″ mais reste compatible avec des roues en 27,5″ grâce à un flipchip entre la biellette et l’amortisseur. Retourner cette petite pièce permet en fait de remonte le boîtier de pédalier de quelques millimètres, de façon à le laisser à une hauteur « normale » malgré le passage sur des roues plus petites. Contrairement à d’autres marques qui proposent des systèmes similaires pour jouer sur la géométrie sans changer de taille de roue, Scott conseille de ne pas y toucher si on reste en 29″ et de la retourner uniquement si on monte du 27,5″.

Assistance

En tant que marque qui s’adresse à un public très large, Scott n’a pas la réputation de prendre beaucoup de risques et faire des surprises aux pratiquants. Comme le reste de la gamme VTTAE, le Ransom eRide est donc doté d’un moteur Bosch, ici en version Performance CX.

Moteur haut de gamme et batterie haut de gamme, puisque c’est une PowerTube 625 Wh qui prend place dans le tube diagonal. Elle est bien sûr amovible (sécurisée avec une clé) mais on peut aussi la recharger directement sur le vélo grâce à une prise située sur le haut du tube diagonal.

Au cintre, on retrouve la bien connue commande Purion, d’apparence basique mais plutôt solide, fiable et très simple à utiliser. Elle mériterait d’évoluer un peu pour améliorer son ergonomie (de façon à trouver les boutons + / – plus facilement, notamment), mais à défaut d’être la meilleure du marché, elle reste tout à fait fonctionnelle.

Suspensions

Pas de surprise non plus en ce qui concerne l’architecture de suspension, c’est du 4 bar linkage type Horst Link comme les autres tout-suspendus de Scott (à l’exception du Spark, en monopivot + biellette). La biellette est toutefois plus longue et placée plus haut que sur les Genius eRide et Strike eRide, de façon à s’accommoder du volumineux amortisseur Fox Float X2 Performance choisi par Scott pour s’occuper des 180 mm de débattement.

Le débattement est le même à l’avant et sur notre modèle 920, il est géré par une RockShox Zeb dans sa déclinaison la plus simple, en cartouche Charger R et sans aucun autre ajustement que la pression d’air et le rebond.

Pas d’amortisseur avec le système Ramp ni de double blocage Twinloc sur ce Ransom eRide, Scott a privilégié la simplicité. Au sujet du Twinloc, on pourra en plus ajouter que cet accessoire n’avait pas vraiment d’intérêt sur un e-bike a aussi gros débattement, conçu pour engager en descente plutôt que pour battre des records de vitesse moyenne sur des sorties typées all-mountain.

Géométrie

Comme de nombreux e-bikes, le Ransom eRide n’est pas exagérément long du point de vue du pilote : 470 mm de reach sur notre modèle de test en taille L et 440 mm en taille M. En effet, le poids apporte déjà beaucoup de stabilité sur un VTTAE, donc il n’est pas nécessaire d’allonger l’avant pour gagner dans ce domaine. Cela pourrait même être contre-productif et rendre le vélo difficile à manier.

D’autant qu’avec son débattement et sa géométrie cohérente pour une pratique engagée, le Ransom eRide est déjà très long. Forcément, un angle de direction de 64° couplé à une fourche de 180 mm, ça met la roue avant loin devant ! Pour ne pas déséquilibrer le vélo, l’arrière est lui aussi long, on le constate notamment au niveau des bases qui mesurent pas moins de 465 mm.

