Test home trainers connectés | Elite – Tacx – Wahoo : lequel choisir ?

Par Olivier Béart -

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Test home trainers connectés | Elite – Tacx – Wahoo : lequel choisir ?

Si les bons vieux « rouleaux » existent toujours, ils font de plus en plus place à des home trainers dits « intelligents » (Smart Trainers). Par là, on entend qu’ils sont connectés et qu’ils permettent non seulement de les utiliser pour s’entraîner, mais aussi pour s’adonner au cyclisme virtuel. Nous avons testé trois modèles parmi les plus vendus sur le marché dans la catégorie des « direct drive » (où le home trainer prend la place de la roue arrière) : le Elite Direto XR, le Tacx Flux 2 et le Wahoo Kickr Core. Voici notre verdict :

Qu’est-ce qu’un home-trainer intelligent ?

Aujourd’hui, on peut trouver des home-trainers tout simples à partir d’une centaine d’euros en neuf et souvent bien moins en occasion, tandis que les premiers modèles connectés tournent autour des 300 €. Alors, pourquoi dépenser 800 € voire plus dans un home-trainer ?

Le principal intérêt des modèles testés ici, c’est qu’ils sont capable d’échanger réellement avec une application, et pas seulement d’envoyer des données. Là où un home-trainer connecté classique peut simplement communiquer puissance et cadence à l’application, un modèle « intelligent » est également capable de recevoir des informations et d’adapter sa résistance en conséquence. Ce qui est intéressant pour effectuer des séances programmées, ou s’adonner aux joies du e-cycling.

Ce côté « smart » est intéressant pour l’entraînement car cela permet de recréer des parcours bien précis, mais c’est aussi (et surtout) beaucoup plus ludique, encore plus lorsqu’on y ajoute un support visuel (vidéo d’un parcours réel ou virtuel). D’une séance « sérieuse » en suivant un tableau et des chiffres, la session de home-trainer devient alors quelque chose de bien agréable. Et si on la couple à un appel vidéo avec d’autre personnes présentes sur le même parcours, elle s’apparente presque à une véritable sortie…

Il existe deux grands protocoles pour gérer la connexion et les échanges entre le home-traineur, le support de l’application (ordinateur, tablette) et les éventuels accessoires : l’ANT+ et le Bluetooth. Le premier a été développé en 2004 Dynastream Innovations (racheté par Garmin en 2006) et, s’il s’est depuis démocratisé, tous les appareils ne sont pas encore compatibles avec ce protocole. On pense notamment aux ordinateurs, qui ont besoin d’une clé type USB (un dongle) pour pouvoir communiquer par ANT+.

A l’inverse, le Bluetooth est bien plus répandu sur les appareils hors domaine sportif, puisque la première norme est née dans les années 90 grâce au fabricant suédois de téléphones Ericsson. Le Bluetooth présent aujourd’hui sur la plupart de nos accessoires, dit Low Energy (LE), a lui été inventé en 2010 mais il fait l’objet de mises à jour et améliorations régulièrement.

Les deux protocoles disposent chacun de leurs avantages et de leurs inconvénients, mais le but de cet article n’est pas de les comparer. Ce qu’il faut retenir, c’est que si vous envisagez l’achat d’un home-trainer intelligent, il faut vous assurer que le modèle qui vous intéresse est bien compatible avec les accessoires que vous possédez déjà (capteur de fréquence cardiaque, compteur, capteur de puissance). C’est la condition pour tirer au mieux parti de toutes les fonctionnalités de ces produits.

On privilégie généralement les systèmes à transmission directe lorsqu’on cherche un home-trainer intelligent, ou même simplement connecté. Transmission directe, cela signifie que c’est directement le cadre qui vient prendre appui sur le home-trainer via une cassette intégrée à ce dernier. Vis-à-vis d’un système où la roue arrière est posée sur un rouleau, c’est plus cher mais aussi plus précis, plus fiable, les sensations sont meilleures et cela évite d’abîmer son pneu arrière, ou d’avoir à prévoir une roue « spéciale home-trainer » avec pneu adapté.

