Test Ride #8 | Ergon, Wolf Tooth & Shimano

Par Olivier Béart -

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Test Ride #8 | Ergon, Wolf Tooth & Shimano

Vojo vous propose désormais régulièrement des trios de tests courts et concis, plus rapides et faciles à lire que nos articles habituels. Mais entendons-nous bien : si le but est ici d’aller à l’essentiel, il ne s’agit pas de tests au rabais ! Ces essais sont menés avec la même rigueur et le même sérieux que pour chaque autre pièce ou vélo qui passe entre nos mains et les produits ont été longuement mis à l’épreuve par l’équipe Vojo. 

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Grips Ergon GE1 Evo : essayer, c’est adopter !

Fabricant de composants ayant toujours, comme le nom l’indique, une réflexion ergonomique au centre des préoccupations, la marque Allemande Ergon est tout aussi à l’aise dans le monde du VTT que celui de la route ou des vélos de tourisme. Grâce à une technique de fabrication bien particulière à double densité de gomme et une forme très étudiée, les poignées Ergon GE1 EVO ont éveillé notre curiosité. 

Les poignées Ergon GE1 EVO se distinguent au premier regard par leur forme spécifique gauche et droite. C’est lié à leur conception qui adopte une double densité de gomme, permettant ainsi d’obtenir un excellent maintien et des capacités de filtration des vibrations aux points d’appui équipés en gomme souple (notamment au niveau du nerf ulnaire), mais aussi de limiter toute usure prématurée d’autres zones grâce à l’usage d’une gomme plus dure. Elles ne sont pas non plus tout à fait rondes afin de mieux épouser le relief de la main.

Comme leur nom l’indique, les GE1 Evo (à droite) sont une évolution des GE1 précédentes (à gauche). La différence est minime et consiste surtout en la présence de stries sur les portions au contact de la paume de la main afin d’offrir encore plus de grip. Nous aimions déjà énormément les précédentes GE1 et la différence est minime. Toutefois, tout en continuant à les apprécier, un de nos testeurs trouve que les stries ajoutent presque trop de texture au grip et ne sont pas réellement utiles. On note aussi que les nouvelles sont une dizaine de grammes plus lourdes, avec 110g vérifiés par nos soins.

Le montage est très simple grâce au collier susmentionné qui permet un serrage optimum pour un parfait maintien sur le cintre, qu’il soit en aluminium ou en carbone, sans devoir serrer fort (les 3Nm recommandés suffisent amplement, ce qui signifie un serrage à peine plus fort qu’au contact quand on n’a pas de clé dynamométrique). Ue marquage judicieusement placé sur les collier de serrage permet de fixer facilement et sans erreur les poignées Ergon sur le cintre. Une fois le côté gauche/droite défini, il suffit juste d’incliner la poignée en suivant le marquage « UP » selon ses préférences, en gardant à l’esprit qu’elles ont été dessinées pour inciter à adopter une position qui ouvre la cage thoracique et les épaules afin de placer le pilote dans les meilleures dispositions pour les parties descendantes.

Sur le terrain, on a adoré les sensations que procurent ces poignées. En effet, les Ergon GE1 Evo apportent un petit quelque chose en plus, comme une sensation de bien-être. Le côté asymétrique et la forme des poignées Ergon GE1 EVO permettent d’être naturellement positionné tout de suite. Il en résulte un parfait contrôle du vélo, même quand ça va vite, comme on si faisait corps avec elles. 

Leur capacité à filtrer les petites vibrations et à éviter le pincement de la zone entre les doigts et la paume de la main ajoute encore à l’agrément sur les longues sorties. Nous avons aussi noté que, même sous la pluie, elles sortent du lot au niveau de l’adhérence, y compris avec des gants trempés. Enfin, elles sont relativement solides, puisque même après plusieurs chutes et après avoir utilisé la première version pendant plus d’une saison, elles sont restées quasiment intactes. Même les embouts, si souvent abîmés et râpés, restent longtemps présentables.

Difficile par contre de passer outre le prix avoisinant les 40 euros qui dépasse, et de loin, la moyenne des tarifs souvent proposés sur le marché. Pour leur défense, elles sortent tout de même de l’ordinaire avec un développement et une conception bien différents de ce que l’on peut rencontrer habituellement, ainsi qu’une durabilité qui permet de rentabiliser son investissement sur le long terme. Cela dit, chacun pourra juger si l’investissement vaut le coup. Selon nous, oui, d’autant qu’en cherchant un peu, il est possible de les trouver à des tarifs plus intéressants.

Verdict :

Après une grosse demi saison de roulage, ces poignées ont vraiment bien passé le test, au point de devenir un de nos équipements de référence, qui nous accompagne sur la plupart de nos vélos, ainsi que sur certains vélos de test dont les poignées d’origine, si souvent très basiques, inconfortables et négligées, nous empêchent de bien sentir la machine. Résistantes et agréables au touché, elles offrent vraiment un parfait maintien au roulage et un confort qui sort du commun. Hormis le fait qu’elles sont chères, ce qui nous vient à l’esprit au moment de conclure c’est que « les essayer, c’est les adopter ».

