Test | Rocky Mountain Solo C50 : l’aventure express

Par Olivier Béart -

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Test | Rocky Mountain Solo C50 : l’aventure express

Rocky Mountain a une image très orientée VTT, mais la marque s’intéresse aussi au gravel. Apparu au printemps, le nouveau Rocky Mountain Solo est le deuxième gravel à entrer dans le catalogue de la marque canadienne. Nous l’avons testé dans sa version carbone la plus accessible. Verdict :

Rocky Mountain a une histoire riche et est sans aucun doute une des marques les plus emblématiques de la scène VTT. On la connaît donc plus pour ses « gros vélos » et ses machines de XC. Pourtant, il y a déjà eu par le passé des vélos de route dans la gamme, et c’était déjà sous le nom de « Solo ». Aujourd’hui, ce nom est toujours bien présent, mais il désigne les modèles gravel de la marque canadienne, qui a d’ailleurs abandonné complètement les vélos destinés uniquement à l’asphalte.

Le premier gravel Rocky Mountain Solo est arrivé en 2018, et il a été complètement revu au printemps 2023, avec de plus grandes ambitions. La nouvelle gamme comporte deux familles, une avec un châssis en aluminium et l’autre avec un cadre carbone. C’est cette dernière version que nous avons eu l’occasion de tester.

Châssis

Autrefois proposé uniquement en aluminium, le nouveau Solo est cette fois décliné également dans une version carbone nettement plus travaillée. On constate qu’un gros boulot a été fait sur le tube de selle, avec une partie fortement aplatie au niveau de la jonction avec le boîtier de pédalier. A noter que, malgré cette forme et même si tous les montages sont en mono-plateau, Rocky Mountain permet toujours le montage d’un dérailleur avant et l’utilisation en double plateau. La tige de selle est passée en diamètre 27,2mm sur cette dernière génération, toujours dans l’idée d’offrir plus de confort.

La jonction entre les haubans et le tube de selle est décalée vers le bas, pour ne pas être dans le prolongement du tube supérieur afin, là aussi, de procurer du flex et de filtrer les vibrations. Ce travail global pour procurer du confort et la polyvalence au niveau du choix de transmission sont quelques-uns des points qui montrent que Rocky Mountain a tenu à positionner son vélo comme taillé pour l’aventure et les longues sorties, plutôt qu’une machine visant la performance pure pour des courses gravel format UCI.

Cela se remarque aussi au niveau des très nombreux points de fixation prévus par Rocky Mountain, tant sur le cadre que sur la fourche. Au total, on en dénombre pas moins de douze sur le cadre et six sur la fourche, histoire de pouvoir fixer toute sorte de bagagerie et de porte-bidons/accessoires. Le cadre est également assez peu sloping, ce qui permet de libérer une place importante dans le triangle avant afin de pouvoir emporter des bagages de grand volume à l’intérieur du cadre.

Côté train roulant, le cadre est conçu pour pouvoir accueillir des pneus en 700*40 ou 650*2.2″. Nous n’avons pas testé cette dernière option, mais on note qu’en 700*40, il reste encore beaucoup de place tant au niveau des bases que des haubans et on pourra sans souci passer des pneus un peu plus gros. C’est en partie dû au fait que Rocky Moutain communique sur la taille maximale acceptable en cas de montage avec des gardes-boue, pour lesquels des points de fixation sont aussi prévus dans le cadre.

Pour le reste, le cadre est assez classique et offre un passage des câbles interne via des ouvertures percées de chaque côté du tube diagonal, et pas directement via le jeu de direction comme on le voit de plus en plus. Il y a la place pour ajouter un câble de tige de selle télescopique et le cadre est également compatible Di2. Tout comme le cadre, la fourche est entièrement en carbone et la fixation de l’étrier de frein se fait via une patte Postmount (alors qu’à l’arrière on est directement en Flat Mount).

