Test | Mavic Crossmax SLR & XLR Carbon : le retour au sommet !

Par Olivier Béart -

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Test | Mavic Crossmax SLR & XLR Carbon : le retour au sommet !

Après un sérieux passage à vide, Mavic a entamé une fameuse remontée, boostée par le rachat récent de la marque qui lui donne aujourd’hui encore plus les moyens de ses ambitions. Témoin de ce retour, la nouvelle gamme de roues carbone dédiées au XC et au Trail, dont nous avons testé les modèles les plus accessibles, les Mavic SLR et XLR, proposés à 1450€ avec respectivement des jantes de 25 et 30mm. Verdict : 

Avant de débuter le test proprement dit, nous pensons qu’une petite remise en contexte est importante. Cela fait longtemps que nous n’avons pas testé de roues Mavic de XC. A vrai dire, cela remontait aux débuts de Vojo en 2014, où nous nous étions montrés très critiques sur les Crossmax SL 29 de l’époque, avec leurs rayons en aluminium et leurs jantes très étroites en… 19mm de largeur interne. Un chiffre qui semble complètement anachronique aujourd’hui, mais auquel Mavic est resté longtemps attaché. Il ne faut pas s’en cacher : c’était symptomatique d’un grand conservatisme dont a fait preuve Mavic à une époque pas si lointaine et qui, combiné à d’autres choix techniques et marketing, a bien failli couler la boîte. Mais tout cela, c’est du passé !

Même avant son rachat par le groupe Bourrelier en 2020, Mavic avait déjà entamé son redressement, comprenant notamment une profonde remise en question au niveau des produits. Et le nouvel investisseur leur donne aujourd’hui les moyens de leurs ambitions. Ces dernières années, la gamme de roues a été complètement revue et, même si on n’y pense pas toujours, ce fleuron de l’industrie française propose aussi une belle gamme de jantes seules pour des montages à la carte. Mais aujourd’hui, nous allons nous intéresser à des roues complètes, avec jantes en carbone qui plus est : les Mavic SLR et XLR.

Entre les deux, la différence est très simple : seule la largeur de jante change. Elle est de 25mm pour la SLR et de 30mm pour la XLR. Dans la nomenclature Mavic, on retrouve la première dans la catégorie XC, alors que la seconde est rangée en Trail. En pratique, on sait bien qu’aujourd’hui, les jantes de 30mm sont très populaires en XC également ! Cela dit, même si nous avons été de grands défenseurs de l’élargissement des jantes il y a quelques années, quand on est passé de 19/20/21mm vers 25mm, nous pensons aujourd’hui qu’il ne faut pas foncer tête baissée vers le 30mm.

En fait tout est question d’usage et de pneumatiques qu’on va monter sur ces jantes. Pour un usage XC compétition sur circuit, on comprend que beaucoup de pros aiment rouler avec des pneus en 2.4 faiblement cramponnés, parfaits pour rouler sur des circuits poncés par les multiples passages, faisant ressortir toutes les roches et racines. Idem en usage plus engagé, pour monter des pneus costaud sur un XC fun en 120mm et rouler sur des terrains exigeants.

Mais pour un usage mixte, sur des terrains plus souples, des pneus de section 2.25/2.3 restent selon nous plus pertinents pour éviter cette sensation de flottement qu’on peut avoir avec des gros boudins peu cramponnés en 2.4 quand on roule par exemple dans la boue, sur des terrains meubles, poussiéreux, recouverts de gravette, etc. (liste non exhaustive). Et dans ce cas, le mariage avec des jantes de 25mm est plus pertinent. Bref, entre les SLR et les XLR, vous ne nous verrez pas dire qu’une est meilleure que l’autre : le choix dépend de votre pratique et de vos pneumatiques. Notez aussi qu’on peut jouer la carte du compromis au niveau des pneus, et que des sections de 2.3/2.35 se monteront bien sur les deux largeurs de jantes. Evitez par contre de monter des 2.2 de marques qui taillent petit sur des jantes en 30mm et des pneus très « carrés » comme les Maxxis 2.4 Wide Trail de XC sur des jantes en 25mm.

