Test Ride #12 | Genouillères Bluegrass, commande Rockshox & gants Specialized

Par Christophe Bortels -

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Test Ride #12 | Genouillères Bluegrass, commande Rockshox & gants Specialized

Vojo vous propose désormais régulièrement des trios de tests concis, plus rapides et faciles à lire que nos articles habituels. Mais entendons-nous bien : si le but est ici d’aller à l’essentiel, il ne s’agit pas de tests au rabais ! Ces essais sont menés avec la même rigueur et le même sérieux que pour chaque autre pièce ou vélo qui passe entre nos mains et les produits ont été longuement mis à l’épreuve par l’équipe Vojo.

Découvrez-les en cliquant sur les liens ci-dessous >>>

Genouillères Bluegrass Solid D3O : très complètes mais pas parfaites

Sur le papier, elles cochent pratiquement toutes les cases, mais les Bluegrass Solid D3O tiennent-elles leurs promesses en termes de robustesse, de maintien et de confort une fois soumises à l’épreuve du terrain ? Voici nos réponses après une saison complète en leur compagnie :

Tout comme les coudières, les genouillères Bluegrass se déclinent en plusieurs versions, Skinny (légères, fines et sans velcro) ou Solid (plus épaisses et ajustables), chacune avec ou sans D3O, du nom de ce matériau souple qui se durcit à l’impact. Ce sont les Solid D3O que nous testons ici, qui se distinguent de leur équivalent en coudières par la présence d’un zip – situé du côté extérieur du genou – permettant de les enfiler sans devoir retirer ses chaussures. La “coque” en D3O, de taille généreuse et particulièrement englobante, n’est pas amovible. Elle est secondée par plusieurs pads en mousse que l’on ne retrouve pas sur les versions Skinny, et en moins grand nombre sur les Solid sans D3O.

Au-dessus du D3O, c’est du kevlar qui se charge de résister aux abrasions, lui-même entouré de néoprène sur l’avant, tandis que du Air Mesh constitue l’arrière des genouillères. Bluegrass a mis les bouchées doubles pour assurer le maintien : des bandes en silicone en haut comme en bas, mais aussi des velcros, celui du haut étant de plus fixé à une bande élastique nichée dans une doublure, qui fait le demi-tour de la cuisse et sur laquelle on peut donc tirer pour serrer et ajuster la genouillère.

Du zip aux coutures en passant par les attaches velcro, la qualité de fabrication et la finition sont irréprochables, on est clairement là face à un produit sérieux qui inspire confiance. Précisons enfin que les Solid D3O sont proposées en quatre tailles, du S au XL, et vendues au prix public de 120€. Voilà pour le tour du propriétaire, voyons maintenant ce qu’il en est sur le terrain !

Qui n’a jamais mis ses chaussures pour ensuite se rendre compte qu’il avait oublié d’enfiler ses genouillères ? Nous en tout cas, ça nous arrive tout le temps. Et dans ces cas là, a fortiori quand il fait très froid ou qu’on est pressé, on est bien content de pouvoir compter sur le zip pour “ouvrir” sa genouillère et la mettre. Pourtant, l’opération n’est pas si simple avec ces Solid D3O puisqu’il faut à la fois dégager la petite excroissance de mesh qui couvre l’extrêmité du zip et écarter le velcro pour pouvoir enclencher le zip. On a finalement pris l’habitude de les fermer à hauteur du tibia où elles sont moins en “tension” que directement sur le genou. Il n’est ensuite pas bien difficile de les remonter à la bonne hauteur.

Préformées, elles semblent tout d’abord trop lâches et pas au contact de l’avant du genou, mais quand on plie ce dernier la rotule vient se placer dans la genouillère de manière très confortable et tout rentre dans l’ordre. Au pédalage, ce confort demeure et on ne peut vraiment rien reprocher à ces Solid D3O. Le manchon supérieur qui remonte bien sur la cuisse permet aussi d’éviter tout “enduro gap” disgracieux, ce fameux écart entre genouillère et short qui laisse apparaître un bout de peau.