Dans le cas qui nous intéresse ici, celui des home-trainers à transmission directe, la résistance au pédalage est produite par la combinaison de deux composants : un volant d’inertie (un disque lourd, tout simplement) et une résistance (un frein) électromagnétique, c’est-à-dire un système électrique qui peut produire un champ magnétique et faire varier son intensité.

S’il est généralement admis qu’un disque lourd apporte de meilleures sensations de pédalage qu’un modèle plus léger, le poids du disque n’est pas le seul paramètre qui détermine le confort d’utilisation du home-trainer. Le temps de réaction du frein, sa sensibilité ou encore l’amplitude de puissance qu’il couvre rentrent également en compte.

Les home-trainers testés

Pour ce comparatif, nous avons réuni 3 home-trainers intelligents qui figurent parmi les plus populaires du marché : le Wahoo Kickr Core, l’Elite Direto XR et le Tacx Flux 2 Smart. Situés dans la même fourchette de prix (entre 800 et 850 €), ils sont dotés des mêmes équipements de base (connectivité ANT+ et Bluetooth, LEDs pour indiquer l’état du système, adaptateurs pour les différents standards d’axe de roue…) et seuls quelques détails techniques leur permettent de se distinguer légèrement sur le papier. Ce seront donc principalement les sensations à l’usage et le côté pratique qui créeront les différences.

Châssis et mise en place

Commençons par l’Elite Direto XR. A la sortie de la boîte, le home-trainer est déjà monté et il n’y a qu’à déplier les deux bras latéraux avant d’installer son vélo. Le corps de roue libre d’origine est au format Shimano HG (pour cassettes 8 à 11 vitesses), mais des version Sram XD et Shimano Microspline (12 vitesses) sont disponibles en option. Petit regret par contre : il n’y a pas d’adaptateur 148×12 dans la boîte, alors qu’il s’agit du format le plus courant en VTT. Il faut aussi passer par la case « options », ou alors bricoler un peu comme nous l’avons fait, avec un embout de moyeu DT Swiss qui s’adaptait parfaitement.

L’Elite Direto XR est me plus léger du test, avec seulement 16,2 kg sur la balance. Cela le rend facile à déplacer, d’autant plus qu’il est bien équilibré et doté de bonnes prises. Au sol, il couvre une surface de 65 x 84 cm en position dépliée, ce qui lui offre une bonne stabilité. Pour le ranger, on peut refermer les bras, ce qui ramène son encombrement à 65 x 30 cm. C’est clairement le plus pratique et facile à ranger des trois. Si vous habitez dans un logement où vous avez peu de place et/ou si vous devez systématiquement ranger votre vélo et votre HT dans un endroit exigu après chaque sortie, l’Elite Direto XR est clairement très intéressant.

A l’opposé, malgré son apparence très simple et épurée, le Wahoo Kickr Core est probablement le moins facile à manipuler des trois. Il faut d’abord le monter, c’est-à-dire visser les deux pieds sur le corps. Une opération qui n’est en soi pas bien difficile, mais si on n’a pas trouvé comment caler correctement le home-trainer, le passage des vis à travers les pieds peut vite devenir compliqué. Néanmoins, il s’agit d’opérations qu’on ne doit effectuer qu’une fois, à la sortie de la boîte. Une fois le montage réalisé, le Kickr Core se montre particulièrement compact : seulement 50 x 58 cm au sol, avec un pied qui peut basculer de façon à réduire encore son volume pour le rangement.

Revers de la médaille, ce pied pivotant peut rendre les choses délicates lorsqu’on souhaite porter le home-trainer : le poids est réparti de façon inégale et bien qu’il ne pèse que 18,14 kg, on a l’impression qu’il y a bien plus de différences avec l’Elite. Dernier point : le body est aussi au format Shimano HG et il faudra commander les Sram XD et Shimano MicroSpline en option. Par contre tous les adaptateurs de roues possibles sont fournis dans la boîte. Hélas, ils ne tiennent pas en place quand on retire le vélo et ils ont tendance à tomber systématiquement au sol.

