Test | Gamme Ortlieb Bikepacking QR : le voyage pratique

Par Léo Kervran -

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Test | Gamme Ortlieb Bikepacking QR : le voyage pratique

Vous avez toujours rêvé de voyager à vélo mais vous ne savez pas comment vous équiper ? On vous comprend, tant l’offre de sacoches est vaste et diversifiée. Cependant, quelques marques sortent du lot avec certains produits, à l’image d’Ortlieb et de sa gamme Quick Release censée offrir ce qui se fait de mieux en termes de praticité et de stabilité. Est-ce vraiment le cas ? Nous l’avons essayé :

Faut-il vous présenter Ortlieb ? En un peu plus de 40 ans d’existence, la marque allemande installée à une vingtaine de kilomètres de Nuremberg s’est imposée comme une référence en matière de sacoches de vélo. Ce fut d’abord celles qu’on glisse sur son porte-bagages qui ont permis de construire cette réputation de solidité mais en 2016, une gamme bikepacking est venue enrichir l’offre.

La différence ? Si le terme de bikepacking est aujourd’hui partout, il désigne initialement une conception « sportive » de l’aventure à vélo avec un chargement réduit au minimum. Vis-à-vis du voyage à vélo de manière générale, qui n’a rien de nouveau et pour lequel le porte-bagages et les sacoches restent des incontournables, ici on préfèrera installer le peu de matériel qu’on emporte directement sur le vélo pour un meilleur équilibre.

Avec son positionnement haut de gamme, Ortlieb était forcément très attendu et depuis 2016, la marque a continué à développer son offre avec des produits de plus en plus pointus : nouveaux systèmes de fixation au cadre, différentes variantes de fermeture… Au fil du temps, une autre problématique a pris de plus en plus de place : celle de l’impact sur l’environnement.

Production presque entièrement en Allemagne (plus de 70 % des matériaux et tout l’assemblage), petite fiche sur chaque produit pour indiquer l’empreinte carbone, service de réparation ouvert à tous… La marque n’est pas encore parfaite mais elle essaye d’avancer et on a rarement vu des positions aussi détaillées et transparentes sur le sujet. Si vous voulez en savoir plus, on vous invite à lire ou relire l’article de notre visite (Visite | Ortlieb : 40 ans d’histoire, de l’héritage à l’innovation), sinon place au test !

Les sacoches Quick Release (QR)

« Un sac de qualité n’est rien sans une bonne fixation au cadre » avait-on pu entendre lors de notre visite chez Ortlieb. Le sujet de la fixation est en effet un problème récurrent en bikepacking : il s’agit de faire quelque chose de simple à manipuler, polyvalent pour s’adapter sur toutes formes de cadre et le plus stable possible, même avec des charges lourdes ou volumineuse. Ah, et si cela peut éviter de rayer la peinture ou d’abîmer la finition c’est bien aussi.

Les sangles, scratchs et straps constituent la solution la plus courante mais si vous en avez déjà utilisé, vous savez comme nous que ces systèmes peinent à répondre à toutes les contraintes énoncées ci-dessus. La polyvalence est généralement au rendez-vous mais ce n’est pas toujours le cas de la facilité d’installation ou de la stabilité, sans parler des risques pour les finitions. Ortlieb en propose bien sûr mais comme tout le monde, la marque connaît ces limites. Pour celles et ceux qui voudraient mieux, il faut autre chose et c’est là qu’arrive la gamme QR.

Ici, la sacoche de selle et la sacoche de cintre bénéficient de systèmes de montage radicalement différents de ce qu’on connaît. Chacune a ses particularités pour s’adapter à l’endroit où elle se monte mais elles partagent toutes les deux le même principe, celui d’une fixation rigide grâce à une base en plastique avec des loquets.

 

La Seat-Pack QR (13 L / 625 g / 160 €)

A l’arrière, on comprend très vite comment cela fonctionne. Les deux crochets viennent se verrouiller sur les rails de la selle et un classique scratch autour de la tige de selle vient compléter le tout. L’ensemble est renforcé par une « feuille » de plastique sur la face inférieure de la sacoche, qui fait office de garde-boue pour le tissu (c’est toujours appréciable) mais aussi et surtout de plaque de compression.

