Test nouveauté | Orbea Rallon Evo : une petite biellette qui change tout

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Orbea Rallon Evo : une petite biellette qui change tout

Depuis l’arrivée du nouvel Occam qui vient sérieusement marcher sur ses plates-bandes, on se doutait bien que l’Orbea Rallon 2020 allait subir quelques modifications. Bingo : si le cadre ne change pas, une nouvelle biellette « Evo » permet de modifier la cinématique et passer de 150 à 160mm de débattement à l’arrière, alors que l’avant passe en 170mm. Puis surtout, bonne nouvelle, la biellette sera disponible seule pour mettre à jour un cadre existant ! De quoi transformer le vélo ? Nous avons vérifié sur base d’un Rallon MyO 2018 que nous avons fait évoluer !

 

Résumons : il y a le Oiz en 100mm pour le XC pur et les marathons roulants, le Oiz TR en 120mm (à gauche) pour plus de polyvalence et s’attaquer à des terrains plus techniques tout en gardant un vélo léger, le nouvel Occam en 140/140 ou 140/150mm en guise de vélo de montagne hyper polyvalent (au centre), et enfin le Rallon, utilisé par le team en EWS, pour l’enduro race (à droite).

Pourquoi le Rallon devait évoluer ?

Né avec 150mm de débattement à l’arrière et 160 à l’avant, l’Orbea Rallon est apparu il y a deux ans. A l’époque, il nous avait particulièrement séduits par son caractère accessible pour un gros enduro 29″. Vous voyez d’ailleurs ci-dessus notre Rallon MyO by Vojo, qui nous sert de plateforme de test pour de nombreux composants enduro (fourches, pneus, roues,…) ou non (le groupe Sram Eagle AXS par exemple).

Au moment de sa sortie, ses valeurs de géométrie et de débattement étaient dans la moyenne de la catégorie et la différence avec l’Occam TR en 120/130mm était bien marquée. Mais aujourd’hui, le nouvel Orbea Occam se profile comme un sérieux rival du Rallon, surtout quand on l’équipe de l’option fourche de 150mm qui radicalise encore un peu plus sa géométrie déjà bien engagée. Orbea se devait donc de repositionner le Rallon pour qu’il conserve sa raison d’être.

C’est ainsi qu’est né l’Orbea Rallon Evo que vous avez sous les yeux. A part cette nouvelle (et très classe) couleur vert bouteille, vous ne voyez pas de différence ? Normal, les changements sont très subtils. Mais vous allez comprendre, nous allons tout vous expliquer !

Le secret : une nouvelle biellette…

Ce repositionnement du Rallon, Orbea l’a fait de manière à la fois simple et subtile : en changeant la biellette ! Le châssis reste inchangé, mais en jouant sur cette « simple » petite pièce, il est possible de modifier non seulement le débattement, mais aussi le comportement de la suspension et le « feeling » qu’elle va procurer au pilote.

Concrètement, la nouvelle biellette (à droite), est un peu plus longue que l’ancienne, ce qui va donner plus de progressivité à la suspension du Rallon, parfois critiquée pour sa trop grande linéarité qui ne convenait pas à certains pilotes et moins à certains types d’amortisseurs. Sur la balance, la différence de poids est négligeable : de l’ordre de 30g.

… aussi pour « l’ancien » Rallon !

La très bonne nouvelle, c’est que cette mise à jour est aussi disponible pour les possesseurs de la précédente génération de Rallon ! Pour 249€, Orbea a eu la bonne idée de commercialiser un kit comprenant la nouvelle biellette, la visserie et un nouveau yoke ainsi que les roulements (qui valent déjà une petite poignée d’euros quand il faut les renouveler).

En quelques minutes (cela nous a pris une petite demi-heure la première fois, moins de 15min les suivantes), on peut donc mettre à jour son vélo pour un tarif très raisonnable. La manoeuvre est simple et bien expliquée dans le manuel (même procédure que pour un entretien des roulements) ou sur le site de la marque.

Avec cette nouvelle biellette, développée en concertation avec le team enduro dont fait partie Thomas Lapeyrie, le but est d’obtenir une sensibilité accrue en début de course pour améliorer la sensation d’onctuosité de la suspension, tandis que la progressivité de la suspension augmente, passant de 8 à 20%. Au-delà des chiffres, cela doit en théorie permettre une meilleure sensation de maintien dans le défoncé et une transition plus « smooth » avec la fin de course.

Fourche de 170mm et impact sur la géométrie

A l’avant, le passage de 160 à 170mm n’est pas obligatoire (la nouvelle biellette à elle seule ne modifie que très peu la géométrie – pas de manière sensible en tout cas) mais si vous le souhaitez, la manœuvre est aussi très simple puisqu’Orbea a livré la quasi totalité de ses vélos (sauf quelque-uns des tout premiers exemplaires) avec des fourches 160/170/180mm ! Il suffit donc de profiter de l’entretien pour faire la modification.

Avec la nouvelle biellette, mais surtout le passage de la fourche en 170mm, et donc un avant 1cm plus haut, la géométrie s’en trouve légèrement modifiée. L’angle avant est 0,5° plus couché, tout comme l’angle de selle. Le reach est aussi un poil plus court. Mais dans l’ensemble, pas vraiment de quoi modifier radicalement la perception qu’on a du vélo une fois au guidon.

