Test nouveauté | Canyon Neuron AL : suite logique

Par Léo Kervran -

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Test nouveauté | Canyon Neuron AL : suite logique

On peut dire qu’il était attendu ! Depuis la refonte complète de la version carbone il y a un an et demi, le Neuron AL, ce petit vélo facile d’accès et polyvalent avec ses 130 mm de débattement, était l’un des derniers de la gamme Canyon à ne pas utiliser la nouvelle architecture Triple Phase avec l’amortisseur à l’horizontale. C’est désormais du passé et nous avons pu découvrir ce nouveau Neuron AL il y a quelques semaines en Espagne, sur les hauteurs de Barcelone. Présentation.

On a beau connaître ces lignes, pour les voir régulièrement sur des Neuron CF (retrouvez sa présentation et nos impressions ici) , Spectral ou encore Lux, on ne peut s’empêcher de trouver que ce Neuron AL est particulièrement réussi. Par rapport à l’ancienne plateforme, les lignes sont plus droites, les angles plus nets et le vélo apparaît plus dynamique, quelque chose de joliment souligné par ce coloris noir/alu brossé qui joue avec la lumière pour mettre le vélo en valeur.

Le Neuron AL se passe cependant de quelques raffinements présents chez son grand frère en carbone, comme le jeu de direction avec butées qui protège le tube diagonal du cintre en cas de chute ou le passage « semi-internes » de gaines le long du tube diagonal, dans une petite coque démontable qui fait également office de protection pour le cadre. Ici, on a droit à des passages internes classiques mais tout de même étudiés pour réduire les frictions et optimiser les trajets des câbles, le tout dans des tubes en mousse pour éviter les bruits indésirables.

Logiquement, le Neuron AL adopte la même géométrie que la version carbone, avec les mêmes adaptations suivant les tailles pour garantir un comportement idéal quelle que soit la taille de l’utilisateur. On a ainsi un vélo doté d’un reach plutôt court au regard des standards actuels (433 mm en taille M), un angle de direction à 67° jusqu’en taille S puis 67,5° au-dessus, un tube de selle modérément droit (74,5°) et des bases elles aussi de taille moyenne, avec 430 mm jusqu’en taille S et 440 mm au-dessus.

La cinématique est également adaptée à la taille du vélo, avec un peu moins de progressivité sur les petites tailles pour que même les pilotes les plus légers puissent utiliser correctement tout le débattement. Par rapport à l’ancienne version, le point de pivot principal a grandi et les joints ont été revus pour réduire la charge sur les roulements et améliorer leur durée de vie. Côté technique, l’anti-squat a été légèrement augmenté pour améliorer les performances au pédalage.

Les adaptations concernent jusqu’aux équipements puisqu’au-delà des classiques longueur de potence et débattement de tige de selle télescopique, Canyon fait aussi varier la largeur du cintre, la longueur des manivelles et surtout la taille des roues. Du XXS au S, les Neuron sont bien équipés avec des fourches en 29″ comme toute la gamme mais ce sont des roues de 27,5″ qui prennent place sur ces petites tailles. D’après Canyon, c’est le choix qui permet le mieux de garder le même comportement dans toute la gamme.

En parlant de roues, Canyon a fait le choix peu courant mais intéressant de proposer des largeurs de jantes différentes à l’avant et l’arrière. On retrouve ainsi une jante de 30 mm de largeur interne devant, tandis que c’est une 25 mm qui prend place derrière. L’idée est d’avoir un bon grip à l’avant en laissant le pneu (un Continental Mountain King en 2.3) travailler au mieux tout en gagnant un peu de poids et de dynamisme derrière avec une jante un peu plus légère. A noter que c’est une idée qui était déjà présente sur le précédente Neuron AL, et qu’on retrouve aussi par exemple dans la gamme du fabricant de roues français Duke avec le concept « 6Ters ».

Avec cette version aluminium, la gamme Neuron s’étoffe de 4 modèles pour des prix allant de 1 799 € à 2 199 €. C’est une augmentation de 200 € par rapport à l’ancienne version mais, outre le châssis mis à jour, tous les modèles sont maintenant en transmission 1×12, Shimano ou Sram selon le modèle. Le nouveau cadre Canyon Neuron AL est annoncé à 3130g, soit 750g de plus que la version carbone. Les poids des vélos complets vont de 13,6 à 14,5kg.

Voici un aperçu des différents coloris, et on remarquera que ces 4 modèles sont en fait deux, puisque chaque version est dédoublée et proposée dans une variante féminine, à l’équipement (presque) identique. Pas de produits moins haut de gamme et/ou moins chers comme on peut le voir chez certaines marques, ici le logo WMN signifie que les points de contact (selle, poignées) sont adaptés.

Canyon Neuron AL 7.0 : sur le terrain

Notre modèle d’essai est le Neuron AL 7.0, le plus haut de gamme de la famille avec comme principales caractéristiques une transmission Sram avec un mélange de NX Eagle (shifter, cassette) et GX Eagle (dérailleur), une fourche Fox 34 Rythm en cartouche Grip (plus simple que la Fit4 niveau réglages mais connue pour son onctuosité), couplée à un amortisseur Fox Float DPS et des freins Shimano MT420 à l’avant (4 pistons) et MT400 à l’arrière (2 pistons).