 

En serrant les sangles qui la relient aux crochets du haut on vient comprimer le contenu de la sacoche, qui se retrouve alors « coincé » entre deux plaques rigides. Sur le terrain, le résultat est bluffant et c’est tout simplement la sacoche la plus stable qu’il nous ait été donné d’essayer. Si l’installation est bien faite, on a l’impression d’avoir une boîte rigide à l’arrière de la selle et non une sacoche souple : rien ne se balance, même sur les terrains les plus chaotiques. Agréable, confortable mais aussi rassurant puisqu’on n’est pas déséquilibré par cette charge comme cela peut arriver avec des modèles plus baladeurs.

 

Évidemment, c’est une sacoche de selle donc on évitera de mettre des charges trop lourdes dedans pour limiter l’effet levier sur la tige de selle (3 à 5 kg maximum suivant le réglage du chariot de support) mais on a largement exploité les 13 L de capacité sans que cela ne pose aucun problème. Du fait des supports en plastique, le fond est relativement étroit et il faut organiser son rangement un peu différemment d’une sacoche classique mais vu le niveau de stabilité, ce n’est pas un problème. Comme sur d’autres sacoches, une soupape permet d’évacuer tout l’air afin de comprimer au mieux le contenu et réduire au maximum le volume de l’ensemble.

La finition est excellente comme toujours : qualité des matériaux, des liaisons, réflecteurs intégrés à l’arrière, des passants et une sangle qui peuvent permettre d’accrocher une lampe… On est bien chez Ortlieb et si le prix est effectivement assez élevé (160 €), il ne faut pas oublier qu’on a affaire à du très haut de gamme, conçu pour durer et facilement réparable. Seul le scratch autour de la tige de selle, très long, fait un peu tache : on a parfois du mal à le tendre autant qu’on le souhaiterait et il n’est pas évident de ranger proprement l’excédent… mais d’un autre côté, ça reste sûrement ce qui se fait de mieux en compromis adaptabilité / durée de vie / facilité de remplacement.

On note aussi qu’Ortlieb propose un collier à monter sur le plongeur des tiges de selle télescopiques afin de ne pas le rayer avec le strap, et que le chariot sur lequel sont montés les loquets est réglable pour s’adapter aux différentes positions de selle. En revanche, la marque déconseille l’usage avec des selles à rails carbone ainsi qu’avec les tiges de selle en carbone. La forme des rails peut également poser problème dans de rares cas mais Ortlieb a prévu des schémas pour comprendre rapidement ce qui est compatible ou non.

La Handlebar-Pack QR (11 L / 530 g / 149,99 €)

A l’avant, c’est un peu différent. Au-delà de son système de fixation, la Handlebar-Pack QR adopte une forme et une position bien différentes de celles des sacoches classiques : elle est plus étroite (32 cm de large seulement, celles et ceux qui roulent avec des petits cintres apprécieront) mais plus haute et remonte largement au-dessus du cintre. Ortlieb préconise de ne pas la charger au-delà de 5 kg mais dans les faits, on est souvent bien en dessous de cette limite : 5 kg sur le cintre c’est beaucoup et les effets délétères sur la direction sont importants.

Avec sa fermeture roulée par le haut, c’est la sacoche « touring » par excellence. On accède facilement à son contenu et en plus de cela, on a deux petites poches latérales en filet pour du matériel qu’on souhaiterait garder à portée de main comme un téléphone, un multi-outils ou du petit ravitaillement. Et si ça ne devait toujours pas suffire, deux sangles sous la sacoche permettent d’accrocher quelque chose de plus volumineux.

 

A l’intérieur, deux sangles de compression permettent de diviser l’espace entre la partie basse et la partie haute, entre ce qui ne sort que le soir une fois arrivé à la fin de l’étape et ce qui peut être utilisé au cours de la journée par exemple.

Contrairement à la Seat-Pack QR dont l’installation se fait naturellement, la mise en place de la Handlebar-Pack QR est moins évidente et on vous conseille fortement de lire le manuel pour savoir que faire de ces cordelettes. Rien d’insurmontable néanmoins et après quelques manipulations, on comprend définitivement le système. Inutile de chercher à l’incliner trop haut, quand on serre les cordelettes la sacoche trouve naturellement la position dans laquelle elle sera la plus stable.

