Test | La gamme de pneus gravel Schwalbe G-One R Pro & Overland Pro à l’épreuve du terrain

Par Olivier Béart -

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Test | La gamme de pneus gravel Schwalbe G-One R Pro & Overland Pro à l’épreuve du terrain

La gamme Schwalbe est vaste, très vaste, y compris en gravel, et elle ne cesse de s’étendre. Nous nous sommes intéressés ici à la nouvelle série de pneus gravel haut de gamme Schwalbe G-One R Pro, composée de quatre modèles. Quel profil pour quel terrain, quels sont nos favoris, comment se comportent-ils ? Vojo a testé :

Schwalbe est un véritable spécialiste du pneu vélo, souvent très réactif pour proposer de nouveaux modèles qui collent aux tendances du marché. La marque germano-asiatique s’est très vite lancée dans le gravel avec des pneus aux crampons ronds assez atypiques mais néanmoins plutôt efficaces. Ils sont toujours au catalogue, mais Schwalbe propose aussi depuis peu de nouveaux profils et un niveau de gamme supérieur, baptisé Pro.

Vojo les a testés pour vous aider à vous y retrouver dans les profils et comprendre lesquels sont les plus adaptés à tel ou tel type de terrain, ainsi que la spécificité des pneus Pro par rapport aux autres.

Schwalbe G-One Pro. Vous avez dit Pro ?

Les Schwalbe Pro ont été développés avec les athlètes partenaires de la marque dans l’optique d’avoir des pneus à la fois très performants et solides, prévus pour être utilisés en course, mais aussi par des amateurs passionnés qui recherchent simplement des pneus ayant un bon rendement tout en étant résistants. On retrouve (pour l’instant du moins) cette appellation sur quatre modèles de la gamme : les G-One R, RS et RX, ainsi que le Overland. Nous verrons juste après les spécificités de chaque dessin.

Ce qui est commun à tous, c’est leur carcasse et leur gomme. Du côté de la gomme, il s’agit d’une nouvelle formulation de l’Addix Race, présente en deux densités sur le pneu : rebond plus important/plus dure au centre pour favoriser le rendement, et plus souple/avec moins de rebond sur les côtés pour l’accroche latérale.

Du côté de la carcasse, on retrouve une protection des flancs à trois couches, mais surtout un renfort anti-crevaison V-Guard plus étendu sur la bande de roulement. Parce qu’un pneu qui roule vite c’est bien, mais si on crève tout le temps, ça avance tout de suite moins bien !

Dernières infos pratiques : la gamme Pro est disponible de 35 à 55 mm de largeur (de 5 en 5 mm), en flancs noirs ou beiges. On l’a dit, on est sur des pneus haut de gamme. Le tarif est donc élevé : 74,90 €. Mais il existe d’autres pneus bien plus accessible dans la gamme (à partir de 24,9 €) si on ne souhaite pas mettre une telle somme et si on n’a pas besoin de performances aussi élevées pour un usage quotidien.

Les profils de la gamme Schwalbe G-One Pro

On retrouve cette carcasse Pro avec quatre dessins de crampons, censés couvrir (quasiment) tout le spectre des pratiques et des types de terrains.

Schwalbe G-One RS Pro : le rapide

Le Schwalbe G-One RS Pro se présente comme le pneu le plus rapide et offrant le moins de résistance au roulement de la gamme. Et pour cause, c’est carrément un semi-slick. Il dispose d’une bande centrale faite de mini-crampons qui rappellent des écailles ou des petites tuiles intercalées. L’accroche latérale est quant à elle assurée par des crampons latéraux nettement plus marqués.

Le poids vérifié du Schwalbe G-One RS Pro en 700×45 est de 529 g

Schwalbe G-One R Pro : le polyvalent

Avec ses petits crampons arrondis et allongés de hauteur intermédiaire, il se veut polyvalent et vise un compromis entre grip et rendement, ainsi qu’une accroche assez linéaire en virages quand on prend de l’angle.