Equipements

C’est écrit dans le titre de l’article, notre modèle de test est le Ransom eRide 920, affiché à 5 499 €. Un tarif qui fait de lui un des vélos les plus accessibles dans ce segment assez confidentiel des VTTAE à (très) gros débattement, où l’on retrouve également le Specialized Turbo Kenevo, le Mondraker Level R, le Whyte E-180…

On a déjà évoqué les suspensions dans la partie qui leur est dédiée et on passe donc directement aux freins. Ce sont des Shimano MT520 en disques de 203 mm, un modèle 4 pistons « hors groupe » du fabricant japonais que l’on retrouve fréquemment sur les montages accessibles en enduro classique ou en VTTAE. Ce ne sont certes pas les plus beaux freins de la gamme, ni les plus puissants, mais leurs performances sont largement suffisantes pour arrêter un e-bike rapidement et nous n’avons jamais eu à nous plaindre de leur fiabilité, que ce soit au cours de ce test ou lorsque nous les avons rencontrés sur d’autres modèles.

Côté transmission, Scott a fait confiance à Sram avec un mélange de NX Eagle (dérailleur) et de SX Eagle (manette, cassette, chaîne). La manette est ici en version single click, c’est-à-dire qu’on ne peut pas passer plus d’un pignon à la fois. C’est une option proposée par Sram et conçue spécifiquement pour les e-bikes, avec l’idée de préserver la durée de vie de la transmission en limitant les passages de rapports en pleine charge. A nouveau, nous n’avons rencontré aucun problème avec ces composants pendant le test malgré leur positionnement « entrée de gamme ».

Le train roulant est composé de jantes Syncros MD30 en 32 trous et 30 mm de largeur interne, reliées à des moyeux Formula CL-811 (avant) et CL-148S (arrière). Plus intéressant, la monte pneumatique est fournie par Maxxis avec un Assegai à l’avant et un Dissector à l’arrière, tous deux en 2,6″ de section, carcasse Exo+ et gomme 3C MaxxTerra (la gomme polyvalente de la marque, entre la MaxxSpeed et la MaxxGrip).

Les Continental Der Baron que vous voyez sur ces photos sont des pneus que nous avons monté nous-même et que nous testons actuellement, de série ce sont bien les Maxxis qui équipent le vélo.

Enfin, les périphériques sont sans surprise signés Syncros, à l’exception de la tige de selle téléscopique, une Fox Transfer en 170 mm de débattement sur notre taille L. Autre élément à noter, la présence d’un jeu de direction Acros Blocklock à butée intégrée, qui permet d’éviter que le té de fourche vienne endommager le tube diagonal.

Versions et tarifs

Outre la version 920 testée ici, le Ransom eRide se décline également en version haut de gamme 910, toujours en aluminium et affichée à 6 999 €. Le rapport équipement / prix est honnête pour un VTTAE puisqu’il est doté de freins Shimano Deore XT 4 pistons, d’un dérailleur arrière Sram X01 Eagle (cassette 10-52 en GX Eagle, manette et chaîne en NX Eagle) et de suspensions Fox 38 et Float X2 en gamme Performance Elite, identique à la gamme Factory à l’exception de la finition Kashima (couleur bronze/doré) des plongeurs. Des deux versions, c’est presque celle qui apparaît la plus intéressante.

Le Scott Ransom eRide 920 sur le terrain

Sur les chemins, l’essai commence par une bonne surprise. Malgré les 180 mm de débattement et l’angle de tube de selle pas exagérément droit (entre 75,9° et 76,5°), la position est tout à fait correcte sur le Ransom eRide et on n’a pas l’impression d’être sur un « monstre » qui n’attend que la descente.

Au pédalage, le comportement est surprenant vu le débattement.

Non, le Ransom eRide fait complètement oublier sa fiche technique et on a plutôt l’impression d’être sur un e-bike d’enduro classique en 150-160 mm de débattement. A ce titre, on peut tout à fait envisager de longues sorties à la pédale, d’autant que le cabrage est plutôt bien maîtrisé. Bien sûr, il faut s’employer un peu plus que sur les meilleurs VTTAE dans ce domaine mais c’est tout à fait acceptable et encore une fois, le comportement est surprenant vu le débattement.