Sur certains vélos, les gaines peuvent compliquer le passage des cordelettes.

En revanche, le côté « QR » (Quick-Release) dépend beaucoup des vélos. Sur certains, on n’hésite pas à l’enlever et à la remettre en cours de journée pour aller faire une course tandis que sur d’autres, on la laisse en place toute la journée. Cela tient notamment aux passages de gaines, qui peuvent gêner ou non le passage des cordelettes et rendre l’installation plus ou moins fastidieuse.

Sur le cintre, la Handlebar-Pack QR prend à la fois un peu de place et peu de place. Un peu de place parce qu’il faut compter 8 cm entre les deux points d’appui sur le cintre, de part et d’autre de la potence. Sur les vélos sur lesquels nous l’avons essayée, cela rendait impossible tout montage d’accessoire au contact du capot de potence (support de compteur par exemple), il fallait les décaler de quelques centimètres d’un côté ou de l’autre. Une lampe sur le cintre ne servirait pas non plus à grand chose, puisqu’elle éclairerait l’arrière de la sacoche.

La promesse de stabilité est tenue et une fois les cordelettes tendues, la sacoche reste parfaitement en place.

En revanche, cela laisse tout le reste du cintre de libre et pour les mains, c’est particulièrement agréable puisqu’on peut les poser absolument n’importe où sans être gêné. La promesse de stabilité est tenue et une fois les cordelettes tendues, la sacoche reste parfaitement en place. On pourrait craindre que le plastique dur vienne rayer la finition du cintre mais nous n’avons rien vu de tel après l’avoir testée sur différents vélos. Ortlieb déconseillait initialement son utilisation sur des cintres en carbone, principalement à cause des risques pour la finition, mais la marque propose depuis des « capuchons » de protection en polyamide pour rendre la sacoche compatible avec tous les matériaux.

 

La qualité de fabrication de la sacoche en elle-même est au diapason des autres produits de la gamme, excellente. Ajustements, choix des tissus, détails comme les rangements des sangles… C’est du haut de gamme ! Comme à l’arrière, un marquage réfléchissant assure un minimum de visibilité. Installer une véritable lampe pour être encore mieux vu risque d’être un peu plus compliqué en revanche mais une boucle de la sangle orange pourrait fonctionner avec certains modèles.

Au début, nous étions un peu déçus de ne pas voir un petit revêtement en silicone sur la partie en contact avec le cintre pour améliorer la tenue mais nous avons bien vu sur le terrain que la sacoche n’avait pas besoin de ça pour être stable. Le plastique brut c’est un peu moins flatteur mais d’un autre côté, c’est plus facile à recycler que si on y avait collé du silicone.

La solution Handlebar-Pack Plus ?

Elle n’était pas disponible lorsque nous avons commencé ce test mais Ortlieb propose depuis une sacoche qui paraît encore plus pratique : la Handlebar-Pack Plus. Elle utilise le même système de fixation à cordelettes que notre Handlebar-Pack QR mais cette fois, on a un « bloc de fixation » qui reste sur le cintre et la sacoche, identique à notre modèle tant en volume qu’en organisation, qui peut se clipser dessus ou s’enlever en un tour de main. Un bloc avec serrure et clé est même proposé en option.

Impossible de savoir si la stabilité est au même niveau que pour notre sacoche sans l’avoir testé, et ça ne règle pas le problème de l’encombrement sur le cintre, mais le côté pratique semble réellement abouti.

Les porte-bagages Quick Rack (20 kg / 440 & 580 g / 65 € & 75 €)

Initialement, le concept de bikepacking renvoie à une approche « rapide et légère » du voyage à vélo, avec des petites sacoches sur le cadre plutôt qu’un porte-bagages et de gros volumes. Néanmoins, chez Vojo on verse plutôt dans le « qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » et à ce titre, les deux porte-bagages Quick Rack et Quick Rack Light ont piqué notre intérêt. Et avec un peu de mauvaise foi, on vous fera remarquer que Quick Rack et Quick Release répondent aux mêmes initiales, or nous avons bien titré « Gamme Ortlieb Bikepacking QR »…

 

L’idée est simple mais géniale : un porte-bagages solide et pas trop lourd qui peut s’installer ou se désinstaller en quelques secondes au gré des envies. Entre les deux versions, une seule différence : plus léger, le Quick Rack Light, en photo ici (440 g), n’est conçu que pour deux sacoches latérales, tandis que le Quick Rack « tout court » (580 g) a tout d’un porte-bagages classique et peut également emporter des choses au-dessus de la roue.

