Test | Orbea Urrun : un e-bike léger en semi-rigide, une bonne idée ?

Par Adrien Protano -

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Test | Orbea Urrun : un e-bike léger en semi-rigide, une bonne idée ?

Au-delà de l’aspect compétition, efficacité et performance, le VTT demeure avant tout une manière de se déplacer et de s’évader au sein de la nature. Des notions qui nous tiennent beaucoup à coeur au sein de la rédaction, notre curiosité a donc été piquée lorsque nous avons découvert l’Orbea Urrun qui se veut accessible. L’expérience nous avait déjà montré que la présence d’une « grosse » assistance sur un semi-rigide imposait beaucoup de concessions, mais nous étions curieux de voir ce que cela pouvait donner sur un e-bike léger comme l’Urrun, qui est en quelque sorte la version sans suspension arrière d’un vélo que nous aimons beaucoup, le Rise. Voici notre essai complet :

En basque, Urrun signifie « loin » et, à travers ce nom, Orbea a voulu transmettre toute la philosophie qui entoure ce nouveau modèle : un vélo fait pour découvrir et explorer, mais aussi pour commencer son voyage dans le monde du VTT.

Dans cette mission, Orbea a choisi la piste du semi-rigide pour développer l’Urrun, avec la simplicité que cela emporte. S’il ne vise évidemment pas les pratiquants les plus expérimentés, il bénéficie par contre d’une bonne partie des technologies des autres vélos de la gamme, notamment au niveau de la motorisation. A ce niveau, la marque basque a fait un choix important : celui d’équiper l’Urrun d’une assistance légère, identique à celle de son best-seller, le Rise (qui est lui un tout-suspendu).

Chassis

  

Simple mais efficace ! Voilà l’adage qui pourrait convenir à l’Orbea Urrun… Avec des soudures parfaitement polies sur le triangle avant, une intégration réussie de la batterie et le cheminement en interne des câbles avec entrée par le jeu de direction, la finition de l’Urrun n’a rien a envier aux modèles plus haut de gamme du fabricant basque et à de nombreux égards, le triangle avant du vélo rappelle celui du Rise aluminium.

S’il est vrai que cela peut compliquer les choses pour certaines opérations d’entretien sur le vélo, le passage interne des câbles par le jeu de direction permet également d’offrir un look plus épuré et soigné à cet Orbea Urrun.

On notera également la présence de ce discret anti-déraillement et de cette protection moulée autour de la base arrière côté transmission. Pour le reste, l’Orbea Urrun est équipé de divers points de fixations pour accueillir porte-bidons et garde-boue. Bref, les aspects pratiques n’ont pas été oubliés. On regrettera simplement que, même si la peinture orange est magnifique, certains détails de finition ont perdu de leur superbe durant l’essai (plus long que d’habitude il est vrai), à l’image des inscriptions sur le tube diagonal qui ont commencé à s’écailler.

Assistance

Si le triangle avant rappelle sensiblement celui du Rise aluminium, l’assistance est carrément identique ! Orbea a choisi de partir sur son système EP801 RS, développé en partenariat avec Shimano et propre à la marque.

 

 

Pour rappel, ces deux lettres « RS » font référence à une différence au niveau du logiciel de gestion par rapport à un moteur Shimano EP8 classique. Cette re-programmation « RS Concept » (pour « Rider Synergy ») offre sur le terrain une assistance plus douce et naturelle, avec un couple limité à 60 Nm contre 85 Nm pour la version classique. L’objectif d’Orbea est ici de proposer une assistance plus subtile, tout en limitant au passage la consommation de la batterie.

La marque a réalisé que plus de 50 % des pratiquants de VTTAE, et notamment ceux visés par l’Urrun, utilisent très majoritairement le mode Eco sur leur e-bike. Une assistance légère comme celle de l’EP8 RS semble donc indiquée pour ces personnes, puisqu’elles ne tirent jamais parti des capacités d’un “gros” moteur. Qui plus est, cela rend le vélo plus facile à prendre en main lorsqu’on est novice et cela prolonge l’autonomie ainsi que la durée de vie de la batterie.

En parlant de batterie, Orbea a choisi d’équiper l’Urrun avec un modèle de 540 Wh comme sur le Rise aluminium, plutôt qu’avec la 360 Wh du Rise carbone. Si ce choix a évidemment des conséquences sur le poids total du vélo, cela permet également de partir l’esprit plus tranquille dans les diverses aventures au guidon du Urrun.

