Test nouveauté | Mondraker Crafty Carbon : un poids plume qui pèse dans le game - Premier test terrain

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Mondraker Crafty Carbon : un poids plume qui pèse dans le game - Premier test terrain

Mondraker a complètement revu sa gamme ebike 2020 et on pensait avoir tout vu sur les différents salons dès cet été. Erreur, il restait encore une belle surprise pour cette fin d’année : le Mondraker Crafty Carbon, la version ultra-light du Crafty ! Un modèle haut de gamme particulièrement raffiné, que nous avons eu l’occasion de découvrir et de rouler en avant-première lors de sa présentation au Portugal. Voici ce qu’il faut retenir et nos premières impressions :

Mondraker Crafty Carbon RR SL : premier test terrain

On a beau être au Portugal, dans le Sud donc, il fait particulièrement humide. C’est donc la tête dans les nuages et le nez dans le crachin que nous avons eu l’occasion de découvrir cet impressionnant Mondraker Crafty Carbon, dans sa luxueuse version RR SL. On dit impressionnant car, oui, rouler ce genre de machine par temps (très) pluvieux sur un terrain qu’on ne connaît pas et qui s’annonce glissant, c’est toujours impressionnant.

Heureusement, Mondraker a eu la bonne idée de changer les Maxxis Rekon montés d’origine sur la version SL par des Minion DHR et DHF, toujours en 2.6″ mais beaucoup plus roulables en conditions difficiles et polyvalents que la monte d’origine. Un demi-aveu que le montage du modèle haut de gamme est un peu extrême pour passer sous la barre des 20kg ? Heureusement, à part les grips Lizard Skins franchement inconfortables, il n’y a pas d’autres concessions et il faut souligner que rouler avec la transmission Sram AXS ainsi que la RockShox Reverb sans fil est toujours un plaisir.

Côté réglages, on se laisse guider par l’équipe Mondraker, avec un petit 30% de Sag dans l’amortisseur et un rebond réglé plutôt rapide devant comme derrière, ce qui colle en général bien aux Mondraker qui demandent un réglage de compression assez léger, et un rebond lui aussi assez ouvert. Allumage du moteur, mode e-Mtb enclenché, c’est parti !

La première très bonne surprise va venir du comportement du cadre. Pour tout vous dire, pendant toute la présentation statique du vélo, on a vraiment eu peur que cette machine soit un truc hyper pointu, nécessitant d’être au top de sa forme et d’avoir en permanence un pilotage précis comme un scalpel, au risque de recevoir immédiatement une douloureuse addition et de se faire sèchement rappeler à l’ordre. Et, au final, de ne plus trop savoir si c’est vous ou le vélo qui décide de la trajectoire. Fort heureusement, il n’en est rien et nous avons eu une très bonne surprise de ce côté.

Le Mondraker Crafty Carbon se montre étonnamment conciliant en descente. Tenir une ligne dans un dévers ou sur des racines n’a rien d’une sinécure. C’est même plutôt facile et le lion se mue en doux agneau. Enfin presque, car il garde assez de caractère pour ne pas devenir fade. Mondraker a trouvé le juste (et difficile) équilibre entre un vélo à la fois facile d’accès et à la personnalité bien marquée. Seule petite ombre au tableau, les roues DT Swiss carbone fort raides. Elles ont peut-être leur place sur la fiche technique pour le côté prestige, mais elles ne s’inscrivent pas vraiment dans le prolongement de la subtilité du cadre une fois qu’on l’emmène sur le terrain.


Malgré des roues exigeants, le résultat est qu’on arrive très vite à se lâcher, à rouler vite, à faire des mouvements qu’on fait d’habitude seulement avec un vélo classique et pas avec un ebike ! Car oui, il y a le poids sur papier et aussi la sensation de légèreté. Et là, les deux sont parfaitement raccord. Un ebike à moins de 20kg, dans le cas présent, ça se sent et c’est un vrai plaisir. Les bras sont moins fatigués, on a la sensation de contrôler le vélo sans effort particulier et, au plus la sortie s’allonge ou au plus c’est technique, au plus c’est agréable.

On avait un peu peur aussi pour le choix de suspensions un peu « léger », avec un petit amortisseur derrière et la fourche F36 au châssis généreux mais dotée d’une cartouche Fit4 qui nous a déjà montré par le passé qu’elle n’était pas toujours à même de suivre les attentes sur des vélos avec un peu de débattement comme c’est le cas ici. Bon, pour la fourche, même si cette dernière version du Fit4 a évolué et fonctionne vraiment pas mal, on reste convaincus qu’on peut obtenir un comportement encore plus fin avec une Grip2, pour peu qu’on prenne un peu de temps pour la régler. Mais on parle là vraiment de détails que peu de riders sentiront.

