Test nouveauté | Mise à jour Mahle X20 : le moteur moyeu, toujours adapté au gravel ?
Par Olivier Béart -

Même si les moteurs centraux se sont largement imposés dans le VTT et se taillent une part de plus en plus large dans d’autres disciplines, les assistances situées dans le moyeu gardent une certaine pertinence pour la route et le gravel. Dans ce segment, le Mahle X20 est une référence, que la marque vient de mettre à jour avec un couple qui passe à 65 Nm, une puissance poussée à 275 W et une compatibilité avec la patte de dérailleur UDH. Vojo l’a testé :
Chez Vojo, nous sommes plutôt habitués à tester des vélos à assistance électrique équipés d’un moteur central. Cette solution est une évidence pour le VTT car elle permet un meilleur centrage des masses (impossible aussi de mettre un moteur moyeu sur un tout-suspendu sans compromettre le fonctionnement de la suspension), et aussi d’avoir des assistances proposant plus de puissance et de couple. Mais, pour le gravel, il y a débat et les motorisations situées dans le moyeu arrière peuvent avoir certains avantages.
Parmi ces avantages, il y a le rapport poids/prix. Même si on trouve désormais des moteurs centraux très légers, chez TQ par exemple avec le nouveau HPR40 annoncé à 1,2 kg, un moteur moyeu comme le Mahle X20 ne pèse que 1,4 kg, contre environ 2 kg pour un moteur central comme le Bosch SX et la plupart des autres moteurs « intermédiaires » comme le TQ HPR60 ou encore le Fazua Ride 60. Le tout à un tarif souvent plus contenu, qui va aider à limiter la différence de prix par rapport à un vélo classique.
Le Mahle X20 passe à 65 Nm et 275 W
Même si la marque a lancé il y a peu son propre moteur central, le M40 (voir tous les détails ici), le Mahle X20 reste le best-seller de la marque allemande et un des moteurs moyeux les plus populaires sur les vélos moyen et haut de gamme, urbains et VTC bien entendu, mais aussi route et gravel sportifs. Pour rester dans la course, il vient d’être mis à jour.
Le plus visible sur la fiche technique, c’est le passage du couple de 50 à 65 Nm (+18%) et de la puissance crête de 250 à 275 W (+10%). Cette évolution, principalement au niveau du couple, vise à répondre à une critique parfois émise par rapport aux moteurs moyeux de manquer de couple, et donc de poigne dans les reprises.
La bonne nouvelle, c’est que cette augmentation du couple et de la puissance est disponible de suite sur les nouveaux vélos, mais le sera aussi par simple mise à jour du logiciel d’ici à la fin de l’année 2025 pour les moteurs Mahle X20 existants ! L’application « MySmartBike » permet aussi toujours de customiser les différents modes et de définir à l’avance plusieurs cartographies des différents modes, qu’on peut choisir selon le type de sortie qu’on effectue (pour, par exemple, favoriser l’autonomie, la douceur ou encore plutôt la puissance et la réactivité).
Trois grands paramètres sont réglables pour les trois modes disponibles : la puissance crête, l’accélération (qui va jouer sur le pourcentage d’assistance délivré par le moteur par rapport à l’effort fourni par le pilote) et la réactivité (qui va jouer sur le temps de réponse sur moteur).
Compatibilité UDH
Au-delà de l’évolution software, il y a aussi une évolution hardware sur le Mahle X20 millésime 2025, avec une compatibilité désormais assurée avec les pattes de dérailleur UDH, et donc aussi avec les dérailleurs Sram de dernière génération en « Full Mount », c’est-à-dire qui prennent place directement sur le cadre au niveau de l’axe de roue, sans patte de dérailleur.
Notre vélo de test n’était pas équipé d’un tel dérailleur (le montage d’un modèle classique avec patte reste bien entendu toujours possible), mais ce type de transmission a plusieurs avantages, notamment au niveau solidité, simplicité de réglages et qualité de passage des vitesses.
Mahle X20 Update : le test terrain
Pour tester cette mise à jour, Mahle a mis à notre disposition un gravel Ridley e-Grifn équipé du moteur Mahle X20 et d’une batterie de 350 Wh logée dans le tube central.
Le e-Grifn est plutôt sportif dans sa définition, avec un cadre carbone et une géométrie typée route endurance/allroad plus que réellement adaptée à du gravel engagé. Il pèse 13,7 kg sur notre balance en taille M et il est proposé au tarif de 5799€ en montage Sram Apex AXS.
Même si nous n’avons que peu d’expérience avec ce type de moteur et avec la précédente génération du Mahle X20, nous avons pu le confier à un de nos testeurs expérimentés qui dispose depuis un peu plus d’un an d’un X20 sur un de ses vélos. Il a donc pu comparer aisément l’effet de la mise à jour. Tout comme nous, en jouant sur les paramètres de l’application.