Pour nos 179cm, Canyon nous a préparé un vélo en taille M et, au début, cela donne une sensation assez particulière. Ces derniers temps, nous avons plutôt l’habitude de grimper sur des vélos en taille M ou L avec un reach de 460 mm voire plus, et repasser sur un vélo avec une géométrie moins débridée, plus classique et beaucoup plus courte, nécessite un temps d’adaptation. Cela dit, ce choix se comprend de la part de Canyon, qui dispose aussi dans sa gamme de vélos à la géométrie plus engagée. Simplement, ici, la cible est différente et le but est avant tout de proposer un vélo accessible à un plus large public.

Au pédalage, la position est très confortable et on sent que le Neuron est fait pour ça. L’objectif n’est pas la performance pure, ce n’est pas le programme du vélo mais il est clairement taillé pour enchaîner les kilomètres en profitant du paysage et en discutant avec ses compagnons de sortie. Sur les sections les plus roulantes, le blocage des suspensions est un plus appréciable qui permet d’avoir un petit supplément de dynamisme. Dans l’ensemble, le poids de 14kg ne se fait pas trop sentir.

Lorsqu’on débloque les suspensions pour des sections plus techniques, l’anti-squat n’empêche pas totalement le tube de selle de s’affaisser légèrement mais ça reste acceptable. On retiendra surtout que, réglé à 25 % de sag, le vélo pompe très peu et c’est plutôt une bonne chose pour rouler longtemps.

C’est surtout en descente que la géométrie « classique », et notamment le reach court sur cette taille M, se fait sentir. Le vélo paraît nerveux et vif ; des sensations auxquelles nous ne sommes plus trop habitués avec les vélos beaucoup plus longs qu’on rencontre de plus en plus à l’heure actuelle. Attention, géométrie « classique » ne veut nullement dire dépassée et pour le public large auquel qui se vélo ce destine, ce sera surtout synonyme de prise en main facile et rapide, même quand on n’est pas un rider pointu ou assidu, ou qu’on s’intéresse à ce vélo en remplacement d’une monture qui a 4 ou 5 ans.

Les suspensions très linéaires sont flatteuses à vitesse modérée mais on atteint rapidement leurs limites lorsqu’on essaye d’engager. Rien de surprenant ici, le Neuron est simplement à sa place dans la gamme Canyon : si vous cherchez une machine plus typée XC pour le rendement, le Lux vous tend les bras, et si vous cherchez un vélo capable d’engager plus fort en descente, le Spectral voire même le Strive sont certainement plus adaptés.

Si certains vélos se pilotent littéralement, doivent être roulés en permanence de manière active et demandent un certain niveau pour les exploiter en descente, ce n’est pas le cas de ce Neuron AL. Il s’accommode bien mieux d’un pilotage « passif » et il ne se montre pas exigeant par rapport au pilote. Il vous emmènera en bas en toutes circonstances et ne vous prendra jamais en traître grâce à son comportement très sain, mais n’attendez pas de lui un vélo qui va vous pousser aux excentricités en descente.

Néanmoins, sa tendance à pardonner les erreurs et la prévisibilité de ses réactions nous ont amenés à tester quelques passages un peu engagés et autres sauts à des vitesses en principe pas vraiment prévues pour ce genre vélo. Il ne nous a pas fait défaut et on ne s’est pas fait peur, mais on a quand même senti qu’on sortait du programme du vélo et que certains équipements arrivaient à leurs limites. C’est par exemple le cas des freins, faciles à doser et agréables en temps normal, mais qui manquent de puissance passée une certaine limite. Autre souci, plus embêtant, que plusieurs journalistes de notre groupe ont également rencontré : les rayons de la roue arrière Race Face (moyeu Shimano) se sont tous détendus simultanément, au point de faire tourner la roue en huit alors que la jante n’était pas voilée. Quelques tours de clés au bord du chemin ont vite résolu le problème (a priori lié au montage) mais Canyon devra en tenir compte en vue de la production en série.

On finira par un petit mot sur les périphériques, avec une selle au revêtement fort glissant et à la forme curieuse, comme bombée, que nous avons trouvé peu confortable, et des poignées assez dures que nous n’avons pas vraiment appréciées. Ces deux éléments étant des points de contact, cet avis est très personnel et peut-être que vous les trouverez à votre goût. En revanche, rien à dire sur la tige de selle télescopique « maison » qui fonctionne parfaitement et dispose d’un vrai levier agréable à utiliser.

Verdict

Canyon annonce son Neuron AL comme « the ultimate allrounder », c’est-à-dire la polyvalence incarnée, mais ne comprenez pas cela comme étant « le vélo pour absolument tous les terrains et tous les pilotes ». A l’heure où un peu toutes les marques semblent vouloir faire des vélos toujours plus longs, avec plus d’angle, le Neuron prend un chemin inverse, celui de la polyvalence entendue dans le sens d’un vélo accessible, bon dans beaucoup de domaines sans chercher à être le meilleur sur un point particulier. C’est avant tout un vélo qui va chercher à convenir à un grand nombre de vttistes et à un grand nombre de régions. Il fait partie d’une famille de plus en plus petite et rare alors que c’est celle d’un grand nombre de vététistes : celle des vrais bons vélos de randonnée, faits pour aller rouler entre amis ou en famille sans notion de performance à la montée ou à la descente, sans chercher à toujours repousser ses limites, mais simplement en cherchant à passer un bon moment et à prendre du plaisir sans prise de tête. Son mot d’ordre, c’est l’accessibilité, et si on le juge là-dessus, l’objectif est parfaitement rempli. 

Plus d’informations : canyon.com/fr

Photos Canyon / Nightmare&Sons

ParLéo Kervran