Test nouveauté | Specialized Epic HT 2020 : ultra-light… et plus tolérant ?

Par Paul Humbert -

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Test nouveauté | Specialized Epic HT 2020 : ultra-light… et plus tolérant ?

Ce n’est pas du côté de l’Epic HT qu’on attendait le plus de nouveautés dans la famille Specialized. Pourtant, le semi-rigide de cross-country évolue, se transforme et nous avons pu le découvrir en Californie, en compagnie de certains ingénieurs et chefs produits qui ont contribué à sa naissance. Plus tolérant, mais surtout plus léger, on vous présente celui qui affiche souvent moins de 790 grammes :

 

 

Le Specialized Epic HT nous a toujours beaucoup plu (notre test à retrouver ici : https://www.vojomag.com/test-specialized-epic-ht-pro-lexcellence-discrete/) et son tempérament fun le rendait très moderne et loin d’être démodé. Pourtant, la marque au grand S s’est repenché sur cette machine, finalement assez exclusive dans sa pratique, pour la faire évoluer. 

Les deux objectifs recherchés par Specialized sont le poids et la tolérance. 

Du côté du poids, Specialized lance tout bonnement un des cadres les plus légers du marché avec un poids de 790 grammes annoncé en taille M. Derrière ce poids annoncé, la marque nous souffle même qu’une majorité de la production, dans ses premières semaines, flirte avec les 750 grammes environ. 

Si les équipes de la marque annoncent laisser derrière eux la mode de « l’extra-light », on remarque que la préoccupation du poids a considérablement motivé les choix techniques de construction. 

La tolérance et le comportement du vélo ont également été repensés pour certaines situations. La marque voit dans son précédent Epic HT un très bon vélo de short-track mais il peut, d’après elle, être amélioré pour des pratiques plus longues comme le marathon ou le XC le plus moderne et engagé. La marque ouvre ainsi la géométrie du vélo et apporte plus de confort. 

La marque prend le risque de mettre en avant, outre le poids record, les qualités de filtration et de confort de sa machine de compétition. Specialized met en évidence l’argument qu’aucune victoire ne peut s’arracher sur un vélo incontrôlable. 

Concrètement, la géométrie du vélo s’allonge pour plus de contrôle. L’angle de direction passe à 68,5 degrés (comme sur l’Epic Evo) et est associé à un offset de fourche plus court (42mm). Le reach en taille M est de 430mm pour un stack de 608mm. Les bases mesurent 430mm de long et le tube de selle affiche un angle de 74 degrés. 

 

 

Specialized associe cette nouvelle géométrie à des potences plus courtes (60 à 75mm) même si, de l’aveu des chef produits, il ne sera pas surprenant des voir des coureurs XC préférer une taille plus petite et une potence plus longue. 

Pour ce qui est du confort, Specialized laisse de la place pour des pneus plus gros, jusqu’à 2.3, voire 2.4, et permet l’installation d’une tige de selle télescopique avec son tube de selle de 30.9mm de diamètre. 

Le précédent discours de la marque justifiait son diamètre de 27,2 pour une meilleur flexion, cette fois-ci, Specialized met en avant une nouvelle conception du tube de selle associée aux qualités d’une tige de selle télescopique pour arriver à un confort jugé encore supérieur.

 

 

L’Epic Hardtail 2020 est également conçu avec des haubans légèrement plus étroits, ce qui apporte une flexion supplémentaire. 

La notion de confort est toujours étroitement liée à celle de rigidité et sur ce vélo, Specialized a encore une fois cherché à trouver un juste milieu permettant d’associer contrôle et transfert optimal d’énergie. D’après la marque, toute la subtilité se trouve dans la forme des tubes et leurs diamètres.

D’ailleurs, la marque a conçu chaque taille de cadre indépendamment, afin d’offrir des performances homogènes. Ce qui nous amène au point suivant, la conception de ce cadre et son poids !

 

 

Specialized ne s’en cache pas, la marque a voulu lancer le vélo le plus léger du marché. Peint, un cadre en taille M est annoncé à 790 grammes et, comme on vous le disait, la marque arrive parfois en dessous. Ce (très) faible poids est atteint en repensant toute la structure du cadre. 

Un cadre est un mélange de fibres de carbone et de résine. Les ingénieurs de la marque ont donc évalué encore plus précisément les zones à risque pour les renforcer, sans ajouter une couche excessive de matériau, et chaque section du cadre a été pensée individuellement. Les tubes ne présentent d’ailleurs pas une structure ou une épaisseur homogène.

Les liens les plus techniques sont ceux entre le boitier de pédalier et du tube de selle. 