Pour ce qui est des aspects techniques, les jantes sont donc en carbone avec finition unidirectionnelle, sans crochets et asymétriques au niveau du perçage des rayons. L’étanchéité pour le tubeless est obtenue au moyen d’un « flap » adhésif en fond de jante. Pour les rayons, plus du tout d’alu chez Mavic (et c’est tant mieux) mais 24 rayons acier, plats, de forte section propres à Mavic et croisés par deux, ce qui leur donne une petite spécificité par rapport aux concurrentes. Enfin, les moyeux maison accueillent des rayons à tête droite et ils sont disponibles uniquement en Boost (110 avant, 148 arrière) mais dans plusieurs options pour les disques (6 trous ou Centerlock) et le corps de roue-libre (Shimano HG ou Microspline et Sram XD). Bref, on pourra installer ces roues sur tous les vélos récents. A noter aussi que l’architecture des moyeux permet l’utilisation d’un seul type de rayon, de la même longueur. Pratique en cas de pépin !

Côté positionnement, ces deux paires de roues se situent dans le haut de gamme avec leurs jantes en carbone, mais bien en dessous du modèle Ultimate utilisé par les teams partenaires en coupe du monde. Pour comprendre les différences entre ces deux modèles, sachez qu’il faut compter 650€ de plus pour les Ultimate (2100€ la paire contre 1450€ pour les modèles qui nous intéressent ici) et un poids en baisse de plus de 200g (1380g en Ultimate contre 1595g ici, toutes deux en jantes de 30mm) grâce à une jante à la construction complexe (Adaptative Layup) dotée de renforts au niveau des rayons qui permettent d’éliminer de la matière dans les zones moins sensibles.

Par rapport au modèle aluminium le plus haut de gamme (Mavic SLS, proposé uniquement en jante de 25mm), il faut compter 600€ de plus pour le modèle testé ici, qui ne fait gagner que 20g sur la paire de roues au total. Mais, par expérience, nous savons aujourd’hui que les gains des jantes carbone ne se limitent pas à quelques grammes perdus. Cela dit, nous serions curieux de tester les SLS alu pour pouvoir comparer !

Par rapport à la concurrence, ces nouvelles Mavic Crossmax SLR/XLR Carbon se placent dans la moyenne niveau prix. Avec un tarif de 1450€ la paire, elles sont proches des Bontrager Kovee Pro (1400€) ou des premières Asterion carbone (1500€). Elles sont par contre au-dessus des premières Duke Lucky Jack 6Ters (à partir de 1100€ avec les moyeux maison, mais 1500€ en DT 350), mais bien en dessous des DT-Swiss 1501 carbone (1599€). Quoi qu’il en soit, elles ont clairement leur place parmi ces nouvelles stars du marché, tout en pouvant se prévaloir d’une garantie à vie et d’une fabrication entièrement made in Europe (y compris les jantes, ce qui est assez rare pour être souligné). Reste maintenant à voir comment cela roule sur le terrain !

Mavic Crossmax SLR & XLR : le test terrain

Nous avons essayé principalement les Mavic Crossmax SLR sur notre BH Ultimate Evo, un semi-rigide donc, avec des pneus Specialized FastTrak en 2.25 et des Schwalbe Racing Ralph/Ray en 2.25 également. Pour les XLR, nous les avons principalement roulées sur le Mondraker F-Podium DC RR que nous avons testé il y a quelques mois et que vous voyez ici en images, ainsi que sur notre Specialized Epic Evo. Deux vélos tout-suspendus XC/DownCountry en 120mm de débattement, montés avec des pneus Maxxis Rekon Race (qui manquent selon nous de polyvalence et que nous n’apprécions que moyennement en montage avant) et surtout avec des pneus Specialized FastTrak et Racing Ralph/Ray mais cette fois en 2.35 de section.

Pour finir de planter le décor, sachez que nous avons pesé les roues quasi exactement au poids annoncé par Mavic, avec un delta ne dépassant pas les 10g sur la paire de roues. Côté pneumatiques, nous n’avons éprouvé aucune difficulté avec les pneus cités ci-dessus. La jante semble parfaitement calibrée, les pneus se placent facilement, se gonflent et claquent tous avec une simple pompe à pied (sauf un Schwalbe qui a nécessité un compresseur, sans doute à cause de multiples montages/démontages qui l’ont un peu détendu), et le fond de jante inspire confiance car il n’a pas bougé d’un poil au cours du test malgré plusieurs changements de gomme. Bref, jusque-là, ça s’annonce bien.

Les Mavic Crossmax SLR et XLR dégagent une vraie sensation de légèreté, tant dans les accélérations qui sont vives et directes, que dans les ascensions où on sent bien qu’on a des roues haut de gamme.