Comment ça marche ? Tout repose (c’est le cas de le dire) sur deux petits tasseaux qu’on visse au-dessus de l’axe de roue, à l’emplacement normalement prévu pour fixer le porte-bagage. Une fois installés, ces deux supports restent sur le vélo en permanence et c’est le porte-bagage en lui-même qu’on monte ou retire suivant le besoin. Il prend appui et se verrouille autour des tasseaux et un mécanisme de sangle + loquet, monté sur une tige réglable en longueur, vient s’enrouler autour de la tige de selle pour stabiliser le tout.

 

Une fois les tasseaux en place, le montage prend une vingtaine de secondes tout au plus et le démontage se fait en moins de 10 secondes. Difficile de faire mieux côté pratique ! On peut donc voyager chargé et laisser le matériel au point de chute pour un petit tour le soir, faire du vélotaf la semaine avec ses affaires sur le porte-bagages et des sorties plus sportives le week-end sans s’encombrer de tout cet attirail…

D’autant que malgré les apparences, les deux tasseaux ont de quoi supporter de bonnes charges : jusqu’à 20 kg, selon Ortlieb. On trouvera bien sûr des porte-bagages classiques qui peuvent aller plus loin mais il faudra dire adieu au côté pratique et modulaire de ces Quick Rack. Par ailleurs, si votre cadre n’a pas les oeillets sur lesquels fixer ces tasseaux tout n’est pas perdu : Ortlieb propose des supports qui se montent directement sur les haubans pour les cadre en aluminium ou en acier.

Pour terminer sur le sujet des compatibilités, la marque annonce que la limite des Quick Rack en taille de roue se situe autour de 29×2,35″. En dessous, il ne devrait pas y avoir de problème et le garde-boue disponible en option se décline en trois tailles pour s’adapter aux différentes dimensions.

Pleins de qualités, les Quick Rack ne sont toutefois pas complètement exempts de défauts même si ceux que nous avons remarqués sont plutôt mineurs. Sur certains vélos avec un axe de roue arrière à grand levier (type DT Swiss), le tasseau côté disque peut compliquer le desserrage de la roue arrière : en cas de crevaison par exemple, il faut soit repositionner le levier après chaque demi-tour, soit démonter le tasseau si on veut tourner l’axe correctement.

On regrette aussi qu’il n’y ait pas de butée vissée à l’extrémité de la tige de réglage de la partie « tube de selle » (la partie grise qui a perdu sa peinture ci-dessus, à gauche de la photo). Si la tige est mal serrée sur le porte-bagage, ce dernier peut basculer d’un seul coup en arrière. Cela nous est arrivé une fois avec les sacoches pleines et si rien n’a été abîmé, cela surprend tout de même. Un petit resserrage et le problème ne s’est plus représenté mais une petite butée permettrait d’éviter ce genre de mauvaise surprise.

Verdict

Si la sacoche de cintre Handlebar-Pack QR a encore quelques limites et ne conviendra pas forcément à tout le monde (même si la Handlebar-Pack Plus semble corriger certains défauts), les portes-bagages Quick-Rack et la sacoche de selle Seat-Pack QR nous ont séduits. Les deux sont plus pratiques que tout ce qu’on avait utilisé jusqu’à présent, aussi performants et en ce qui concerne la sacoche de selle, nous avons aussi été bluffés par sa stabilité. Avec ces produits, Ortlieb propose quelque chose de réellement intéressant et on espère que d’autres marques s’engageront dans cette voie car il y a bien mieux à faire que les habituels scratchs et sangles.

Plus d’informations : ortlieb.com

Le vélo qui a servi de support pour les photos des sacoches est le BH Gravel X 4.0, dont vous pouvez retrouver l’essai ici : Test | BH Gravel X 4.0 : le choix de ne pas choisir

ParLéo Kervran