Plus d’infos  : www.ergon-bike.com 

Wolf Tooth ReMote : un monde de douceur

A l’instar de OneUp, Wolf Tooth fait partie de ces petites marques hyper dynamiques qui ne manquent ni d’idées ni de savoir-faire. Visserie, plateaux, guide-chaîne, axes, outillage, kits de conversion boost… : parmi les nombreux produits au catalogue, c’est la commande de tige de selle téléscopique qui a particulièrement attiré notre attention. Mais l’upgrade par rapport aux manettes fournies avec les principaux modèles à câble du marché en vaut-il la peine ?

Tant en enduro qu’en trail et maintenant de plus en plus en XC, la commande de tige de selle téléscopique est devenue l’un des points de contact essentiels entre le pilote et son vélo, d’où l’importance d’une ergonomie et d’une souplesse exemplaires. Dès le premier contact avec la Wolf Tooth ReMote, on se rend vite compte que ces deux aspects ont été prioritaires lors du développement du produit. La surface d’appui pour le pouce est bien large et généreusement striée dans la matière, tandis qu’à l’arrière on trouve un gros roulement sur lequel est monté l’axe du levier de la commande. La finition impressionne et respire la robustesse : exceptés l’axe et la commande de réglage de la tension du câble qui sont en plastique, on est ici face à une construction “tout métal” (de l’alu 6061 plus précisément).

Le système de fixation du câble est discrètement placé derrière le levier, mais n’en est pas moins facile d’accès, et son principe est le même que ce qu’on trouve sur un dérailleur arrière avec une petite vis et une rondelle qui vient écraser le câble. Autrement dit, la compatibilité est assurée quel que soit le principe adopté par le fabricant de la tige de selle, plomb du câble côté tige de selle ou côté commande (auquel cas il faut le couper). Niveau compatibilité, Wolf Tooth n’a d’ailleurs pas fait les choses à moitié puisque sa commande est déclinée en une multitude de standards, de la version classique avec collier (testée ici) aux différentes options “direct mount” sur leviers de freins Shimano, Sram, Hope ou Magura. La ReMote est aussi proposée dans une version Light Action avec levier plus long, pour certaines tiges de selle qui exigent un ratio de tirage différent. Nous l’avons testée également et nous en reparlerons un peu plus bas. Il existe même une déclinaison compatible avec la RockShox Reverb, à l’essai en ce moment et dont vous pourrez lire le test prochainement sur Vojo.

Avec son collier de moins de 1cm de large, la commande trouve facilement sa place sur le poste de pilotage. Désserrer l’unique vis de fixation permet aussi de faire glisser latéralement la ReMote sur un petit centimètre, de quoi peaufiner sa position et la placer idéalement sous le pouce. Un couple minimal (1Nm) est nécessaire pour que le collier tienne bien en place et ne tourne pas sur le cintre. A l’usage, cette commande est réellement bluffante. On l’a dit plus haut, la surface d’appui est généreuse, et en action elle se révèle tout simplement parfaite, à la fois confortable et accrocheuse, même en conditions humides. Le gros roulement n’est quant à lui pas du tout un argument marketing et assure une souplesse exceptionnelle. Pour autant qu’on ait une câblerie en bon état, les frictions sont ici réduites à leur strict minimum. Sur ces points, Wolf Tooth laisse la concurrence loin derrière et les commandes d’origine des deux tiges de selle avec lesquelles nous avons testé la ReMote, à savoir une Fox Transfer et une KS LEV, ne font pas le poids.

Au rayon solidité, cette Wolf Tooth se défend pas mal aussi. Il nous est déjà arrivé par le passé de casser des commandes suite à un crash et/ou un bon coup de genou, et celle-ci n’a pas été épargnée. Pas de casse en ce qui nous concerne, juste la base du collier qui s’est légèrement tordue (ce qui est visible sur l’image ci-dessus). Nous ne nous en sommes rendu compte que plus tard après le crash et, si la déformation se voit, elle ne se ressent pas à l’usage. Un compagnon de sortie a quant à lui cassé l’axe en plastique de sa ReMote sur une chute, axe qui d’après la marque est justement destiné à faire fusible pour épargner le reste de la commande. La bonne nouvelle, c’est que Wolf Tooth propose à la vente toutes les pièces détachées, à des tarifs plus que raisonnables (l’axe en question est à moins de 5€). Puisqu’on parle de prix, ils vont de 59,95€ pour les versions direct mount de la ReMote à 69,95€ pour la version avec collier testée ici. Dans l’absolu, ce n’est pas donné, mais c’est par exemple en dessous du prix public de la commande Fox (79€).

Un mot enfin sur la déclinaison Light Action de cette commande. Notre Fox Transfer étant le seul modèle de tige de selle compatible à 100% avec le modèle classique comme avec la “LA”, c’était l’occasion idéale de mettre en évidence les différences entre les deux versions. Poids identique (à 1g près), levier 1cm plus long, surface de contact un rien plus longue mais aussi plus basse, et surtout, étonnamment, des stries un peu moins marquées et donc un grip légèrement en retrait… Mais la différence la plus notable, c’est bien la douceur de fonctionnement apportée par le bras de levier plus long. Pour être francs, c’en est au final presque trop souple et trop léger. Bref, pour coupler une ReMote à la Fox Transfer, notre préférence irait à la version classique un peu plus franche et accrocheuse. Si le tableau des compatibilités de Wolf Tooth vous indique que pour votre modèle de tige de selle il faut opter pour la version Light Action, pas d’inquiétude, elle fera parfaitement le boulot !