Poids vérifié du Schwalbe G-One R Pro en 700×45 : 551 g

Schwalbe G-One RX Pro : l’accrocheur

Le G-One RX Pro se destine aux terrains plus meubles, avec de petits crampons plus espacés pour aller chercher l’accroche plus en profondeur ou mieux accrocher les reliefs. Nous l’avons testé dans une plus petite section de 40 mm, qui aide également à atteindre plus facilement la couche dure sous la boue ou dans la poussière.

Poids vérifié du Schwalbe G-One RX Pro en 700×40 : 505 g

Schwalbe G-One Overland Pro : encore plus polyvalent

De loin, on pourrait se dire qu’il ressemble au G-One R, et c’est vrai. Mais quand on y regarde de plus près, on voit que ses crampons sont plus massifs sur la bande centrale et nettement plus prononcés sur les flancs. Même s’il est désormais décliné en version Pro, c’est à la base un pneu pensé pour les e-gravel, un usage quotidien et le bikepacking (il est disponible aussi dans d’autres carcasses moins haut de gamme et/ou plus axées sur la résistance à l’usure et la solidité). Il est donc un peu à part dans la gamme, mais il n’est pas dénué d’intérêt comme nous le verrons plus loin, notamment si on vise un usage longue distance et une bonne durée de vie, même s’il s’agit d’un pneu doté d’une carcasse et de gomme à haut rendement.

Poids vérifié du Schwalbe Overland Pro en 700×45 : 605 g

Pneus Schwalbe G-One R Pro et Overland Pro : le test terrain

Nous avons testé la gamme Schwalbe G-One Pro avec des pneus de section 45 mm, ce qui nous semble aujourd’hui être le choix le plus pertinent et polyvalent. Cette section est acceptée par la plupart des cadres, elle permet de rouler avec des pressions pas trop élevées (de l’ordre de 1,7/1,8 bars pour un pilote de 80 kg) et de s’adapter à plusieurs types de jantes (largeur interne de 23 à 30 mm, Zipp 303S et R-Line 35 dans le cas de ce test). Une exception, le modèle RX, destiné aux terrains plus meubles et que nous avons choisi un peu plus étroit justement pour améliorer sa pénétration.

A noter que nous avons éprouvé certaines difficultés à monter les pneus de la gamme Pro sur plusieurs jantes, sur lesquelles des pneus d’autres marques se montent sans souci. Bien que renforcés, les flancs sont très souples et les tringles sont visiblement dans la tolérance haute de la norme en termes de diamètre. Seuls les Overland Pro se sont montés du premier coup à la pompe à pied, sans avoir besoin d’un compresseur ou de les pré-monter avec une chambre à air. C’est un point que Schwalbe devrait, selon nous, retravailler même si, une fois montés, ils tiennent très bien en place, même à basse pression.

Sols durs

Sur les sols durs, sans surprise, le G-One RS semi-slick fait merveille. Il roule (presque) tout seul, sans vibrations et sans bruit, si ce n’est un léger feulement. Le petit dessin de sa bande de roulement aide à accrocher les petits reliefs et à faire passer la puissance. Les crampons latéraux montrent qu’ils sont bien présents quand on prend de l’angle et le RS est étonnamment sain et rassurant dans les virages, y compris à plat et à haute vitesse.

Attention : sol dur ne vaut pas nécessairement dire sol lisse ! Si vous roulez sur des reliefs très caillouteux ou remplis de racines mais secs et durs (pas trop de poussière, gravillons ou boue), c’est surtout la section du pneu qui sera importante, plus que le profil. Les G-One RS peuvent très bien convenir pour des terrains cassants et techniques, à condition d’augmenter la section (45 mm minimum, voire 50 ou les nouveaux 55 mm si votre cadre et vos jantes sont adaptés), ce qui permettra de baisser la pression et de pouvoir compter sur la déformation du pneu pour épouser les reliefs. D’autant que les pneus de la gamme Schwalbe Pro ont des flancs à la souplesse très bien dosée qui permet justement cette déformation idéale sur les reliefs.