La première caractéristique qui frappe avec le Mahle M20, c’est sa douceur de fonctionnement et le naturel avec lequel l’assistance est procurée. Si vous aimez les motorisations démonstratives et qui vous mettent des coups de pied au derrière à chaque accélération, passez votre chemin. Par contre, si vous voulez juste avoir l’impression d’être vous-même avec de très bonnes jambes, alors vous frappez à la bonne porte.
Que ce soit quand on pédale ou quand on dépasse les 25 km/h quand l’assistance se coupe, tout n’est que douceur et volupté, ce qui fait qu’on oublie presque la présence de l’assistance… sauf quand on la coupe, et alors on sent bien ce qu’elle apportait juste avant. Seul un léger bruit vient rappeler quand elle fonctionne. Il y a plus silencieux (TQ est par exemple une référence en la matière) mais le Mahle reste plutôt très discret dans l’ensemble.
Soyons pourtant clairs : même si elle est légère et discrète, l’assistance est bien présente, et elle sait même faire preuve d’une certaine poigne en mode turbo, quand on pousse tous les curseurs à fond. La mise à jour n’apporte pas de révolution, mais l’augmentation du couple est tout de même perceptible dans les reprises et les côtes plus fortes abordées à faible cadence de pédalage. Clairement, ce type d’assistance ne conviendrait pas pour du VTT, mais pour du gravel avec des pourcentages de pente qui excèdent rarement les 10/12%, c’est largement suffisant et on n’a jamais l’impression de caler à cause de l’assistance.
Le surpoids dans le moyeu arrière ne se sent pas vraiment et ne nous a pas donné l’impression de nuire à la réactivité du vélo. Normal, car c’est surtout le poids des jantes qui se ressent et beaucoup moins celui du moyeu quand il s’agit d’inertie. Le seul désavantage que nous avons ressenti, c’est une roue libre qui est moins réactive que sur un moyeu classique. Il y a un angle d’engagement assez important, qui peut se ressentir dans des changements de rythme à basse vitesse, mais beaucoup moins dans les relances et accélérations quand on est déjà lancé. Côté confort, comme tout cadre e-bike, il doit être renforcé et le e-Grifn n’est pas aussi confortable qu’un gravel équivalent sans assistance, sans toutefois être complètement tape-cul. Sur de mauvaises routes et en gravel plutôt roulant, il fait le job.
Côté autonomie, le dénivelé ne fait absolument pas peur au Mahle X20, pas plus que d’enchaîner les kilomètres. L’autonomie de 200 km et 2000 m de d+ avec la batterie de 350 Wh peut sembler élevée mais notre test a montré qu’elle n’est pas du tout fantaisiste puisque nous avons fait 120 km et 1400 m de d+ à plus de 25 km/h de moyenne en mêlant route et chemins, en ayant consommé tout juste 50% de la batterie. Ces chiffres peuvent être atteints parce que le vélo reste léger et on coupe naturellement assez souvent l’assistance car c’est facile de rouler sans moteur ou dans les modes les plus bas. Le mode le plus élevé ne sert en réalité que dans les raidards et assez occasionnellement, sauf si on veut vraiment faire une sortie courte et nerveuse avec du dénivelé. Dans ce cadre, on apprécie vraiment les possibilités de personnalisation des modes via l’application afin d’adapter chaque mode à ses besoins.
La sélection des modes via la commande principale sur le tube supérieur n’est pas des plus pratiques, d’une part parce qu’il faut lâcher le guidon, et d’autre part parce qu’il fonctionne par cycle à sens unique (c’est à dire qu’il faut aller du mode 1 vers le 2 puis le 3 avant de pouvoir revenir au off puis au 1, 2, 3 et ainsi de suite). Mais heureusement, on dispose aussi de deux petits boutons bien pratiques à l’intérieur du guidon, et le compteur optionnel permet également de monter ou descendre les modes d’assistance. Ce compteur est aussi pratique pour connaître précisément le niveau de batterie et pour disposer de toutes les infos classiques qu’on trouve sur ce type de display.
Verdict
Pour un usage tout-terrain et gravel rapide, le Mahle X20 offre vraiment une assistance très crédible, particulièrement pour son côté naturel et sa douceur. Mais aussi pour son autonomie absolument bluffante qui permet d’envisager des sorties de 200 km et 2000 m de d+ sans souci avec la batterie de 350 Wh. La mise à jour lui permet de rester dans la course face aux moteurs centraux et, même s’il ne peut pas les égaler dans les côtes très raides, il ne donne pas l’impression de manquer de poigne ou de souffle en usage plus sportif. Pour celui qui cherche une assistance discrète mais bien présente et qui permet de rouler longtemps, ce X20 est clairement une option à considérer, encore plus avec cette mise à jour.
Plus d’infos : https://mahle-smartbike.com/fr/systme-x20/