Test nouveauté | Commencal Meta TR 29 : plus vite, plus haut, plus fort

Par Léo Kervran -

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Test nouveauté | Commencal Meta TR 29 : plus vite, plus haut, plus fort

Historiquement présenté comme le petit vélo à tout faire de la marque Andorrane, plébiscité dans la presse et jusque dans nos pages comme par les pratiquants, le Meta TR a droit a une grosse refonte pour 2021. Débattement, géométrie, équipements, tout change ou presque sur cette « V4.3 ». Au point de changer de catégorie ? Découverte et réponse dans le Beaufortain en compagnie d’Arthur Quet, l’un des ingénieurs à avoir travaillé sur ce vélo.

Comme nous le raconte Arthur, l’idée avec ce nouveau Meta TR 29 était de faire un « mini-Meta AM, pour s’amuser plus quand on n’a pas le terrain pour exploiter un gros vélo ». Le Meta AM étant un vélo d’enduro pur orienté compétition, on se retrouve donc avec un… mini-enduro. Ne vous fiez pas à son nom, ce nouveau Meta TR 29 n’a plus rien d’un vélo de trail.

Cela commence par un débattement en hausse, à hauteur de ce qui se faisait sur le Meta TR 29 SX : 140 mm derrière, avec une fourche en 150 ou 160 mm devant. Pour gérer tout cela, adieu la Pike qui était encore présente sur certains modèles : maintenant, c’est Fox 36 ou RockShox Lyrik. La cinématique, toujours de type monopivot avec biellette, est elle aussi revue pour apporter plus de dynamisme et être compatible avec un amortisseur à ressort hélicoïdal, une vraie demande des pratiquants d’après Commencal (on pense notamment à l’Amérique du Nord, où ce type de montage est très populaire).

Arthur Quet nous explique qu’au-delà de sa sensibilité légèrement meilleure et de l’absence de problèmes de chauffe sur les longues descentes, le ressort hélicoïdal permet de rendre un vélo plus joueur et plus vivant. Le ressort a plus de support à mi-course, il « renvoie » donc l’énergie plus rapidement et plus tôt dans la course qu’un amortisseur à air, qui a tendance à poser un peu plus le vélo. L’autre intérêt de ce choix, c’est que les ingénieurs ont constaté que sur les petits débattements, on exploitait une plus grande plage du débattement avec un amortisseur à ressort qu’avec un amortisseur à air.

Le dernier changement, de taille sur le plan fonctionnel mais assez peu visible, concerne le déplacement de l’étrier de frein arrière. Auparavant positionné à l’intérieur du triangle arrière, sur les bases, il est désormais placé au-dessus des haubans. Arthur nous indique que ce placement permet d’avoir une suspension qui s’assoit un peu plus au freinage pour avoir un vélo plus stable et que cela a aussi une influence sur le refroidissement du disque, qu’il n’arrive pas encore à expliquer.

Côté géométrie, sans surprise le Meta TR s’allonge de l’avant et se redresse de l’arrière. Au-delà du fait que toutes les marques évoluent dans cette direction depuis quelques années déjà, c’est surtout cohérent avec le repositionnement du vélo. Sur le papier, on se demande quand même si la marque ne va pas un peu trop loin car le vélo avait déjà une géométrie bien moderne dans sa version 2019/2020 avec son reach à 475 mm en taille L. Pour 2020, il passe à… 490 mm ! Mais en géométrie, tout est une histoire d’alchimie et comme on le verra sur le terrain, il existe une certaine différence entre la longueur réelle du vélo et la longueur ressentie par le pilote.

En parallèle, l’angle de direction perd deux degrés pour descendre à 64,5° et l’angle du tube de selle se redresse d’autant, ce qui l’amène à 78,6°. Le boîtier de pédalier remonte de 5 mm tandis que la longueur des bases est un des seuls points du vélo qui reste à peu près stable (+ 1 mm). C’est d’ailleurs un peu surprenant vu l’allongement du reach, étirer un peu les bases aurait paru logique pour conserver un bon équilibre, mais comme toujours, le terrain sera le seul juge. Avec ces évolutions, l’empattement gagne entre 29 et 39 mm selon la taille.