Si on souhaite plus de polyvalence, le G-One R est un bon choix, d’autant qu’il permet de conserver un très bon rendement. On sent qu’il n’est pas aussi rapide que le RS, mais c’est néanmoins un pneu fait pour aller vite, tout en procurant un peu plus de traction à l’arrière et un meilleur freinage si le sol n’est pas parfaitement compact. A l’avant, il est assez facile à comprendre car son accroche latérale est plutôt linéaire, mais on sent qu’il n’y a pas de vraie bande de crampons latéraux plus proéminents pour mordre fort quand on met de l’angle.

Si on veut adopter un pilotage plus agressif, le Overland Pro est une excellente alternative. Il roule moins bien que le G-One R en ligne droite et sur sols compacts mais cela reste quand même un pneu rapide. Il est par contre nettement plus sécurisant sur l’angle dans les virages et il apporte aussi un petit plus en traction qui explique pourquoi Schwalbe le recommande pour des vélos de gravel à assistance électrique.

Enfin, le G-One RX n’est pas vraiment à recommander pour les sols durs. Ses crampons plus espacés engendrent quelques vibrations et ses crampons sont un peu trop espacés pour s’accrocher efficacement sur les reliefs saillants du terrain. Nous en reparlerons plus loin, mais il a aussi tendance à s’user très vite dans ces circonstances.

Sols meubles

Si vous roulez vite, qu’il ne faut pas trop tourner, ni freiner, ni accélérer, le G-One RS peut s’en sortir et « flotter » sur des plaques de boue ou des zones de sable. Vous pourrez compter sur ses crampons latéraux pour assurer un service minimum qui ne le rendra pas dangereux. Mais clairement, il n’est pas fait pour cela. Il lui faut un minimum de points d’accroche au sol et de petits reliefs pour s’agripper, sans quoi vous allez perdre en efficacité.

Le G-One R apporte clairement un plus en montage arrière pour ce qui est de la traction et du freinage sur des sols poussiéreux ou avec de petits gravillons. Cela reste un pneu très rapide, mais on peut mettre les watts à chaque relance avec plus d’assurance que cela va bien passer au sol, et s’attaquer à des pentes plus fortes qu’avec le RS, avec moins de risque de déraper. Les distances de freinage sont aussi réduites. Par contre, à l’avant, l’absence de vraie ligne de crampons latéraux le rend plus délicat dans les appuis, surtout quand le sol devient plus meuble. Dans la boue, ses crampons sont trop rapprochés et leurs angles trop arrondis pour qu’il soit pleinement à l’aise.

L’Overland Pro tire vraiment bien son épingle du jeu ! Ici aussi, on sent que son rendement est un cran en dessous des autres, mais si on cherche un pneu qui reste tout de même roulant mais vraiment polyvalent et sécurisant, il est particulièrement séduisant. Il permet de faire passer parfaitement la puissance au sol dans les accélérations, même quand le sol est gravillonneux (surtout), et ses crampons plus anguleux et plus marqués s’en sortent aussi même dans la boue (ils restent tout de même un peu trop rapprochés pour être parfaitement à l’aise). Sur l’angle, la vraie rangée de crampons latéraux prend encore plus de sens quand le sol est plus meuble (qu’il s’agisse de graviers, d’humus, de poussière ou de boue).

Enfin, le G-One RX est ici bien plus dans son élément. En traction et au freinage sur sol meuble, l’apport de ses crampons plus espacés est évident. Ce n’est pas un pneu de cyclocross : même s’il vibre un poil plus et s’il est un peu plus sonore que ses comparses, il reste assez roulant et il ne détonne pas dans la gamme Pro. Grâce à sa gomme, il s’en sort bien quand c’est mouillé et ses petits crampons parviennent à bien aller chercher le grip là où il se trouve. En 40 mm il est logiquement un peu moins confortable que les autres en 45 mm, mais cela se sent moins sur les sols meubles, et les flancs bien souples de la carcasse Pro font qu’il reste confortable.

