Test nouveauté | Santa Cruz Megatower : le BroMad LT

Par Paul Humbert -

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Test nouveauté | Santa Cruz Megatower : le BroMad LT

La mise à jour de la gamme Santa Cruz continue et c’est en partie sur le terrain du Hightower LT que le Megatower voit le jour. À l’instar du Nomad, puis du Bronson, il arbore la dernière version du VPP et une cinématique harmonisée autour d’un basculeur bas. Gros enduro, le Santa Cruz Megatower développe 160mm de débattement avec ses roues de 29 pouces. Nous avons pu découvrir le jardin et les terrains d’entraînement de Iago Garay, un des riders de la marque, sur la version CC XO1. Présentation et prise en main sous le soleil espagnol.

 

 

Au programme pour le Megatower : comme son nom l’indique, on ne fait pas dans la finesse et si il reprend les lignes du Nomad et du Bronson, ce n’est pas un hasard. Il se place donc sur le segment « gros enduro », là où on retrouve le dernier Scott Ransom, le Trek Slash ou encore le Transition Sentinel. Tout en carbone, il est lui aussi haut de gamme avec un premier prix à 4799 euros. 

La première chose qu’on remarque sur ce Megatower, outre ses roues de 29 pouces, c’est la ressemblance frappante avec le dernier Bronson (lui même développé sur la plateforme du Nomad). On retrouve un triangle arrière symétrique (à la différence du Nomad) et une nouvelle itération du VPP signé Santa Cruz avec un amortisseur positionné très bas, à plat, juste au-dessus du boitier de pédalier. Le triangle arrière est « flottant » et relié à l’amortisseur et au triangle avant par deux biellettes. La première, basse, est en prise directe avec l’amortisseur quand l’autre vient guider le travail du vélo et est en prise avec le tube supérieur. En s’activant, la suspension va avoir tendance à éloigner l’axe de roue arrière du boitier de pédalier, d’où un certain sentiment d’allongement de la machine. 

 

 

Santa Cruz raffine sa cinématique en apprenant du développement des deux derniers vélos présentés. Sur les photos, vous découvrez un des derniers prototypes du Megatower.

Et comme il en faut pour tous les goûts, Santa Cruz annonce que son Megatower sera disponible, et compatible, avec des amortisseurs à air ou à ressort. En revanche, n’imaginez pas mélanger les tailles de roues, Santa Cruz ne recommande pas de 27,5+. Mais si toutefois un peu plus de débattement vous intéresse, un passage à une fourche de 180mm reste possible pour transformer le vélo en machine de guerre. 

Côté géométrie, Santa Cruz ne ferme aucune porte puisqu’on retrouve deux « flip-chip » qui permettront de la faire évoluer. Le premier est situé sur la biellette basse où l’amortisseur est ancré et permet de faire évoluer la hauteur du boitier de pédalier de 3,5mm. Le point négatif de ce « flip-chip » est sa difficulté d’accès et il vous faudra un peu plus de 30 secondes pour changer l’ancrage si vous décidez de le faire sur les sentiers. 

Le second est situé sur l’ancrage de roue arrière et permet d’allonger ou de raccourcir les bases de 10mm. Un adaptateur de freins spécifique est livré avec le vélo pour un passage en position longue mais il ne rend possible que l’utilisation de disques de 200mm, ou plus, et le vélo est livré avec un rotor de 180mm, dommage !

Côté chiffres, le vélo est moderne et plutôt long, sans tomber dans l’extrême. L’angle de direction du Santa Cruz Megatower oscille donc encore 65 et 64,7 degrés. La longueur des bases est, au plus court, de 435 à 436mm et le reach en taille M est de 447 ou 450mm de long quand l’angle du tube de selle est de 76,7 degrés en position haute, toujours en taille M. 

 

 

Côté construction, on retrouve un ensemble toujours très soigné. Un nouveau protège-base est utilisé pour réduire les bruits de la chaîne qui vient y taper. On retrouve également plusieurs protections sous le tube inférieur et un petit garde-boue situé juste derrière l’amortisseur. 

