Test | Léon Larage FTR 2025 : le Gravel race titane qui fait mouche
Par Adrien Protano -

Le Léon Larage FTR 2025 s’impose comme une déclaration : le titane peut non seulement rivaliser avec le carbone sur le segment du gravel race, mais aussi apporter des caractéristiques propres et un caractère bien à lui, sans oublier une certaine notion de solidité et de durabilité. Derrière la sobriété apparente du cadre se cachent bien des revendications de la part de Léon. Nous avons mis ce modèle à l’essai durant plusieurs semaines, voici ce qu’on en a pensé :
Le Léon Larage n’est pas un nouveau venu dans le paysage du gravel sportif. Déjà présent au catalogue de la marque française depuis plusieurs saisons, ce modèle était déjà orienté performance avec un cadre qui se voulait léger et réactif.
Pour 2025, Léon pousse le concept encore plus loin avec une version revue en profondeur, toujours baptisée Larage, mais désormais dotée d’un tout nouveau cadre, de standards modernisés, et d’une géométrie affûtée. Une évolution ambitieuse pour ce gravel race haut de gamme, qui entend bien jouer dans la cour des grands.
Châssis
Portant la double nationalité franco-luxembourgeoise, les cadres en titane Léon sont conçus et assemblés à Kayl au Luxembourg ainsi que dans le Nord-Est de la France, tandis que la production est réalisée chez le spécialiste Tibicycle en Asie.
Le cadre du LaRage est toujours construit à partir de tubes Ti 3Al‑2.5V, mais la grosse nouveauté, c’est qu’ils sont à présent reliés via des jonctions imprimées en 3D en Ti 6Al‑4V (comprenez là de la poudre de titane 6.4). En plus d’offrir un résultat visuel très lisse et pure, la marque explique que cela comporte également un intérêt fonctionnel, avec un gain de rigidité net mais également un routage interne facilité, vu que l’absence d’arêtes permet d’éviter une usure prématurée des durites ou gaines.
Léon a profité de cette nouvelle opportunité offerte par le producteur de ses cadres pour en revoir la conception et les lignes, plus racées et fluides que par le passé. L’ensemble est poli à la perfection de sorte qu’on ne voit pas les raccords. Seule la jonction tube supérieur / tube de selle laisse transparaître une légère soudure.
Côté poids, le cadre nu est annoncé à 1 690 g en taille S, ce qui est un bon score pour ce type de cadre titane, même si on reste assez loin des modèles en carbone qui tournent souvent autour du kilo. Mais, si cela a été une obsession dans les années 2000, on s’est rendu compte depuis que le poids ne fait pas tout et on peut parfois choisir de laisser quelques grammes au profit d’autres qualités (comme ici la durabilité et le compromis rendement/confort).
La fourche maison est intégralement en carbone, sans insert et annoncée à 460 g. Revue, elle adopte désormais une forme légèrement courbée pour lui permettre de mieux dissiper les vibrations et d’avoir un confort plus en lien avec celui de l’arrière du cadre. C’est un point auquel nous serons attentifs sur le terrain car nous avions noté un certain désaccord par le passé, et nous espérons pouvoir confirmer qu’il a désormais été corrigé.
Impossible de pas aborder le sujet sur un gravel moderne : le dégagement des pneus ! Le Léon LaRage permet, en théorie, le montage de pneus jusqu’à des sections de 51 mm, et vu la place restante on pourrait même s’imaginer monter encore un peu plus haut. D’ailleurs, notre modèle d’essai est arrivé avec des pneus en 2.1″ / 55 mm de section. Nous pouvons donc confirmer que non seulement ça passe, et que le dégagement reste suffisant. Nous n’avons en tout cas pas rencontré de souci à ce niveau durant l’essai, même s’il s’est parfois déroulé dans des conditions humides. Bien entendu, il est possible de mettre des pneus de section plus fine si on le souhaite mais, vu la philosophie du modèle, nous vous suggérons de ne pas descendre sous les 42 mm.