Pour aller toujours plus loin, Specialized a même réussi à supprimer les inserts en aluminium des bases. La marque annonce toutefois que le cadre est tout aussi solide que la précédente version. Celle-ci répondant aux mêmes tests, que nous avons pu, en partie, découvrir. D’ailleurs, l’équipe de la marque nous annonce avoir travaillé sur 15 prototypes aux rigidités différentes. 

 

 

Il existera deux types de cadres dans la gamme Specialized Epic HT avec un mélange carbone/résine plus fin pour le modèle S-Works qui lui permet d’être 140g plus léger que le modèle Pro, Expert ou Comp. Ce cadre, très haut de gamme, sera également commercialisé nu. 

À l’intérieur du cadre, les câbles sont guidés entièrement à l’aide de tubes de mousse. Specialized ne cache toutefois pas son bonheur de voir les nouvelles transmissions électroniques se démocratiser. Sur son modèle le plus haut de gamme, on ne repère plus que les Durit de freins. 

 

 

Ces changements nous amènent toutefois à discuter avec Brian Gordon, le chef de produit en charge de ce nouveau vélo. Quel avenir pour ces semi-rigides de XC et comment tenir tête aux superbes tout-suspendus du marché ? Sa réponse est assez simple : « Evidemment, nous avons regardé ce qu’il se fait du côté des soft-tails, mais nous avions en tête la production du vélo le plus léger du marché et ces solutions sont moins durables dans le temps et nécessite ntplus d’entretien. Nous sommes convaincus qu’il reste une clientèle pour ce type de vélo, même en haut de gamme. Des « racers » qui vont chercher le vélo le plus léger. »

Dans la gamme, on compte 11 montages différents et le premier prix de ce vélo est fixé à 2099 euros. Pour le S-Works « ultra light » (le vélo noir en photo), il faudra compter 8499 euros, 9499 euros pour la version AXS blanche et 2999 euros pour le cadre S-Works nu.

 

 

Sur les vélos, on retrouve une nouvelle version de la Rockshox SID, avec une cartouche Brain retravaillée pour être plus sensible sur les petits chocs avant de se verrouiller dans les phases de pédalage et de sprint. Le fonctionnement reste dans le même esprit que ce qui a été présenté jusque là sur le nouvel Epic, mais le début de course est raffiné pour plus de grip et de confort, sans perdre en performance. Côté débattement, le Specialized Epic Hardtail affiche 100mm, et 80mm sur la taille XS. 

Prise en main | Epic HT S-Works

 

 

Direction le nord de la Californie pour découvrir ce nouveau Specialized Epic Hardtail. Le terrain y est assez rocailleux dans toute la phase ascendante avant de nous présenter de belles sections de terre meuble. Nous sommes accompagnés des chefs produits et de certains athlètes de la marque pour échanger autour de la machine en question. 

La première chose qu’on repère indéniablement, c’est la légèreté impressionnante de la machine. De ce point de vue là, l’Epic HT remplit sa mission. Nous grimpons sur l’Epic HT S-Works ultra haut de gamme et on il est difficile de reprocher quoi que ce soit à l’équipement. 

Notre boucle de test de quelques heures est finalement assez rapide et on retrouve un vélo très vif en montée, comme on avait quitté l’ancien modèle, le transfert de puissance semble bien se faire, tout en conservant un bon grip. 

 

 

On aurait aimé découvrir le vélo avec une tige de selle télescopique, puisque la marque présente la plateforme comme particulièrement adaptée pour ces outils, mais on retrouve toutefois dans la descente le tempérament du « précédent » Epic HT qui nous avait tant séduits. La machine qui pourrait effrayer reste toujours accessible dans son comportement. Le terrain parfois bien rocailleux ne nous ménage pas et si on touche parfois à la limite du semi-rigide et du pneu arrière, l’ensemble est vraiment sain et tolérant. 

Au moment de rendre le vélo, on repère, avec inquiétude, que rien ne bloque ou protège le cadre de la rotation du cintre. Sur notre vélo en taille L, la commande de transmission AXS vient heurter le cadre sur le top tube. Dommage…

 

 

Pour aller plus loin, il faudra que cet Epic HT retrouve nos testeurs les plus orientés XC ainsi que nos sentiers de tests habituels. Nous devrons nous poser cette question : est-ce que cette nouvelle machine détrône, ou non, son prédécesseur au rang des vélos coup de coeur ? 

Plus d’infos sur le site de la marque : www.specialized.com/fr/fr/shop/bikes/mountain-bikes/cross-country-mountain-bikes/

Photos d’action : Harooks & Dylan Dunkerton / Specialized 

ParPaul Humbert