Test nouveauté e-bike | Yeti LTe en moteur Bosch : une certaine idée de la perfection

Par Olivier Béart -

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Test nouveauté e-bike | Yeti LTe en moteur Bosch : une certaine idée de la perfection

Après plusieurs années de fidélité à Shimano, Yeti diversifie sa gamme VTTAE en offrant désormais une option « light » en moteur TQ et ce nouveau LTE équipé de l’inévitable motorisation Bosch Performance CX de 5e génération. Pari gagnant pour cette machine de rêve ? Nous avons pu prendre les commandes du Yeti LTE T3. Essai :

Yeti a toujours incarné une certaine image du « dream bike » à l’américaine. Et force est de constater que cela continue encore aujourd’hui, y compris pour les VTT à assistance électrique produits par la marque. Originalité, choix techniques, finition,… voilà quelques éléments qui contribuent à entretenir la légende.

Après avoir longtemps été fidèle au moteur Shimano, Yeti divise désormais son offre e-bike en deux plateformes : le MTe en 145/160 mm de débattement et moteur TQ pour l’offre « light », et le LTe testé ici qui vient d’être dévoilé pour la partie « full power », désormais en moteur Bosch Performance CX et avec 160/170 mm de débattement. Voyons cela plus en détail :

Châssis, moteur et batterie

Comme pour tout le reste de la gamme, le Yeti LTe adopte un cadre 100% carbone, identique pour les trois montages proposés au catalogue. Il est renforcé de fibres Vectran afin d’améliorer sa résistance aux impacts.

Sur ses e-bikes, Yeti utilise sa cinématique de suspension propre, baptisée SixFinity, également utilisée sur leur vélo de descente. Ce système complexe de type « six bar linkage » à deux biellettes reliées entre elles est ici adapté à la présence de l’assistance afin d’en faire un vélo non seulement très efficace en descente, mais aussi très apte en montée.

La suspension arrière offre 160 mm de débattement et on dispose d’un flip chip à trois positions au niveau du point d’ancrage de l’amortisseur sur le cadre afin de faire varier la progressivité : 25% pour un comportement plus typé race et un pilotage agressif, 30% intermédiaire et 35% pour plus de souplesse en début de course plus une sensation plus « poppy » en fin de débattement. Tant qu’on est à parler de flip chip, le vélo est livré d’origine en roues de 29 pouces, mais il est possible de monter aussi une roue arrière en 27,5 pour un montage mulet, en changeant simplement de sens une petite entretoise au sommet des haubans.

A l’avant, on dispose d’une fourche Fox 38 en 170 mm de débattement. On est donc clairement sur un gros e-bike même si, comme nous le verrons plus loin, son champ d’action est très vaste.

Côté motorisation, Yeti a opté pour la première fois de son histoire pour le moteur Bosch Performance CX de 5e génération avec désormais 750 W de puissance crête et 100 Nm de couple (voir ici pour plus d’infos). Il est couplé à la grosse batterie de 800 Wh, qui peut se retirer par le bas du tube diagonal. Il est aussi possible de monter la batterie de 600 Wh, qui permet de gagner environ 900 g.

On voit clairement que le tube diagonal a été positionné loin de la douille de direction afin de recentrer au maximum le centre de gravité et d’éviter d’avoir un avant du vélo qui paraît trop lourd, comme verrouillé au sol. On dispose aussi du tout dernier écran d’affichage Kiox couleur intégré au top tube.

Au niveau de la géométrie, on est sur des valeurs à la fois engagées et très contemporaines, avec un angle de direction de 64° et un angle de selle très redressé de 78° pour favoriser le pédalage en côte. Le reach est assez long, avec 465 mm en taille M, et Yeti a fait le choix de bases pas trop courtes, en 449 mm, pour garder un bon comportement en côte.

Yeti LTe : prix et versions

Clairement, on est sur du très, très haut de gamme, avec trois montage proposés à des tarifs qui vont de… 9900 à 14500 €. Le premier montage est équipé de suspensions Fox Performance Elite, de roues DT alu et d’une transmission Sram 90 mécanique, alors que le haut de gamme se pare de la fameuse fourche Fox Podium inversée, de roues carbone DT et d’une transmission Sram XX, mais aussi et surtout du moteur Bosch Performance CX-R (voir ici pour plus d’infos). Trois couleurs sont disponibles : turquoise, orange et noir.

Le version que nous avons testée se situe entre les deux, avec un tarif déjà très élitiste de 12900 €. A ce prix, on a droit à des suspensions Fox Factory, avec la fourche 38 et l’amortisseur X2.

Les roues sont les DT Swiss HXC 1700 carbone en 30 mm de largeur interne, montées avec des pneus Schwalbe à carcasse radiale.

La transmission est en Sram XO AXS, jusqu’aux manivelles. On a aussi droit à une tige de selle télescopique Fox Transfer Factory et à un poste de pilotage maison très soigné avec cintre carbone.