Le cadre supporte le standard UDH (compatible SRAM Full Mount / T‑Type) et accueille un boîtier de pédalier T47, pour permettre une compatibilité sans faille avec les transmissions modernes. On retrouve également huit inserts en tout et pour tout, permettant de fixer des accessoires ou des porte-bidons.
Géométrie
Le Léon LaRage adopte une géométrie résolument orientée performance avec un reach généreux (410 à 424 mm selon la taille) associé à un stack modéré (550 à 581 mm). En taille M, on retrouve un angle de direction de 70,8° ainsi qu’un angle de tube de selle de 74,5°. Pour l’ensemble des tailles, les bases asymétriques sont à 420 mm, un choix de bases courtes fait par Léon pour renforcer le caractère sportif du modèle
La hauteur de 410 mm de la fourche a été choisie de manière à limiter les variations de géométrie si l’on souhaite monter une fourche suspendue typée gravel avec 40 mm de débattement.
Équipements
C’est dans sa version FTR (pour Feather, en référence au poids plume) que nous avons reçu ce Larage. Cette série FTR ne fait référence qu’aux composants – le cadre est identique entre le Larage et le Larage FTR – avec des choix de pièces orientées performance et légèreté. L’objectif est ici de proposer des versions résolument haut de gamme des modèles existants. Grâce à ce montage light faisant appel à de très belles pièces, nous avons pesé notre modèle d’essai à 8,1 kg en taille M, ce qui est un très joli score.
La transmission est confiée à un ensemble frein/shifter Red XPLR AXS, couplé à un dérailleur arrière et une cassette VTT Sram XX en 10-51 qui permettent une grande polyvalence dans les développements. On notera également l’exotique plateau Gemini Rigel de 42 dents en carbone, aussi beau qu’impeccable au niveau rigidité et maintien de la chaîne.
Côté freinage, en plus des magnifiques étriers Sram RED, on n’oublie pas non plus les jolis disques du fabricant italien Carbon Ti, avec leur partie centrale en carbone. Oui, oui, ce sont les mêmes utilisés par Tadej Pogacar ! On a déjà pu critiquer Sram pour le freinage par le passé, mais ici, on frôle la perfection avec cette nouvelle génération qui combine à merveille puissance et progressivité.
Pour les roues, Léon fait appel à sa marque maison RLine avec des jantes Versa KG35 montées sur moyeux Extralite HyperSmart 3+ avec rayons polymères BERD : une paire de 1 155 g complétée par des pneus Vittoria Terreno Race en 700×55 mm (ou 2.1 en pouces). Même s’ils sont exotiques et très légers, les moyeux Extralite ont parfaitement tenu lors du test : pas de faiblesse de la roue libre, roulements toujours fluides,…
Les rayons Berd apportent quant à eux une petite touche de confort et de réactivité très agréable aux roues ! Attention, quand ils sont montés sur des moyeux classiques, il faut prévoir de les retendre à intervalles réguliers. En fin de test, après un bon petit 1000 km, les roues ont pris un très léger voile, qu’il faudra corriger. Ce phénomène disparaît quasiment avec les moyeux spécifiques dotés de crochets en « J » permettant de placer les boucles aux extrémités des rayons textiles.
Même si nous avons trouvé ces roues globalement très agréables, avec une grande réactivité dans les relances et un très bon dynamisme, les jantes nous semblent un peu « le c.. entre deux chaises ». Si leur largeur de 29 mm est parfaite pour des pneus larges comme ceux qui équipaient notre modèle de test, leur hauteur de 35 mm est un peu batarde, de sorte qu’on n’a pas la tolérance d’une jante plus plate typée VTT, ni l’inertie et l’aérodynamique d’une jante plus haute. Heureusement, dans la gamme RLine, on a le choix, et selon nous un choix plus assumé, dans un sens ou dans l’autre, aurait plus de sens que ce modèle qui se veut polyvalent mais qui, au final, laisse un tout petit peu sur sa faim.