Cette batterie n’est pas amovible, ou du moins nécessite de déposer le moteur pour pouvoir y accéder. « Cela a permis de réduire le poids tout en augmentant la rigidité du vélo. Un point non-négligeable sur un e-bike », explique la marque basque. Pour les plus longues journées, le système est entièrement compatible avec le Range Extender de 252 Wh qui se monte sur le tube diagonal à la place d’un des deux porte-bidons et permet de passer la capacité totale à 792 Wh.

 

 

Sur le poste de pilotage, on retrouve l’habituel écran d’affichage de l’assistance couplé à une minimaliste commande à deux boutons permettant de naviguer entre les modes.

Géométrie 

Avec son reach très court (405 mm en taille M) et un angle de direction relativement ouvert pour un 120 mm (66°), Orbea a voulu donner à l’Urrun un caractère accessible et sécurisant. L’objectif premier n’est pas ici de s’aventurer dans les sentiers les plus techniques et tortueux de la région mais de découvrir et de prendre du plaisir sur le vélo, avec une géométrie adaptée dans ce sens.

Équipements 

Nous avons reçu cet Orbea Urrun dans son montage le plus haut de gamme, à savoir l’Urrun 10, affiché à 4999€… soit un prix très (trop ?) proche du premier Rise tout suspendu. Dans cette mouture, on est en présence d’une fourche Fox 34 Performance de 120 mm de débattement.

 

 

La transmission, comme à l’habitude de la marque, provient de chez Shimano, avec une manette et un dérailleur XT, une cassette SLX 12 vitesses et une chaine Deore. Simple et efficace !

 

 

Côté freinage, on passe sur du Magura MT5 E-STOP. Sur ces freins, on dispose d’un étrier à 4 pistons à l’avant pour plus de puissance, et 2 pistons à l’arrière. Les disques sont également différents : 180mm devant et 160mm derrière. Très onctueux au niveau des leviers qui se manient sans effort et qui permettent de doser assez facilement le freinage, très puissants quand on en a besoin, ces freins sont agréables à utiliser. Hélas, les leviers en composite sont très fragiles et nous en avons cassé un sur une chute bénigne.

Le train roulant est composé de roues équipées de jantes Race Face AR 30 (30mm de largeur interne) montées sur des moyeux Shimano, et chaussées de pneus Maxxis Rekon en 2.4″ et carcasse Exo+ renforcée. Si les roues ne soulèvent aucune critique par rapport au programme du vélo, il nous semble qu’un pneu avant un peu plus cramponné, comme un Maxxis Assegai ou DHF aurait été plus rassurant et peu pénalisant pour le rendement. Le Rekon est bien à sa place à l’avant, mais il arrive fréquemment qu’on trouve qu’il manque d’accroche à l’avant, tant au freinage que dans les virages un peu appuyés ou quand il fait humide.

 

 

Pour le reste, la tige de selle télescopique ainsi que le poste de pilotage sont développés par Orbea et sa marque d’équipements OC, avec un cintre de 800mm de large et une potence de 35mm de diamètre. La selle est, quant à elle, une Selle Royal Vivo.

Versions et tarifs 

Au-delà de notre modèle de test (Urrun 10 à 4999 €), la gamme est composée de deux autres montages :  l’Urrun 30 (3999 €) et l’Urrun 40 (3299 €). Le premier est équipé d’une fourche Marzocchi Bomber Z2, de freins Magura MT30, d’une transmission Shimano Deore 10v et de roues en aluminium en 29″ compatibles tubeless. La tige de selle télescopique ne vient pas de série sur ce modèle, mais elle est disponible en option à 129€. Selon nous, c’est vraiment une bonne idée de la prendre, même si l’idée est simplement de faire de la balade tranquille car les situations où elle peut apporter du confort et de la sécurité dépassent largement le spectre des descentes VTT bien techniques.

Plus accessible, le second est doté d’une fourche SR Suntour X1 Coil, de freins Shimano MT200, d’une transmission Shimano Deore 10v et de roues roues en aluminium en 29″ et compatibles tubeless.