Yeti LTe T3 XO : le test terrain

Le Yeti LTe est un vélo prestigieux et cher, mais quand on le voit, force est de constater qu’il fait honneur à son statut. Chaque détail est soigné, jusqu’aux entrées de gaines ou à l’anti-déraillement, et la finition est absolument sublime. Nous avons eu l’occasion de l’essayer pendant trois jours dans le Sud de la France, sur les magnifiques trails autour de Cogolin, où est basé l’importateur français Tribe Sport Group.

Attention au choix de la taille : le LTe taille assez grand et, pour nos 178 cm, le M était parfait. Mais on pourra envisager le S en dessous de 175 cm si on veut un vélo plus joueur et facile à prendre en main. Sinon, on aura un vélo davantage axé sur la stabilité mais qui nécessitera un pilotage plus engagé et investi pour en tirer le meilleur.

Le LTe est un vélo assez impressionnant et, instinctivement, on se dit qu’il va nécessiter un pilotage engagé en toutes circonstances. Or, en commençant notre test à une allure plus paisible sur de larges DFCI pour prendre de la hauteur et rejoindre un joli spot, on se rend compte que c’est aussi un vélo facile à prendre en main et très agréable en simple mode balade. Bien sûr, ce serait dommage de le cantonner à ce seul usage mais cela montre que ce n’est pas juste un « gros vélo » agréable uniquement dans de la grosse pente.

En côte, on s’aperçoit aussi assez vite qu’il a des capacités au-dessus de la moyenne. Plusieurs facteurs jouent : tout d’abord, on est particulièrement bien posé pour grimper, avec un tube de selle bien redressé et des appuis équilibrés, de sorte qu’il est très facile de positionner le poids du corps sur la machine. Ensuite, la suspension arrière se montre à la fois très neutre au pédalage et active sur les reliefs du terrain, avec en plus une belle capacité à rester haut dans le débattement, sans s’affaisser au moindre creux ou bosse un peu plus marqué.

A nos yeux, on frôle la perfection dans ce domaine avec un vélo qui permet d’aborder sereinement toutes les ascensions, y compris celles qui paraissent a priori impossibles, et d’en venir à bout. A ce sujet, le moteur Bosch Performance CX joue aussi un rôle majeur, surtout depuis la mise à jour qui, au-delà de l’augmentation des chiffres de puissance et de couple, a rendu le moteur non seulement encore plus costaud mais aussi plus rond. Rien de tels qu’un couple et une puissance importants mais délivrés de manière subtile et pertinente pour grimper vite et efficacement, même quand l’adhérence est précaire. Et, côté autonomie, la batterie de 800 Wh permet de voir venir, de sorte qu’on peut faire entre 1500 et 2000 m de d+ sans souci, soit en restant tout le temps dans le très costaud mode eMTB+ ou en étant un peu plus économe.

En descente engagée et sur les spéciales enduro, le Yeti LTe dévoile un autre visage. Le « bon pote » qui aide à vaincre les ascensions se montre plus enjoué en descente. On s’attendait à un vélo efficace, mais nous avons aussi eu le plaisir de découvrir une machine très amusante à piloter et qui donne une belle impression de légèreté au pilotage.

Pour le côté efficacité, on peut compter sur les suspensions, surtout l’arrière qui donne l’impression d’avoir bien plus de 160 mm de débattement. Nous n’avons pas eu l’occasion de jouer avec les trois positions de l’amortisseur lors de cet essai, mais nous avons adoré la position à 35%, annoncée par Yeti comme souple en début de course et plus « poppy »/dynamique quand on rentre dans le débattement… ce qui se vérifie sur le terrain. Et même en pilotant fort sur des spéciales descendues plusieurs fois d’affilée, nous n’en avons pas vu les limites.

Pour le côté plus plaisir, on peut compter sur un châssis à la rigidité particulièrement bien dosée. Nous savons que les roues DT carbone ne sont pas les plus tolérantes du marché, ce qui met encore plus les qualités du châssis en valeur. Jamais on n’a l’impression d’avoir un vélo trop raide ou exigeant. Il aide à se jouer des reliefs en dissipant bien les vibrations, ce qui permet d’adopter un pilotage à la fois offensif mais coulé et apaisé. Une belle surprise parce que nous avons déjà roulé des Yeti bien plus exigeants.

Dans les petits singletracks joueurs mais moins techniques, le LTe fait preuve d’une belle agilité pour un e-bike de sa trempe. On a alors presque l’impression d’être sur un petit vélo de trail en 130/140 mm et plus sur un gros enduro. Seul petit point d’attention, il faut bien charger l’avant dans les courbes à plat, mais on préfère ça à des e-bikes à l’avant lourd et pataud car trop chargé en poids.

Verdict

Le Yeti LTe est une vraie machine de rêve. Impérial en montée technique, il sait se montrer doux quand on a juste envie de se balader et révéler un visage à la fois ultra efficace mais aussi carrément joueur en descente. Loin d’être un vélo élitiste, il réussit à rendre la performance accessible à tout un chacun. A nos yeux, on frôle la perfection et c’est un des meilleurs e-bikes que nous avons eu la chance d’essayer à ce jour. Hélas, le tarif est, lui, très élitiste et fera que pour beaucoup d’entre nous cette machine restera du seul domaine du rêve…

Plus d’infos : https://yeticycles.com/en-us/bikes/lte

Par  Olivier Béart