Dans les sections à plat et les petites descentes, lorsque la vitesse n’est pas très élevée, le Ransom eRide vient tout de même nous rappeler qu’il est un (très) gros vélo. L’engin est sans vie et littéralement collée au sol ; on ne fait pas du vélo, on se déplace. Ce n’est pas compliqué à rouler ou dangereux, c’est même très sécurisant mais il ne faut pas chercher à aller vite ou jouer un peu avec le terrain. La meilleure chose à faire est de piloter de façon académique, très propre, et d’attendre que ça passe.

Quand ça va vite et que ça tape en revanche, c’est une autre histoire. Le Ransom eRide dévoile son véritable visage, celui d’une machine très stable et qui encaisse (presque) tout sans coup férir. Pour schématiser un peu, on choisit une ligne, la plus directe possible, on lâche les freins et le vélo s’occupe du reste, peu importe ce qu’on rencontre en cours de route. Les marches ou autres drops sont une formalité et dans l’autre sens, les obstacles qui sortent du sol ne posent guère plus de problème. Avec autant de débattement et un tel angle de chasse, tant que c’est plus petit qu’un ballon de basket ce n’est pas la peine de s’en préoccuper.

Vous allez vous dire qu’on exagère ou qu’on en fait trop, mais ce Ransom eRide nous a réellement surpris par sa capacité à encaisser des choses vraiment impressionnantes. Ce qui le différencie d’un freeride classique, et l’aide dans une certaine mesure, c’est son poids : le vélo est lourd, on arrive du coup avec beaucoup plus d’inertie sur les obstacles, donc il faut beaucoup plus d’énergie pour déstabiliser le couple pilote-vélo. Et comme ce poids est placé bas (plus que si c’était le pilote qui le portait), c’est encore plus efficace pour la stabilité de l’ensemble.

Dans les virages, on profite de la stabilité de la plateforme et de sa capacité à absorber pour aller chercher de belles trajectoires arrondies qui permettent de conserver un maximum de vitesse et de fluidité. C’est un pilotage très académique, on vient se placer puis mettre de l’angle et charger le pied extérieur avec le regard qui tire l’ensemble tout au long du virage, mais c’est la meilleure manière d’inscrire le vélo dans courbes. Vu le peu de dynamisme de la bête à basse vitesse, mieux vaut chercher la fluidité et ne pas avoir à relancer !

Dans ces conditions, on met vite l’équipement à rude épreuve, mais sur ce Ransom eRide 920, tous les composants s’en sont tirés avec les honneurs. On a déjà parlé de la transmission et des freins, et il en est de même pour les suspensions. Bien sûr, ce ne sont pas des modèles haut de gamme donc il est tout à fait possible d’améliorer leur comportement (la fourche oblige par exemple à trouver un compromis entre sensibilité et support) mais l’essentiel est là, tant à l’avant qu’à l’arrière.

Verdict

En conclusion, le Ransom eRide 920 s’est avéré une bonne surprise. Ce segment de l’e-bike à très gros débattement peut facilement se transformer en piège pour les constructeurs, susceptibles de se retrouver avec un vélo trop lourd et inerte à basse vitesse mais encombrant et gêné par l’inertie inhérente aux e-bikes dans la pente ou à haute vitesse. Heureusement pour nous comme pour Scott, ce n’est pas le cas ici et la marque suisse a su trouver le bon équilibre pour cette nouvelle plateforme. S’il a besoin de vitesse pour s’exprimer pleinement, le Ransom eRide n’est pas inutilisable ailleurs et pédale bien, des atouts qui lui permettent d’afficher une belle polyvalence pour un 180 mm.

Scott Ransom eRide 920

5 499 €

24,7 kg(poids constructeur)

  • Bon pédaleur vu son gabarit
  • Stabilité
  • Capacité à encaisser les chocs
  • Tarif bien placé sur ce segment
  • Inerte à basse vitesse (mais pas trop d'effet camion)
  • Fourche simple qui oblige à un compromis entre sensibilité et support
  • RAS

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

Plus d’informations : scott-sports.com/fr

ParLéo Kervran