C’est moins positif en ce qui concerne le serrage au niveau de la cuisse, qui s’est avéré de base trop serré, avant même qu’on ne tire sur la bande élastique pour attacher le velcro. Si on veut mettre ce dernier en place, on est obligé de tirer dessus et de rajouter de la tension qui devient alors trop importante. On peut bien évidemment le laisser dans sa position par défaut, non “scratché”, mais alors il rebique et forme parfois une excroissance sous le short. Les protections, que ce soit des genouillères, des coudières ou un casque, restent bien entendu une question de morphologie et de préférences, mais notre testeur principal n’a pas des cuisses particulièrement imposantes, on conseille donc, a fortiori dans ce cas-ci, de toujours essayer avant d’acheter ! Le serrage du bas ne nous a pas contre posé aucun problème et était parfaitement à notre taille, comme tout le reste de la genouillère à part ce serrage supérieur.

Globalement, ces genouillères tiennent très bien en place, y compris en cas de chutes lors desquelles elles ont fait le job, et se font oublier sur les longues sorties. Malgré leur épaisseur plus importante, elles restent plutôt respirantes,  et il n’y a que quand il fait chaud qu’on éprouve le besoin de les baisser sur les chevilles, ce qui se fait sans souci.

Il nous est par contre arrivé deux ou trois fois de terminer une journée passée sur le vélo avec des petites irritations semblables à des brulures à hauteur de la bande silicone sur les cuisses, sans vraiment savoir si elles résultaient d’un serrage trop important, de frottements ou autre. Dernier bémol, on a rapidement constaté l’apparition de petits fils colorés sur le revêtement en kevlar à l’avant. C’est a priori sans incidence sur la solidité et le souci n’est qu’esthétique, mais c’est un peu dommage parce que pour le reste ces genouillères vieillissent très bien et sont encore très présentables, malgré plus d’une saison d’utilisation intensive, notamment dans la boue, et de multiples passages dans la machine à laver.

Verdict :

Confortables et durables, les genouillères Bluegrass Solid D3O assurent également un très bon maintien et une protection à la hauteur de nos attentes d’enduristes. Cet excellent tableau n’est terni que par des soucis de serrage trop important au niveau de la cuisse et de bande silicone pouvant irriter. Comme pour toute protection, on vous conseille donc de les essayer avant de les adopter, d’autant qu’à 120€ elles ne sont pas vraiment bon marché. Mieux vaut ne pas se tromper !

Plus d’infos : https://www.bluegrasseagle.com/products/pads/solid-d3o

RockShox Reverb 1X Remote : le choix de l’ergonomie

La tige de selle télescopique s’est petit à petit imposée comme un véritable must dans presque toutes les disciplines et pour un très large panel d’utilisateurs. La RockShox Reverb a fait partie des pionnières et elle reste une des tiges les plus présentes sur le marché. A l’heure où les commandes par câble restent ultra-majoritaires et où l’électronique n’en est encore qu’à ses balbutiements, elle se distingue avec son mécanisme hydraulique qui offre plusieurs avantages… mais aussi quelques inconvénients.

Au rang des avantages, on pense tout d’abord à l’onctuosité et à la douceur de fonctionnement. En l’absence de frottements d’un câble dans une gaine… parfois obligés en plus de se contorsionner pour arriver jusqu’à la tige de selle, la commande de la RockShox Reverb se distingue réellement sur ce point. C’était déjà le cas de la version originelle, et c’est toujours d’actualité avec le 1X Remote qui nous occupe ici.

Cette commande, apparue fin 2017, est soit livrée d’origine, soit disponible seule pour être adaptée sur une tige de selle existante mais équipée à la base du levier type PushLoc. Attention toutefois : toutes les Reverb, notamment les plus anciennes, ne sont pas rétro-compatibles. Renseignez-vous donc bien avant l’achat (les infos techniques se trouvent sur le site Sram). La tige de selle complète avec le 1X Remote est au même tarif qu’avec le système type Pushloc (445€, mais il est possible de la trouver très facilement sous les 300€) et la commande seule est annoncée à 105€ (avec embouts de purge), mais on la trouve le plus souvent autour de 69€, ce qui est plus raisonnable et peut plus facilement justifier un upgrade si vous avez une tige compatible.

Le montage en lui-même n’est pas très complexe, même si la purge du système demande de respecter scrupuleusement une méthode bien précise. Heureusement, RockShox et Sram ont réalisé une vidéo très claire à ce sujet et, pour peu qu’on soit un peu bricoleur et qu’on ait le matériel nécessaire (notamment un kit de purge dédié), ce n’est pas si difficile.

