Test nouveauté | BMC Urs LT & Roadmachine X : le gravel dans toute sa largeur - BMC Roadmachine X : le route qui voulait se faire gravel

Par Léo Kervran -

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Test nouveauté | BMC Urs LT & Roadmachine X : le gravel dans toute sa largeur - BMC Roadmachine X : le route qui voulait se faire gravel

BMC Roadmachine X : le route qui voulait se faire gravel

Lancé en 2016, le Roadmachine X est né de la volonté de BMC de casser les codes dans le monde du vélo de route, de s’éloigner des catégories traditionnelles et de jouer avec les dogmes bien établis de la discipline. Uniquement disponible en aluminium, il disposait déjà de freins à disques et pouvait accueillir des pneus jusqu’à 34 mm de section. Aujourd’hui, la marque présente la nouvelle génération de ce Roadmachine X, encore plus performant et confortable que son prédécesseur :

La principale nouveauté de ce Roadmachine X, c’est qu’il se décline maintenant en version à cadre carbone. C’est joli, c’est un peu plus léger et surtout, ça permet aux ingénieurs de jouer avec précision sur la rigidité et la souplesse de chaque tube. Pour un vélo qui se veut capable d’affronter les plus mauvaises routes voire quelques pistes à l’occasion, c’est plutôt intéressant.

A l’exception de la fourche, le cadre est celui du Roadmachine de route « classique ». On bénéficie ainsi de la technologie TCC (Tuned Compliance Concept) dans sa version Endurance, ce qui signifie que le placement des feuilles de carbone a été étudié de façon à offrir un confort vertical de haut vol, sans (trop) compromettre la rigidité latérale. Dans l’échelle BMC, c’est le troisième niveau du TCC et le plus confortable sans faire appel à d’autres artifices. En effet, le 4e niveau, qu’on retrouve notamment sur les Urs et Urs LT, utilise la micro-suspension Micro Travel Technology (ou MTT, qui équipait également feu le semi-rigide TeamElite).

D’autres éléments, comme la tige de selle à la forme en « D » ou la fourche, s’inscrivent également dans cette logique du TCC.

Du point de vue esthétique, on retrouve sur ce Roadmachine X tous les marqueurs caractéristiques du style BMC : haubans bas, lignes tendues, arêtes marquées et un subtil rappel du « troisième triangle » à la jonction entre le tube de selle et le tube supérieur, qui a longtemps été la signature de la marque sur ses modèles de route.

Qui dit cadre identique au Roadmachine dit géométrie identique, baptisée Endurance Geometry par la marque. Le « X » ne renie pas ses racines routières, l’idée est plus d’avoir un vélo de route capable d’aller explorer un peu au-delà du bitume qu’un gravel énervé prêt à flirter avec les singletracks de VTT.

Comme on peut le voir sur ce tableau, le Roadmachine X version 2021 se décline en 6 tailles, du 47 au 61 (autrement dit, du XS au XXL), de manière à satisfaire le plus grand nombre.

Côté équipement, on remarque d’abord que le dégagement pour les pneus est relativement réduit si on le compare à des vélos de gravel « classiques » : 33 mm annoncés officiellement et 32 mm pour les pneus (tubeless) montés de série. Pour un gravel, c’est peu mais pour un vélo de route, c’est beaucoup et cela montre bien la volonté de BMC de brouiller les cartes entre ces deux mondes. Bon, pour brouiller les cartes il faudrait déjà réussir à définir précisément ce qu’est un vélo de gravel, mais là-dessus, chacun a sa propre idée…

Comme son prédécesseur, le nouveau Roadmachine X est monté de série en monoplateau (plateau 44 dents et cassette 10-44, avec la nouvelle gamme Sram XPLR). Cependant, BMC a pensé aux aficionados du double plateau, plus polyvalent pour certaines pratiques ou régions, et a prévu un support pour dérailleur avant au format Directmount (vissé sur le cadre). Un discret guide-chaîne se glisse à l’intérieur du plateau et évite que la chaîne ne vienne se coincer entre le pédalier et le cadre.

Le vélo n’est pas prévu pour être un baroudeur au long cours et n’est à ce titre pas équipé d’inserts en tous genres pour y fixer des bagages vissés. Seule exception, un support pour petite sacoche sur le tube supérieur.

D’ici l’année prochaine, 3 modèles composeront la gamme mais pour l’instant, un seul est disponible : le Roadmachine X One que vous avez sous les yeux, affiché à 5 699 € et monté avec un groupe complet Sram Force XPLR (lire Sram XPLR : une certaine vision du gravel), des roues en carbone BMC CRD-321 et des pneus WTB Expanse 32.