Géométrie

La géométrie du nouveau Solo est assez classique, mais tout à fait dans la lignée des gravel contemporains. On note tout de même un choix de bases très courtes de la part de Rocky (425mm) et le fait qu’il est proposé en 5 tailles depuis le XS jusqu’au XL.

Equipement

Le Rocky Mountain Solo testé ici est la version 50, soit l’entrée de gamme avec le cadre en carbone. Il ne faut donc pas s’attendre à des composants luxueux.

La transmission est en Sram Rival 1×11 mécanique avec cassette 10/42 et plateau de 42 dents à l’avant. Rien de fou, on le disait, mais ça fait le job de manière tout à fait correcte.

Les freins sont également des Sram Rival avec disques de 160mm à l’avant comme à l’arrière. Là par contre, il y a à redire car la puissance est un peu juste à notre goût, et le toucher des leviers n’est pas aussi convaincant que chez Shimano.

Les roues sont constituées de moyeux génériques à roulements annulaires associés à des jantes WTB ST Light i23 TCS compatibles tubeless. Ces jantes assez basses et d’une bonne largeur (23mm) sont prometteuses, mais hélas la paire de roues est tout de même assez lourde (près de 2kg). Les pneus proviennent aussi de chez WTB avec le modèle Venture en 40mm de large.

La tige de selle est en aluminium, tout comme le poste de pilotage. Ces composants sont de très belle facture et nous avons beaucoup apprécié la forme du cintre (reach de 70mm, drop de 120mm et flare de 18° pour une largeur de 460mm). La selle WTB Silverado est également toujours un plaisir à retrouver sur un vélo, mais cela reste un élément très personnel.

Au final, nous avons pesé notre Rocky Mountain Solo C50 de test à 9,8kg en taille large sans pédales, mais avec deux porte-bidons. Un poids élevé mais qui reste dans la moyenne des gravel en carbone milieu de gamme, et on voit directement qu’il y a une marge de progression importante sur des composants comme les roues, qu’on pourra upgrader par la suite.

Versions et tarifs

Les versions en aluminium démarrent sous les 2000€, mais il faut compter 3900€ pour s’offrir le premier modèle carbone essayé ici. Le Solo C70 est quant à lui affiché à 5100€ avec transmission électronique Sram Rival XPLR AXS et roues Easton en aluminium, alors que le C90 ajoute des roues et périphériques carbone, ainsi qu’une transmission Sram Force XPLR AXS pour un tarif de 6700€ (plutôt bien placé par rapport à la concurrence ; presque mieux que les versions moins luxueuses).

Rocky Mountain Solo : le test terrain

Avec près de 10kg sur la balance, ce Rocky Mountain Solo n’est pas un poids plume. Rocky Mountain positionne le Solo plutôt sur un créneau « aventure » dans sa communication et nous n’avions donc pas des attentes démesurées sur le plan du rendement, mais nous étions curieux de voir ce que cela allait donner sur le terrain. Rapidement, nous avons été très agréablement surpris : le vélo est bien dynamique ! Il offre une grande réactivité dans les relances et des accélérations franches.

Pourtant, on sent que ses roues d’origine sont lourdes et qu’elles pénalisent clairement la machine. Mais le cadre est tellement une petite bombe qu’il compense largement. Pour en avoir le cœur net, nous avons monté des roues carbone Prymahl sur le Solo et il s’est trouvé métamorphosé ! Avec un train roulant à la hauteur du potentiel du châssis, on obtient un vélo qui procure un répondant et un rendement qui rappellent ceux de très bons vélos de route sur les portions roulantes.

Pour le reste, les équipements de cette version d’accès en cadre carbone sont tout à fait corrects et, mis à part les freins Sram Rival qui manquent de mordant, tout nous a semblé bien à sa place et adapté à un usage intensif. Cela peut donc être un bon plan de se tourner vers le Solo 50 testé ici en prévoyant un bel upgrade des roues à court ou moyen terme, plutôt que d’aller vers les versions 70 ou 90, nettement plus onéreuses.