La construction du vélo évolue légèrement, principalement pour le simplifier et le fiabiliser. Les passages de gaines (intégralement en interne et non guidés) ont été repensés, la protection de base est « découpée » pour réduire les bruits de chaîne, et les roulements – fournis par Enduro Bearings – ont été agrandis pour rigidifier les articulations.

Esthétiquement, le changement le plus marquant est la disparition du coude formé par le tube supérieur à l’approche du tube de selle. On a désormais un tube parfaitement droit, renforcé par un gousset plus ou moins imposant suivant la taille du vélo. C’est peut-être un peu moins joli et caractéristique mais cela permet de raccourcir le tube de selle de 20 à 35 mm et donc de monter une tige de selle à plus grand débattement, quelque chose qu’on apprécie.

5 modèles sont au programme, ainsi que deux kits cadre. Les deux versions les plus haut de gamme, Signature (4 999 €) et Race (en photo, 4 299 €) seront montés avec une fourche en 160 mm de débattement tandis que les versions Essential (3 499 €), Ride (2 799 €) et Origin (2 199 €) seront en 150 mm. Des tarifs en nette augmentation par rapport aux modèles actuels, que Commencal explique notamment par un gros focus sur les roues, un des points-clés pour le comportement du vélo. DT Swiss prend ainsi le relais d’E13 sur les modèles haut de gamme et la marque américaine remplace WTB sur les versions les plus accessibles.

Le Commencal Meta TR 29 : le test le terrain

Nous avons découvert ce nouveau Meta TR dans le Beaufortain, sans avoir vu la fiche technique ou avoir reçu aucune information particulière et nous n’avions donc aucun avis pré-conçu en montant sur le vélo. Notre modèle d’essai est une version Race, donc avec fourche en 160 mm et amortisseur à ressort, en taille L.

Peu de pédalage au programme de ces deux jours de test mais suffisamment tout de même pour se rendre compte qu’on est très bien installé pour grimper longtemps. Le blocage permet de verrouiller le tube de selle et dynamiser un peu le vélo, quelque chose qui n’est pas inutile compte tenu du poids de l’engin : Commencal l’annonce à 15,9 kg en taille S. En ressenti, on aurait dit un peu moins mais ça ne change rien au comportement général et on montera au train, sans se presser.

On bascule dans la descente et durant les premières minutes, on a du mal à trouver l’équilibre sur le vélo. Un effet du reach long couplé aux bases relativement courtes ? Que ce soit le cas ou non, il faudra faire avec et les seuls éléments sur lesquels nous pouvons jouer, ce sont les suspensions. Un passage par la case atelier s’impose donc pour changer le ressort (Commencal propose 3 duretés au choix : 350, 375 ou 400 N) et revoir les réglages de la fourche.

Une fois le bon réglage trouvé, on comprend mieux ce qu’Arthur voulait dire quand il parlait de « mini-enduro » : le vélo est vif et se place facilement, ce qui incite à jouer avec les mouvements de terrain et exploiter toute la largeur (voire un peu plus) des étroits sentiers du Beaufortain.

Avec cet amortisseur à ressort, qui apporte plus de support à mi-course qu’un amortisseur à air, le Meta TR s’accommode parfaitement d’un pilotage nerveux avec de brefs mais précis appuis et des changements de direction courts, plutôt que quelque chose de plus posé avec des courbes adoucies. Ça ne conviendra pas à tout le monde mais si vous préférez l’air, pas de panique, seule la version Race est montée avec un amortisseur à ressort.