Le vélo a été conçu pour accepter un plateau de 36 dents maximum. L’amortisseur est monté sur roulements et ces derniers, ainsi que le cadre et les roues en carbone Reserve sont garantis à vie par Santa Cruz. 

 

 

Décliné en 5 tailles, du S au XXL, le vélo permet d’accueillir un porte-bidon et un amortisseur avec bonbonne (piggyback). En position « courte », Santa Cruz recommande une section de pneu maximum de 2.5 quand le vélo acceptera les 2.6 en position longue. 

 

 

La gamme Santa Cruz Megatower est bien fournie et la marque n’entend pas cantonner la machine à une niche. Sept modèles sont disponibles entre 4799€ pour le premier modèle équipé d’un cadre « C » et 11.099€ en version « CC » (finition carbone plus haut de gamme et légère) et équipé du groupe Sram AXS électronique et sans fil. En grimpant en gamme, Santa Cruz offre la possibilité de s’équiper de ses roues Reserve en carbone et, pour l’option d’un amortisseur à air ou à ressort, l’acheteur n’aura qu’à faire son choix. 

Le cadre vendu avec son amortisseur est commercialisé à 3499 euros. La marque annonce un poids de 2900g (sans amortisseur) pour un cadre « CC » en taille L. 

Prise en main | Santa Cruz Megatower CC XO1

Pour découvrir ce Santa Cruz Megatower, c’est en Espagne que nous nous rendons. Et plus précisément au coeur de Madrid. L’idée est surprenante puisque c’est sur l’un des plus grands boulevards de la capitale espagnole que nous retrouvons Iago Garay, un des chefs de file de la délégation « enduro » chez la marque Californienne. 

 

 

D’ailleurs, c’est dans ses traces que nous allons rouler puisque le garçon est originaire de la région. 

C’est à la périphérie de la ville que nous allons découvrir le Megatower pour la première fois. En quelques coups de pédale, les habitants de Madrid ont un terrain de jeu qui s’offre à eux, avec un labyrinthe de petites traces dans le parc Cerro Garabitas. 

 

 

Nous grimpons sur le Santa Cruz Megatower CC X01 équipé de ses roues Reserve en carbone. Sur le balance, son poids annoncé en taille L est de 14,1kg (14,6kg avec un amortisseur à ressort). On sent d’entrée de jeu que la machine a un fort potentiel et qu’il s’impatiente de voir les choses sérieuses débuter. L’ergonomie générale est bien pensée, on retrouve vite ses marques sur ce Santa Cruz. Toutefois, la première chose que nous faisons est de réduire la largeur du cintre, de 800 à 770mm de large.  On débute notre prise en main avec le vélo en position « haute » et avec ses bases « courtes » de 435mm de long. 

Malgré l’ambition du vélo, sur un « petit » terrain de jeu, on peut s’amuser à prendre les choses à la légère, sans trop s’énerver. Le Megatower est assez docile et joueur quand on reste paisible à son guidon. Passée cette première prise en main, on reprend la direction de la ville pour la découvrir avec notre guide local. 

 

 

La suite de notre prise en main nous permettra de bien préciser les choses. Nous nous rendons à 45 minutes de la capitale, vers Cercedilla, là où Iago organise avec son père une course d’enduro depuis des années. L’accès aux sentiers est assez règlementé mais la présence des organisateurs de la course nous permet d’en faire une visite en accéléré. Le terrain est plus à la hauteur des attentes du vélo avec de beaux blocs de pierre, du sable et de la terre meuble. On réalise bien vite que le vélo est très à l’aise sur ces terrains défoncés. D’une part, ses grandes roues font leur boulot sur les aspérités, mais l’ensemble de la géométrie est en phase avec une telle pratique et c’est tout bonnement impressionnant. On retrouve une des caractéristique des derniers Santa Cruz : ils ont une belle capacité à filtrer le terrain et leur construction tout en carbone est particulièrement bien pensée. Même avec ses roues Reserve, on conserve du confort et la rigidité n’est pas surdosée. Ce Megatower vient combler un trou dans la gamme et s’aligne à certains niveau avec le Nomad. 