Et pourquoi pas mixer les profils ?

Cela se faisait beaucoup à une certaine époque à VTT, et cela se fait encore parfois. Ça peut aussi être une bonne idée en gravel, et ce sont parfois des mariages contre nature qui sont les plus intéressants. Ainsi, le gagnant de la fameuse Unbound Gravel 2025 roulait avec le G-One RX Pro plus cramponné à l’arrière et le RS Pro semi-slick à l’avant ! Cela peut s’expliquer car la course est rapide mais avec un sol plein de gravillon et un enchaînement de petites côtes raides. Il faut donc avoir un minimum de crampons à l’arrière pour faire passer la puissance au sol et éviter que la roue dérape. Nous avons testé cette combinaison et elle a clairement du sens. D’une part car le RS a un bon grip latéral pour un semi-slick, et d’autre part parce qu’on sent que le petit supplément de grip que procure un pneu plus cramponné à l’arrière n’est pas superflu dès que le sol n’est pas parfaitement dur. Cela dit, nous aurions tendance à vous conseiller plutôt le G-One R à l’arrière car le RX s’use vraiment vite sur les sols secs et durs. L’Overland nous semble par contre moins se prêter aux montages mixtes… parce qu’il est aussi bon à l’avant qu’à l’arrière et moins orienté vers la performance pure. Donc, pourquoi se prendre la tête ?

Solidité/résistance à l’usure

Les pneus de la gamme Pro se sont tous montrés résistants aux crevaisons par perforation, par pincement et aux déchirures sur les flancs. Cela reste des pneus légers, mais ils ne sont clairement pas fragiles du tout. Côté usure, le G-One RS semi-slick est celui avec lequel nous avons roulé le plus et il s’est montré particulièrement robuste, ce qui laisse augurer une bonne durabilité, au-dessus de la moyenne pour ce type de pneu. L’Overland Pro se démarque aussi de ce côté-là, grâce à ses crampons un peu plus gros et rapprochés.

Les petites tétines du G-One R semblent quant à elles un peu plus sensibles à l’usure, même si cela reste raisonnable. Par contre, le G-One RX fond comme neige au soleil sur sol dur ! Il semble que ce sont surtout les freinages qui altèrent ces petits crampons espacés, qui ont tendance à s’arracher. Sur sol meuble, ce sera moins le cas, mais cette version est à considérer comme un pneu plus spécifique à utiliser avec parcimonie dans les bonnes conditions.

Verdict

Les pneus de la gamme Pro tapent juste pour ce qui est de concilier solidité et performance. Globalement très roulants et faciles à emmener (voire très, très faciles dans le cas des RS), ils sont aussi résistants aux crevaisons et déchirures, ce qui permet de rouler vite et fort sans arrière-pensée. Les différents types de dessins permettent effectivement d’en avoir pour tous les goûts et tous les types de terrains. Le G-One RS semi-slick nous a vraiment séduits par son rendement et aussi son comportement absolument parfait sur les sols durs pour lesquels il est taillé. L’Overland est également un coup de cœur pour sa réelle polyvalence : course, rando, sols durs, meubles, avant, arrière,… il est bon partout. Le G-One R essaie aussi de suivre ses traces, mais même s’il séduit par son rendement clairement meilleur que l’Overland, il manque un peu de crampons latéraux pour exceller en virages et les tétines de sa bande de roulement ont une disposition et des formes qui les rendent moins à l’aise dans les terrains très meubles. Enfin, le RX est clairement pour nous à réserver aux terrains meubles et de préférence humides car même s’il offre un bon comportement ailleurs, son usure est assez impressionnante sur sols durs. 

Plus d’infos : https://www.schwalbe.com/fr/gravel-g-one-r-pro-ligne

 

Par  Olivier Béart