Pour autant, le vélo reste assez stable dans les sections plus rapides et défoncées ou dans la pente et pour ça, on remercie l’angle de direction plus ouvert et l’empattement allongé. On sent qu’on n’est pas sur un vélo dédié à la compétition, le Meta TR ne se « pose » pas dans les successions de chocs mais ça reste tout à fait contrôlable. En parlant de longueur, nos deux testeurs (1m79 et 1m83) ont bien perçu l’avant assez long et dans la tendance actuelle pour un vélo d’enduro mais il ne leur a pas paru trop long malgré les 490 mm de reach.

Si vous êtes juste en dessous d’1m80, vous trouverez plus vite votre équilibre sur la taille M, qui sera aussi plus joueuse et facile à faire décoller, mais la taille L n’est pas un choix absurde et pourra vous convenir selon ce que vous cherchez.

Un petit mot sur les équipements, puisque ce Meta TR 29 Race concentrait un certain nombre de nouveautés. La transmission était en effet une GX Eagle de dernière génération, avec la cassette 10-52. Cet étagement ne nous a pas spécialement marqués et on a surtout retenu la précision et le confort de fonctionnement, en net progrès. En aveugle, il devient difficile de faire la différence avec du XO1…

Côté pneus, nos Schwalbe étaient dotés d’une nouvelle carcasse appelée SuperTrail et qui peut être comparée à l’Exo+ de Maxxis. Elle a plutôt bien fonctionné et on apprécie cet ajout dans la gamme du fabricant allemand, qui manquait clairement d’une vraie carcasse solide et polyvalente mais pas trop lourde entre la SnakeSkin et la SuperGravity. A l’arrière, on profitait d’un Nobby Nic aux crampons redessinés et en gomme Addix Soft (autre nouveauté sur ce modèle), un pneu parfois décrié mais qu’on a apprécié ici pour sa résistance au roulement correcte ainsi que son comportement prévisible et cohérent vis-à-vis du vélo, facile à placer en glisse pour tourner dans les nombreuses épingles du Beaufortain mais stable au freinage.

Le seul élément qui nous a paru un peu décalé, ce sont les freins. Les Sram G2 RS sont une nouveauté 2020 et se placent sous les G2 RSC, avec un réglage de la garde sans outil mais pas de réglage du point de contact. Rien à dire sur leur fonctionnement intrinsèque, ils ont été précis et plutôt constants tout au long des 9000 m de D- de cette découverte, mais c’est le choix même des G2 qui nous dérange un peu. Le vélo a d’énormes capacités en descente et les G2 manquent clairement de puissance pour y faire face. Il faut freiner plus tôt, plus fort et plus longtemps qu’avec d’autres freins plus puissants et ça en devient fatiguant pour le pilote au bout d’un moment. Ce sont des freins adaptés pour un vélo de trail mais ce Meta TR 29 n’est plus un vélo de trail, loin de là…

Verdict

Bien que la plateforme reste la même il est difficile de parler de simple évolution ou de V4.3 pour ce nouveau Meta TR 29, tant les changements sont nombreux sur le vélo. Le qualificatif de TR est largement dépassé et même trompeur puisque c’est bien un « petit » vélo d’enduro que nous avons essayé et non un gros vélo de trail. Heureusement, Commencal ne se voile pas la face et la marque nous l’a présenté comme le vélo d’enduro pour celles et ceux qui ne roulent pas fréquemment de gros dénivelés et des terrains cassants. Cette vision nous paraît assez juste quoiqu’un peu réductrice ; un changement de freins lui ouvrira des horizons bien plus grands. Pas idéal pour la compétition, le Meta TR 29 édition 2021 est surtout un vélo d’enduro fun malgré les a priori qu’on peut avoir sur les grandes roues, un vélo qui ravira les pilotes qui aiment jouer avec leur machine plutôt que la laisser vivre entre leurs jambes et qui n’ont pas peur de passer un peu de temps sur les réglages.

Plus d’informations : commencal-store.com

ParLéo Kervran