Test nouveauté | Mondraker Crafty Carbon : un poids plume qui pèse dans le game - En statique

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté | Mondraker Crafty Carbon : un poids plume qui pèse dans le game - En statique

Mondraker a complètement revu sa gamme ebike 2020 et on pensait avoir tout vu sur les différents salons dès cet été. Erreur, il restait encore une belle surprise pour cette fin d’année : le Mondraker Crafty Carbon, la version ultra-light du Crafty ! Un modèle haut de gamme particulièrement raffiné, que nous avons eu l’occasion de découvrir et de rouler en avant-première lors de sa présentation au Portugal. Voici ce qu’il faut retenir et nos premières impressions :

 

Châssis et moteur : intégration maximale

Avec 150mm de débattement arrière et une fourche de 160mm devant, on est bien dans cet équilibre sur le segment e-bike. Les roues de 29″ se sont aussi imposées assez vite, quitte à privilégier la précision de pilotage à la facilité pour des pilotes moins aguerris, même si les pneus restent d’une section assez généreuse (2.6″). Mais tout cela, c’est déjà sur le Crafty. Alors intéressons-nous plutôt maintenant à ce que la version carbone apporte de plus.

Le châssis « Stealth Air » du Mondraker Crafty Carbon RR s’inspire des avancées et des recherches menées sur ce matériau pour le développement du F-Podium, leur dernier full suspendu de XC, ainsi que sur les modèles enduro et DH. La construction est bien sûr différente pour s’accommoder des contraintes spécifiques liées à la présence du moteur, à la puissance supplémentaire à gérer et au poids supérieur, mais les fibres HM utilisées et les techniques de fabrication proviennent directement de l’expérience acquise sur les autres modèles. Sur cette déclinaison haut de gamme du Crafty, tout le cadre est en carbone, triangle avant, bras arrière et même la biellette supérieure.

Côté moteur justement, le Mondraker Crafty Carbon fait confiance au nouveau Bosch Performance CX, nettement plus compact et léger que son prédécesseur, sans pour autant manquer de poigne. Un candidat parfait pour ce VAE qui se veut pointu et sportif.

Tout cela a permis à Mondraker de battre des records en matière de poids, puisque le très luxueux modèle Crafty RR SL est annoncé à 19,8kg en taille M avec la batterie Bosch Powertube de 625Wh et même 19,3kg avec batterie de 500Wh ! A notre connaissance, il s’agit sans aucun doute d’un des VAE les plus légers du marché, devant le fameux Specialized Levo S-Works. Bon, sur le modèle hyper haut de gamme, Mondraker est allé à la chasse aux grammes jusque sur les grips et les pneus (des Maxxis Rekon au profil un peu léger et peu polyvalent pour envoyer du gros), mais même en rajoutant quelques poignées de grammes sur ces postes, on dépassera à peine les 20kg.

Pour arriver à ce poids sans faire de concessions au niveau du comportement, Mondraker a par contre dû faire un choix qui ne plaira pas à tous au niveau pratique : la batterie n’est pas amovible. Entendons-nous bien : en cas de souci et s’il faut vraiment, il est bien sûr possible d’y accéder et de la changer. Mais cela suppose le démontage du moteur, car il n’y a pas de trappe d’accès comme sur le modèle alu, de sorte qu’il ne sera pas possible de retirer la batterie régulièrement pour la charger ailleurs que là où le vélo est stocké par exemple. Ici, la charge se fait uniquement via un port placé sous le tube diagonal. Cela a permis à Mondraker de faire un tube rond, continu, ce qui est meilleur structurellement ainsi que pour gagner du poids.

Enfin, sur le plan structurel, Mondraker n’a pas cherché à faire le vélo le plus rigide du marché. Loin de là. Au détour d’une conversation, Israël Romero, le product manager, nous a d’ailleurs expliqué que « par rapport aux premiers prototypes, nous sommes partis sur des fibres et un layup de carbone beaucoup plus souple et tolérant pour faire un vélo non pas hyper rigide, presque raide, comme une barre, mais au contraire un vélo vivant, qui peut se déformer pour se montrer plus conciliant en descente, procurer un meilleur grip et restituer l’énergie au pilote ». Nous verrons plus loin que, lors de notre première prise en main, cela nous a semblé assez réussi.

Inévitable Forward Geometry

Qui dit Mondraker dit inévitablement Forward Geometry, ce dessin de cadre si particulier et propre à la marque. L’idée derrière ce nom est d’avoir des vélos très « profonds », avec un reach très important, mais couplé à des potences ultra courtes. Bon, ça, c’est pour le dire vite et vous faire comprendre le principe en quelques mots.

Pour cette nouvelle gamme de vélos électriques 2020, Mondraker s’est penché sur une déclinaison spécifique e-bike de cette fameuse Forward Geometry. Le tube de selle est redressé à 76° pour obtenir une position idéale pour le pédalage en côte ; le reach est de 470mm en taille M, soit ce qu’on rencontre le plus souvent sur les tailles au-dessus dans les autres marques ; l’angle de direction est de 65,5° avec la fourche en 160mm, soit quelque chose de bien couché, et il est combiné avec un déport court (44mm) sur la fourche pour éviter de trop allonger l’empattement et récupérer une direction plus agréable en dépit des autres valeurs assez extrêmes de la géométrie. Enfin, du côté des bases, Mondraker est resté sur quelque chose d’assez long, 455mm, pour éviter une incohérence avec l’avant.