Verdict

Ergonomie au top, souplesse exceptionnelle, qualité de fabrication exemplaire, nombreuses compatibilités : il est très rare de se retrouver face à un produit aussi abouti. Oserait-on même dire parfait ? En tout cas, on a beau chercher les défauts, on ne trouve pas. Le prix ? Il est dans la moyenne des commandes et nous semble plus que justifié au regard des nombreuses qualités de cette ReMote. La “fragilité” ? Elle est toute relative, et les pièces de rechange sont disponibles à prix doux. Bref, 5 étoiles et coup de coeur !

Plus d’infos : le site Wolf Tooth

Shimano Saint M820 SPD : indestructibles

Shimano fait office de référence en matière de pédales avec son célèbre système SPD, largement employé aussi par d’autres marques. La concurrence est donc rude, mais la marque japonaise garde souvent une longueur d’avance grâce à la qualité de ses produits. Cela vaut pour le XC, mais aussi pour l’enduro et la DH ; disciplines pour lesquelles les Shimano Saint M820 SPD ont été conçues. Récemment arrivées sur le marché, nous les avons testées sans les épargner ces six derniers mois.

Au niveau de la conception, Shimano a fait le choix d’un mécanisme SPD fixe à l’intérieur de la cage, ce qui permet de conserver une hauteur relativement faible de 20,5mm. Par rapports aux XTR Trail, le Q-Factor reste identique (55mm), mais la surface de la cage est sensiblement plus grande avec 7,8cm de largeur et 9,1cm de longueur (soit des dimensions proches d’une Crank Brothers Mallet). Sur la balance, elles ne jouent pas dans la cour des poids plumes, puisque les Shimano Saint M820 SPD affichent 530g (soit environ 150g de plus que des XTR Trail). C’est un chiffre au-dessus de la moyenne, qui s’explique par le fait que Shimano a préféré jouer la carte de la surface d’appui et de la solidité plutôt que de la légèreté.

On note aussi la présence de pointes à l’avant comme à l’arrière pour une meilleure accroche. Elles sont remplaçables et leur hauteur est ajustable via un jeu de cales. Nous les avons toujours roulées en position haute, parfaite à nos yeux. En pratique, alors qu’il arrive parfois que ces pics n’entrent même pas au contact de la semelle de la chaussure sur d’autres marques, ici, leur apport est réel et ils permettent de rouler déclipsé un moment si, dans l’urgence, on n’est pas parvenu à reclipser.

Avec des chaussures larges comme les nouvelles Shimano AM5 typées DH/Enduro, le couple est parfait et la surface d’appui au top, permettant de sentir un vrai contact avec la pédale et de parfaitement contrôler le vélo. Nous les avons aussi roulées avec les ME7 plus enduro race, ou encore des chaussures hiver comme les MW7 et cela fonctionne tout aussi bien. Prévues aussi pour la DH, nous les avons pour notre part utilisé en enduro où, malgré le surpoids, elles nous ont fait complètement oublier des pédales à plus petite cage type XT/XTR Trail. Les Shimano Saint M820 SPD sont plus sécurisantes et on sent directement un apport au niveau du pilotage et de la gestion des appuis.

Parfois, elles peuvent sembler un peu difficiles à clipser avec certaines chaussures et dans certains circonstances, mais comme on peut se poser correctement dessus même sans que la cale soit engagée, ce n’est jamais un gros problème. L’évacuation de la boue est bonne, mais en la matière, il y a mieux sur le marché (les Crank par exemple). La plateforme fort large entre souvent en contact avec le sol et il nous est arrivé de toucher très régulièrement le sol. Mais, si la pédale finit par se marquer, sa solidité semble à toute épreuve. Même les picots, que nous avons l’habitude de perdre régulièrement sur des pédales plates, ont ici magnifiquement bien tenu le coup. Au niveau de l’axe et des roulements, la fluidité des pédales Shimano Saint M820 SPD est remarquable. Nous avons juste noté que l’écrou doré a tendance à se desserrer et nécessite un contrôle occasionnel. Un phénomène rare, que nous n’avions encore jamais rencontré sur des pédales Shimano. Quant au jeu, s’il apparaît, il est facile à rattraper.

Verdict

Très bien pensées au niveau de leur forme et de leur surface d’appui, les pédales Shimano Saint M820 SPD apportent réellement un plus au niveau du pilotage par rapport à de plus petites pédales à cage, type XT/XTR Trail. Malgré leur poids, une fois qu’on les a essayées, dur de revenir en arrière. Hyper solides et faites pour durer, elles valent l’investissement.

Plus d’infos : https://bike.shimano.com/fr-FR/product/component/saint-m820/PD-M820.html

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Par Olivier Béart