Il faudra ensuite attendre le printemps 2022 pour voir arriver les modèles plus accessibles, avec le Roadmachine X Two (4 699 €, avril 2022, Sram Rival eTap AXS XPLR et roues BMC XRD-522) toujours en carbone puis le Roadmachine X AL One (2 299 €, mai 2022, Shimano GRX 600/800 et roues BMC XRD-522) en aluminium. Petite précision, ce dernier modèle sera disponible uniquement du XS au XL.

Le BMC Roadmachine X One sur le terrain

Pour descendre du refuge à 2310 m avec le Urs LT, il a d’abord fallu y monter ! C’était donc le programme court mais intense de cette sortie de découverte du Roadmachine X, un peu moins de 30 km pour environ 1500 m de dénivelé positif (et 400 m de négatif). Pas beaucoup de plat dans cette partie de la Suisse !

Avec des pneus gonflés à un peu moins de 3 bars, le Roadmachine X surprend d’abord par son confort. Le TCC n’est pas qu’un sigle marketing, il a de réelles applications sur le terrain et cela se sent. Ainsi, le vélo est bien plus confortable de l’arrière que le Lauf True Grit qui nous sert de support pour le test de la famille Sram XPLR, pourtant monté en pneus de 40 mm. A l’avant en revanche, pas de miracle, on se fait un peu secouer mais difficile de lui en tenir rigueur, le travail du carbone a ses limites.

Sur les rares sections roulantes du parcours, le vélo répond bien et conserve bien la vitesse. Bien sûr, on n’est pas sur le très sportif Teammachine de route et cela se sent à l’accélération, mais pour quelqu’un qui ne cherche pas à faire la course sur chaque petite côte ou relance, c’est tout à fait acceptable, surtout quand on pense à ce qu’on gagne en confort. Le choix du plateau de 44 dents permet de rouler à vive allure : sur le papier, on dépasse les 45 voire les 50 km/h sur les deux plus petits pignons avec une cadence de 90 rpm.

En descente sur route, on peut faire pleinement confiance au vélo. La position, un peu plus relevée que sur un pur vélo de route, offre un bon champ de vision tandis que les pneus et le confort mettent en sécurité. Le comportement est celui d’un bon vélo de route, le Roadmachine X s’inscrit sainement dans les courbes, tient sa ligne sans effort et change facilement d’angle ou de direction dans les enfilades. On est loin du cliché du gravel à gros pneus paresseux et imprécis ! On apprécie aussi le petit surcroît d’adhérence par rapport à des pneus en 25 ou 28 mm, qui permet de « taper » un peu plus fort dans les freins à disques sans crainte de décrocher.

Hors route, il faut en revanche se montrer plus prudent. Dans ce domaine, les pneus en 32 mm ne sont pas aussi tolérants que des modèles en 40 mm et dès que la trace se fait un peu chaotique, il faut prendre les freins pour calmer un peu les choses. Encore une fois, pas de surprise, le programme du Roadmachine X s’arrête là où commence celui des « gros » gravel.

La dernière montée de 5 km et ses passages à 16 % sur piste bien abîmée (un peu hors programme, mais la récompense était belle au sommet à 2300 m !) nous a également permis de constater que le Roadmachine X peut aller loin pour peu que son ou sa pilote soit en forme. Grâce à la souplesse de l’arrière, la roue ne rebondit pas sur chaque petit caillou et le développement minimum de 44/44 permet de grimper des passages bien raides, pourvu que ça ne dure pas trop longtemps.

Là, on joue clairement un autre terrain que celui pour lequel il est techniquement conçu mais lorsqu’on part explorer les petites routes, on ne sait pas toujours de quel pavé sera faite la voie…

Avec ce Roadmachine X, BMC veut jouer avec la frontière entre route et gravel et c’est réussi. Sur goudron, il nous a fait l’impression d’un vélo de route. Typé endurance / confort plus que très sportif, oui, mais bien un vélo de route, avec des pneus visuellement étroits et très roulants ainsi que des développements qui ne sont pas dépassés au-dessus de 40 km/h. Cependant, il nous a permis d’aller bien au-delà de ce qu’un vélo de route aurait pu faire et d’y prendre du plaisir, preuve que le concept est bien né. BMC brouille les cartes mais pour celles et ceux qui ne s’aventurent pas (trop) au-delà des bonnes pistes, qui aiment le gravel mais roulent souvent sur route parce que le terrain ne s’y prête pas trop ou qui cherchent tout simplement un vrai vélo de route confortable, ce Roadmachine X pourrait bien être la solution idéale. Un vrai « rouvel » !

Plus d’informations : bmc-switzerland.com/fr

Photos BMC – Jérémie Reuiller

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ParLéo Kervran

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