Enfin, le Tacx Flux 2 Smart se place entre les deux. Seul le pied, en une seule pièce, est à monter sur le corps à la réception, et bien que ce soit le plus lourd du test (23,6 kg tout de même), les manipulations se font relativement facilement car il dispose de bonnes prises. Comme l’Elite, il dispose d’une empreinte au sol importante, ici de 67 x 64 cm. Une large surface combinée à un poids élevé, voilà qui augure d’une bonne stabilité.

En revanche, c’est le moins pratique à ranger puisqu’il n’est pas repliable. Côté transmission, il est lui aussi monté d’origine en corps de roue libre HG et fourni sans cassette, mais un corps de roue libre XD est disponible en option et le Microspline arrive. Tous les adaptateurs pour le moyeu sont fournis et ils tiennent bien en place même quand on retire le vélo.

Données techniques

Avant de passer à l’action, un petit coup d’œil à la fiche technique de ces trois home-trainers.

Chez Wahoo, on a un volant d’inertie de 5,4 kg couplé à une résistance qui peut aller jusqu’à 1800 W et simuler une pente de 16 % maximum. Il a un système de courroie pour relier la partie qui prend la place de la roue du vélo avec le volant d’inertie. Le fabricant annonce une mesure de la puissance, ou plutôt son calcul (à partir de la vitesse du volant d’inertie et de la résistance appliquée), avec une précision de ± 2 %.

Elite utilise un volant d’inertie un peu plus léger (5,1 kg) mais une résistance plus puissante, capable d’atteindre 2300 W et de reproduire une pente de 24 %. A la différence de Wahoo, qui l’extrapole à partir d’autres données, la force appliquée par le pilote est ici mesurée directement grâce à un capteur optique qui mesure la déformation du moyeu. Cela permet à Elite d’afficher une précision très légèrement supérieure : ± 1,5 %.

Enfin, du côté de Tacx, on se distingue par un volant d’inertie particulièrement lourd : 7,6 kg. La résistance monte jusqu’à 2000 W, la pente maximum est ici aussi de 16 % et la puissance, calculée de la même façon que par Wahoo, donnée avec une marge d’erreur de ± 2,5 %.

Il y a donc quelques différences entre ces trois modèles, et en pratique nous avons constaté des écarts plutôt autour de 5-6% avec notre capteur de puissance Power2Max, mais celui-ci comporte aussi une marge d’erreur et clairement, tous ces modèles sont bien assez performants et précis pour une utilisation « normale » par des amateurs comme nous.

Mise en route, calibrage et connectivité

Que ce soit pour les premiers pas ou pour la reconnexion de votre vélo avant chaque séance, la facilité de mise en route est un élément important sur ce type de machine. Ici, c’est clairement le Wahoo qui l’emporte. Le Kickr Core est véritablement plug and play, un peu comme un Mac de chez Apple : même quand on l’allume la première fois, on a l’impression de le connaître depuis toujours.

La connexion avec l’app Wahoo (gratuite) est très intuitive et on peut rester connecté sur l’app native sur smartphone (pour avoir sous les yeux plus d’infos sur sa sortie), tout en étant connecté en même temps sur Zwift ou un autre service virtuel avec son ordinateur ou une tablette car il accepte les connexions multiples. Le calibrage est une pure formalité, et on arrive directement à un très bon niveau de précision.

Le Elite est aussi très simple à connecter et à calibrer, mais il est tout de même un poil moins ergonomique que le Wahoo. On peut se connecter à toutes les app les plus connues, mais Elite propose aussi sa propre app, My E-Training. Lisible et suffisante pour l’entraînement, elle se montre très correcte, mais on regrette qu’elle ne soit gratuite que pendant 12 mois.

Enfin pour le Tacx, les choses sont un peu plus corsées car le calibrage demande un peu de temps et d’attention. Il faut lancer l’application « Trainer » maison, mais le calibrage ne fonctionne pas correctement de suite. Il faut pédaler un peu et faire « chauffer » l’ensemble pour arriver à effectuer un calibrage correct. Sans quoi, on se retrouve avec des valeurs farfelues et une impossibilité d’utiliser des apps de cyclisme virtuel comme Zwift.