Le volume de la commande RockShox Reverb 1X Remote a de quoi surprendre et il est un peu plus lourd que l’autre commande (69g pour le 1X Remote, soit une bonne trentaine de grammes de plus). Malgré cela, il est simple de l’installer sur le cintre, surtout si vous avez des freins Sram, puisque l’ensemble est bien évidemment compatible avec le système Matchmaker qui permet un montage sur le collier d’attache du levier de frein. Il est aussi très facile de trouver la bonne position du levier, dont l’ergonomie est excellente et ressemble effectivement à s’y méprendre à celle d’une commande de levier de vitesses Sram.

De ce côté, c’est une belle réussite, même si la course du levier nous semble trop importante. Il ne faut pas nécessairement aller tout au bout de la course pour actionner la tige de selle, mais il faut quand même appuyer assez loin. On peut comprendre que cela évite de l’actionner de manière involontaire sur des terrains chaotiques, mais nous sommes plusieurs parmi nos testeurs à trouver que c’est trop.

La vitesse de la remontée est toujours réglable, mais elle nécessite un outil. Ce n’est pas bien grave car ce n’est pas un point auquel on touche souvent. Autre point, si l’hydraulique permet d’avoir une commande très souple 90% du temps, quand la température descend sous zéro, le mécanisme peut devenir plus lent et plus dur, voire ne plus fonctionner quand les températures sont franchement négatives. A garder en tête selon l’endroit où vous habitez.

Du côté de la fiabilité, même en combinaison avec une Reverb 2 dont pas mal de pièces internes ont été revues, on ne peut pas dire que ce soit encore parfait. Pour être exact, sur les 5 tiges de selle que nous avons eu l’occasion, nos testeurs et nous, d’utiliser soit sur des vélos de test que nous avons gardés plusieurs mois et beaucoup roulés, soit sur nos vélos personnels, ainsi qu’avec la tige de selle qui nous avait été envoyée par Sram, nous n’avons rencontré aucun souci majeur ayant nécessité un passage par la case SAV. Mais par contre, toutes les tiges ont nécessité un suivi régulier et accumulé les petits soucis tels qu’un retour de plus en plus lent, un affaissement de quelques centimètres dû à un mélange air/huile, une commande refusant de fonctionner et s’actionnant dans le vide, etc.

Tous ces soucis ont pu être solutionnés par nos soins, au prix d’une purge du système et/ou d’un petit entretien qu’il est possible de faire soi-même et qui prend, quand on est habitué, moins d’une demi-heure. Néanmoins, on ne peut nier qu’à la longue, cela peut devenir agaçant et il existe sur le marché des modèles qu’on peut monter sur son vélo et ensuite oublier pendant toute la saison, ou presque, ce qui n’est pas le cas ici avec la RockShox Reverb et son 1X Remote. Par contre, niveau solidité, nous n’avons rien à redire, la commande n’est pas trop exposée en cas de choc et nous n’avons noté aucune prise de jeu.

Verdict :

Bien pensé niveau ergonomie, souple à actionner à des températures « normales », le levier RockShox 1X Lever est plus actuel et convaincant que le levier originel, qui commençait un peu à dater. Si vous achetez une nouvelle Reverb, il s’impose à nos yeux comme une évidence. Par contre, même si RockShox a amélioré de nombreux points sur sa Reverb, cela reste une tige de selle télescopique qui va demander un suivi régulier pour bien fonctionner. Pour certains, plus bricoleurs, ce ne sera pas un vrai souci et ils profiteront pleinement de l’agrément de cette commande hydraulique, mais pour d’autres, cela risque de se montrer agaçant à la longue. Même si on peut comprendre qu’il s’agit de mécanismes complexes, il serait appréciable que RockShox se dote d’une tige de selle télescopique réellement « mind free », qu’on peut monter sur son vélo puis oublier presque toute une saison. D’autres y arrivent bien…

Plus d’infos : https://www.sram.com/rockshox/component/seatposts

Gants hiver Specialized Deflect : chauds et près du corps

Il n’est jamais facile de se protéger efficacement les extrémités. Or, le confort tant des pieds que des mains est pour beaucoup dans la sensation de confort qu’on va éprouver lors de froides sorties hivernales. Trouver un compromis entre préservation du toucher des commandes et chaleur, voilà ce que les gants Specialized Deflect promettent. Vérifions sur le terrain.