Un autre point où le Rocky Mountain Solo excelle, c’est la filtration des petites vibrations, du moins tant qu’on est en position assise. La tige de selle est pourtant en aluminium et pas vraiment flexible, mais le replat présent sur le cadre au niveau du bas du tube de selle joue visiblement bien son rôle. On sent du flex dans le vélo, absolument pas dérangeant au pédalage, mais réellement efficace pour procurer du confort sur les longues sorties et bien économiser le pilote. Par contre, une fois encore, on profitera bien mieux de cette caractéristique avec de bonnes roues. Même avec les Prymahl qui ont un profil haut, nous avons senti une amélioration assez nette de la filtration par rapport aux roues d’origine qui sont très « monolithiques ».

Petite surprise quand on se met debout sur les pédales et/ou qu’on aborde des portions vraiment cassantes : le Solo se montre alors plus exigeant et on sent nettement moins la filtration des impacts. Cela montre que le travail de Rocky Mountain s’est surtout concentré sur le flex du tube de selle, mais moins de l’ensemble bases/haubans. C’est un peu dommage car on s’attendait à un gravel très à l’aise en descente technique de la part de Rocky Mountain, mais le Solo demande un peu d’attention et de dextérité pour être dompté.

Pour autant, ce n’est pas du tout un mauvais descendeur. La position met bien en confiance et l’avant est précis, de sorte qu’il est facile de placer la machine là où on le veut. Seuls les petits rebonds de la roue arrière viennent perturber une stabilité qui, sans cela, aurait pu être excellente. On peut aussi penser que Rocky Mountain ayant prévu son vélo pour être généreusement chargé de bagages, cela a imposé une série de renforts du cadre qui ont augmenté la rigidité globale, ce qui se ressent quand on le roule « à vide » et qu’on n’est pas un pilote massif.

Nous avons aussi beaucoup apprécié le Solo dans les petits singletracks ludiques, avec de nombreux changements de direction. Même en taille L, nos testeurs de moins de 180cm l’ont trouvé très maniable et vraiment agréable à piloter, surtout si le sol n’est pas trop chaotique et qu’on peut rester assis la plupart du temps sur la selle. Il ne rechigne pas non plus à faire quelques petits sauts pour franchir des obstacles ! Là, on retrouve l’ADN de Rocky Mountain et un vrai vélo plaisir ! Seuls les pneus à la carcasse et à la gomme trop dures pénalisent l’accroche et empêchent parfois d’attaquer autant qu’on le voudrait. Décidément, un upgrade du train roulant est vraiment à prévoir sur ce Solo 50, quitte à le faire par étapes (d’abord les pneus, puis les roues).

Verdict

Taillé pour l’aventure, le Rocky Mountain Solo fait tout de même preuve d’un vrai tempérament sportif, avec un châssis très dynamique qui donne envie d’attaquer et de relancer dès que possible. Très à l’aise sur les longues sorties grâce à son bon rendement et à son excellent confort quand on est assis sur la selle, il sait aussi se montrer ludique dans les portions plus étroites et sinueuses. Nous nous attendions par contre à un cadre plus tolérant quand on se met debout sur les pédales au moment d’attaquer des portions de descentes plus techniques, et le train roulant qui équipe cette version 50 d’accès au châssis carbone est vraiment fort basique pour profiter pleinement des qualités du cadre. Moyennant un upgrade des roues et des pneus, il devrait combler les amateurs de longues distances qui cherchent un vélo à la fois rapide et amusant à piloter dans les singletracks.

Plus d’infos : https://intl.bikes.com/collections/solo

Rocky Mountain Solo C50

3900 €

9,7kg sans pédales, avec porte-bidons

  • Excellent rendement et cadre très dynamique
  • Confort réel, tant qu'on reste assis sur la selle
  • Nombreux points de fixation (bagages, garde boue) et bon dégagement des pneus
  • Freinage Sram Rival perfectible
  • Roues lourdes et inertes
  • pneumatiques peu convaincants

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParOlivier Béart