Test | MRP Ramp Control : les tokens à portée de main

Par Olivier Béart -

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Test | MRP Ramp Control : les tokens à portée de main

Ajuster la courbe de compression de sa fourche au moyen de « tokens » ou « volume spacers » est assurément un des réglages les plus en vogue sur les fourches actuellement. Mais cette modification du volume de la chambre d’air de la fourche ne peut se faire qu’à l’atelier en démontant quelques pièces. Sauf si on dispose du MRP Ramp Control qui permet d’ajuster tout cela d’un simple tournemain… même si, en interne, ce système est bien plus qu’un simple « token mobile ». Explications et impressions avec notre test :

De quoi s’agit-il ? Le MRP Ramp Control est une petite cartouche qui prend la place du bouchon d’air de la fourche, ainsi que des éventuels volume spacers qui auraient été disposés ; ces petits cylindres en plastique qui ont pour but de permettre de faire varier le volume de la chambre d’air de la fourche. A pression égale, cette variation du volume va permettre d’obtenir une courbe de compression soit plus linéaire (fourche qui s’enfonce de manière plutôt continue sur tout le débattement – c’est ce qui se produit quand on enlève des tokens et qu’on augmente le volume de la chambre d’air positive) ou plus progressive (fourche qui se durcit nettement plus en fin de course – effet obtenu en ajoutant des tokens).

Un exemple simple pour bien comprendre : vous trouvez votre fourche parfaite sur les moyens et gros impacts, vous ne talonnez pas, mais vous la trouvez peu réactive sur les petits chocs ? En ajoutant des tokens, vous allez pouvoir réduire la pression d’air dans votre fourche et améliorer la sensibilité en début de course sans risquer que la fourche aille trop facilement en butée. Idem si votre fourche « plonge » trop mais que vous aimez son comportement en début de course, ajouter des tokens va permettre d’avoir « le beurre et l’argent du beurre ».

Ce que propose le MRP Ramp Control, c’est de remplacer cet empilement de cales plastiques, qui nécessite un passage par la case atelier, par un système réglable tout en roulant. On pourrait penser que MRP a simplement mis un piston qui descend ou remonte sur une tige filetée à l’intérieur de son Ramp Control pour remplacer purement et simplement les tokens… mais la réalité est un peu plus complexe. En fait, si MRP s’était contenté de faire cela, il aurait fallu ajuster la pression de la fourche à chaque changement puisque le SAG aurait été modifié. Les Américains ont donc mis en place un système de clapetterie comparable à celui des systèmes hydrauliques, qui va déterminer la facilité ou la difficulté avec laquelle l’air va pouvoir rentrer dans la cartouche.

Ce système offre non seulement l’avantage de ne pas devoir re-régler la pression d’air de sa fourche à chaque fois qu’on touche au MRP Ramp Control, ce qui facilite les essais sur le terrain et la compréhension des effets de ce réglage de la chambre d’air, mais cela permet aussi de n’influencer que la fin de course de la fourche, quand on rencontre des successions d’impacts ou des chocs importants. La circulation de l’air n’est en effet ralentie ou obstruée que quand une compression importante et/ou très rapide est détectée. Avec des tokens, le réglage est moins fin puisqu’on remplace simplement une partie de l’air (compressible) par du plastique (incompressible) et il affecte l’entièreté de la course. Nous verrons plus tard si cela se ressent réellement sur le terrain.

Concrètement, le système MRP Ramp Control offre 16 clics de réglage via la mollette orange, alors qu’on trouve la valve d’air au centre, sous le capuchon noir. Sur la balance, ce petit accessoire affiche 56g, soit à quelques grammes près la même chose que le bouchon de la chambre d’air de notre Pike et deux tokens. Quant au prix, il n’est pas vraiment donné, puisqu’il faut compter 129€ pour la plupart des versions, et jusqu’à 169€ pour certaines.

Il existe en effet pas moins de 9 versions du MRP Ramp Control, afin de s’adapter à la plupart des fourches du marché, depuis le XC jusqu’à l’enduro à gros débattement (Fox 32 à 36, RockShox Sid, Pike, Lyrik,…) L’installation est très facile et requiert un outillage comparable à celui nécessaire pour enlever ou ajouter des tokens classiques, comme l’explique cette vidéo.

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Une fois le système en place, il ne reste plus qu’à aller rouler. Ce que nous avons fait sur une fourche que nous connaissons très bien, une RockShox Pike RCT3 de fin 2015, montée sur le fidèle Specialized Stumpjumper 29″ (ancienne génération) d’un de nos testeurs.

MRP Ramp Control : le test terrain

La manipulation de la mollette de réglage du MRP Ramp Control est relativement facile et les clics assez marqués pour se faire sentir même avec des mains gantées. Soyons clairs : c’est un réglage qu’on peut faire sur le terrain, en cours de sortie, mais pas en roulant. Le mieux est de s’arrêter et de prendre un peu de temps pour compter le nombre de clics afin de les mémoriser et de mettre chaque modification en corrélation avec ses sensations sur le terrain.

Le côté didactique de ce petit objet est évident. Si vous n’avez jamais vraiment compris à quoi servent ces fameux tokens et si vous avez toujours dit « oui, oui » à vos potes quand ils vous en parlaient alors qu’en fait ils vous parlaient chinois, le MRP Ramp Control est fait pour vous. La modification de la courbe de compression entre les deux extrêmes est très vite perceptible et, entre les deux, on dispose d’une plage de réglage assez large pour affiner la mise au point, mais pas trop pour éviter de s’y perdre. Si, avec des tokens classiques, vous avez aussi l’impression que vous êtes « entre deux réglages » et que vous aimeriez couper un token en deux, la cartouche MRP vous apportera plus de raffinement.

Par contre, malgré une certaine expérience dans le domaine, nous n’avons pas vraiment senti de différence majeure par rapport au fait que le MRP Ramp Control n’influence que la toute fin de course et n’agit que sur les gros impacts et les hautes fréquences. On ne nie pas qu’il s’agit sans doute d’une réalité mesurable sur un banc d’essai mais, sur le terrain, nous devons avouer humblement que cela ne nous a pas sauté aux yeux. Nous n’avons néanmoins testé le système que sur une fourche et il y a peut-être des modèles sur lesquels cela se ressent plus.

Verdict

Si nous avons beaucoup apprécié la possibilité d’expérimenter différents réglages au début et si nous reconnaissons l’efficacité du système MRP Ramp Control, nous avons vite trouvé notre bonheur avec un setup optimal et nous n’en avons plus vraiment changé par la suite. L’utilité de cette cartouche est bien réelle, mais finalement assez limitée dans le temps et vu le prix de cette petite chose (que nous ne remettons pas en cause car il s’agit de fine mécanique à l’intérieur), il faut voir si l’investissement en vaut la peine. Nous le voyons plus comme un outil que tout bon magasin devrait avoir afin de pouvoir le prêter à ses clients et les aider à trouver le réglage optimal… tout en revenant ensuite à un setup équivalent en tokens plus classiques et moins chers (gratuits même puisqu’ils sont fournis avec les fourches). Le souci va alors d’être capable de traduire le nombre de clics effectués sur le Ramp Control en nombre de spacers à mettre dans la chambre d’air et on pourrait espérer que MRP donne ce type d’indication. Bref, même si nous reconnaissons l’efficacité du système et sa pertinence pour aider à affiner les réglages d’une fourche haut de gamme, son prix et son utilité limitée dans le temps tempèrent un peu notre enthousiasme.

Plus d’infos : www.mrpbike.com/rampcart & www.racecompany.fr

ParOlivier Béart