Cinématique « Zero » optimisée pour l’e-bike

Autre élément distinctif des vélos Mondraker : la cinématique de suspension « Zero ». Elle aussi a été raffinée pour le segment et déclinée en 2020 dans une version spécifique e-bike, déjà présente sur les modèles en alu présentés un peu plus tôt cette année. Elle se base sur deux biellettes, entre lesquelles l’amortisseur est comprimé. Ce principe est commun à tous les fulls suspendus Mondraker, électriques ou non.

Par contre, ce sont les différentes courbes définissant la manière dont cette suspension va travailler qui ont été customisées pour l’électrique. L’idée est ici d’avoir un début de course assez souple pour obtenir un bon grip et pouvoir faire passer la puissance sans difficulté au sol, puis de passer sur quelque chose de plus progressif pour avoir quelque chose de plus ferme quand on rentre dans le débattement, synonyme de plus de stabilité, d’équilibre avec l’avant et de plus de vivacité de la machine. On peut voir ci-dessus les changements opérés par rapport à la précédente génération de crafty, équipée de l’ancien moteur Bosch à plateau de 16 dents (contre un 34 plus classique aujourd’hui).

A noter que Mondraker a fait le choix de partir sur un « petit » amortisseur Fox Float DPS, un modèle à la base destiné davantage à des vélos à petit débattement, mais qui a été encore raffiné par Fox pour 2020 et qui a été jugé plus agréable et performant sur ce vélo que le Float DPX2 avec son réservoir externe. Cela ne nous étonne pas, dans la mesure où nous avons testé plusieurs vélos sur lesquels le DPX2 ne nous a pas semblé le meilleur choix, au contraire du Float DPS qui nous a toujours séduits. A l’avant, Mondraker a fait le choix de la Fox F36 avec cartouche Fit4 plutôt que la Grip2, préférant là aussi la compression plus légère de la première. Sur ce point, nous sommes par contre plus réservés, même si la Fit4 semble avoir fait quelques progrès dans sa dernière mouture. Nous en reparlerons dans notre essai un peu plus bas.

Petits détails

Sur le Mondraker Crafty Carbon, la marque a aussi voulu soigner les détails, pour obtenir un vélo au look très racé. Pour cela, le point le plus remarquable est l’intégration complète de la câblerie, qui rentre dans le cadre au niveau de la douille de direction, juste sous la potence !

Ce tour de passe-passe est rendu possible par l’adoption d’un cadre muni d’une direction 1.5″ en haut comme en bas (mais toujours monté avec une fourche conique), ainsi que d’un jeu de direction spécifique développé avec Acros et qui comprend une sorte de fenêtre permettant d’y glisser les câbles et Durit de frein.

On constate aussi la présence de petites ouïes de ventilation à l’avant du cadre, et de sorties après la batterie ainsi qu’au niveau du moteur. Le but est de mettre toutes les chances de son côté pour éviter l’échauffement de ces composants qui fonctionnent mieux lorsqu’ils sont bien aérés, mais il faut quand même rouler vite pour espérer que cela soit vraiment significatif…

Mondraker a aussi intégré le capteur de vitesse au niveau du disque sur la roue arrière et, côté fiabilité, tous les axes sont surdimensionnés et montés sur des roulements Enduro Max.

Tarifs et versions

Trois modèles sont au programme dans la famille Mondraker Crafty Carbon 2020. Les voici en détails :

Le premier est le Mondraker Crafty Carbon R, qui est le plus accessible des trois… même si on reste bien sûr sur du très haut de gamme, un vélo vitrine d’un certain savoir-faire, et donc pas du tout un vélo fait pour toutes les bourses. Sur ce Carbon R noir/blanc/rouge, la transmission est en Sram GX/NX Eagle et les suspensions Fox en finition Performance (sans revêtement Kashima). Le tarif est de 7499€.

Vient ensuite le Mondraker Crafty Carbon RR avec sa robe blanc/bleu/rouge, qui passe sur une transmission 12 vitesses Shimano XT, freins XT également, suspensions Fox Factory Kashima et roues DT Swiss 1501 Hybrid (30mm de large). Le tout pour 8999€.

Enfin, le Mondraker Crafty RR SL fait figure de modèle ultime avec sa transmission Sram Eagle AXS sans fil, ses suspensions Fox Factory et ses roues DT Swiss HXC 1200 en carbone. On dispose aussi d’une tige de selle RockShox Reverb AXS électrique sans fil, ainsi que de composants ultra légers (selle, cintre carbone, grips Lizard Skins, etc). La tarif atteint des sommets, avec 11999€. Soit à peu près comme un certain Specialized Levo S-Works (et les autres modèles sont aussi très proches des tarifs des modèles équivalents chez Specialized)

Rendez-vous page suivante pour notre premier essai du Mondraker Crafty Carbon RR SL >>>

ParOlivier Béart

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