Test | Morgaw Trian : l’élasto-selle

Par Olivier Béart -

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Test | Morgaw Trian : l’élasto-selle

Développé en Slovaquie, le concept des selles Morgaw est particulièrement original avec des rails entièrement démontables et deux tampons d’élastomère qui assurent l’interface avec l’assise. L’idée : apporter un peu de confort supplémentaire et accompagner la rotation du bassin lors des mouvements de pédalage. Cerise sur le gâteau, la visserie qui sert au montage de l’ensemble est customisable en pas moins de 10 coloris. Reste à voir si c’est concluant sur le terrain. 

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Si le premier assemblage est réalisé en usine, le propriétaire de la selle peut s’amuser à changer les vis pour personnaliser sa selle. Avec les trois couleurs disponibles pour le revêtement supérieur (blanc, gris et noir), dur de ne pas trouver la combinaison parfaite.

Les vis M6 qui se placent latéralement sont similaires à des vis cheminées de plateaux, alors que les plus petites situées en-dessous sont des M5. Les rails sont, au choix, en aluminium ou en carbone. Et, là aussi, les pièces détachées sont disponibles en cas de souci, tout comme les élastomères, ce qui est plutôt une bonne nouvelle, d’autant que les opérations de montage/démontage sont très simples.

Trois modèles sont disponibles dans la gamme : la Forsage pour la route et la Trian pour le VTT, qui existe dans une déclinaison XC (testée ici) et une autre Enduro au bec plus rembourré. Dans les deux cas, la longueur et la largeur de la Trian restent identiques : 270x133mm. On est donc en présence d’une selle longue et étroite. Au niveau forme, la Morgaw Trian a pour caractéristique d’être très plate avec un léger canal central évidé mais qui ne peut pas être vraiment comparé à un trou anatomique.

Livrée dans un original sac plastique, la selle Morgaw Trian est très bien finie et son look est encore plus flatteur si on opte pour de la visserie colorée, même si le revêtement de l’assise fait un peu plastique. Au montage, il conviendra de faire attention à la forme des rails car ceux-ci sont ovalisés (9mm de haut et 7mm de large), ce qui peut poser des soucis de compatibilité avec le chariot de certaines tiges de selle.

Au chapitre du poids, avec 207g mesurés pour la version à rails en aluminium, on est dans des valeurs très raisonnables et on est en dessous des 220g annoncés. Les rails carbone sont quant à eux censés faire gagner 13g. Le tarif est celui d’une selle haut de gamme mais sans exagération : 120€ en rails alu et 160€ pour la version carbone. La paire d’élastomères (shock absorbers) est facturée 30€ et le kit de visserie en aluminium 20€. Il est juste dommage que toutes les couleurs ne soient pas disponibles d’origine et si on veut un peu d’originalité, il faudra rajouter d’emblée un petit billet en plus.

Selle Morgaw Trian : le test terrain

Avec ses tampons d’élastomère, Morgaw promet deux choses : un léger amortissement des chocs et plus de confort grâce à un suivi des mouvements du bassin. Ce sont donc à ces deux points que nous avons été les plus attentifs dès le départ. Concernant l’absorption des impacts, disons que c’est vraiment très léger. Sur un vélo de route ou un gravel, d’accord. Sur un semi-rigide de XC, en combinaison avec une tige se selle souple, pourquoi pas. Mais sur un full, c’est totalement insensible. Et les pneus de nos vtt font déjà le gros du travail sur ce type de vibrations. Bref, ce n’est pas vraiment un argument décisif, d’autant que le rembourrage de la selle est plutôt du genre ferme et s’adresse à des bikers ayant le fessier bien rodé.

Par contre, pour ce qui est de l’accompagnement des mouvements du pédalage, là, c’est beaucoup plus palpable. Oui, la selle bouge bien de gauche à droite et c’est agréable de se sentir accompagné. On n’a jamais l’impression qu’on va basculer d’un côté ou de l’autre, mais bien qu’on a sous les fesses des appuis constants et qui « dansent » en rythme avec vous. Mais la conséquence est qu’on reste beaucoup plus « posé » et statique sur la selle elle-même. Cela pourrait être une bonne chose si sa forme étroite et très plate n’était pas aussi exclusive. Oui, une selle c’est très personnel, mais il y a des formes plus universelles que d’autres et celle-ci n’en fait pas partie. La perception du confort ne fait pas l’unanimité et va de « super » à « carrément spartiate » selon le profil de nos testeurs.

Pour les fessiers étroits, c’est une bonne chose et notre testeur/marathonien Jeff Bossler a bouclé le Cape Epic 2016 en sa compagnie sans regretter son choix, mais pour des gabarits différents et plus charpentés, on peut regretter qu’il n’existe pas d’autres largeurs. Quand on la monte sur un vélo destiné à des sorties plus engagées, on apprécie néanmoins le fait de pouvoir glisser facilement derrière la selle. Car si le revêtement est bien légèrement anti-dérapant, il ne gêne en rien les mouvements du pilote. Malgré sa forme, on parvient à bien se caler et le fait qu’elle accompagne bien les mouvements du pédalage n’y est pas étranger.

La partie supérieure se montre en revanche assez fragile et sensible aux chutes. Un seul crash a suffi pour endommager assez fortement un des bords et des renforts nous semblent indispensables sur les modèles VTT. On peut aussi regretter que l’avant des rails et les vis situées à cet endroit perdent de leur superbe avec le frottement des cuisses (même si on ne ressent pas de gène au pédalage). Pour le reste, la fiabilité est excellente. Nous n’avons pas eu à déplorer de rail tordu, ni de coque qui s’affaisse au fil du temps et surtout pas de bruits parasites qui apparaissent après 9 mois de test alors que le nombre de pièces nous faisait craindre le pire. Enfin, nous n’avons pas noté non plus de sensibilité particulière des élastomères à la température.

Verdict

Le concept de la selle Morgaw Trian est très intéressant et si la partie absorption des chocs est plutôt anecdotique sur un VTT, l’accompagnement des mouvements du pédalage est franchement une bonne idée. Si la fiabilité globale est bonne, il est dommage de constater que la réflexion sur plusieurs points n’a pas été plus poussée. On pense notamment à l’absence de renforts qui rend les versions vtt vulnérables, mais aussi et surtout à la présence d’une seule forme d’assise très exclusive et qui ne plaira pas à tout le monde. Si vous êtes un fin crosseur, pas de souci, mais pour les autres profils, un essai préalable s’impose. Espérons que Morgaw ne s’arrêtera pas en si bon chemin et que la petite marque aura les moyens d’élargir sa gamme à l’avenir, car c’est rafraichissant de voir ce genre de produit débarquer sur le marché.

Liens utiles : https://morgaw.com – Distribution : www.mountainsports-distribution.com pour la Belgique et www.bstrading.net pour la France.

ParOlivier Béart