Les périphériques ne sont pas en reste : cintre carbone Nextie, tige de selle Gemini ALSAK, selle Repente Aleena 4.0 (150 g). Des choix ciblés pour maintenir le poids très contenu !
A noter que nous avons effectué quelques changements au fil de notre essai : vu les capacités du modèle dans les zones techniques et pour coller à nos préférences, nous avons remplacé la tige de selle Gemini par un modèle télescopique RockShox Reverb AXS, plutôt lourd mais facile à monter et à coupler sans fil avec les commandes Sram RED (il suffit d’appuyer sur les deux boutons de changement de vitesses simultanément pour la commander).
Nous avons aussi changé les pneus Vittoria qui se sont avérés très fragiles des flancs dans leur version light à flancs beiges. Après deux déchirures, ils ont laissé place aux nouveaux Schwalbe G-One RS Pro, toujours en 700×55 mm.
Versions et tarifs
Comme à l’habitude de la marque, Léon conserve ici sa philosophie de vélo personnalisable grâce à son configurateur en ligne. Si notre modèle de test tourne autour des 9000 €, il est possible de configurer un vélo complet « ticket d’entrée » à partir de 5000 € avec d’autres choix de composants plus accessibles. On est donc clairement sur du haut de gamme mais, d’une part, il y a également la marque sœur Sauvage si on souhaite du titane plus accessible, et d’autre part les tarifs sont très bien placés par rapport aux grandes marques prestigieuses du segment qui, en plus, offrent des montages souvent plus conventionnels.
Léon LaRage FTR 2025 : le test terrain
Nous avons pris le guidon de ce Léon Larage FTR pendant plusieurs semaines autour de la rédaction, mais aussi bien au-delà. Au menu : sorties courtes et nerveuses, longues randonnées vallonnées, et même plusieurs escapades bien au-delà des 100 km.
La première chose qui frappe, c’est le soin apporté à la fabrication. Le cadre en titane est très soigné mais aussi d’une grande sobriété et l’intégration des gaines – bien que classique – est parfaitement réalisée. Bref, tout cela est très classe, et la finition se montre solide et durable, même si on monte des bagages ou des accessoires sur le cadre.
Sur le terrain, le Léon Larage FTR confirme (très) rapidement ses prétentions sportives. Il est rigide, précis, et incite à relancer dès que l’on se met en danseuse. Que ce soit sur des sentiers de gravel ou même sur de longues sections bitumées, le Larage donne toujours envie de rouler un peu plus vite encore. Impossible de nier l’influence du luxueux montage sur ce point, car elle permet un gain de poids non négligeable. La réactivité des roues est aussi à souligner, malgré le montage de gros pneus assez lourds pour des modèles gravel (autour de 650 g pièce).
Ce qu’on constate aussi, c’est que cette réactivité est parfaitement domptée. Ce qu’on veut dire par là, c’est qu’on n’a pas de roue arrière qui sautille quand on met les watts, comme avec certains alu ou carbone nerveux. Tous les cadres carbone ne sont pas indomptables, loin de là, mais on sent que le titane bien travaillé comme ici apporte un remarquable équilibre entre une capacité à « gicler » au moindre gros coup d’accélérateur, mais avec un excellent grip de la roue arrière et avec une certaine linéarité, gage d’efficacité, surtout quand le terrain n’est pas parfaitement lisse.
Une autre vraie force du Léon Larage réside dans l’équilibre global qu’il propose : même s’il affiche un caractère de vélo nerveux, la filtration apportée par le titane permet d’apporter la dose de confort nécessaire pour rouler de longues heures… sans oublier le choix de pneumatiques ! Notre train roulant en 55 mm de section nous a clairement convaincus pour son parfait compromis entre sa polyvalence sur tous les types de chemin (même s’il s’agissait de semi-slicks), le confort qu’il apporte et le rendement qu’il offre. Il faut juste faire attention aux pressions pour trouver le juste milieu entre absorption des reliefs du terrain en tout-terrain et précision dans les changements de direction sur route. Pour nous, ce compromis se trouve autour de 1,7 bar pour un pilote de 80 kg.