Sur le terrain, en relance, on sent qu’on a déjà eu des roues plus légères en test (1300g, voire moins), mais on ne dirait pas qu’on est sur des roues à près de 1600g. Elles dégagent une vraie sensation de légèreté, tant dans les accélérations qui sont vives et directes, que dans les ascensions où on sent bien qu’on a des roues haut de gamme. Clairement, elles se placent bien par rapport à la concurrence à ce niveau ! Et nous n’avons pas senti de réelle différence entre les jantes de 25 et les 30mm de largeur.

Dans les portions techniques et cassantes, on sent que ce modèle est assez rigide. Que ce soient les jantes ou le rayonnage, plusieurs éléments contribuent à donner une roue qu’on a envie de qualifier de « solide ». Clairement, on n’a pas peur d’attaquer avec, et elles ont même tendance à se révéler plus on va vite. A allure plus modérée, elles filtrent clairement moins les vibrations que des Duke par exemple, dont les jantes très plates sont des références en la matière.

Pour autant, on n’est pas sur quelque chose d’invivable ou de problématique à maîtriser, loin de là ! C’est bien plus tolérant que des DT Swiss 1501 carbone par exemple. Juste que, s’il y a un point où elles pourraient encore progresser selon nous, c’est au niveau de cette petite subtilité dans la filtration des vibrations, qui est à nos yeux la marque des meilleures jantes carbone. En la matière, la différence entre les 25 et 30mm de largeur est plus perceptible. Normal, on met de plus gros pneus sur les jantes de 30mm, et ceux-ci travaillent mieux sur une jante large. Donc, si vous rouler sur des terrains cassants, le choix des jantes de 30mm peut s’avérer pertinent.

On l’a rapidement évoqué plus haut en parlant de « solidité » : les Mavic sont des roues qui inspirent confiance. Dans le technique, on n’a jamais peur d’attaquer car on aurait la sensation d’avoir des jantes fragiles, qu’on aurait peur d’abîmer à chaque sortie. Nous avons plusieurs fois tapé des pierres, nous sommes même allés rouler sur le Ventoux avec et les jantes étaient comme neuves en fin de test. RAS aussi du côté des rayons et des moyeux (mais là notre test n’était pas assez long – 1000km environ au total des deux paires – pour éprouver suffisamment les roulements). Par contre, même si les flancs sont sans crochets, ils restent assez fins et nous avons eu quelques crevaisons par pincement. Roval, par exemple, propose des flancs de jante avec une sorte de « bourrelet » pour limiter le côté tranchant de la jante, et donc les crevaisons par pincement en cas de contact avec le sol. Mavic dispose de ce système, baptisé PFP (pinch flat protection) sur ses jantes e-bike et n’a pas souhaité le mettre sur ses modèles XC haut de gamme pour privilégier le gain de poids. Mais selon nous, c’est un point que Mavic pourrait encore travailler pour proposer un « PFP light » et ainsi améliorer encore ce qui est déjà en l’état un très bon produit.

Verdict :

Après cet essai, on peut clairement le dire : Mavic est de retour ! Les Mavic SLR et XLR carbone sont des roues bien dans leur époque, dynamiques en relances, valorisantes pour le vélo sur lequel on les monte et qui dégagent aussi une agréable impression de solidité qui met en confiance pour se lâcher niveau pilotage. Avec quelques améliorations sur des points de détails (quelques grammes en moins, flancs de jantes anti-pincements, etc) et un tarif un poil plus agressif, ce genre de roues pourrait clairement permettre à Mavic de revenir sur le devant de la scène et de récupérer la place que ce fleuron français avait à la fin des années 90. Ce serait mérité ! Et on vous invite vraiment à considérer à nouveau Mavic dans vos choix potentiels d’upgrade de roues.

Mavic Crossmax Carbon SLR & XLR

1450€

1595g (XLR) & 1580g (XLS)

  • Rigidité bien dosée
  • Précision dans les changements de direction
  • Semblent peser bien moins en action que les quasi 1600g affichés sur la balance
  • Finition/qualité perçue/solidité
  • Pas de flancs de jante renforcés pour limiter les crevaisons par pincements
  • Tarif dans la moyenne, mais qu'on aurait aimé plus agressif
  • RAS

Évaluation des testeurs

  • Prix d'excellence
  • Coup de coeur
  • Rapport qualité / prix

ParOlivier Béart