Par contre, une fois calibré, le Tacx est apparu comme le plus fiable du test au niveau de ses mesures. Pour conserver cette fiabilité des mesures, l’app vous proposera d’ailleurs un recalibrage chaque mois. Et une fois que c’est fait, on se connecte sans souci sur les plateformes de cyclisme virtuel. Par contre, il n’est pas possible de se connecter à la fois à l’app Trainer de Tacx et à une app tierce comme Zwift.

Sensations de pédalage

Restons sur le Tacx pour commencer. Le Flux 2 offre des sensations de pédalage très agréables. Les variations de puissance sont douces et rapides, il n’y a pas d’à-coups et la stabilité du châssis est excellente, ce qui permet de supporter sans broncher de gros sprints, y compris pour de grands gabarits. Néanmoins, il peut paraître presque trop rigide. Pour des bikers ayant des problèmes de genou, cela peut s’avérer gênant car le vélo ne bouge pas d’un poil et n’accompagne pas les mouvements du pédalage. Pas du tout.

Chez Elite, le côté naturel est bien présent… à condition qu’on ne fasse pas de changements de rythme trop rapides. Lors de sprints ou d’accélérations brutales, le Direto XR marque parfois un petit temps de retard, et à d’autres moments il répond presque « trop vite, trop fort ». Ce n’est perceptible et gênant que dans des séances d’intervalles, mais pas ou très peu en mode « cyclisme virtuel ». Il se distingue aussi par sa résistance forte, capable de simuler des pentes de 24% selon le constructeur, ce qui comblera les gros mollets. Côté stabilité, l’Elite est bien posé au sol et ne vacille pas dans les sprints. Il se montre aussi plus agréable pour les personnes sensibles des articulations, dans la mesure où il se « donne » légèrement pour accompagner le mouvement de pédalage, ce qui est très agréable.

Quant au Wahoo, il se montre encore une fois le plus naturel et ergonomique, comme pour l’application liée. Les sensations de pédalage sont parmi les plus proches de la réalité et les changements de rythme sont très bien gérés. Quant au châssis, il est rigide juste ce qu’il faut pour supporter les sprints énervés, tout en ménageant un poil de souplesse pour préserver les articulations et rendre le pédalage plus confortable. Seul regret : sa résistance maximale est la plus faible du groupe et elle est parfois un peu juste quand on roule avec un VTT équipé d’un mono-plateau en 32 ou 34 dents, ce qui n’est pas le cas de ses deux rivaux du jour. Bon, il faut déjà une certaine puissance pour le sentir, mais nous nous devons de signaler qu’il n’est pas au niveau des autres sur ce point.

Enfin, côté bruit, les trois se valent largement et, même si cela fait un peu de bruit, nous avons trouvé celui-ci très maîtrisé dans les trois cas.

Verdict

Nous n’allons pas désigner de grand vainqueur car ces trois produits ont tous un niveau de qualité très élevé et ils devraient sans problème satisfaire des utilisateurs très exigeants. Néanmoins, ils ont chacun quelques avantages et spécificités qui vont faire que chaque modèle va convenir un peu mieux à un certain type d’utilisateur. L’Elite Direto XR est assez clairement le plus facile à installer et à ranger. Il est stable et capable de simuler une résistance importante, mais l’adaptation de la résistance aux changements de rythme ou de pente n’est pas la meilleure. Si vous avez de la place et des muscles ou que vous ne devez pas le démonter après chaque séance, le Tacx est un choix solide. Capable de simuler une très forte résistance, il est hyper stable. Si le côté résistance offre des sensations très naturelles, la grande rigidité de son châssis sera un avantage pour les gros gabarits. Enfin, le Wahoo Kickr Core est très séduisant pour sa facilité de connexion et d’utilisation, ainsi que pour le confort de roulage qu’il procure. A ce titre, il nous a beaucoup séduits, même s’il faut prévenir les plus costauds qu’ils risquent de voir les limites de sa force de résistance. Au final, même si chacun a des qualités qui lui sont propres et qui peuvent faire pencher la balance directement aux yeux de certains, pour nous, si nous ne pouvions en garder qu’un, ce serait sans doute le Wahoo Kickr Core, dont la simplicité d’utilisation est vraiment appréciable au quotidien.

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