Après une vrai journée de vélo, on touche du doigt le potentiel de la machine mais cette dernière paraît presque « trop » grosse et on a du mal garder vraiment le contrôle quand on prend de la vitesse en courbe et dans les plus gros freinages. Le grip est vraiment présent et le vélo est collé aux pavés quand on le souhaite, mais en compression, le vélo s’allonge et on peine parfois à l’inscrire en courbe pour conserver la bonne trajectoire et du dynamisme en sortie de courbe, même en poussant sur son centre de gravité (d’ailleurs assez bas). 

La solution est vite trouvée et en ajoutant une cale dans l’amortisseur arrière, on gagne instantanément en progressivité et le vélo devient plus précis entre nos mains. On le place bien plus facilement en courbe, on vient poser sa roue arrière où on le souhaite et on retrouve tout le dynamisme dont nous avons besoin, sans avoir l’impression d’avoir un vélo qui s’échappe derrière nous. 

 

 

Nouveau changement de décor, et on continue à suivre Iago Garay sur ses terrains d’entraînement. Cette fois-ci, on s’éloigne encore de la capitale pour retrouver un pittoresque village de pierres, Patones et ses 518 habitants. On retrouve là un terrain très méditerranéen avec des forêts de pins, des portions rocheuses et des dalles de schiste. On passe le Megatower en position « basse » en inversant le « flip-chip » de l’amortisseur. L’angle de direction s’ouvre encore et le vélo devient réellement radical. On sent instantanément que la machine ne cherche plus à jouer la polyvalence et cette position sera à réservée aux terrains les plus pentus et exigeants pour les riders ayant le bagage technique et physique nécessaire. Les suspensions du vélo font un superbe boulot et on retrouve une véritable identité Santa Cruz sur ce Megatower, dans la lignée du Bronson et du Nomad.

Le grip est encore une fois au rendez-vous et sur le terrain, ce Megatower n’a rien à envier à un Nomad dans sa capacité d’absorption des chocs, de franchissement ou de grip. On est sur un excellent gros vélo. Toutefois, pour dévoiler son plein potentiel, il faudra savoir lui rentrer dedans pour que la machine se mette réellement en marche. À ce moment-là, le Megatower est juste impressionnant. 

Au pédalage, le Megatower est aussi surprenant. Après avoir découvert son comportement en descente, on s’imagine qu’il faudra le payer en montée, mais il n’en est rien. Le Santa Cruz Megatower est bien plus proche du Bronson que du Nomad sur ce point-là et on pédale aussi bien au train que dans les portions techniques sans aucun problème. Le Megatower ne devient pas le remplaçant du Hightower LT sur ce point et, ce dernier, comme le Bronson, sera probablement plus polyvalent pour une utilisation « all-mountain/enduro » qu’un Megatower qui a besoin de pente pour s’exprimer. 

 

 

Après de longs kilomètres de descente, quelques-uns en montée et pas mal de temps passé à découvrir la cuisine espagnole, on prend du recul sur la prise en main de ce Megatower. Bien évidemment, il faudra le mettre à l’épreuve de nos sentiers et on a hâte de le laisser s’exprimer dans les traces alpines, mais il a déjà su se révéler à nous en Espagne. Nous devrons également découvrir son comportement avec ses bases « longes » et un amortisseur à ressort. Le Megatower est une grosse machine qui dévoile un potentiel exceptionnel. Il faudra toutefois pouvoir prendre son temps pour trouver ses réglages à son guidon et, pour une fois, ne pas nécessairement considérer que la position « basse » sera celle qui conviendra à la majorité des situations (comme nous avons parfois tendance à le faire). Si vous considérez votre niveau technique et physique comme « intermédiaire », il faudra également penser à pousser la machine en toutes circonstances car c’est à cette condition qu’elle sera la meilleure. Les caractéristiques intrinsèques de la machine en font un excellent vélo, qu’on attendait, mais à ne pas glisser entre toutes le mains tout de même. Il faudra vous assurer d’avoir le terrain où le bagage technique pour en tirer la quintessence. 

Plus d’infos sur le site de la marque : www.santacruzbicycles.com/fr-FR/megatower

Photos d’action : Gary Perkin / Santa Cruz

ParPaul Humbert