La gamme 2020

Outre la nouvelle biellette et le passage en 170mm, qui sont aussi applicables aux vélos existants, la gamme Orbea Rallon 2020 subit quelques petites modifications. Grâce au MyO, des changements d’équipements et les peintures personnalisées restent évidemment possibles (de nouvelles couleurs sont même ajoutées au programme), mais les modèles « de série » voient arriver de nouvelles combinaisons de couleurs. Les équipements d’origine changent un peu, avec notamment le modèle Team qui passe en Shimano 12 vitesses et l’apparition d’un Rallon M20 en Shimano SLX qui, à 3999€, abaisse le ticket d’entrée à l’univers « Enduralin » d’Orbea.

Orbea Rallon Evo 2020 : le test terrain

Disposant d’un Rallon MyO à la rédaction, qui, depuis mi-2018, nous sert de base de test pour les composants typés enduro, nous avons pu le faire évoluer en version « Evo » simplement en changeant la biellette et en passant la fourche en 170mm.

Nous avons pu aussi, en compagnie d’un de nos testeurs disposant aussi d’un Rallon comme vélo perso, faire une session de test face à face, en alternant les runs avec l’ancienne et la nouvelle biellette, ainsi qu’en essayant plusieurs configurations d’amortisseurs.

Le premier point qui nous vient à l’esprit, c’est que le Rallon dans sa première version reste toujours un excellent vélo, stable, facile, agréable et amusant à piloter. Une bête de chrono et d’enduro race, mais domptable. Polyvalente aussi, car ses performances au pédalage sont vraiment bonnes pour une machine de ce type, de sorte qu’on peut faire de longues sorties avec beaucoup de dénivelé à son guidon.

Reste à voir ce que cette fameuse nouvelle biellette apporte à la machine, si cela vaut la peine de faire la modification… ou pas, et pourquoi. Immédiatement, ce qu’on note, c’est une vraie amélioration de la sensibilité sur les petits chocs. Plus besoin d’avoir un amortisseur à ressort hélicoïdal pour le sentir, même avec un amortisseur à air un peu ferme, cela saute aux yeux. La transition avec la mi-course est aussi plus fluide, la roue donne l’impression de coller plus au sol et de mieux lire le terrain. Outre le fait qu’il ne faut pas un nouvel amortisseur, l’adoption de la nouvelle biellette n’impose pas non plus de changer radicalement ses réglages. On peut repartir de la même base qu’avec la précédente puis ajuster selon son feeling. Pour notre part nous avons freiné un poil plus le rebond et ajouté quelques psi en pression. Mais on parle d’un clic et de 5/10psi pas plus.

Dans les sections rapides et cassantes, on va clairement plus vite et surtout plus sereinement. Le caractère imperturbable du vélo est renforcé, marquant ainsi une différence plus marquée avec le nouvel Occam. La fourche de 170mm n’est absolument pas une obligation, mais le petit centimètre de plus peut aider l’avant à suivre l’évolution des capacités de l’arrière et à ne pas sentir la proue dépassée plus vite que l’amortisseur et la partie arrière du vélo ainsi modifiée avec la nouvelle biellette.

Dans les phases de sauts et sur les plus gros impacts, la fin de course est un peu mieux gérée, plus douce. On est sur un ensemble de modifications mineures, qui ne changent pas radicalement la physionomie du Rallon, mais qui le rendent effectivement un peu plus raffiné encore et plus capable. A notre sens, cette nouvelle biellette améliore surtout le comportement avec les amortisseurs à air, et surtout les « petits modèles » comme le DPX2 ou le RockShox Monarch (Inline ou Deluxe avec réservoir externe – voir ici pour plus de détails sur ces deux modèles). Avec le Fox DHX2 (coil), la différence est moins notable, sauf en fin de course, où la « percussion » du ressort qui arrive en bout de course est moins violente et semble survenir moins vite.

Le seul petit point sur lequel on a eu l’impression de perdre avec la nouvelle biellette, c’est au niveau du pédalage. Pas en relances, et pas non plus à l’accélération. Bref, pas dans ce qui est vraiment important dans le cadre d’une utilisation enduro race. Mais le vélo a perdu un peu du caractère « gros all-mountain » que pouvait avoir l’ancien. On paie donc un peu cette plus grande efficacité en descente au niveau de sa capacité à rouler longtemps à bonne vitesse. Il incite davantage à prendre les remontées à la cool et à rouler peinard ailleurs qu’en descente. Une fois encore, c’est assez logique et on sent qu’Orbea a pu se permettre ce repositionnement grâce à l’arrivée du nouvel Occam.

Verdict :

L’Orbea Rallon Evo 2020 porte bien son nouveau petit patronyme : il n’y a pas de révolution, mais une vraie belle évolution qui lui permet de reprendre sa place dans la gamme de la marque, mais aussi de se repositionner face à une concurrence sans cesse plus affûtée. Plus de sensibilité, de grip, de stabilité dans le défoncé, voilà ce qu’on attend d’un vélo clairement typé enduro. Il y perd un poil de polyvalence mais ce n’est que compréhensible. Au-delà du comportement, on ne peut que saluer la politique d’Orbea qui, en vendant cette biellette au détail pour un prix somme toute assez raisonnable, permet à tous les propriétaires de Rallon R5 des millésimes précédents de mettre à jour leur monture et de repartir avec un « nouveau » vélo pour quelques années de plus. Et ça, on applaudit des deux mains !

Plus d’infos : https://www.orbea.com/be-fr/velos/montagne/rallon/cat

ParOlivier Béart