Les gants hiver Specialized Deflect sont constitués d’une partie supérieure en softshell résistante au vent et déperlante, avec des inserts réfléchissants sur le côté et le haut pour améliorer la visibilité par les automobilistes par faible luminosité. Leur couleur rouge fluo aide aussi à ne pas passer inaperçu, mais elle a pour défaut d’être salissante en vtt. Après lavage, la boue n’a pas laissé de traces durant notre test, mais par contre quelques traces d’huile de chaîne ne veulent plus partir. A noter qu’ils existent aussi en jaune et noir (que nous vous recommandons pour un usage vtt).

La paume de la main est faite en cuir synthétique « AX Suede » hydrophobe dont le but est d’assurer un bon grip sur le cintre en toutes circonstances, et notamment sous la pluie. Le pari est réussi : ça tient, très bien même ! Les coutures sont apparentes afin de ne pas gêner à l’intérieur des gants. Bien vu. Le petit coussinet situé près du poignet, à l’extrémité de la paume, est placé un peu trop à l’extérieur selon nous, et il n’est pas très utile. Cependant, il n’est pas dérangeant non plus et les autres renforts sont bien placés.

Au rang des détails bien pensés, nous avons apprécié le Wiretap, des petits fils argentés cousus sur le pouce et l’index afin d’assurer un bon contact avec les écrans tactiles de nos smartphones. Et cela marche très bien ! Plus besoin de retirer ses gants pour pianoter, ce qui est appréciable en hiver. La partie noire élastique qui revient sur le poignet compte aussi parmi les points que nous avons beaucoup appréciés, car cela permet au gant de bien rentrer sous les manches d’une veste ou d’un maillot manches longues, afin d’éviter les courants d’air.

Mais le plus important et le plus appréciable avec ces gants, c’est l’excellent toucher de cintre et des commandes qu’ils permettent. On sent qu’ils sont un peu plus épais que des gants longs classiques type enduro, mais ils restent assez fins pour qu’on s’y habitue très vite et qu’on oublie complètement qu’on a des gants hiver. Il n’y a surtout aucune sensation de flou entre les mains et le cintre, ce qui est hélas un défaut courant des gants hiver. A titre de comparaison, les Element 1.0 que nous avons aussi eu l’occasion de tester ne permettent pas un contact assez franc à notre goût et sont plus à réserver aux sorties très froides ou à un usage en vélo de route, où on peut se satisfaire d’un peu moins de précision mais où on va avoir besoin d’un peu plus de chaleur vu les vitesses plus élevées.

Ici, la température idéale d’utilisation est comprise entre 0 et 7° environ, mais une utilisation par temps encore plus froid nous semble envisageable (nous n’avons pas testé sous -3°, mais lors de notre sortie la plus froide, nous n’avons pas eu de grosse sensation d’inconfort même si, oui, nous avons bien fini par sentir le froid). Ils sont très efficaces contre le vent et, sans être étanches, l’effet déperlant de la partie supérieure est efficace. Enfin, si ce test n’a été conduit que sur quelques semaines (mais avec une vingtaine de sorties toutefois) et ne permet pas de se prononcer de manière ferme sur la longévité, nous avons par contre une paire de gants Deflect de génération antérieure qui a plus de 5 hivers au compteur. Si une couture a fini par lâcher au niveau d’un index, on peut dire qu’ils ont fait le job et moyennant une petite réparation, ils pourraient encore servir. Bref, il y a des raisons d’être optimiste pour la dernière version testée ici, d’autant que des progrès semblent avoir été faits sur plusieurs matériaux. Ils sont vendus 41,9€, ce qui n’est pas donné mais vu leurs qualités, on ne peut pas dire qu’on est volé.

Verdict

Specialized est connu depuis longtemps pour ses équipements du pilote et on comprend pourquoi. Très bien finis, parfaitement adaptés au vtt grâce à un excellent compromis entre finesse et protection contre le froid, les gants Specialized Deflect risquent de nous accompagner souvent lors de nos sorties hivernales et nous vous les recommandons… chaudement.

Plus d’infos : https://www.specialized.com/fr/fr/deflect-gloves

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Par Christophe Bortels