Par contre, pour l’amortisseur, on valide pleinement le choix de Mondraker. Ce petit Float DPS fonctionne du tonnerre, il est onctueux en compression, pas violent en rebond et on a régulièrement la sensation de rouler sur de la soie alors que nos yeux confirment qu’on est bien sur un parcours « hard ». En usage montagnard avec beaucoup de dénivelé, il pourra peut-être s’avérer un peu juste, mais la bonne nouvelle est que, techniquement, on peut monter tout type d’amortisseur sur ce cadre, coil y compris. On se dit d’ailleurs que ce serait sympa de la part de Mondraker proposer un montage « heavy duty » avec, par exemple, un Float X2 ou un DHX2 Coil. Le cadre semble avoir les ressources nécessaires pour l’encaisser.

On vous a beaucoup parlé de descentes, mais il n’y a pas que cela dans la vie, surtout en VAE ! Sans surprise, sur de grands chemins et des côtes régulières, le vélo roule presque sans effort. Il n’est pas absolument nécessaire de rouler sur le mode e-Mtb du moteur Bosch pour sentir que ça roule vite et bien, avec une belle impression de légèreté et une suspension qui sait se faire discrète.


Par contre, même sur un châssis au poids plume comme ici, le nouveau moteur Bosch nous donne une fois de plus l’impression d’être fort porté sur la boisson. Les pourcentages défilent au compteur et l’autonomie diminue vite quand on avale du dénivelé. On est loin de la frugalité du moteur Brose d’un Specialized Levo ou d’un BH Atom X. Dommage. Peut-être qu’un prochain update du software améliorera les choses ? Ici, il nous semble difficile d’envisager plus de 40/45km et 1200/1300m de d+ même avec la grosse batterie de 625W. Mais ce sera un point à vérifier sur nos terrains habituels pour en avoir le cœur net.

Autant la magie a opéré en descente, autant dans les montées techniques, nous n’avons pas vraiment compris le mode d’emploi du vélo. Votre serviteur n’a pas encore roulé le nouvel Orbea Wild FS pour pouvoir comparer avec un autre vélo récent en moteur Bosch, mais on est loin ici de la facilité des Levo et AtomX cités plus haut, qui sont de véritables machines à grimper et que nous avons trouvés directement faciles à apprivoiser dès nos premières sorties en leur compagnie. Ici, c’est plus pointu et on s’est souvent retrouvé à chercher (et hélas rarement trouver) le compromis entre garder la roue avant plaquée au sol et procurer du grip à la roue arrière. La géométrie, merveilleuse en descente, semble montrer ses limites en côte raide, et la suspension Zero semble se bloquer quand on met les Watts en côte. Nous avons bien sûr essayé de baisser la pression dans les pneus et de jouer un peu sur la compression de l’amortisseur, sans grand changement. Cela fait penser à un curseur qui a été poussé un peu trop loin au niveau de la valeur d’anti-squat de la suspension, au point d’obtenir un train arrière qui peut avoir tendance à buter contre les obstacles. Il faudra vérifier cela lors d’un plus long essai, en ayant l’occasion de jouer davantage avec les réglages. Car jamais nous n’avions eu pareille impression au guidon d’un Mondraker par le passé.

Verdict :

Mondraker a réussi à faire de son Crafty Carbon une machine vraiment attachante et au caractère bien trempé. Le coup de force, c’est d’avoir réussi un équilibre absolument parfait en descente, avec un subtil mélange de facilité, de légèreté, de dynamisme et de vivacité. En montée hélas nous n’avons pas réussi à retrouver les mêmes caractéristiques, mais nous vérifierons cela sur nos terrains de jeu habituels, là où nous avons pu rouler aussi ses principaux concurrents. Pour cet essai long terme, on ne courra pas après la version tout haut de gamme RR SL, extrêmement onéreuse, mais on choisira plutôt le RR (photo ci-dessus) avec son groupe XT performant et fonctionnel, mais surtout avec ses roues DT 1501 en alu qui devraient être plus cohérentes avec le châssis. En tout cas, Mondraker a réussi à nous pondre, encore une fois, un vélo original et, même si il nous reste un petit goût de trop peu au niveau du comportement en montée technique, on ne peut que respecter et saluer cette belle création tout sauf fade et conformiste. Ce n’est pas le vélo de monsieur (ou madame) tout le monde… et c’est tant mieux !

Plus d’infos sur le Mondraker Crafty Carbon 2020 : https://www.mondraker.com/be/fr/2020-crafty-carbon-rr
Pour en savoir plus sur les lieux où nous avons roulé : http://www.centerofportugal.com

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ParOlivier Béart

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