Petite réflexion toutefois : cette paire de roues RLine est à la fois parfaitement polyvalente… et presque trop entre les deux mondes. On peut ressentir l’inspiration VTT avec sa largeur et le confort qu’elles apportent, tout en étant une paire de roues suffisamment légères que pour donner envie de relancer et d’attaquer sans cesse. Mais finalement, une fois une (haute) vitesse de croisière atteinte, on regrette presque de ne pas avoir des roues offrant davantage d’inertie, comme certains modèles au plus haut profil peuvent le faire. Bref, tout dépend de ce que l’on recherche et il est toujours question de compromis !
On prend vraiment du plaisir à mixer les types de terrains lors de nos sorties tant le vélo est un caméléon. On se sent filer sur la route et les larges chemins, tandis qu’on prend plaisir à s’aventurer sur des sentiers plus chahutés voire des pistes VTT.
Dans notre liste de souhaits pour ce modèle, on aimerait voir évoluer la fourche. Si Léon a déjà fait un énorme progrès sur ce nouveau modèle – la fourche était encore plus rigide par le passé – il nous semble que celle-ci pourrait aller un cran plus loin encore en termes de confort, avec un meilleur équilibre avant/arrière, d’autant plus lorsqu’on sait à quel point le triangle arrière offre du confort. Clairement, on ne peut plus parler ici de déséquilibre comme par le passé, mais il arrive encore qu’on se dise que l’avant est un peu dur. Pourquoi pas rêver à une fourche en titane, elle aussi ?
On a apprécié le montage dit « mulet » du côté de la transmission, à savoir des commandes et un plateau propres au gravel, et un duo cassette/dérailleur hérité du VTT. Évidemment, on fait face à de petits écarts parfois entre certaines vitesses comparé à une cassette type « route », mais la fluidité et le passage en force de cette transmission Sram T-Type nous ont beaucoup plu.
Signalons aussi que les composants exotiques choisis par Léon (Extralite, Gemini,…) l’ont été intelligemment, et qu’ils ont parfaitement tenu lors de notre essai.
C’est un élément que l’on pourrait facilement omettre lors d’un test de quelques semaines comme celui-ci, mais le titane offre également l’avantage d’être un matériau durable et facile à vivre. On veut dire par là qu’une petite griffe – par exemple en montant des sacoches de bikepacking – pourra vite être oubliée en venant poncer légèrement le cadre. Si l’on désire utiliser son vélo de nombreuses années, le titane emporte inévitablement un avantage de taille.
Verdict
Le Léon LaRage FTR 2025 s’impose comme un gravel d’exception : un cadre titane très réactif et bien rigide là où il faut, mais confortable et doux. Il est aussi doté d’une géométrie sportive mais qui garde un côté accessible, d’un montage ultra-léger mais sérieux et de ce qu’il faut pour assurer une compatibilité très large avec tous les derniers formats (pneus, transmission, etc). Avec ce modèle, Léon Frameworks offre une alternative intéressante aux modèles carbone, particulièrement adaptée aux compétitions de gravel ou à un usage performance… mais pas que, car il ne rechignera pas non plus à faire de (très) longues distances et à partir en voyage avec vous. Mieux que le carbone, pas tout à fait, mais différent et clairement pas moins bien, ça c’est sûr ! Sans oublier (même si on est dans le haut de gamme) un très bon rapport qualité/équipement/prix, qui ne gâche rien à la fête.
Léon Larage FTR
9200 €
8,1 (taille M, sans pédales)
- Look et finition de haut niveau
- Polyvalence du châssis
- Filtration et confort du cadre en titane
- Dégagement des pneus
- Pneus Vittoria de série fragiles
- Fourche encore un peu dure par rapport à l'arrière du vélo
- /
Évaluation des testeurs
- Prix d'excellence
- Favori
- Qualité / prix
Pour plus d’informations : https:/leon-frameworks-larage-ftr