Orbea Urrun : le test terrain 

Un semi-rigide à assistance électrique ? Depuis un test du Moustache Samedi Off 6 en 2018, nous avions compris que ce n’était pas notre tasse de thé et nous avions à l’époque clairement conseillé de s’orienter d’office vers un tout-suspendu, sauf pour un usage VTT très calme et pour faire du tout chemin. Pourquoi ? Simplement car la présence d’un moteur et d’une batterie imposent de renforcer le cadre d’une façon telle qu’il n’est plus possible au châssis d’apporter la moindre filtration des vibrations. Sans oublier le poids de l’engin qui « pose » irrémédiablement le vélo au sol et qui fait régulièrement taper l’arrière de la machine. Ce qui peut vite être usant en l’absence de suspension arrière.

  

Mais, comme il faut toujours rester ouvert et être prêt à revoir ses jugements, nous étions curieux de voir si l’arrivée d’une assistance légère était de nature à ouvrir de nouveaux horizons. Avec 18,9 kg, notre Urrun en taille L est tout de même quasiment 3 kg plus léger que le Moustache que nous avions testé il y a 4 ans (en taille M). Au-delà du poids, l’assistance subtile procurée par le moteur EP8 RS, et que nous apprécions beaucoup sur le Rise, nous semble aussi plus adaptée à un vélo orienté découverte.

Sur ce point, c’est tout à fait vrai : l’assistance est parfaitement calibrée pour randonner avec plaisir et facilité, en procurant juste ce qu’il faut comme coup de pouce pour ne pas craindre les ascensions, sans jamais se montrer trop brutale. Pas de risque de déconcerter ou de faire peur à un néophyte, et un pratiquant plus aguerri trouvera tout de même assez de « pep’s » pour se faire plaisir dans des côtes plus raides et techniques.

La géométrie de cet Orbea Urrun mérite aussi des éloges. On sent bien que la position est nettement plus ramassée et plus droite que sur d’autres modèles plus sportifs de la gamme, mais elle reste équilibrée et très agréable. Même si le vélo est globalement court, y compris au niveau des bases (445mm, ce qui est un joli score pour un e-bike en 29″), il est facile d’éviter de cabrer dans les fortes montées, et le vélo a un côté joueur particulièrement agréable dans les petits chemins sinueux.

  

Côté stabilité, la géométrie n’est pas en cause, car elle se montre rassurante… jusqu’à un certain point. En usage tout-chemin, sur des allées larges et sans difficulté, on peut prendre de la vitesse sans craindre la moindre réaction parasite du vélo. Par contre, dès que le relief du sol est plus tourmenté, les choses se compliquent. L’absence de suspension arrière se révèle vite être un vrai désavantage dès qu’on prend un peu de vitesse et qu’il y a des cailloux/racines un peu gros à franchir.

Même à basse vitesse, malgré les roues de 29 pouces et les pneus offrant un volume tout à fait convenable, il y a une différence énorme entre la fourche Fox 34 qui fait un très bon boulot malgré son débattement de « seulement » 120mm, et l’arrière qui se montre fort sec dans ses réactions, quelle que soit l’allure adoptée. Clairement, l’assistance légère ne nous semble pas encore être la solution pour rendre un e-bike semi-rigide adapté à autre chose que de la balade très tranquille sur de grandes allées sans difficulté. En cela, l’Urrun ne répond pas totalement à l’objectif de découverte fixé par la marque car il limite trop vite le pilote dans son évolution et dans le panel de chemins/sentiers où il profitera pleinement de sa machine.

Conclusion

Nous voulions vraiment donner une nouvelle chance à un e-bike sans suspension arrière de nous séduire. Hélas, malgré un poids contenu, une motorisation convaincante et une géométrie agréable, l’Orbea Urrun souffre toujours du même défaut que tous les autres semi-rigides assistés que nous avons testés : un cadre qui a dû être renforcé pour accueillir l’ensemble moteur/batterie, ce qui le rend vite inconfortable dès qu’on envisage autre chose qu’un usage tout-chemin. Si c’est votre pratique, pourquoi pas, mais dès qu’il est question de véritable tout-terrain, au sens premier du terme, l’Urrun est vite limité. Pour de la balade tranquille, pas besoin de mettre 5000€ dans cette version 10 haut de gamme : le 40 à 3299€ peut largement suffire. Par contre, si vous avez de quoi vous acheter l’Urrun 10, n’hésitez pas une seule seconde et mettez 300€ de plus pour vous offrir le premier Orbea Rise de la gamme, déjà très bien équipé, tout aussi agréable pour flâner mais beaucoup, beaucoup plus capable et agréable en usage VTT. 

Pour plus d’informations : https://experience.orbea.com/fr/urrun

ParAdrien Protano